Du passé d'une génération, on ne saurait faire table rase. Itinéraire de pères intellectuels et de fractures historiques : la guerre, Malraux, Camus, Sartre, la jeunesse d'un petit marxiste parisien, l'Algérie et le refus, le règne des choses sous De Gaulle, l'interpellation de Mai 68 et l'impossible Révolution. L'auteur, dégrisé, traverse la décennie 70, comme tant d'intellectuels de gauche. Survient mars 1978. L'Union de la gauche achève de représenter sa comédie. Il devient nécessaire d'inverser les signes : l'Histoire est à relire, celle notamment de la social-démocratie qui, tout compte fait, a plus oeuvré pour l'homme que le Goulag. Solution à la crise ? Encore faudrait-il savoir de quelle nature elle est exactement ? Le monde bascule, revanche d'un tiers monde, objet et sujet, qui ne veut plus n'être que victime ? La violence est là, la guerre peut-être ! Appel à la pédagogie des médias. Il revient à une réflexion politique comme celle-ci de ne pas capituler. Par fidélité abusive on peut trahir, jamais par lucidité. Notre part de siècle est un livre de fin d'un monde.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Claude Glayman, né en 1934, est le plus jeune du groupe des jeunes poètes. En effet, c'est à 16 ans qu'il fit publier ses premiers poèmes sous le titre de Mirasques, (Masques et Miroirs). L'année suivante, ce fut le tour des Habitants du jour. Il vient d'abandonner ses études et travaille aujourd'hui en usine (Agent technique). La poésie est nécessaire, mais il faut éviter ses filets verbaux et retrouver ses motifs. Il prépare le roman d'un monde inégal et pense au cinéma. Ses auteurs préférés : Éluard, Cocteau, Apollinaire, Char, Maïakowsky, Maupassant, Proust, Dos Passos, Roy (Claude), Sartre, Amado, Aragon, Desnos, Tzara, Hugo,. Zola. La musique (Bach, Vivaldi, Bhrams, Debussy, Ravel, Stravinsky, Chostskowitch) lui laisse un mauvais souvenir : celui de ne jouer d'aucun instrument. Son sport préféré : le judo.
La réforme régionale fut au coeur du fameux référendum du 27 avril 1969, mais c'est depuis la Libération qu'on en parle. On en reparlera d'ailleurs encore longtemps. Car, au-delà des textes, on oublie trop souvent que 40 millions de Français vivent en province : les quatre cinquièmes de la population. Dans « Liberté pour les régions », Claude Glayman a, sinon entrepris une étude comparative entre deux cas « régionaux », du moins juxtaposé une région considérée comme « sous-développée » - la Bretagne - et une région dite « développée » - Rhône-Alpes. Comme on le verra, les « inégalités de croissance » sont moins linéaires qu'on pourrait le penser. Au surplus, présentant les profils démographiques, économiques, urbains, agricoles, culturels des deux régions, l'auteur a voulu que ces indications abstraites soient prolongées par de multiples interviews recueillies au cours d'un périple de plus de 10 000 km : maires, syndicalistes ouvriers et paysans, animateurs culturels, artistes, technocrates, chefs d'entreprise, fonctionnaires, médecins, etc. Leaders d'opinions mais, en même temps, hommes de la base, des provinciaux témoignent en faveur de leur région. Les paysages en sont également des porte-parole. Paysages naturels. Mais aussi les villes et les communes en cette haute période d'urbanisation.
On peut d'ailleurs parler d'une condition provinciale, comme on évoque la condition ouvrière ou celle de la jeunesse : la contestation n'a pas épargné la province. Pour assurer cette mutation qu'illustre la crise générale de civilisation, il faut secouer la tutelle du monstre parisien, celle des notables de tous bords, conquérir une certaine autonomie régionale incluse cependant dans la communauté française, voire européenne ! Peut-être cela n'est-il pas étranger à une transformation de la société française elle-même.
La « Liberté pour les régions » est, peut-être, la liberté fondamentale à inventer au cours de ce dernier tiers du XXe siècle.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Un philosophe, un combat. Entre le stalinisme et les événements de Mai. Entre l'histoire et l'utopie. L'un des plus grands penseurs contemporains se penche sur son passé, et sur notre avenir. Il y découvre que, depuis le début de ce siècle, nous cultivons à loisir les méprises et les illusions.
C'était comme si j'avais été envoyé spécial au stalag II B. Comme si je m'étais dit je sais dessiner, un jour je vais sortir d'ici, il faut que je me batte pour rapporter ces dessins. Quelle chance d'être là, au stalag II B pour pouvoir, aussitôt à Londres, être le premier à témoigner. Pour plus de précision, les grandes campagnes, à l'époque, aussi bien à Action qu'à L'Humanité, furent la guerre froide, la guerre d'Indochine et la guerre d'Algérie. À L'Express il y avait déjà Siné et Effel. Philippe m'a dit : Fais-moi un Soustelle, sans préjuger de la suite. Chaque caricature de De Gaulle correspondait à un moment, et non pas tel qu'une fois pour toutes on a admis comme hiéroglyphe de Gaulle. On peut dire, pour l'ensemble de mes dessins du Monde, qu'il s'y trouve un moindre appel à la polémique et qu'ils sont plutôt une description de l'univers dans lequel vivent les auteurs que je représente. Le spectateur est dans un état de non préparation tel, qu'il ne saurait dire : Je le verrai après ; il est arrêté par le dessin. Un article, au contraire, peut amener son lecteur à suivre patiemment le chemin du raisonnement. Si je me méfie des généralités, c'est parce que je refuse la responsabilité collective. J'ai le culte de la personnalité ; je sais que les fonctions que les hommes occupent, le sont par des hommes qui sont chacun différents ; je ne crois pas qu'ils deviennent pareils. Le caricaturiste est celui qui, d'une certaine façon, lève le doigt et tente de dire : S'il vous plaît, je me suis fait un jugement. Je ne sais plus qui m'a dit - mais c'était très bien dit - : Ne regrette jamais le nombre d'heures passées sur ton dessin, c'est autant de temps de plus que le lecteur passera dessus.