Appelée « démocratie illibérale » par son Premier ministre, Viktor Orbán, la Hongrie échappe aux grilles de lecture des pays occidentaux.
Au cours de leur histoire, les Hongrois n'ont cessé de questionner leur identité, d'ériger leur souveraineté en dogme. Héritiers d'un royaume fondé en l'an mil, ils ont été privés de leur indépendance tour à tour par l'Empire ottoman, les Habsbourg et, au xxe siècle, par l'occupation nazie puis le régime communiste. Cultivant leur spécificité culturelle, l'originalité de leur langue et de leur histoire, les Hongrois n'ont finalement jamais retrouvé les frontières du royaume fondé par saint Étienne. Ils ont construit un récit victimaire, rythmé par des épisodes de révolte que la politique mémorielle exalte encore de nos jours.
Catherine Horel montre combien l'idée de nation en Hongrie a toujours été particulièrement sensible. En nous éclairant sur l'histoire longue du territoire, des héros, des mythes et des lieux de mémoire, elle nous en donne des clés de compréhension indispensables aujourd'hui.
La première biographie française de celui qui fut régent de Hongrie de 1920 à 1944, et à ce titre un album-clé de la politique européenne.La première biographie française de celui qui fut régent de Hongrie de 1920 à 1944, et à ce titre un album-clé de la politique européenne. La vie de l'amiral Horthy (1868-1957) se confond avec l'histoire de la Hongrie durant l'entre-deux-guerres. Comment un homme au parcours banal d'officier de marine de l'empire austro-hongrois a-t-il pu marquer à ce point l'histoire de son pays et celle de l'Europe ? Aide de camp de François-Joseph entre 1909 et 1914, Horthy a ensuite donné l'image d'un homme de l'ancien régime, ce qu'il était incontestablement. Son " règne " a été qualifié de dictature fasciste par l'historiographie communiste après 1945, et il jouit depuis la transition démocratique en Hongrie d'une revalorisation parfois tombée dans l'hagiographie. Le retour de ses cendres en 1993 a été l'occasion d'un réenterrement semi-officiel.
Le régime Horthy entre 1920 et 1944 était certes autoritaire, rétrograde sans doute pour bien des aspects, mais très éloigné des fascismes italien et allemand. Les circonstances qui entraînent la prise de pouvoir en 1919 sont ici remises en perspective en réévaluant notamment le rôle joué par les Alliés. Une partie importante de l'ouvrage est consacrée à ce qui fait la spécificité de ce régime sur le plan politique. Horthy n'était pas un idéologue et encore moins un chef charismatique. Imaginait-il de revenir à la royauté en se faisant couronner ou bien en transmettant le pouvoir à son fils ? Calviniste, Horthy a mis l'accent sur les valeurs chrétiennes traditionnelles et paradoxalement plutôt catholiques. Il n'a pas instauré de culte de la personnalité mais son image était omniprésente. Les années qui mènent à la Seconde Guerre mondiale, dans laquelle la Hongrie ne s'engage qu'en 1941, sont dominées par son hostilité à l'URSS et par la question juive : là encore il faut revenir sur le rôle ambigü joué par Horthy dans ce processus. Il autorise l'adoption d'une législation antijuive mais s'oppose aux déportations qui ne commencent qu'après l'entrée des Allemands dans le pays en mars 1944, et refuse que soient déportés les juifs de Budapest. Ceci - entre autres raisons - le sauve du tribunal de Nuremberg. Dernière question : comment Horthy opère sa chute au Portugal où il meurt en février 1957 ?
Il n'existe à ce jour aucune biographie en français de Miklós Horthy, et les rares ouvrages étrangers sont très médiocres. Le présent ouvrage comble donc un vide historiographique considérable. La figure de Horthy est de surcroît l'objet d'un débat incessant dans son pays d'origine, qui dépasse largement le cadre académique.
Les contributions réunies dans cet ouvrage sur les guerres balkaniques se veulent une interrogation sur leur impact international et dans les sociétés concernées, elles questionnent également la mémoire qu'elles y ont laissée et le rôle de celle-ci dans les relations interétatiques. Les auteurs s'intéressent tout d'abord aux conflits régionaux et aux questions territoriales, à l'expérimentation de la guerre et à la notion de patrie, aux relations entre civils et militaires, aux bandes armées. Un deuxième thème concerne plus particulièrement l'Empire ottoman puis la Turquie à travers l'importance de la Méditerranée, les indépendances successives des pays balkaniques, le devenir des villes ottomanes. La troisième partie renvoie à une tendance actuelle de la recherche qui entreprend de faire l'histoire des interventions internationales et des opérations de paix : l'action de la fondation Carnegie ; la spécificité de la diplomatie balkanique ; l'absence des grandes puissances et la fin du concert européen. Enfin, la quatrième partie traite des mémoires des guerres balkaniques : imagologie, censure et caricature ; les propagandes comparées des belligérants et des grandes puissances ; lieux de mémoire ; pour une écriture commune de l'histoire du conflit.
La diversité et l'unité du monde de l'Europe centrale s'expriment par l'appartenance à un univers façonné par l'empire des Habsbourg et par le maintien de la multiplicité des langues et des cultures de ses peuples souvent mêlées en un seul individu. Les études réunies ici en sont un témoignage. Elles offrent des approches qui dépassent largement l'histoire stricto sensu en s'intéressant à des problématiques économiques, sociales, militaires, politiques et artistiques. Émanant de spécialistes de niveau international, elles couvrent tout l'espace de l'Europe centrale, de la Pologne aux Balkans, de la fin du XVIIIeau XXIesiècle. Certaines s'attachent à des sujets peu connus, d'autres bousculent les idées reçues, nombreuses enfin sont celles qui montrent une dimension comparatiste. Cette variété et ce souci d'originalité ont été voulus afin de rendre hommage à Bernard Michel, professeur émérite à l'université Paris I, titulaire de 1985 à 2000 de la chaire d'histoire de l'Europe centrale contemporaine, et qui a fait des Pays tchèques son domaine de recherche privilégié. Dix-sept collègues et disciples rendent ici hommage à l'historien et au pédagogue. Ils reprennent les principaux apports de Bernard Michel à notre connaissance de la région centre-européenne : l'histoire des identités nationales et des mentalités, la prosopographie, l'intérêt pour les courants artistiques et le mécénat, le comparatisme, sans oublier la présence de la France, si souvent prise pour référence par les hommes politiques et les intellectuels par-delà les vicissitudes des relations internationales.