Avec L'Été noir de 42 s'achève la publication des Carnets du célèbre journaliste britannique Alexander Werth. Il y raconte son périlleux périple en bateau entre l'Écosse et Mourmansk, le voyage en train aux côtés des Soviétiques jusqu'à Moscou et décrit son expérience de correspondant de guerre durant les mois les plus tragiques du conflit sur le front de l'Est.
Consigné dans la capitale, sans information fiable, Alexander Werth se livre à une analyse serrée de la presse quotidienne, des actualités filmées projetées au cinéma, des chroniques et autres « écrits patriotiques » publiés par les écrivains les plus populaires qu'il côtoie quotidiennement. Il scrute les métamorphoses de la propagande, le retour aux valeurs traditionnelles dans l'armée, mais aussi, à la moindre occasion, le vécu et le moral des Moscovites durant les semaines critiques qui suivent la chute de Rostov-sur-le-Don. Mais L'Été noir de 42 est aussi une réflexion sur le métier de journaliste en « conditions extrêmes ». Malgré les limitations imposées à ses déplacements, strictement encadrés par les officiels soviétiques qui organisent des « sorties » dans tel kolkhoze ou camp-modèle de prisonniers allemands, Alexander Werth glane des impressions, loin des discours officiels.
Nous connaissons aujourd'hui la « fin de l'histoire » : la victoire de l'Armée rouge à Stalingrad. Mais durant le terrible été 42, qui marque l'apogée de l'avancée des forces de l'Axe, qui pouvait prédire ce qui allait se passer ? Le témoignage d'Alexander Werth se fait dès lors journal de l'attente. Attente du désastre, non plus à l'échelle d'un pays, mais d'un continent.
Le 10 août 1941, les armées allemandes lancent l'offensive finale sur Leningrad. Moins d'un mois plus tard, la ville est encerclée. Pendant 872 jours - le siège le plus long de l'histoire moderne -, seule la « route de la vie », passant par le lac Ladoga gelé, permet l'approvisionnement, du reste très insuffisant, des Léningradois, qui souffrent de la faim et du froid. Alexander Werth, correspondant de guerre britannique, offre de cette tragédie un témoignage exceptionnel qui retrace la défense de la ville par ses habitants et raconte les stratégies de survie quotidiennes cachées derrière les mots « héroïsme » et « patriotisme ». Alexander Werth (1901-1969), journaliste et historien britannique d'origine russe, est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages remarqués sur la Russie soviétique et sur la France de l'entre-deux-guerres, en particulier, La Russie en guerre (« Texto », 2011) et Moscou, 1941 (Tallandier, 2012).
Traduit de l'anglais par Evelyne et Nicolas Werth. Présenté par Nicolas Werth.
Alexander Werth est l'un des rares correspondants de guerre à se rendre à Stalingrad au lendemain de la capitulation allemande, quelques jours seulement après la fin des combats qui opposèrent l'armée soviétique à l'armée allemande. Ainsi, en plus de livrer un témoignage très personnel et très fort de la situation sur place dès 1943, l'auteur revient sur le déroulement précis, d'un point de vue militaire, de ce qui fut le tournant de la Seconde Guerre mondiale : depuis l'offensive allemande sur Stalingrad de l'été 1942, jusqu'à la contre-offensive victorieuse de l'armée soviétique lancée le 19 novembre 1942. Grâce aux entretiens qu'il a eu avec des acteurs-clés, comme les généraux Talanski ou Tchouikov, il décortique en détail les différentes phases des opérations militaires ; mais il analyse aussi à travers la presse, les articles des correspondants soviétiques les plus connus (l'écrivain Konstantin Simonov), la manière dont les Soviétiques ont été informés des événements. Comment la bataille de Stalingrad est-elle devenue une bataille mythique ? Comment a-t-elle influé sur la manière dont l'armée soviétique s'est transformée au cours de ces mois décisifs de l'hiver 1942-1943 ? De l'original en langue anglaise publié sous le titre The Year of Stalingrad en 1946 chez Hamish Hamilton à Londres, la traduction présente réunit les chapitres consacrés exclusivement à la bataille de Stalingrad, qui forment le coeur de l'ouvrage, le premier à paraître sur le sujet.