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Cote Benoit
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Vernissage, c'est l'histoire de Simon-Pierre, jeune trentenaire qui évolue dans le milieu des arts québécois dans les années 2010. Notre protagoniste ne se sent ni tout à fait accompli, ni même tout à fait adulte. Alors que le développement de sa carrière et de sa vie sentimentale est au ralenti, on le suit dans une fracassante débandade qui finit de crever l'abcès de ses désillusions : en effet, il commet une bourde qui lui vaut l'attention médiatique tant escomptée, mais pour toutes les mauvaises raisons. Victime de la fulgurance des réseaux sociaux, s'embourbant dans un scandale politique, il perd le contrôle de la situation et trouve refuge dans des élans de débauche qu'il n'avait jamais osés auparavant - jusqu'à une intervention policière impromptue qui le force à reconsidérer son destin et qui change aussi le fil de l'histoire. Un autre parcours apparaît alors, celui de Béatrice, avec sa propre trajectoire compliquée qui se déploie en parallèle de celle de Simon-Pierre...
Dans ce roman bardé de surprises, de faux dénouements et d'intrigues, avec un rythme effréné et une langue survoltée, Benoît Côté dresse un vaste portrait de notre époque contemporaine dans laquelle les grandeurs et les misères des jeunes adultes s'entrechoquent : désordres amoureux, nouveaux paradigmes familiaux, enjeux environnementaux, santé mentale, déceptions inhérentes au développement de soi, confusion quant à son rôle au sein de la société. Un roman palpitant qui emprunte aux motifs du thriller, et dont les réponses tant attendues n'arriveront qu'à la toute fin. -
En réfléchissant un peu, nous devons conclure que nous aboutissons plus fréquemment à de mauvaises questions qu'à de bonnes réponses. C'est que les problèmes philosophiques sont trop denses et l'aversion que nous éprouvons face au doute nous fait souvent choisir des simulacres de vérité. Ces problèmes ne peuvent être traversés qu'en s'y perdant par moment, comme on tourne en rond dans la forêt, comme on tourne longtemps la laine d'acier pour décaper un vieux meuble. On se laisse impressionner à tort par les formes en traité, en exposé cohérent, qui pensent résoudre un problème par la seule autorité de leur présentation structurée. Vaut mieux s'inoculer le désordre et se faire des anticorps contre les faux-plis, les crampes, les crispations du crâne, et laisser la clarté, d'elle-même, apparaître une fois dissoutes les pensées opaques.
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Le protagoniste de ce roman se nomme Benoît Côté. Il est banquier, courtier grade 2, coordonnateur des clients intermédiaires en Europe de l'Est, surtout en Russie, à la HSBCQ. Il est l'exemple parfait de ces Québécois quarantenaires, affairistes, ambitieux, hédonistes, comme il y en a tant depuis que la nouvelle république est devenue un paradis fiscal.
C'est entre deux red-eyes Montréal-Saint-Pétersbourg qu'il rencontre par hasard Mathieu Rancourt, un compagnon de ses années d'études qu'il n'avait pas revu depuis. Mathieu est président d'une confidentielle Société d'histoire du Québec et, à deux ans du vingt-cinquième anniversaire de la victoire du Oui au référendum de 1995, il fait à Benoît une proposition étonnante, invitant celui-ci à écrire, pour la feuille de chou de sa société, un texte autour de la question suivante : que serait devenu le Québec si, par un accident de l'histoire tout à fait improbable, le Non l'avait emporté en 1995?
Benoît osera-t-il accepter? Une telle entreprise ne risquerait-elle pas de faire ressurgir des souvenirs qu'il préférerait oublier? Il finira par se laisser convaincre et se lancera dans une vaste enquête qui l'amènera à interroger tout un éventail de personnalités, allant de Jean Chrétien à Richard Desjardins, acteurs ou témoins du grand tournant qu'a marqué l'avènement à la souveraineté.
À partir de cette prémisse, Benoît Côté construit une uchronie pleine d'extravagance sur un Québec indépendant. Encore une fois, avec un pied dans « la grande histoire » et l'autre dans la fiction, il nous donne un roman doux-amer, couché dans une langue toujours proche du vernaculaire, où la poésie affleure au milieu d'un humour un rien déjanté.
Et si cette histoire du Québec devenu pays n'était qu'un prétexte pour un examen en profondeur de notre fidélité envers nos idéaux, nos projets de vie, nos engagements? À quel point l'héritage reçu de nos ancêtres fait-il de nous ce que nous sommes? À quel point y tenons-nous? Qui serions-nous si la vie avait été différente? -
Circuit. Vol. 34 No. 2, 2024
Emmanuelle Lizere, Colleen Renihan, Julia Brook, Jesse Stewart, Lukas Pairon, Veronique Girard, Benoit Cote, Terri Hron
- Circuit, musiques contemporaines
- 5 Novembre 2024
- 9782924894460
Ce numéro explore les enjeux de la création musicale participative. Il contient un compte rendu par Emmanuelle Lizère de projets avec des jeunes enfants et de création collective de quartier, un témoignage du projet We Are All Musicians par le percussioniste improvisateur Jesse Stewart, une analyse par Colleen Renihan et Julia Brook de l'utilisation de Zoom comme espace de création avec des personnes âgées, une exploration de la pluriversité en création participative par le chercheur belge Lukas Pairon et un dossier sur l'application Fonofone par trois artistes impliquées dans sa création et médiation. Dans la rubrique «Enquête», trois artistes partagent leurs expériences d'animation en création participative à Montréal : Louise Campbell, Frédérique Drolet et Pierre Vachon. La rubrique «Actualité» offre un retour sur la Journée d'étude sur les 75 ans de la musique concrète, suivi d'un «Document» archivant une conférence du compositeur électroacoustique Francis Dhomont sur l'école de Montréal.
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« J'ai laissé l'auto à côté de la cabane, et on est sorti dans une cathédrale de cristal. La fine couche d'eau gelée sur chacune des milliers de branches, les arbres à perte de vue couverts d'un vernis lisse et lumineux, toute cette infinité de détails qui composait la beauté du moment m'a semblé signifier que, vraiment, le monde était tel qu'il devait être [...] J'étais rarement impressionné par autre chose que ce que je lisais dans mes vieux livres, mais là, j'avais les yeux mouillés. J'étais enfin stupéfait par un événement de la vie concrète. »