Le 31 janvier 1943, Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, crée la Milice française en appelant des volontaires à défendre l'ordre contre les actions de la Résistance et un éventuel débarquement. Un an plus tard, le régime de Vichy est devenu fasciste et déchaîne une violence politique d'Etat sous la forme de cours martiales remplaçant la justice, écrasant les maquis (Les Glières), torturant et assassinant (Mandel, Sarraut). Qui étaient ces miliciens ? Que voulaient-ils ? Que sont-ils devenus, y compris dans la mémoire collective ? C'est ce que Michèle Cointet, spécialiste de la France sous l'occupation, nous livre dans cet ouvrage vivant, dramatique, et riche de portraits inédits : à la fois une histoire de l'Etat français sous Vichy, mais aussi une histoire du fascisme, de la collaboration et de la violence politique.
Les dirigeants de Vichy n'ont réussi à imposer inaction et silence qu'à leurs propres femmes. Car jamais, dans leur histoire, les Françaises ne se sont autant engagées que pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans ce bel essai, Michèle Cointet dresse le portrait de cette France au féminin, des collaborationnistes et familières du pouvoir, telles la Maréchale ou Josée Laval, aux résistantes et déportées. En suivant les destins des nombreuses volontaires de la France libre, des chefs de la Résistance, Berty Albrecht ou Marie-Madeleine Fourcade, et des petites mains, l'auteur restitue les formes multiples de l'engagement des femmes dans la guerre. Car si les convictions politiques en étaient parfois le moteur, il fut souvent le fait d'une éducation patriotique et d'une éthique. Une dimension que l'on retrouve dans la difficile question de la déportation féminine.
Autant de questions renouvelées par le regard d'une historienne avertie des réalités de la société française et qui éclaire d'une manière inédite l'histoire des femmes jusque dans l'après-guerre. La voie de leur intégration à la vie politique était en effet ouverte.
Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Tours, Michèle Cointet a écrit de nombreux ouvrages sur la Résistance, la collaboration et le gaullisme ; plusieurs ont été couronnés, notamment par l'Académie française. Elle a ainsi publié Nouvelle Histoire de Vichy (Fayard, 2012, grand prix Ouest-France/Société générale) et Histoire des 16. Les premières femmes parlementaires en France (Fayard, 2017).
Comment, de 1940 à 1944, a vécu un État replié dans des hôtels de baigneurs, avec ses ministères, ses fonctionnaires, ses militaires, ses policiers ? Dans cette station où l'on pensait ne s'installer que pour quelques mois, que rien ne destinait à devenir capitale, et qui a fini par donner son nom à un régime, quelle était la vie quotidienne du Maréchal, de son entourage, de sa société qui gravite toujours autour du pouvoir, aussi mutilé fût-il ? Spécialiste incontestée du régime de Vichy, Michèle Cointet a écrit sur le petit royaume du Maréchal, sur le passage du Vichy thermal au Vichy-État, un ouvrage original et attrayant. Une fois rappelée la fondation de l'État français au Grand Casino, elle raconte la cour et la ville, évoquant aussi bien les distractions (cinq cinémas), les réceptions (soirées dansantes interdites, mais bals clandestins), les moeurs (très surveillées), le sport, les célébrités, les ambassades, que le maintien de l'ordre, la presse, la Résistance (mais oui...), les intrigues, les rumeurs qui grouillaient dans cette petite capitale où tout se savait, les groupes de pression. Elle n'omet pas les satisfactions, puis les mécontentements des hôteliers, cafetiers et restaurateurs (la guerre du vin et de l'alcool, les curistes), et les relations pas toujours faciles avec la municipalité (la bataille des noms de rue). Michèle Cointet a su élaguer son important travail de recherche, pour nous donner un livre très alerte, vivant, riche d'anecdotes signifiantes, discrètement empreint d'un sens fin de la dérision.
Que signifie vraiment l'Occupation ? Comment saisir le vécu d'une catastrophe nationale, les bouleversements d'une nation et d'une société qui doit s'adapter du jour au lendemain aux contraintes de l'occupant ?
En s'attaquant à la vie quotidienne des Français pendant cette période, Michèle Cointet revient sur des sujets qui dérangent : le taux de natalité élevé, l'argent "sale" acquis par certains, les rivalités entre maquis qui ont pu engendrer des représailles dramatiques, le traumatisme toujours présent de villes et de villages détruits par les bombardements alliés, ou encore le retour d'Allemagne des prisonniers de guerre français.
À l'aune de nouvelles interrogations, Michèle Cointet lève les secrets et les mystères de cette histoire qui fut celle de millions de vaincus, mais aussi de Pétain, de De Gaulle, de Moulin, de Déat et de beaucoup d'autres présents dans ce livre.