" Ce petit livre est destiné à rappeler les crimes de l'armée française. Je dis bien de l'armée française, non de quelques officiers. Même si la majorité de l'armée a occupé le terrain plus qu'elle n'a torturé ou massacré [...], elle n'a jamais désavoué ceux qui égorgeaient, coupaient les têtes, mutilaient les femmes, les hommes et les enfants d'"en face'. "Cet ouvrage est un document contre l'oubli. À l'heure où la question de la torture pratiquée par les militaires français pendant la guerre d'Algérie revient sur le devant de la scène politique, la réédition de cet ouvrage, publié pour la première fois en 1975, offre une nouvelle occasion de regarder la vérité en face et de reprendre un travail jusqu'à présent inachevé : celui de la mémoire.Document exceptionnel, Les Crimes de l'armée française rassemble en effet des textes émanant des autorités militaires, politiques et administratives françaises et des témoignages d'officiers et de soldats. Ils apportent la preuve de ces crimes dont l'armée française s'est rendue coupable en Algérie, mais aussi en Indochine, et dont les responsables ont tous été amnistiés sans avoir même jamais été sérieusement inquiétés.
Comment saisir le sens des mythes et la pensée de la Grèce ancienne ? En analysant leurs traces, très concrètes et individuelles, dans la société de leur temps et dans ses marges.
" Le chasseur noir ", titre d'un chapitre de ce livre -; devenu un classique depuis sa parution en 1981 -;, est un personnage de la mythologie grecque : c'est un jeune homme qui part à l'aventure pour subir l'initiation, qui s'emploie aux techniques de la ruse, mais qui disparaît pour ne plus revenir. Par là, l'auteur entend montrer qu'il aborde le monde grec, non par la voie royale de l'agora, de l'assemblée du peuple et de la plaine, mais par celle des marges : les jeunes gens, les femmes, les artistes, les esclaves, les lointains de la cité. Il s'agit pourtant d'une entreprise globale : la pensée grecque -; celle des poètes, des mythologies, des philosophes -; et la société grecque sont ici étudiées dans leur liaison, pour l'effet de miroir qu'elles exercent l'une sur l'autre, tant l'une est incompréhensible sans l'autre. Les textes rassemblés ici abordent quatre thèmes principaux : l'espace et le temps ; les jeunes et les guerriers ; les femmes, les esclaves et les artisans ; la cité pensée et la cité vécue. Ainsi apparaît l'unité de l'ensemble, fondée sur la mise en rapport de ce qui semble a priori séparé. Au terme du livre, bien des rapprochements inattendus apparaissent comme nécessaires et prennent ce qu'il est convenu d'appeler un sens. Ces études ont en effet une ambition commune : montrer qu'il y a un sens. C'est là une entreprise qui concerne un tout autre public que celui des seuls spécialistes du monde grec.
Remontant à l'Antiquité et à la création du Panthéon sous la Révolution française pour retracer la longue histoire qui va des héros aux saints, l'auteur décrit le processus de construction du mythe. Et il explique la démarche erronée qui transforme Jean Moulin en " homme du Parti communiste ", mythe créé dès 1950 par Henri Frenay.
Publié en 1993, cet essai réagissait à une investigation frauduleuse sur Jean Moulin, premier président du Conseil national de la Résistance, mort sous la torture en juillet 1943. Ce journaliste à scandale affirmait alors que Jean Moulin, héros national inhumé au Panthéon, avait été un agent soviétique dès le début des années trente. De nombreux intellectuels ont répondu à cette accusation absurde. Mais cette affaire soulève d'autres questions que Pierre Vidal-Naquet analyse ici : peut-on, et surtout, a-t-on le droit de critiquer nos héros nationaux ? Quel sens confère-t-on au Panthéon ? Pourquoi la critique du " mythe Jean Moulin " par la résurrection d'un autre mythe - celui de Jean Moulin communiste - a-t-elle eu un impact aussi fort ? Remontant à l'Antiquité et à la création du Panthéon sous la Révolution française pour retracer la longue histoire qui va des héros aux saints, l'auteur décrit le processus de construction du mythe. Et il explique la démarche erronée qui transforme Jean Moulin en " homme du Parti communiste ", mythe créé dès 1950 par Henri Frenay.
En 1972, Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet faisaient paraître Mythe et tragédie en Grèce ancienne, un recueil de sept études qui s'efforce de soumettre les textes antiques à l'analyse structurale, à une recherche de l'intention littéraire et au démontage sociologique. Cette triple approche n'est pas appliquée au mythe lui-même, mais aux tragédies en ce que chacune a de singulier, considérée comme " phénomène indissolublement social, esthétique et psychologique ". Paru quatorze ans plus tard, Mythe et tragédie II élargit la perspective choisie et centre l'analyse sur les dieux de la tragédie du Ve siècle, et en particulier sur le dieu du théâtre, le dieu au masque : Dyonisos. Au-delà du théâtre classique, les auteurs se demandent pourquoi ce classicisme est devenu notre classicisme. Ces deux ouvrages sont aujourd'hui devenus des références incontournables pour tous les étudiants et les chercheurs en histoire ancienne, et au-delà, pour tous ceux qui s'intéressent aux rôles et aux structures des mythes.