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Rencontre avec Piero della Francesca
Piero Calamandrei
- Editions Rue d'Ulm
- 20 Octobre 2023
- 9782728808427
Calamandrei se souvient d'une excursion de 1938 dans les environs d'Arezzo, aux confins de la Toscane et de l'Ombrie, où il a vu pour la première fois la fresque désormais célèbre de Piero della Francesca représentant la Vierge enceinte.
C'est là l'occasion, dans une prose impeccable, d'une méditation sensible sur le passage du temps, les destructions et les malheurs de la guerre, le caractère irremplaçable des oeuvres, l'évidence du beau, la singularité de l'émotion artistique et la force de l'attachement du peuple italien pour son patrimoine...
« En Italie et particulièrement en Toscane, chaque bourg, chaque tournant, chaque colline a un visage, comme une personne vivante ; il n'est pas de coteau ni de clocher qui ne soit associé dans notre coeur au nom d'un poète ou d'un peintre, au souvenir d'un évènement historique aussi important pour nous que les joies et les peines de notre famille. Il ne s'agit pas de littérature, il s'agit de la vie. [...] Il y a, entre Arezzo et Sansepolcro, un petit village du nom de Monterchi près duquel, dans un cimetière en pleine campagne, règne en solitaire le plus beau tableau de Piero della Francesca, la Madonna del Parto, qui célèbre de la manière la plus solennelle et la plus austère la gloire de la maternité : il ne s'est pas passé un jour sans que je pense à ce tableau livré aux Allemands, comme je pensais à mes proches et à mes amis en danger. Que lui sera-t-il arrivé ? Aura-t-il pu être sauvé ? »
Piero Calamandrei, 15 sept. 1944
Inédit en français
Traduit de l'italien, illustré et annoté par Angela Guidi et Lucie Marignac
Postface de Carlo Ossola -
Une jeunesse à Berlin : bilan provisoire 1926-1950
Gunter De Bruyn
- Editions Rue d'Ulm
- 19 Janvier 2024
- 9782728808526
Dans la banlieue verte de Berlin, au cours des années 1930, un garçon rêveur grandit, perdu dans ses livres. Le royaume de son imagination n'a que peu à voir avec l'environnement immédiat ou avec le régime qui se met en place. Pendant que les haut-parleurs exaltent autour de lui la force virile, l'adolescent s'éveille à l'amour et n'écoute que sa fantaisie... Puis on lui colle sur la tête un casque de soldat. Il a 17 ans. Quatre décennies plus tard, un écrivain repart sur les traces de ses vingt premières années. Il s'en est fallu de peu que l'Allemagne nationale-socialiste, en s'écroulant, n'écrase son propre corps sous les décombres. C'est un survivant qui témoigne. Commencée dans l'Allemagne divisée, publiée en 1992 dans l'Allemagne réunifiée, l'autobiographie de Günter de Bruyn connaît un immense succès au lendemain de la chute du Mur. Elle révèle un auteur majeur chez qui l'humaine fragilité s'affirme, prise entre le double feu du nazisme et du stalinisme, comme une force propre à résister à toutes les épreuves - à commencer par celle du temps.
Dans la constellation des témoins de l'Allemagne hitlérienne, de S. Haffner (Histoire d'un Allemand, Actes Sud, 2003) à Th. Bernhard (L'Origine, Gallimard, 2007), de M. Reich-Ranicki (Ma vie, Grasset, 2001) à H.-M. Enzensberger (Hammerstein ou l'intransigeance ; Un bouquet d'anecdotes - Gallimard, 2008 et 2022), de Bruyn, qui fit toute sa carrière en RDA, occupe une place à part.
Inédit en français
Suivi d'un essai d'Édouard Michel, Un Günter stoïcien (où il est aussi question de Günter Grass, Pelures d'oignon, Le Seuil, 2007) -
Lima, Pérou, vers 1960. Les années rock'n'roll dans une capitale latino-américaine de plus en plus surpeuplée. Les jeunes de la bande du quartier grandissent comme ils le peuvent : fougueux, fragiles, impatients. Sans repères familiaux et avec pour tout modèle quelques figures locales au passé trouble, ils naviguent à vue vers l'âge adulte dans une société qui prêche la pureté et étale partout la tentation du vice. De billard en commissariat, de plage en troquet, chacun tente de s'affirmer par la transgression... et fait par petites touches la découverte de sa personnalité intime, par-delà bien et mal.
Et si nous regardions le monde avec leurs yeux ? Pour la première fois dans la littérature péruvienne, Reynoso laisse entendre sans tabous leurs mots et leur conscience. La langue de la rue s'impose dans un texte littéraire, se mêlant à la prose poétique de son narrateur et donnant à lire en filigrane un plaidoyer puissant contre le conservatisme de la société et en faveur des marges. -
La dispute de l'ornement que nous ont rendue familière les travaux de l'historien de l'art Aloïs Riegl et le célèbre pamphlet d'Adolf Loos, tout comme les prises de positions des artistes du modernisme et du minimal art, s'inscrit dans une histoire longue. Les Concepts préliminaires à une théorie des ornements de Karl Philip Moritz, publiés en 1793, en constituent une étape décisive.
Moritz choisit l'enquête empirique et la description pour construire une théorie des ornements grâce à l'étude des motifs et la connaissance des productions qu'un long voyage en Italie et l'observation des demeures berlinoises lui ont procurées. Il fait des ornements une pièce indispensable de l'esthétique telle qu'elle se conçoit à l'époque des Lumières. À l'opposé de l'allégorie, les ornements sont des formes libres qui n'imitent rien, qui n'ont pas de signification. Ils renvoient, dans le cadre d'une définition du beau, à la dimension anthropologique du besoin d'art et contribuent à la promotion de l'imagination.
Conçu dans le contexte de l'Académie des arts de Berlin, ce texte a un rôle éducatif ; il remplit aussi une fonction politique, à l'heure d'une industrialisation croissante des arts appliqués autour de 1800. -
« Un livre sert à celui qui l'écrit, rarement à celui qui le lit, c'est pourquoi les bibliothèques sont pleines de livres inutiles. » Ainsi s'achève l'autobiographie de Luigi Pintor, texte pourtant parmi les plus essentiels qu'il puisse être donné de lire, pudique, profond, bouleversant. Dans une vie, que devons-nous à nous-mêmes et qu'est-ce qui tient à l'époque où nous vivons ? Traversant un demi-siècle d'histoire, de l'enfance heureuse à l'expérience décisive de la Seconde Guerre mondiale, de la Résistance au rêve d'une société différente, du journalisme engagé aux épreuves politiques et personnelles, ces pages sensibles, imagées et volontairement sobres dressent le portrait d'un homme fidèle à lui-même, à ses engagements et à ses idéaux, dans une écriture à l'ironie vibrante digne des plus grands - La Rochefoucauld, Leopardi, Rilke ou Calvino.
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« Si je devais donner le nom de tous les ouvrages américains qui promettent d’avoir une longue, même une très longue vie, je dirais sans hésiter La Lettre écarlate, Huckleberry Finn et Le Pays des sapins pointus. » Ces mots de Willa Cather tirés de sa préface de 1925 au livre de Jewett (1re éd. 1896) étonneront sans doute le lectorat français qui connaît mieux, de la cartographie littéraire de la Nouvelle-Angleterre, le Boston de Henry James, le Salem de Hawthorne ou le Walden de Thoreau.
Jewett a ancré ses récits dans son Maine natal, modelant son écriture sur ces « arpents de granite » qu’évoquait avant elle Emily Dickinson. Mais il est un autre « pays » qui s’esquisse dans ces pages écrites à l’aune du féminin et dans les marges critiques d’une nation en passe de devenir un empire. Loin de la carte désuète d’un monde disparu, Le Pays des sapins pointus est un livre frontière qui inquiète la pensée cadastrée, fait bouger les identités et troubles les appartenances. -
Premier long récit de Sarah Kirsch, Toutes-Fourrures est sans doute son livre en prose le plus riche et le plus abouti. Ce texte foisonnant paru en 1988 se fonde sur une actualisation de la version germanique du conte de Peau d'Âne (Allerlei-Rauh) des frères Grimm pour faire la chronique du quotidien de l'auteure dans les marais du nord de l'Allemagne tout en relatant des souvenirs de sa vie en Allemagne de l'Est, dans son enfance ou bien au cours d'un été passé chez Christa Wolf dans le Mecklembourg.
Cette chronique qui encadre et ponctue le récit est celle d'un monde menacé par la disparition du vivant, mais aussi d'un destin intime ayant survécu à plusieurs tragédies auxquelles font écho les différents drames de l'histoire allemande, du nazisme jusqu'à la partition du pays en deux États. Elle est conduite par une narratrice qui thématise la multiplicité de ses moi, ainsi que leur porosité avec la nature extérieure.
Entrant en écho avec le récit de Christa Wolf, Scènes d'été (trad. fr. Alinéa, 1990), Toutes-Fourrures rend hommage aux plus grands poètes allemands, de Goethe à Hlderlin en passant par Gryphius ou Klopstock. Salué à sa parution par Marcel Reich-Ranicki, ce récit à l'ironie mordante est marqué par une profonde mélancolie. L'écrivaine y joue avec toutes les ressources la langue allemande, en y infusant son rythme propre, porté par un style tantôt biblique, tantôt poétique ou pathétique, et tour à tour philosophique, archaïque ou familier. -
Les femmes dans l'espace littéraire moderne
Carry Van Bruggen
- Editions Rue d'Ulm
- 6 Octobre 2023
- 9782728808311
Parus en feuilleton au cours de l'année 1916 sous le titre Littérature moderne, ces articles analysent ce que les oeuvres et la vie littéraires font comprendre de la place des femmes dans la société. Consacrés pour l'essentiel aux XVIIIe et XIXe siècles - Madame de Staël et George Sand, F. Schlegel et Heine, Walter Scott, Shelley et Byron, Dickens et Thackeray, Charlotte Brontë... -, ils offrent un premier aperçu de la réflexion stimulante conduite ensuite par l'écrivaine dans Prométhée, son grand essai sur l'histoire intellectuelle européenne et l'essor de l'individualisme à l'époque moderne.
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Paru chez Einaudi en 1962 et régulièrement réédité depuis, La Guerre des pauvres fait revivre, à partir du journal tenu par l'auteur, un chapitre héroïque méconnu de l'histoire de l'Italie, depuis la campagne de Russie (il s'engage en juillet 42) jusqu'à la Libération (Cuneo est libérée fin avril 45).
Officier du corps expéditionnaire italien sur le front de l'Est dans la division Tridentina, Revelli raconte l'immense défaite et la retraite tragique qui, à la suite de la contre-offensive russe sur le Don, jettent à travers la steppe gelée des dizaines de milliers d'hommes, dont peu survivront. Après, écrit-il, sa vie ne sera plus la même. Quittant l'armée, il prend les armes dans le maquis des Alpes et mène au jour le jour, comme chef partisan puis en tant que commandant de l'une des brigades antifascistes Giustizia e libertà, un autre combat - contre les détachements mussoliniens de la République de Salò et contre les troupes hitlériennes.
Au fil des jours et des pages de ce livre-vérité s'affirment la cohérence d'un destin individuel, la dignité des humbles pris dans la folie absurde de l'histoire, la force du témoignage sur « la guerre vue d'en bas ». Portées par une prose sèche et abrupte, une écriture blanche de mémorialiste qui s'invente en marchant et en luttant, loin de la rhétorique du combat ou du sentiment.
Entre Le Sergent dans la neige de Mario Rigoni Stern (1953) et La Guerre sur les collines de Beppe Fenoglio (1968), une autre voix s'élève, qui confère à ces antimémoires de guerre la dimension d'une épopée. -
De la passion aux passions : Pascale, Racine, Descartes, Molière, la Fontaine
Erich Auerbach
- Editions Rue d'Ulm
- 5 Mai 2023
- 9782728808182
Pascal ? « Il greffe sur l'augustinisme la doctrine de la raison d'État et parvient ainsi au paradoxe de la force pure et mauvaise à laquelle il faut docilement obéir. » La tragédie classique ? « C'est l'expression la plus parfaite de la déchristianisation ; elle crée un monde nouveau de la vie sublime, indépendant de toute pensée chrétienne. » Descartes ? « Il construit la sphère de la liberté humaine non pas en Dieu mais contre Dieu. » Molière ? Il met en scène l'« honnête homme » et son nouveau statut.
Sécularisation, recherche d'une morale autonome, loin des préceptes de la religion : tel est le mouvement qu'Auerbach repère tout au long du XVIIe siècle français, à la fois du côté des productions intellectuelles et du côté des comportements sociaux. Il décrit les lieux de la vie artistique où se mêlent et s'affrontent, à Paris, les classes sociales ; il étudie les origines familiales des élites intellectuelles, analyse les mutations du parterre au théâtre et le glissement progressif de la bourgeoisie productive vers les conforts de la rente.
Qu'il réfléchisse sur « la théorie politique de Pascal », sur « la cour et la ville », sur le « sourire hospitalier » de La Fontaine ou sur l'évolution sémantique du mot « passion », l'auteur de Mimésis déploie comme à l'accoutumée, dans ces essais, une érudition prodigieuse, en même temps qu'il révèle un XVIIe siècle tout tendu vers de nouvelles raisons d'être. -
Traduit une première fois en 1953, ce roman faulknérien servi par une écriture splendide devait être réédité. Il égale, à plus d'un titre, les plus belles réussites de la littérature sudiste contemporaine, et c'était celui de ses six romans que Shelby Foote préférait.
Ampleur de la période historique embrassée, de la fin de la guerre de Sécession à la Seconde Guerre mondiale, ingéniosité de l'intrigue, personnages inoubliables, subtilité de l'analyse psychologique, richesse des thématiques abordées, exigence non dénuée d'humanité, portée par un humour parfois désespérant - L'Amour en saison sèche démontre de manière exemplaire ce que peut être une fidélité vraiment créatrice.
L'oeuvre nous transporte dans ce Sud qui a toujours fasciné les lecteurs français à travers ses plus brillants représentants : Edgar Poe, Eudora Welty, Flannery O'Connor, Truman Capote, Erskine Caldwell, William Styron...
Une redécouverte.
Du même auteur sont disponibles en français : Shiloh (Rivages, 2019), Tourbillon (Imaginaire Gallimard, 2006), L'Enfant de la fièvre (nouvelles, Imaginaire Gallimard, 1986), Septembre en noir et blanc (10/18, 1984). -
Cuore [Cœur], que les Italiens appellent couramment Le Livre Cœur, a été le texte le plus lu en Italie entre sa publication en 1886 et la fin des années 1960. Reconstituant les multiples évènements d’une année scolaire vécue par des enfants de Turin, il a connu une immense fortune littéraire avant de susciter chez certains intellectuels de notre temps comme Umberto Eco une profonde et spirituelle aversion. Sa portée pédagogique et politique est comparable, pour l’Italie de la fin du XIXe siècle, à celle du Tour de la France par deux enfants sous la IIIe République. Restituant une société où les apprentissages personnels prennent leur sens en incarnant une communauté nationale idéale, il permet d’appréhender l’alchimie rêvée des vertus individuelles, civiques et patriotiques dans l’Italie libérale et bourgeoise une génération après son unification.
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Vivantes figures : textes esthétiques
Carl Einstein
- Éditions Rue d'ULM via OpenEdition
- 31 Août 2020
- 9782728806386
Vivantes figures - tel est le titre que nous avons donné à un ensemble d'essais de Carl Einstein qui ont en commun de traiter de questions esthétiques, abordées aussi bien en rapport avec les arts plastiques ou les arts vivants (théâtre, danse) qu'en lien avec la littérature. Ainsi réunis pour la première fois, ces textes, pour partie posthumes, dont la rédaction s'étend des années 1910 aux années 1930, renouvellent fortement l'image de Carl Einstein. Il n'est pas seulement l'un des premiers critiques d'art ayant livré dès les années 1910 une analyse percutante des arts sculptés d'Afrique et de la peinture cubiste. C'est aussi un théoricien extrêmement inventif qui, dans les essais qu'il avait l'intention de réunir dans une Esthétique expérimentale, a livré les passionnants aperçus d'une pensée de la « vie » des oeuvres et des modalités d'une animation de l'espace artistique. Inlassablement, en dialogue avec des disciplines comme la psychologie, l'anthropologie et la sociologie, Einstein cherche à éclairer les conditions de possibilité d'une création qui, échappant à la répétition du donné, inaugure de nouvelles manières de métamorphoser les représentations et de « briser la standardisation causale du monde ».
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Beethoven ; une philosophie de la musique
Theodor Wiesengrund Adorno
- Éditions Rue d'ULM via OpenEdition
- 15 Novembre 2021
- 9782728809967
Pendant plus de trente ans, Adorno a nourri le projet d'une monographie consacrée à Beethoven, que sa disparition brutale en 1969 ne lui a pas permis d'achever. Collectés dans ses carnets et complétés par des extraits d'oeuvres publiées, les fragments réunis dans ce volume permettent de cerner l'armature de cette « philosophie de la musique » inédite. Passant avec virtuosité des analyses musicales les plus fines à l'interprétation philosophique la plus audacieuse, Adorno déchiffre dans la musique de Beethoven le destin contrasté des Lumières au moment où le capitalisme prend son essor. Il donne également à la contemporanéité de Beethoven et de Hegel (tous deux nés en 1770) un sens philosophique décisif, qui éclaire l'affinité élective qui dans toute son oeuvre unit musique et philosophie. Quant aux analyses consacrées au « style tardif » de Beethoven, elles sont devenues, en un temps où le sentiment de l'après n'a peut-être jamais été aussi vif, une référence incontournable. Si Adorno a souvent été présenté comme le porte-parole de Schoenberg, ces textes et fragments montrent à quel point toute sa philosophie de la musique, si ce n'est l'ensemble de sa pensée, gravite autour de ce foyer qui porte le nom de Beethoven.
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Le Discours sur notre langue (1524) est la seule incursion de Machiavel dans la linguistique et l'une de ses oeuvres les plus personnelles. Véritable plaidoyer patriotique en faveur des droits du parler florentin, il affirme que la littérature italienne naît à Florence avec Dante, Pétrarque et Boccace, dont tous les autres écrivains d'Italie ont dû apprendre la langue, tant leur propre parler était inapte à la littérature. Le Discours constitue ainsi l'acte de naissance de la « question de la langue », qui mobilisera ensuite pendant des années de nombreux lettrés italiens. Il vaut notamment par le dialogue central entre Dante ressuscité et Machiavel, qui convoque l'auteur de La Divine Comédie en personne pour le soumettre à un interrogatoire serré sur ses choix linguistiques et stylistiques - et le désavouer.
Edition bilingue et nouvelle traduction -
Lettres à un jeune londonien
William Makepeace Thackeray
- Editions Rue d'Ulm
- 24 Mai 2021
- 9782728807406
Parues en feuilleton dans le magazine satirique Punch, entre 1847 et 1848, sous la forme d'une correspondance fictive entre un vieil oncle et son neveu, les Lettres à un jeune Londonien sont un vade-mecum existentiel et un guide du savoir-vivre. Cet inédit offre une introduction savoureuse à l'un des meilleurs auteurs de langue anglaise et une belle récréation aux amateurs de Thackeray, qui retrouveront le style singulièrement mordant du grand victorien.
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Cris rassemble les nouvelles de la période du 4 mai 1919 où s'épanouit le mouvement pour la Nouvelle culture, qui revendique l'usage de la langue vernaculaire et s'en prend au moralisme confucéen. Certaines d'entre elles, comme «Le Journal d'un fou», publiée dans Nouvelle jeunesse en 1918, ou «L'édifiante histoire d'A-Q», sont devenues canoniques. D'autres, comme «Terre natale» ou «L'opéra de village ,», représentent sur un mode élégiaque la Chine rurale du bas-Yangtse dans laquelle a grandi Lu Xun. Errances, publié en 1926, contient onze nouvelles évoquant, sur un ton souvent mélancolique, l'errance des intellectuels chinois des années 1920.
Anciens lettrés devenus petits fonctionnaires, ils semblent piégés entre leurs souvenirs d'un passé rural familier mais cruel et la modernité incertaine ou trompeuse des grandes villes occidentalisées, où ils peinent à trouver une place.
Mauvaises herbes, recueil de vingt-trois poèmes en prose, dont la forme rompt avec la plupart des pratiques poétiques antérieures, rassemble des méditations, oniriques ou nostalgiques, sur le passage du temps et les efforts humains pour changer l'histoire. -
Ce texte est né d'une idée originale de De Amicis : faire des tramways à chevaux de Turin à la fin du XIXe siècle un sujet d'écriture romanesque. Pendant les douze mois de l'année 1896 (une année marquée par la funeste guerre d'Afrique entre l'Italie et l'Éthiopie), ces « carrosses pour tous » qui sont un lieu de rencontre des différentes classes sociales, serviront à l'écrivain d'observatoire privilégié. Dans ce roman « expérimental » - qui pourrait aussi être défini comme un singulier récit de voyage et un livre-enquête -, les personnages sont les passagers, dont certains, au gré de leurs apparitions répétées, vont composer une véritable galerie : leurs personnalités, révélées par le regard pénétrant du narrateur, forment un roman choral où les trajectoires des uns et des autres se trouvent reliées au sein d'une structure unitaire. La simplicité de l'invention est compensée par la précision avec laquelle est décrite la société d'une grande ville italienne, fière des gloires du Risorgimento mais vivant à l'enseigne d'une activité intense et de la culture de masse naissante. La « question sociale » joue un rôle fondamental et constitue l'un des filtres du jugement de De Amicis, qui venait d'adhérer au parti socialiste ; sa vision du socialisme ici n'est pas celle de la lutte des classes, mais plutôt d'une collaboration apaisée.
Le texte est inédit en français.
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La vie de Ruben Darío écrite par lui-même
Rubén Darío
- Editions Rue d'Ulm
- 17 Février 2023
- 9782728807994
Parue au soir de sa vie alors que Darío se trouvait dans une situation physiquement et financièrement précaire, cette autobiographie d'un poeta errante, premier écrivain latino-américain au destin véritablement universel, embrasse d'un regard à la fois mélancolique et lucide son itinéraire mouvementé. Dictée tambour battant, c'est un témoignage précieux sur son existence cosmopolite et la genèse de son oeuvre, sur les sociétés latino-américaines dans leur dimension politique, socioéconomique et culturelle, et sur le tournant du xxe siècle.
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Souvenirs de Paris ; l'exposition universelle de 1878
Edmondo De amicis
- Editions Rue d'Ulm
- 20 Août 2015
- 9782728827138
En 1878, Edmondo De Amicis séjourne à Paris et envoie à son journal en Italie une série d'articles sur la capitale française et sur l'Exposition universelle, prétexte initial de son voyage. Emblématiques du travail de reportage de l'écrivain, les Souvenirs de Paris documentent remarquablement la fascination exercée par la ville sur les visiteurs italiens. Jouant avec les lieux communs, l'auteur rend hommage à la culture française, s'interroge sur le rôle international de la France au lendemain de Sedan et de la Commune, s'amuse des vices et des travers des Parisiens plus qu'il ne les condamne, se met en scène en touriste étourdi par tant de merveilles et de tentations.
Avec le compte rendu foisonnant de la visite de l'Exposition, c'est au coeur des lumières et du brouhaha de la ville, déesse de la modernité et des plaisirs, que nous plonge ce texte malicieux et virevoltant. -
De l'âme du monde
Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling
- Editions Rue d'Ulm
- 7 Novembre 2007
- 9782728835805
De l'âme du monde (1798) représente un moment clef dans la formation de la philosophie schellingienne,
et plus généralement de l'idéalisme allemand. Schelling y précise sa philosophie de la nature,
en s'appuyant sur une analyse extrêmement détaillée des avancées les plus récentes des sciences physiques et biologiques,
dont il tente d'intégrer toutes les données au sein d'un système cohérent.
En supposant une identité entre la production des différents objets
du monde et l'activité de l'esprit humain, il édifie une pensée idéaliste destinée à rendre compte aussi bien du monde qui nous entoure que
de la connaissance que nous pouvons en avoir. Si lui-même, quelques années plus tard, abandonnera cette voie, il aura entre-temps stimulé toute
une génération de médecins et de naturalistes qui, dans le cadre des mouvements romantiques, contribueront à l'essor spectaculaire de leur
discipline dans les premières décennies du XIXe siècle.
À ce titre, le présent ouvrage constitue une étape déterminante de l'histoire des idées. Le texte est inédit en français.
Stéphane Schmitt est historien de la biologie (CNRS-équipe REHSEIS). Il travaille en particulier sur l'anatomie et
l'embryologie, ainsi que sur l'émergence des sciences de l'évolution depuis le milieu du XVIIIe siècle.
Auteur de plusieurs ouvrages (dont Les Parties répétées. Histoire d'une question anatomique, MNHN, 2004),
il dirige l'édition critique des oeuvres complètes de Buffon aux éditions Champion. -
Shylock et son destin ; de Shakespeare à la Shoah
John Gross
- Éditions Rue d'ULM via OpenEdition
- 3 Septembre 2019
- 9782728806515
Comme Don Quichotte ou Robinson Crusoé, Shylock est l'une des grandes figures de la littérature mondiale, que l'on ait lu ou pas, vu représenter ou non le Marchand de Venise. C'est aussi l'un des personnages les plus complexes et les plus controversés du répertoire théâtral : acteurs, metteurs en scène, critiques et spectateurs s'y sont confrontés depuis plus de quatre cents ans. Bourreau ou victime ? Tragique ou comique ? Comment Shakespeare le concevait-il, comment le percevons-nous depuis ? Interprété par des acteurs de légende (Charles Macklin, Edmund Kean, Henry Irving, John Gielgud, Laurence Olivier...), Shylock a inspiré Hazlitt, Heine, Proust ou Henry James, non sans les troubler. Symbole économique convoqué par Marx ou Ruskin, il a aussi fait la joie des psychanalystes. Surtout, il a une place à part dans l'histoire de l'antisémitisme. Devenu un archétype, il permet une analyse passionnante des rapports entre la littérature et la vie. Après ce qu'a connu l'Europe au XXe siècle, nul ne peut voir Shylock sur scène sans frissonner.
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Texte fondateur du féminisme américain, cet essai de 1843 est exemplaire du rejet transcendantaliste de toutes les formes d'oppression (notamment celle des noirs), de tradition, de convention, d'institution (telle que le mariage) et de limite à l'accomplissement de chacun. Brouillant les frontières de genre, Fuller insiste sur la nécessité de repenser profondément la structuration traditionnelle de l'organisation sociale en « deux sphères », pour que les femmes puissent réaliser leur propre nature. Elle est animée de l'espoir que les hommes seraient à leur tour libérés et élevés par la libération des femmes. Mêlant idéalisme et activisme, ce texte montre avec force comment la quête d'une identité personnelle et l'urgence de la vie peuvent s'épanouir en une revendication à caractère universel.
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Libéralisme et révolution antifasciste
Piero Gobetti
- Editions Rue d'Ulm
- 14 Septembre 2010
- 9782728835652
Dans l'Italie des lendemains de la Première Guerre mondiale, de la prise du pouvoir par Mussolini et de l'établissement de la dictature fasciste, Piero Gobetti (Turin, 1901-Paris, 1926) a traversé en météore l'histoire et la pensée politique. Historien des racines du Risorgimento, traducteur, critique théâtral pour L'Ordine nuovo d'Antonio Gramsci, directeur de revues politiques et littéraires, éditeur publiant les principaux hommes politiques italiens du moment et les premiers poèmes d'Eugenio Montale (prix Nobel 1975), il a rêvé un protestantisme sui generis et prôné un libéralisme révolutionnaire et industrialiste dont il trouvait les racines - sans paradoxe - chez Karl Marx, Henry Ford et Martin Luther. Il a surtout incarné l'opposition au fascisme, et sa mort précoce a fait de lui un symbole sur lequel hommes politiques et journalistes transalpins débattent encore aujourd'hui.
Parmi les multiples textes politiques publiés en quelques années par Piero Gobetti, pour l'essentiel dans sa revue La Rivoluzione liberale, soixante dix articles et extraits d'articles écrits de 1922 à 1925 ont été sélectionnés ici : polémiques et mises au point, portraits ou descriptions. Comme une mosaïque, ces textes reflètent son engagement face au fascisme, fondé sur une intransigeance d'abord isolée, puis partagée par l'essentiel de l'opposition après juin 1924 et l'assassinat de Giacomo Matteotti. Ils permettent de suivre l'installation de Mussolini au pouvoir grâce à l'impuissance de ses adversaires, ainsi que l'évolution bouillonnante d'un très jeune homme, confronté à l'Histoire, l'affrontant, y brûlant sa vie. Ils dessinent aussi les contours d'un libéralisme très spécifique, propre à surprendre ceux qui rejettent ce courant de pensée comme ceux qui s'en réclament.