La grande synthèse par l'un des meilleurs médiévistes actuels.Pourquoi cette nouvelle histoire du Moyen Age ? Premièrement, parce que plus nous nous éloignons de cette période, plus elle intrigue, et même fascine, car nous sentons confusément que là se trouvent les racines de nos aspirations et de nos drames actuels, des obscurantismes religieux aussi bien que des hautes spiritualités, de la violence aveugle comme de la quête de sens, de la peur du futur comme du rêve d'un retour à la nature.
Deuxièmement, parce que l'image actuelle du monde médiéval est trop souvent falsifiée : évacué des programmes scolaires, réduit en miettes anecdotiques pour les médias, transformé en légende noire ou dorée, le Moyen Âge a perdu toute cohérence dans la mémoire collective du " grand public ". Pour le comprendre - donc pour nous comprendre -, il faut restituer les faits, les noms, les dates, dans leur enchaînement logique et chronologique. C'est ce que ce livre tente de faire.
Troisièmement, parce qu'aujourd'hui plus que jamais il est nécessaire d'élargir notre vue en replaçant " notre " Moyen Âge européen dans le contexte de ses relations avec ses voisins. L'histoire médiévale occidentale est indissociable de celle du Proche-Orient, à la fois ennemi et Terre promise. C'est un drame en trois actes, plein de bruit et de fureur, de splendeurs et de misères, rythmé à la fois par les avancées propres du génie européen et par son affrontement avec l'Orient : du Ve au Xe siècle, c'est l'âge des grandes illusions, pendant lequel l'Orient byzantin puis musulman domine un Occident encore barbare ; du XIe au XIIIe siècle, l'Occident chrétien manifeste son dynamisme et atteint son âge de raison, en accord avec une foi plus éclairée, avant de connaître des fléaux apocalyptiques aux XIVe et XVe siècles, dans un âge de transition vers un monde moderne.
Une analyse en perspective de la première véritable " guerre totale ".De Crécy à Azincourt, du Prince Noir à Jeanne d'Arc, la première guerre européenne (1337-1453) fut aussi une guerre totale, qui a bouleversé les sociétés anglaise et française, favorisé l'émergence des deux nations et profondément marqué les mentalités.
"J'ai bien l'intention de prouver que je suis un méchant". L'homme et le roi derrière la légende noire shakespearienne. Le 4 septembre 2012, les archéologues découvrent, sous un parking de Leicester, au centre de l'Angleterre, les restes d'un roi mort en 1485. Sépulture insolite, à la mesure d'un souverain à la réputation sulfureuse. Il s'agit en effet de celle de Richard III. Sa brève existence - il est mort à 33 ans - se situe au crépuscule du Moyen Âge et à l'aube de la Renaissance, en ces temps troublés de la guerre des Deux Roses, opposant les familles d'York et de Lancastre, soit une époque " pleine de bruit et de fureur ", de meurtres et de trahisons, où les valeurs chevaleresques médiévales cèdent la place au réalisme froid des Temps modernes. Richard incarne les déchirures de son époque : pieux, vertueux, courageux et nostalgique du passé féodal, il doit pourtant agir en prince machiavélien. C'est ainsi qu'il usurpe la couronne d'Angleterre en faisant disparaître ses neveux enfermés dans la tour de Londres et, après un règne de deux ans seulement, marqué par de multiples complots et exécutions, il périt à la bataille de Bosworth. Cela, c'est le Richard des historiens, qui reste une figure énigmatique. Mais ce destin tragique, transfiguré par le génie de Shakespeare, en a fait un roi maudit, un monstre absolu, qui disparaît en hurlant sa fureur impuissante : " Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! " Fondée sur les chroniques tendancieuses de la propagande des Tudors, cette image théâtrale s'est largement imposée aux yeux du grand public. Mais l'histoire n'est pas un tribunal et cet ouvrage se veut, sinon une réhabilitation, du moins une tentative de comprendre un roi controversé qui incarne pourtant son époque.
Le vainqueur des Arabes à Poitiers, en 732.Sa victoire contre les arabo-musulmans à Poitiers, en 732, est à peu près tout ce qui reste de Charles Martel dans la mémoire collective, qui le considère avant tout comme le " marteau des Sarrasins ". L'enjeu de cette fameuse bataille connaît d'ailleurs un regain d'intérêt dans le contexte actuel, et fait l'objet de vifs débats : simple escarmouche, ou choc des civilisations qui a sauvé l'Europe de l'islamisation ? Cependant, Charles Martel ne se réduit pas à cette seule date, aussi célèbre soit-elle. Grand-père de Charlemagne, il assure la transition entre la dynastie moribonde des Mérovingiens et celle des Carolingiens. Guerrier avant tout, il est devenu, par ses nombreuses victoires, mais aussi par sa collaboration avec les missionnaires et par son entente avec le pape, le prince le plus puissant de son époque, le sauveur de l'unité du monde franc, et le rempart de la chrétienté. Maître d'un immense territoire, tout en restant simplement " maire du palais ", il prépare l'accession au trône de son fils Pépin le Bref. Si Charles Martel reste pourtant mal connu, en raison du caractère lacunaire et laconique des chroniques de cette époque, de nombreux documents, privés et publics, sur la société franque permettent de lever en partie le voile sur cet étonnant personnage, et de mieux comprendre l'homme et son oeuvre.
A l'égal d'Alexandre, de César, de Napoléon, Charlemagne fait partie de ces géants de l'histoire qui ont laissé dans la mémoire collective une empreinte indélébile. George Minois raconte la vérité de l'Empereur " à la barbe fleurie ", occultée par la légende.
A l'égal d'Alexandre, de César ou de Napoléon, Charlemagne fait partie de ces géants de l'histoire qui ont laissé dans la mémoire collective une empreinte indélébile largement constituée de légendes. Pour y remédier, l'auteur, mobilisant toutes les sources disponibles, a entrepris de rendre chair et esprit au souverain carolingien dans les différents aspects de son existence et de son action. Au-delà du portrait nuancé d'une personnalité exceptionnelle, ce sont quarante-cinq ans d'un règne aux dimensions inégalées depuis l'Empire romain qui sont ici reconstitués dans ses multiples développements. Loin de tout esprit hagiographique et écrit avec l'humour, la distance et la précision caractéristiques de Georges Minois, cet ouvrage s'adresse autant à l'historien qu'à l'amateur.Georges Minois, agrégé et docteur en histoire, est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages dont, chez Perrin, les biographies de Bossuet et de Charles VII, ainsi qu'une histoire remarquée de la guerre de Cent Ans." Claire, vivante, sa biographie fait le tour de l'empereur et de son temps. "Valeurs Actuelles
L'histoire d'une légende vivanteRichard Coeur de Lion, né en 1153, fut le moins anglais des rois d'Angleterre, où il ne résida que six mois, régnant sur d'immenses territoires allant de l'Ecosse aux Pyrénées, et qu'il passa sa vie à défendre. Fils préféré de sa mère, Aliénor d'Aquitaine, il est le souverain le plus admiré et le plus redouté de son temps, incarnation des valeurs et des excès de la chevalerie médiévale. Eduqué au milieu des troubadours aquitains, il est capable de faire des vers, mais c'est à la guerre qu'il forge sa réputation. Guerre contre son père, Henri II Plantagenêt, contre son frère, Jean sans Terre, contre le roi de France, Philippe Auguste, contre les barons poitevins. Et surtout guerre sainte, contre Saladin, au cours de l'épopée de la troisième croisade (1190-1194), lors de laquelle il se révèle un stratège hors pair. Terreur des musulmans, dont il gagne le respect, il est trahi par les souverains chrétiens, qui jalousent ses exploits. Retenu prisonnier en Autriche, puis libéré contre rançon, il bat Philippe Auguste, édifie en deux ans Château-Gaillard (1196-1198), avant d'être tué au siège de Châlus, en Limousin, par un trait d'arbalète, en 1199.
Inhumé à Fontevraud, cette figure de proue du Moyen Age reste dans la mémoire collective comme l'invincible paladin, dont Walter Scott fera un héros romantique, alors qu'il l'était si peu.
L'enfer a terrorisé des générations de croyants. Même si c'est dans le christianisme que l'imaginaire infernal a été le système le plus durable et le plus organisé, il existe dans toutes les civilisations. Miroir de nos hontes, de nos remords et du mal partout répandu, ses métamorphoses sont aussi vieilles que l'humanité. Et il y a fort à parier qu'elles dureront autant qu'elle...
Le professeur (Abélard), la femme (Héloïse) et le moine (saint Bernard de Clairvaux) : les destins croisés de trois personnages emblématiques du moyen Age.Le professeur, la femme et le moine : les destins croisés de ces trois personnages emblématiques illustrent les conflits socioculturels qui, au xiie siècle, secouent les bases de la civilisation médiévale.
Le professeur, Abélard, arrogant et séducteur avant d'être castré, est le premier véritable intellectuel à la mode. Admiré par ses étudiants, il entreprend de rationaliser la foi et d'en dissiper les mystères par la dialectique, dans le but de comprendre pour mieux croire.
La femme, Héloïse, ardente et cultivée, vouant un véritable culte spirituel et charnel à son professeur et amant, revendique le droit à un amour libéré des chaînes du mariage. Reléguée de force au couvent, elle y rumine ses rêves érotiques et son sentiment de culpabilité tout en se comportant en pieuse abbesse.
Le moine, futur saint Bernard, un ascète devenu la plus haute autorité morale et doctrinale de son époque, défend une foi rigoureuse, fondée exclusivement sur l'Écriture, hostile à toute intrusion de la raison et des passions humaines, et au nom de laquelle il fait condamner Abélard et surveiller Héloïse.
La liaison du couple est trop souvent réduite à une simple histoire d'amour, et on oublie l'intrusion du moine, dont l'ombre plane sur cette époque tandis qu'il veille à étouffer l'émergence, au sein de la religion médiévale, des exigences subversives de la raison et de la passion charnelle. Georges Minois restitue ici toute sa force dramatique à l'histoire de ce trio devenu mythique.
La Cabale des dévots est l'expression qui désigne la lutte menée par la Société secrète du Saint-Sacrement, organisation clandestine de catholiques intransigeants, pour faire interdire le Tartuffe, comédie de Molière jugée blasphématoire. Obsédée par le secret, elle mène des actions charitables aussi bien que des opérations d'espionnage, de délation, de pressions diverses, qui font d'elle un véritable lobby au sens moderne du terme. L'histoire de cet épisode est replacée dans son contexte de luttes politico-religieuses, qui n'est pas sans évoquer des problèmes actuels.Le livre retrace plus largement la tentative du parti dévot pour imposer à la société française du XVIIe siècle un ordre moral austère, en contrôlant tous les aspects de la vie publique et de la vie privée.
Normalien, agrégé et docteur en histoire et docteur ès-lettres, Georges Minois est l'auteur d'une oeuvre qui comporte une soixantaine de titres. Parmi les plus récents: Histoire de la célébrité (Perrin, 2012) ; Histoire de la solitude et des solitaires (Fayard, 2013) ; Philippe le Bel (Perrin, 2014) ; Charles le Téméraire (Perrin, 2015) ; Histoire du Moyen Âge (Perrin, 2016) ; Richard Coeur de Lion (Perrin, 2017).Plusieurs de ces ouvrages sont traduits, au total en 22 langues.
Chaque société a les vieillards qu'elle mérite: l'histoire antique et médiévale le démontre amplement. Chaque société sécrète un modèle d'homme idéal, et c'est de ce modèle que dépend l'image de la vieillesse, sa dévaluation ou sa mise en valeur. La Grèce classique, tournée vers la beauté et la force, relègue les vieux à une place subalterne. Au Moyen Age, le vieillard joue son rôle tant qu'il peut tenir le goupillon, l'épée, la bêche ou le livre de comptes. La seule limite est l'incapacité physique. En fait, il n'y a pas de troisième âge: il y a la vie et la mort. A partir du XIVe siècle, le poids des vieux s'accroît dans la société et entraîne un regain de critique contre les vieillards. La satire des mariages entre des hommes âgés et des jeunes femmes revient à la mode, comme elle l'était à l'âge de Plaute. Quant à la Renaissance, elle renoue avec les idéaux des Gréco-Romains. Ronsard recommande de cueillir " les roses de la vie ", mais dans le même temps, les vieillards actifs n'ont jamais été aussi nombreux: l'amiral Doria, septuagénaire, lutte contre l'octogénaire Barberousse, Michel Ange atteint 89 ans et Le Titien, 99...
L'ambiguïté fondamentale de l'attitude envers la vieillesse se retrouve cependant tout au long des siècles, car si le vieillard se plaint de son grand âge, il en tire gloire et cherche à prolonger ses jours. La fontaine de jouvence n'a-t-elle pas toujours été le plus fol espoir de l'homme occidental?
Né en 1946, agrégé, docteur en Histoire et docteur ès Lettres, Georges Minois est spécialisé dans l'histoire des mentalités religieuses du Moyen Age et de l'Ancien Régime. Il a consacré sa thèse d'Etat à la réforme catholique en Basse-Bretagne. Il enseigne actuellement à Saint-Brieuc.
La solitude est un des paradoxes majeurs de notre monde d'hyper-communication : elle fait peur, au point d'être déclarée « grande cause nationale » en France en 2011, et en même temps elle fascine, comme en témoigne la recherche d'exploits solitaires et d'isolement, de retraites volontaires hors d'un monde surpeuplé. On la fuit et on la désire à la fois. Cette ambivalence prend aujourd'hui une dimension nouvelle : l'opposition entre grégarité et individualisme, convivialité et isolement, est accrue par le rôle des nouvelles technologies de communication et des réseaux sociaux. Mais ce phénomène n'est que l'aboutissement d'une longue histoire qui débute dans l'Antiquité, où les intellectuels avaient déjà posé les termes de l'alternative : l'homme animal social et l'amoureux des charmes bucoliques. « Il n'est pas bon que l'homme soit seul », dit la Bible, et pourtant le judéo-christianisme exalte la vie solitaire des ermites et des moines ; à l'époque classique, les « solitaires » de Port-Royal et les « promeneurs » rousseauistes s'opposent aux « honnêtes hommes » des salons ; au XIXe siècle, les romantiques exaltent le solitude et fuient les villes ; les « solos » du XXIe siècle vantent les avantages de leur indépendance, tandis que la solitude des plus âgés est perçue comme un fléau. Solitude physique et psychologique, solitude subie et volontaire, elle est simultanément refuge et malédiction. C'est l'histoire de ce grand paradoxe de la condition humaine que retrace ce livre.
L'enfer est aussi vieux que le monde, ou plutôt que la conscience du mal. De l'épopée sumérienne de Gilgamesh à Huis-Clos, l'homme n'a cessé d'imaginer ce que peut être ce lieu infernal, en quoi consiste les souffrances qu'on y endure. Héros, poètes, moines visionnaires ont multiplié les descentes aux enfers et en ont ramené des descriptions horribles qui traduisent chacune les fantasmes de leur époque. Lieu de survie sans châtiments, lieu de punition éternelle, lieu abstrait, leur diversité constitue l'un des volets de la longue histoire de l'humanité.
La question de l'enfer dépasse de très loin le dogme chrétien puisqu'il est quasi absent de l'enseignement de Jésus. L'enfer chrétien est cependant le plus durable, le plus complet des imaginaires infernaux. C'est sous la pression populaire que l'Église fixe peu à peu sa doctrine officielle. Le Moyen Âge connaît un délire d'inventions macabres, de supplices infernaux dont Dante nous offre la vision la plus illustre. L'enfer populaire apparaît alors souvent comme la satisfaction, dans un rêve collectif, d'un désir de vengeance. Les théologiens du Grand Siècle vont rationnaliser cet enfer avec un rare raffinement. L'enfer devient une arme de dissuasion pour les prédicateurs qui voient en lui la preuve de l'existence d'une justice divine immuable. La fin du XIXe siècle marque l'apogée de l'enfer comme construction intellectuelle. Mais cet enfer, méticuleusement réglé, ne terrorise plus les fidèles depuis longtemps. L'enfer traditionnel, qui sanctionnait l'individu méchant, a disparu. L'enfer se situe désormais sur terre, prenant la couleur de la conscience moderne.
Les relations entre l'Église et la médecine furent longtemps conflictuelles. Au Moyen Age, l'impuissance de la médecine face aux maladies garantissait la suprématie du prêtre : la vie humaine, disait-il, est misérable, le corps me ´prisable, la mort inéluctable, et la douleur une bénédiction du ciel. Cette conception est progressivement remise en cause à partir de la Renaissance. Avec les avancées de la chirurgie et de la dissection, les médecins émettent des doutes sur l'existence d'un au-delà` et sur la conception dualiste de l'homme, corps et âme : l'homme ne serait-il pas un produit de la nature, une pure machine ? Au nom de ces idées, de nombreux médecins se révoltent contre la tutelle des prêtres, et deviennent, avec le courant scientiste qui apparait au XIXe siècle, le fer de lance de l'athéisme. Avec la vague bioéthique, le prêtre est récemment revenu dans le débat, autour de problèmes inédits – procréation artificielle, euthanasie, clones thérapeutiques, manipulations génétiques. La religion, qui a perdu le combat scientifique, entend gagner le combat moral. Mais sa morale, basée sur des écrits deux fois millénaires, est-elle encore adaptée aux réalités du XXIe siècle ?
Ce 19 septembre 1356, aux environs de Poitiers, les 12 000 Français du roi Jean II le Bon affrontent 8 000 Anglo-Gaxons sous les ordres du prince de Galles, fils d'Édouard III d'Angleterre, surnommé le « Prince Noir ». S'en suivent cinq heures de mêlée furieuse et de charges folles des chevaliers français qui sont décimés par les archers anglais et contraints à une fuite éperdue. Surtout, véritable désastre, le roi de France est fait prisonnier.
Au soir de la bataille, près de la moitié de l'armée française a été anéantie : 2 500 hommes ont été tués, 3 000 ont été faits prisonniers. Vainqueurs, les Anglais ont à déplorer des pertes bien moindres. Dix ans après Crécy (1346), qui a révélé la terrible efficacité des archers anglais, Poitiers, c'est déjà la routine de la défaite.
Pourtant, la bataille de Poitiers est plus qu'une simple péripétie de la guerre de Cent Ans, cet interminable conflit ouvert en 1337 et qui va durer jusqu'en 1453. Elle vient conclure une course poursuite haletante d'un mois entre le roi de France et le Prince Noir en août-septembre 1356. Elle marque aussi un tournant dans la guerre de Cent Ans. À la suite de la capture de Jean le Bon, le royaume se trouve dirigé par le dauphin, tout juste âgé de dix-huit ans. Le pays est alors déchiré entre les ambitions du roi de Navarre Charles le Mauvais et la démagogie d'Étienne Marcel, le prévôt des marchands, écrasé d'impôts pour acquitter le montant de la gigantesque rançon exigée par les Anglais et confronté à une terrible jacquerie. Ultime conséquence de la bataille de Poitiers : le traité de Brétigny en 1360 ampute le pays du quart de son territoire.
Un roi qui eut six femmes et qui en fit décapiter deux: le cas est unique dans les monarchies occidentales. Mais le fait dépasse ici de loin l'anecdote, car les affaires matrimoniales du " Barbe-Bleue d'Hampton Court " sont à la source des réformes religieuses et politiques sur lesquelles vit encore l'Angleterre actuelle.
" C'est un vieux renard " disait de lui l'ambassadeur du roi de France; " Seigneur Henri veut être Dieu et fait tout ce qui lui plaît ", renchérissait Luther. Ces jugements lapidaires cernent bien le personnage. Henri VIII fut un despote dans un pays qui n'accepta jamais l'absolutisme; il fut un pape pour des sujets qui rejetèrent toujours l'autorité de Rome.
Dans une Angleterre en pleine mutation, qui sort de la guerre des Deux-Roses, Henri sut utiliser à ses fins le Parlement. En s'appuyant sur les représentants des classes moyennes, il jeta les bases d'une réforme religieuse, la réforme " henricienne ", dont sa fille Elisabeth allait faire l'anglicanisme. A l'extérieur, il mena une subtile politique de balance entre Charles Quint et François Ier, ses émules en matière de duplicité. Magnifiquement secondé par Wolsey puis Thomas Cromwell, il fut un prince de la Renaissance, véritable " père de la Royal Navy ", et le fondateur d'une bureaucratie efficace.
L'homme qu'Holbein immortalisa était redoutable. Dans tous les domaines éclatait sa passion de dominer. L'exécution était pour lui une méthode de gouvernement. Sous son règne, la Tour de Londres vit sauter bien des têtes. Celles de Thomas More et d'Anne Boleyn ne sont que les plus illustres.
Henri VIII, auteur d'un traité de théologie, jouteur impénitent, fondateur d'une religion, amateur de guerres et de fêtes, confiscateur des biens des monastères, est beaucoup plus que le roi aux six femmes.
Georges Minois, agrégé d'histoire, docteur en histoire et docteur ès-lettres, est membre du GRECO n° 2 du CNRS et professeur à Saint-Brieuc. Il est l'auteur d'ouvrages d'histoire sociale et religieuse, dont l'Histoire de la vieillesse et le Confesseur du roi (Fayard).
Un roi méconnu dont l'oeuvre considérable, souvent décriée, souvent caricaturée, a masqué l'homme. Philippe le Bel a été une énigme pour ses contemporains et l'est longtemps resté pour les historiens. Car l'homme est caché derrière l'oeuvre du règne, une oeuvre propre à enfl ammer les imaginations romantiques à la lueur crépusculaire du bûcher des templiers, des sinistres drames familiaux de ses trois fils, de la lutte sans merci contre un pape mégalomane, Boniface VIII. Roi de fer pour les uns, édifiant de façon impitoyable un Etat bureaucratique moderne sur les ruines
de la monarchie féodale ; roi de chair pour les autres, dissimulant derrière son masque de sphinx et son impassibilité de statue un esprit faible et indécis, dominé par ses légistes, Flote, Nogaret, Marigny : il reste en apparence indéchiffrable.
La réputation de Philippe le Bel a été ternie par la constante comparaison avec la figure idéalisée de son grand-père Saint Louis, dont le règne a fait figure d'âge d'or. C'est que vers 1300 commence un véritable âge de fer : c'est la fin du " beau Moyen Age " et l'entrée dans un siècle de catastrophes, avec les premières famines, les prémices de la guerre de Cent Ans, et bientôt les épidémies.
Pour gouverner le royaume de France dans une période aussi difficile en assurant la transition de la monarchie féodale à la monarchie nationale, il fallait plus qu'un saint rêvant de croisade : il fallait une personnalité lucide et réaliste. Georges Minois raconte son histoire et découvre son portrait avec la rigueur et le talent qu'on lui connaît.
Cet ouvrage présente l'histoire intérieure et extérieure des îles Britanniques au XVIIIe siècle, période de la mise en place du parlementarisme et début de la conquête coloniale, en présentant le panorama de la civilisation de l'Angleterre de 1714 à 1815.
La dynastie des Stuarts (1603-1714) marque les débuts de l'Angleterre moderne. C'est à cette époque que se mettent en place les traits qui vont en faire un modèle pour l'Europe jusqu'au début du XXe siècle, du point de vue politique, économique et même culturel.
L'identité bretonne existe-t-elle encore en cette fin de XXe siècle? La Bretagne a-t-elle un avenir dans l'Europe unie qu'elle souhaite? La réponse à ces questions se trouve en grande partie dans le passé. Un passé que ce livre interroge à la lumière des préoccupations actuelles et des recherches les plus récentes. C'est pourquoi cette histoire de la Bretagne se dit " nouvelle ".
Nouvelle par les perspectives. Loin d'être le cul-de-sac et le conservatoire d'archaïsmes trop souvent présentés, la Bretagne a été, depuis les temps préhistoriques, un lieu de passage, un carrefour, une porte de l'Europe. Largement ouverte sur la mer comme sur le continent, elle a subi des influences variées, accueilli des populations diverses qui ont fait la richesse de sa culture et préparé l'esprit européen.
Nouvelle par les matériaux utilisés _ études universitaires et travaux érudits _ dont beaucoup restent manuscrits ou d'accès difficile. La vision de l'histoire bretonne en sort modifiée. Le vieux fonds celtique, sans cesse renouvelé et dynamisé par les influences extérieures, a façonné une population alliant conservatisme et audace.
Devant la vague déferlante de l'uniformisation, il peut être salutaire de relire, hors des idéalisations et des rêves collectifs, ce que fut la dure réalité d'une histoire mouvementée.
Georges Minois est professeur agrégé d'histoire à Saint-Brienc. Docteur d'Etat et membre de l'Institut culturel de Bretagne, il est spécialiste de l'histoire des mentalités, à laquelle il a consacré de nombreux ouvrages. Il travaille aussi depuis plus de vingt ans sur l'histoire de la Bretagne, sujet de ses deux thèses, de plusieurs livres et d'une cinquantaine d'articles.
La mort volontaire a presque toujours été l'objet de la réprobation sociale. Le Moyen Age l'assimilait au plus abominable des crimes, la considérant comme une insulte à Dieu, et réservait une macabre exécution à ceux qui se suicidaient.
Au fil des siècles, la question de la liberté de chacun sur sa propre vie a pourtant resurgi chaque fois que les valeurs traditionnelles étaient remises en cause: de Montaigne à Bacon, les humanistes vivent une première révolution culturelle et s'interrogent prudemment sur l'interdit chrétien. La célèbre interrogation d'Hamlet (1600) traduit le malaise lié à la naissance de la modernité. Sous l'effet des crises de la conscience européenne, le débat s'amplifie et la question est bientôt posée publiquement. " Ce n'est pas aux gens aimables de se tuer ", affirme Voltaire, tandis que se multiplient les traités qui tentent de comprendre les causes du suicide.
La Révolution dépénalise le suicide mais sans l'approuver: le citoyen doit conserver sa vie pour la patrie. Le XIXe et le XXe siècle ne se montreront guère plus ouverts, et le silence de l'Etat et l'Eglise contribueront à faire du " meurtre de soi-même " l'un des derniers sujets tabous de notre époque.
Georges Minois, agrégé et docteur en histoire, docteur d'Etat, est membre du Centre international de recherches et d'études transdisciplinaires (CIRET). Historien des mentalités religieuses, il a publié de nombreuses études dans ce domaine.
D'Anne de Bretagne, on ne retient souvent qu'un cliché régionaliste, celui de la petite duchesse qui, par ses mariages successifs avec Charles VIII puis Louis XII, a été la cause du rattachement de la Bretagne à la France. L'histoire personnelle d'Anne dépasse largement ce cadre politico-sentimental. Duchesse à onze ans, reine à quinze ans, mère à seize ans, veuve à vingt et un ans, elle se remarie l'année suivante et s'éteint à trente-sept ans après avoir vu mourir sept de ses neuf enfants. Pendant sa courte vie, elle a connu plus d'échecs que de succès, plus de tristesse que de joie. Mais si elle n'a pas changé le cours de l'histoire, elle a affronté son destin avec un courage certain.C'est à travers les mentalités et les crises de son époque que Georges Minois nous fait redécouvrir cette femme dure, autoritaire, égocentrique, qui, à l'aube de la Renaissance, a su utiliser les écrivains et son duché pour les mettre au service de sa passion, frustrée, du pouvoir. Tempérament énergique, fidèle aux valeurs médiévales, elle ne ressemble guère à l'image de la " bonne duchesse en sabots " forgée par ses biographes romantiques.
Le rire est une vertu que Dieu a donnée aux hommes pour les consoler d'être intelligents, disait Marcel Pagnol. Une vertu qui a plus de deux mille ans, comme en témoignent les recueils d'histoires drôles dont Grecs et Romains étaient déjà friands. Mais peut-on rire de tout ? Oui, affirme Démocrite, dont le rire désabusé a des accents étonnement modernes. Oui, dit aussi Cicéron qui répertorie mille façons de faire rire. Non, proclament en revanche les pères de l'Eglise, car le rire est un phénomène diabolique, une insulte à la création divine, une manifestation d'orgueil. Leurs arguments ne sont cependant guère entendus au Moyen Age :.les rois s'entourent de fous, les hommes jouent à se moquer les uns des autres lors des charivaris, et l'humour, qui n'est encore que parodie, se glisse même dans les sermons des prédicateurs.
Avec Rabelais apparaît une autre façon de rire, un rire ambigu qui ébranle toutes les certitudes et se prolonge au-delà de la Renaissance, tour à tour picaresque, grotesque, burlesque. La monarchie absolue veut faire rentrer les rieurs dans le rang. Mais peut-on domestiquer le rire ? Déguisé en humour acide, il ronge peu à peu les fondements du pouvoir et de la société. C'est tout naturellement qu'au XIX° siècle il trouve son terrain de prédilection dans la satire politique, tandis que les philosophes dissèquent ses vertus, parfois pour les déplorer, et que Baudelaire recherche le " comique absolu ". L'ironie devient un mode de relation entre l'homme et le monde. Elle protège contre l'angoisse et l'exprime en même temps. " Je ris avec le vieux machiniste Destin ", écrit Victor Hugo qui fixe en des formules immortelles l'ambiguïté du rire. Avec les Zutistes, Fumistes et autres J'menfoutistes, le XIX° siècle s'achève sur une apothéose du rire insensé. Le monde désormais va tout tourner en dérision, ses dieux comme ses démons.
Georges Minois, professeur d'histoire et historien des mentalités religieuses, est l'auteur de nombreuses synthèses sur le culture occidentale. Il est en particulier l'auteur de "l'Histoire de l'athéisme".
"Liberté!, que de crimes on commet en ton nom!" De Richard II, discrètement assassiné au fond d'un donjon en 1400, à Henri IV, la liste est longue des rois et des princes victimes de complots ou de meurtres isolés. Le poignard sanctionne le souverain qui n'est pas à la hauteur de sa mission, et tous les puissants redoutent le poison, arme invisible et donc plus dangereuse que l'épée. Pour justifier leur geste, les criminels invoquent l'exemple de Brutus, tandis que les théologiens, reprenant la question posée par saint Thomas d'Aquin, n'hésitent pas à légitimer le meurtre du tyran sous certaines conditions. Et c'est avec la bénédiction du pape que Machiavel, témoin des conjurations sans fin auxquelles se livrent les Borgia, se fait le théoricien du meurtre en politique.
Le fanatisme des guerres de religion ne peut qu'encourager les tyrannicides. Les supplices horribles promis aux régicides ne les dissuadent pas d'accomplir ce qu'ils croient être la volonté divine. Ce n'est pas seulement en France que les attentats se multiplient, mais dans tous les pays. La mort d'Henri IV provoque cependant un tel choc dans l'opinion que le pape et les jésuites doivent condamner la doctrine du tyrannicide, désormais assimilé à un crime pur et simple.
Le Siècle des lumières se donne l'illusion d'avoir éliminé ce vestige des temps barbares, selon la définition de Voltaire, et le geste de Damiens choque toute l'Europe civilisée. L'exécution de Louis XVI marque l'aboutissement extrême de la théorie du tyrannicide traditionnel selon laquelle tout sujet peut briser "le sceptre qui l'opprime". L'explosion de la machine infernale de la rue Saint-Nicaise, premier attentat à grand spectacle, préfigure une autre forme de violence, celle des attentats terroristes modernes.
Georges Minois est professeur d'histoire et membre du Centre international de recherches et d'études transdisciplinaires. Il a publié de nombreuses études sur l'histoire des mentalités religieuses.
« Il y a plusieurs façons de ne croire en aucun dieu. On peut douter de tous, juger que la question de leur existence est indécidable, ou encore affirmer leur inexistence. Cela définit trois positions différentes : le scepticisme, l'agnosticisme, l'athéisme. Ce qui les rapproche ? De n'être pas religieuses. A la question "Croyez-vous en Dieu ?", les partisans de l'un ou l'autre de ces trois courants peuvent en effet, en toute rigueur, apporter la même réponse : « Non. » C'est ce qui justifie que Georges Minois ait pu les rassembler dans un même et remarquable dictionnaire : tous sont des mécréants, si l'on entend par là, conformément à l'usage, quelqu'un qui ne croit pas en Dieu.
L'athéisme n'est pas une doctrine. On serait bien en peine de trouver une seule thèse positive qui soit commune à tous ses partisans, ou même à la plupart d'entre eux. C'est qu'ils ne s'accordent que sur ce qu'ils refusent. Ils n'ont en commun qu'une seule thèse, purement négative, que leur nom résume (athéos : "sans Dieu") et qui suffit à les définir : ils pensent que Dieu, ou les dieux, n'existent pas. Pourquoi ? Comment ? Avec quels arguments ? Contre quels adversaires ? C'est ce que ce monumental dictionnaire - d'autant plus impressionnant qu'il est l'oeuvre d'un seul auteur - permet d'explorer. (C'est un travail considérable, qui vient à son heure. Il était urgent, face à ce qu'on appelle parfois le "retour du religieux" et qui prend trop souvent la forme d'une montée des fanatismes, de faire entendre d'autres voix, qui sont de liberté, de lucidité, de révolte et d'incroyance. » André Comte-Sponville