La religion de demain sera-t-elle l'agnosticisme? Jamais, en Occident, la foi traditionnelle n'a été tant remise en cause. La tendance au syncrétisme fait fortune, les sectes ont chaque jour de nouveaux adeptes et, partout, le repli sur des intégrismes agressifs semble s'accentuer. Ce sont là les aspects les plus visibles du fait religieux aujourd'hui. Il en est beaucoup d'autres de par le monde, plus difficiles à saisir, car ce que représente la religion pour des millions de croyants nous échappe souvent.
Cet ouvrage a une ambition: faire découvrir la diversité du patrimoine spirituel de l'humanité et montrer l'esprit de chaque confession _ christianisme, judaïsme, islam, mais aussi hindouisme, bouddhisme, taoïsme, confucianisme, shintô, religions d'Afrique. Chacune a ses dogmes, ses écritures saintes ou ses mythes fondateurs. Même l'idée de salut individuel est loin d'être universelle: ici on croit en un au-delà, ailleurs on parle de renaissance ou de réincarnation. Ici il existe un clergé, des sacrements, ailleurs ils sont absents.
Au-delà de la diversité des croyances qui y sont décrites, cette encyclopédie des grandes religions _ à laquelle ont participé des représentants de chaque confession, des historiens et des sociologues _ nous invite à réfléchir sur l'homme religieux de tous les temps. L'homme a besoin de rites et de sacré pour retrouver à la fois l'ordre universel et des raisons de vivre. Toutes les religions, dans le langage qui leur est propre, exaltent la sagesse et la compassion, la sincérité et l'humanité.
Verra-t-on un jour une religion de l'humanité comme l'espéraient les romantiques? Personne ne peut le savoir, mais il nous appartient de comprendre l'autre.
On participé à cet ouvrage: J. BAUBEROT, J.-P. BERTHON, F. CHAMPION, O. CLEMENT, J. DELUMEAU, A. GUELLOUZ, M.-R. HAYOUN, M. HULIN, L. KAPANI, I.-P. LALEYE, J.-N. ROBERT, J. ROGUES, K. SCHIPPER, H. TINCQ, M. TOKI, L. VANDERMEERSCH, M. WIJAYARATNA.
Faire avouer le pécheur pour qu'il reçoive du prêtre le pardon divin et s'en aille rassuré: telle a été l'ambition de l'Eglise catholique, surtout à partir du XIIIe siècle, lorsqu'elle a rendu la confession privée obligatoire chaque année et qu'elle contraint à l'aveu détaillé de tous les péchés mortels.
En prenant ces décisions l'Eglise romaine ne mesurait sans doute pas quelle avalanche de problèmes elle allait déclencher. A l'Age classique, la pratique pénitentielle suscita des débats qui passionnèrent Pascal, Boileau et Bossuet. Confidence volontaire des péchés ou aveu autoritairement décrété? Morale de la compréhension ou rigidité élitiste? Les débats furent vifs. Ils subsistent toujours.
Quel fut le comportement réel des confesseurs? Comment les chrétiens vécurent-ils cette obligation de la confession? Les conseils d'écoute bienveillante donnés aux confesseurs renvoient indiscutablement à la difficulté psychologique de l'aveu, en particulier celui des péchés sexuels.
La confession a voulu rassurer, mais c'était après avoir inquiété le pécheur. Elle a affiné la conscience, fait progresser le sens des responsabilités, mais elle a aussi suscité les maladies du scrupule et fait peser un joug très lourd sur des millions de fidèles. La confession des péchés, qui n'a d'équivalent dans aucune autre religion, bouleversa le vécu religieux. Aujourd'hui encore nous restons marqués par cette formidable contribution à la connaissance de soi.
Jean Delumeau, membre de l'Institut, professeur au Collège de France, est l'auteur de nombreux ouvrages, dont La Peur en Occident (Fayard, 1978), Le Péché et la Peur (Fayard, 1983), Rassurer et protéger (Fayard, 1989).