La pureté en question examine les fondements historiques et scripturaires de l'idéal de pureté partagé par les juifs et les chrétiens à la fin du Moyen Âge en péninsule Ibérique. Le croisement des sources théoriques et des documents de la pratique, des sources latines, hébraïques et vernaculaires met en évidence la façon dont ce thème majeur de la littérature biblique et talmudique s'est perpétué à travers les siècles et a eu des incidences nombreuses sur la vie quotidienne des hommes au xve s. La réflexion débouche sur des questions centrales pour l'histoire de la minorité juive en péninsule Ibérique : le passage de l'antijudaïsme à l'antisémitisme, l'apparition du concept de race, la prépondérance du sang dans l'assignation à une identité, le poids de l'accusation de crime rituel, l'incrimination des non chrétiens dans une société Ibérique de plus en plus exclusive, la discrimination et la ségrégation pour s'en protéger jusqu'à l'expulsion.
Présents dès l'Empire romain sur le territoire de la France actuelle, les juifs sont le plus souvent relégués dans un angle mort de l'historiographie, et cette « tache aveugle » dans le récit national est particulièrement manifeste dans les manuels scolaires, de la IIIe République à nos jours. Pourquoi les expulsions médiévales ne sont-elles jamais mentionnées à partir de l'époque moderne ? Et, lorsqu'on évoque les juifs dans l'histoire de France, pourquoi est-ce le plus souvent sous l'angle des persécutions qu'ils eurent à subir et non de l'originalité de leurs contributions ? En quoi l'écriture actuelle de cette histoire est-elle encore tributaire de modèles archaïques ? Comment l'aborder dans l'enseignement secondaire et universitaire ? Quelles perspectives l'archéologie ouvre-t-elle ? Quel rôle les musées peuvent-ils jouer ? Archéologues, historiens, sociologues, conservateurs et enseignants réunis au musée d'art et d'histoire du Judaïsme en 2019 éclairent ces questions qui renvoient également à la place des minorités dans la nation.
Ce livre, version remaniée d'une thèse de doctorat, se propose d'étudier les relations entre juifs et chrétiens dans l'espace aragonais au XIIIe et première moitié du XIVe siècle. Durant ces 150 ans, la position des juifs y évolue de façon significative : ils passent d'une situation souvent qualifiée d'Âge d'Or - surtout si on la compare à ce que vivent leurs coreligionnaires ailleurs en Occident - à une aggravation de leurs conditions d'existence. Il s'agit de mettre en évidence cette évolution et surtout de tenter de l'expliquer. Alors qu'au départ, il existe dans la Couronne d'Aragon un réel décalage entre la position statutaire des juifs définie par l'Église, et la réalité qu'ils vivent au quotidien à mesure que la conjoncture se durcit, les relations avec les chrétiens se compliquent et la vie quotidienne est émaillée d'incidents parfois dramatiques. Pour saisir ces inflexions parfois imperceptibles, les relations entre juifs et chrétiens sont analysées à plusieurs niveaux et au moyen de sources de natures différentes : les documents de la pratique permettent d'appréhender la vie des hommes de toutes confessions dans ce qu'elle a de plus concret, et mettent en valeur la « convivence » qu'ils partagent le plus souvent. Les sources religieuses et théologiques permettent d'étudier la position de l'Église en théorie, mais aussi de voir comment la norme est mise en pratique, notamment au moyen de la prédication dont les juifs font l'objet en vue de leur conversion. Les oeuvres et les démarches d'hommes comme Raymond Lulle ou Raymond Martin, qui sont à la fois des auteurs et des acteurs de la controverse avec les juifs, sont analysées et étudiées dans ce sens. Par ailleurs, les sources hébraïques, Responsa de Salomon ben Adret, compte-rendu de la Dispute de Barcelone en 1263 par Nahmanide, et divers traités d'exégètes et d'halakhistes permettent d'analyser la réaction des juifs au changement d'attitude des chrétiens. Enfin, la position du roi, arbitre des relations sociales dans ses États, est étudiée en filigrane. Les juifs sont pour lui un atout, essentiellement économique mais aussi politique et stratégique au moment où l'État s'élabore, et il les protège et garantit leurs privilèges, bien réels, tout au long de la période. Le choix de ces sources et de ces thèmes a pour ambition d'analyser une histoire « vivante » et mouvante et de saisir l'évolution des relations entre deux groupes dont la coexistence a produit de grandes richesses. Le large éventail de la documentation examinée permet une approche globale de la question et facilite l'analyse des fondements idéologiques des relations économiques et sociales.