L'individu produit la société qui le produit et inversement, on ne peut donc changer l'un sans l'autre. Le théâtre d'intervention offre un espace transitionnel qui permet de mieux saisir ces interférences, de ne pas se figer dans un rôle, de se dégager de ses identités assignées, de se distancier de la façon dont le passé est agissant en nous. Jouer avec la vie, jouer avec sa vie, cet engouement proprement humain, peut être un formidable vecteur d'émancipation.
Le théâtre n'est qu'un moment dans un processus d'intervention. Les étapes antérieures permettent d'établir la confiance, d'analyser la demande, de construire un cadre contenant, de circonscrire les problèmes, d'inscrire l'intervention dans une temporalité précise. Les étapes postérieures consistent à mentaliser les effets cathartiques par un double travail de réflexivité mentale et de perlaboration psychique. La verbalisation des émotions éprouvées par les participants, acteurs et spectActeurs, la discussion collective après chaque saynète, le relevé de conclusions, le moment sociologique, l'élaboration de préconisations, la mise en oeuvre de pistes d'action sont autant de mobilisations individuelles et collectives qui consistent à prendre conscience des origines de la violence, de la genèse des conflits, des actions souhaitables et possibles pour améliorer les choses.
Les effets de ce processus se déclinent au niveau des personnes impliquées, des collectifs et des organisations concernées et, plus largement, au niveau politique de l'ensemble de la Cité.
La boîte à outils, conceptuels et méthodologiques, du sociologue clinicien, élaborée à partir de divers terrains de recherche ou d'intervention.
Cet ouvrage de référence rassemble les méthodes et problématiques centrales ainsi que les objets et champs de recherche investis par la sociologie clinique. La spécificité de cette approche tient à la façon d'appréhender et d'analyser les phénomènes sociaux et psychiques, dans une perspective à la fois théorique (elle articule la compréhension des processus sociaux à celle du sujet jusque dans ses processus intrapsychiques) et politique (elle pose au-delà de la critique, la nécessité d'une clinique du social et l'accompagnement des processus de subjectivation).
Entre la recherche clinique et la clinique de la recherche, cet ouvrage explore et décrit une certaine façon d'être chercheur, une conception particulière du travail scientifique dans laquelle l'implication et la distanciation se combinent en permanence. Cet ouvrage rend compte du travail du chercheur. Il décrit les ficelles du métier. Il raconte également une aventure intellectuelle et institutionnelle au sein du laboratoire de changement social : trois générations de chercheurs apportent ici leur contribution à la construction d'une orientation scientifique singulière qui prétend combiner deux postures a priori étrangères l'une à l'autre : une démarche méthodologique d'inspiration clinique, une démarche théorique inscrite dans les sciences sociales.
La sociologie clinique connaît depuis maintenant deux décennies un développement important, en lien avec la montée toujours plus forte des préoccupations et des demandes sociales sur les dimensions subjectives de la condition humaine. En témoigne la parution de nombreux ouvrages relevant de cette approche sur les thèmes les plus divers. En revanche, c'est la première fois qu'est entrepris le bilan de ses enjeux théoriques et méthodologiques : définition et analyse de son objet lui-même, autrement dit des processus sociopsychiques mais aussi de la spécificité de sa pratique (coopération étroite entre chercheurs et acteurs, co-acheminement du sens de l'expérience et de la situation ; co-construction des savoirs ; mise en travail par le sociologue lui-même de sa propre implication dans la recherche ; visée compréhensive, analytique mais aussi émancipatrice).
Le propos de cet ouvrage est de montrer la richesse de l'approche par les histoires de vie dans le champ de l'intervention. Il est écrit par des praticiens chevronnés qui sont également des chercheurs, non seulement parce qu'ils ont à coeur de rendre compte de leur pratique, d'évaluer l'intérêt et les limites de leur démarche, mais également parce qu'ils en analysent les fondements théoriques et les situent dans le champ des sciences sociales et humaines. Comme praticiens, ils expérimentent sur le terrain des interventions par le récit de vie, qu'ils adaptent en fonction des publics, des demandes, des contextes institutionnels. Vincent de Gaulejac est professeur de sociologie et directeur du Laboratoire de changement social à l'université Paris 7 et membre fondateur de l'Institut international de sociologie clinique. Michel Legrand (1945-2006), docteur en psychologie, psychologue clinicien et psycho-sociologue, était professeur à la faculté de psychologie de l'université de Louvain et aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur. Il enseignait l'épistémologie de la psychologie clinique et la clinique biographique. Il est décédé subitement alors qu'il mettait la touche finale à cet ouvrage collectif.
Entre l'être de l'homme et l'être de la société, les influences, les connexions et les interactions sont profondes. Chaque individu contribue à produire la société, qui produit chaque individu. Comment analyser ces interférences ? La question est particulièrement sensible lorsque des conflits, vécus comme « personnels », sont pour une part la conséquence de situations sociales liées au travail, à la famille, à l'argent, à la violence institutionnelle et plus généralement à la violence symbolique des rapports sociaux.
La démarche clinique en sociologie offre des outils pour décrire la réciprocité des influences entre les processus sociaux et les processus psychiques dans les histoires de vie, et pour analyser la genèse sociale des conflits psychiques. Des thérapeutes issus d'écoles différentes témoignent, à partir de leur pratique, des effets de leur rencontre avec la sociologie clinique. En quoi leur offre-t-elle un complément utile dans l'analyse de certains patients ? Comment peut se construire une complémentarité dialectique entre psychanalyse, psychothérapie et sociologie clinique ? Comment cette clinique de la complexité favorise-t-elle l'intégration entre le corporel, le psychique et le social ?
L'ouvrage ouvre des perspectives nouvelles à tous les professionnels de la relation, aux psychothérapeutes et psychanalystes, pour leur permettre de mieux intégrer dans leur pratique la part de social en nous.