Saviez-vous que le Christmas pudding est une recette impériale, composée de rhum jamaïcain, de raisins secs d'Australie, de sucre des Antilles, de cannelle de Ceylan, de clous de girofle de Zanzibar, d'épices d'Inde et de brandy de Chypre ? Que le n c m m fut introduit
en Europe à la faveur de la Première Guerre mondiale, lorsque
le Gouvernement général de Saïgon en fit venir pour approvisionner
les nombreux travailleurs indochinois employés sur le Vieux Continent ?
Que le café a d'abord été éthiopien avant d'être un produit mondialisé ?
Qu'un des symboles de l'américanisation, le ketchup, est aujourd'hui confectionné en grande partie à partir de concentré de tomates chinois ? Que le raki,
ce « lait de lion » dont raffolait Mustafa Kemal Atatürk, a attendu l'année 2009 pour devenir la boisson nationale de la Turquie ?
Deux ans après le Magasin du Monde, Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre ont convié historiennes et historiens à l'écriture d'une histoire du monde par les produits alimentaires. Des frites au parmesan, de la chorba au ceviche en passant par la margarine, ces aliments, tantôt simples, tantôt savamment préparés, nous permettent de comprendre, au plus près de nos pratiques intimes, la mondialisation et ses limites.
Un savoureux voyage dans la grande épicerie du monde.
La fin de la République est, du point de vue des sources romaines, un long siècle marqué par les guerres civiles : Sylla contre Marius, César contre Pompée, Octavien contre Antoine. Des guerres qui n'auraient été que des règlements de comptes entre factions romaines, interrompues par des campagnes contre des barbares ou des rebelles.
En réalité, la situation militaire se révèle bien plus complexe. De l'Espagne à la Mésopotamie, la perspective est mondiale. Car face à cette expansion, Berbères, Hispaniques, Gaulois, Grecs, Thraces et Arméniens sont plus que des pions sur le plateau de l'imperium Romanum. À côté d'Octavien ou d'Antoine, des étrangers - certes moins connus que Cléopâtre - prennent part au Grand Jeu entre Rome, les Parthes et les peuples voisins. Le Maure Bogud, le Cilicien Tarcondimotus ou encore l'Arménien Artawazd influencent ainsi la politique intérieure républicaine.
Dépassant le cadre réducteur de l'Italie, Giusto Traina retrace les dernières années d'une République romaine qui se projette par-delà ses frontières. Par ce récit renouvelé, il sort les acteurs étrangers de leur rôle de seconds couteaux.
Professeur d'histoire romaine à Sorbonne Université, Giusto Traina est spécialiste d'histoire militaire et de géopolitique du monde ancien. Parmi ses publications les plus récentes : 428, une année ordinaire à la fin de l'Empire romain (nouvelle édition revue et corrigée, Pluriel, 2020), et Histoire incorrecte de Rome (Les Belles Lettres, 2021).
Chacun peut éprouver le vent, sa présence, sa force, son influence. Parfois il crie et rugit, parfois il soupire ou caresse. Certains vents glacent, d'autres étouffent. Si l'homme a depuis l'Antiquité témoigné de cette expérience, il s'est longtemps heurté au mystère de ce flux invisible, continu, imprévisible. Le vent, aux traits immuables, échapperait-il à l'histoire ?
Il n'en est rien. Dans cet essai sensible, Alain Corbin nous guide au fil d'une quête initiée à la fin du xviiie siècle pour comprendre les mécanismes d'un élément longtemps indomptable. C'est le temps de nouvelles expériences du vent, vécues au sommet de la montagne, dans les déserts ou, pour la première fois, dans l'espace aérien. Se modifient alors les manières de l'imaginer, de le dire, de le rêver, inspirant les plus grands écrivains, à commencer par Victor Hugo.
Un champ immense se dessine aux yeux de l'historien ; d'autant que le vent est aussi, et peut-être avant tout, symbole du temps et de l'oubli.
Historien spécialiste du xixe siècle, Alain Corbin est mondialement reconnu pour son approche novatrice sur l'historicité des sens et du sensible, auxquels il a consacré de très nombreux ouvrages. Co-directeur d'une Histoire des émotions (Seuil, 2016, 2 vol.), il a récemment publié La fraîcheur de l'herbe (Fayard, 2018 ; Pluriel, 2019) et Terra incognita. Une histoire de l'ignorance (Albin Michel, 2020).
À l'été 1940, des millions de Français se mettent à écrire, à leurs maires, sous-préfets et préfets, mais aussi à des organismes internationaux et jusqu'au pape, pour savoir ce que sont devenus leur père, leur époux, leurs enfants. En six semaines à peine, entre le 13 mai et le 22 juin 1940, la défaite militaire se transforme en débâcle et la captivité concerne désormais presque deux millions de soldats détenus par les Allemands en territoire français. Captivité transitoire, première étape d'un emprisonnement long, parfois douloureux, dans le Reich, captivité fondatrice aussi et mémoire oubliée de la Seconde Guerre mondiale.
Au nord de la Loire comme le long de l'Atlantique, la France se couvre de camps de prisonniers, les Frontstalags. Véritable défi logistique, social et politique, la captivité devient un enjeu central, pour les familles qui attendent, pour le régime de Vichy qui cherche à affirmer sa souveraineté comme pour les autorités allemandes qui imposent leur ordre de vainqueur, mais aussi pour les instances internationales, du Comité international de la Croix-Rouge à l'ambassade des États-Unis, en passant par le Vatican.
Donner à voir, faire ressentir, amener à comprendre ce qu'a été une captivité française en France, celle de 1940 : tel est l'objectif de cet ouvrage collectif qui varie les échelles et les points de vue pour proposer une histoire au carrefour de la défaite, de l'Occupation et de la Collaboration - un essai qui, à partir d'archives françaises et étrangères ainsi que de nombreux documents iconographiques, mêle relations internationales et quotidien à hauteur d'homme.
Au xviiie siècle, la plaine du Cul-de-Sac à Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti, est divisée en une multitude de plantations sucrières, dont l'une se trouve entre les mains de nobles bretons, les Ferron de la Ferronnays.
En suivant l'ascension et la chute de cette famille de planteurs sur près de soixante ans, Paul Cheney redonne vie à un monde disparu, celui d'une aristocratie française oeuvrant à sa fortune par-delà les mers, de ses associés jouant de leurs relations et connaissance des lieux, d'esclaves africains sur le travail desquels repose l'ensemble d'un édifice finalement fragile. Car malgré les richesses produites, ces destinées s'inscrivent dans un contexte social, politique et environnemental incertain.
Paul Cheney brosse ici un portrait inédit du capitalisme marchand dans le premier empire colonial, celui d'un système qui, loin d'être source de progrès, se maintint par une inertie qui devait le mener dans une impasse économique et idéologique.
Paul Cheney est professeur d'histoire à l'université de Chicago. Spécialiste de l'histoire de France de l'Ancien Régime, ses recherches portent sur les effets de la première mondialisation de l'époque moderne.
Jean Sévillia, Les vérités cachées de la guerre d'Algérie
Plus d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, est-il possible de raconter sans manichéisme et sans oeillères la guerre au terme de laquelle un territoire ayant vécu cent trente ans sous le drapeau français est devenu un État souverain ? La conquête et la colonisation au xixe siècle, le statut des différentes communautés au xxe siècle, le terrible conflit qui ensanglanta l'Algérie et parfois la métropole de 1954 à 1962, tout est matière, aujourd'hui, aux idées toutes faites et aux jugements réducteurs.
Avec ce livre, Jean Sévillia affronte cette histoire telle qu'elle fut : celle d'une déchirure dramatique où aucun camp n'a eu le monopole de l'innocence ou de la culpabilité, et où Français et Algériens ont tous perdu quelque chose, même s'ils l'ignorent ou le nient.
Journaliste, essayiste et historien, auteur de nombreux ouvrages qui ont été des succès de librairie (Zita impératrice courage, Le Terrorisme intellectuel, Historiquement correct, Historiquement incorrect, Histoire passionnée de la France), Jean Sévillia est chroniqueur au Figaro Magazine et membre du conseil scientifique du Figaro Histoire.
Ils ont été sidérés par la présence de l'arbre, saisis par le jeu des temporalités de ce passeur entre le monde chtonien et le monde ouranien. Ils ont éprouvé l'admiration, mais aussi l'horreur, inspirés par ce végétal souverain. Presque tous ont guetté, écouté, la parole de l'arbre. Certains ont espéré profiter de ses messages, en faire leur mentor, engager un dialogue avec lui. D'autres, plus rares lui ont déclaré leur amour. L'objet de ce livre est de suivre depuis l'Antiquité gréco-romaine ceux qui ont su « voir l'arbre » : Horace et Virgile, mais aussi Ronsard et La Fontaine. Par la suite, Rousseau, Goethe, Novalis et, en France, Chateaubriand, Senancour, Maurice de Guérin, avant Verhaeren, Proust, Francis Ponge et Yves Bonnefoy. Bien entendu, il y eut aussi des peintres. Autant de sensations et d'émotions qui ont suscité des pratiques : s'étendre sous les ombrages, s'y délasser, y méditer, s'enfouir dans le végétal, s'y réfugier, y grimper constituent autant de comportements répondant à des pulsions profondes. À l'époque contemporaine, certains ont tenté d'incruster leur corps dans l'écorce, en espérant que le végétal ferait croître l'empreinte. À l'extrême, des moribonds ont souhaité que leur ADN soit transmis à l'arbre planté sur leur tombe. On le voit, c'est à une longue promenade que ce livre invite, à la rencontre de l'arbre champêtre, de l'arbre haie, de l'arbre isolé et sauvage comme de l'arbre domestique. Il s'agit ici de l'histoire des émotions éprouvées par des individus qui, au fil des siècles, possédaient la rhétorique pour les dire.
En 1942, Erika Matko, alors âgée de neuf mois, est enlevée à ses parents dans un petit village d'Europe de l'Est et envoyée en Allemagne pour y être « germanisée ». Blonde aux yeux bleus, elle a été sélectionnée dans le cadre du programme Lebensborn, fondé par Himmler afin de renforcer la pureté de la race aryenne. Entourée d'une nouvelle famille, Erika, désormais prénommée Ingrid, grandit convaincue d'être allemande. Jusqu'à ce qu'elle apprenne qu'elle a été adoptée.
C'est le début d'une enquête de plus de trente ans, qui confronte Ingrid à la cruelle réalité d'une Allemagne divisée par un mur, aux archives classifiées, mais aussi au silence des témoins, à commencer par celui de sa mère adoptive. Jusqu'à la découverte des terribles secrets du programme Lebensborn : le kidnapping de centaines de milliers d'enfants dans toute l'Europe. Et quand Ingrid retrouve enfin le village où elle est née, une révélation plus dure encore l'attend.
Une quête des origines, sur les traces des milliers de destins fracassés par le IIIe Reich.
Pendant 99 % de l'histoire de l'humanité, l'homme a été chasseur, pêcheur et cueilleur. Il y a douze mille ans seulement, les humains, au nombre de quelques centaines de milliers, nomadisaient par petits groupes. Aujourd'hui, sept et bientôt neuf milliards d'humains, presque tous sédentaires, peuplent la terre. Leurs sociétés sont très inégalitaires, puisque environ 1 % d'entre eux possèdent la moitié de la richesse mondiale.
Comment en est-on arrivé là ? Que s'est-il passé pendant ces dix millénaires trop souvent absents de notre culture générale et médiatique ? Une invention décisive, en plusieurs endroits du globe : celle de l'agriculture et de l'élevage. Grâce à elle, la population humaine va s'accroître rapidement, prendre le contrôle de la planète et éliminer un grand nombre d'espèces biologiques. L'expansion démographique continue débouche sur la création des premières villes, des premiers États et, finalement, de l'écriture et de l'histoire...
Cette « révolution néolithique » a vu se mettre en place des pratiques qui ont toujours cours aujourd'hui : le travail, la guerre ou encore la religion. Jean-Paul Demoule les explore avec la hauteur de vue de l'archéologue et la passion de transmettre. Il bouscule notre vision de la préhistoire et notre rapport au monde tel qu'il est, ou tel qu'il pourrait être.
Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Marie-Thérèse d'Autriche, toutes ont été mères et ont marqué l'histoire. Le poids de la maternité a façonné le destin de ces femmes dont la monarchie attendait qu'elles fournissent au royaume des héritiers. Et pourtant, que sait-on vraiment des relations que ces reines entretiennent avec leurs enfants ? Quels bénéfices tirent-elles de la naissance d'un prince ? Comment s'exerce l'autorité maternelle sur une progéniture élevée loin de la cour ?
Au fil de ces portraits croisés, Fanny Cosandey retrace les étapes qui transforment ces princesses de maisons souveraines en mères. Alliances, naissances, décès, éducation et vie de cour tissent la trame d'une histoire où les conditions d'existence des parents avec leurs enfants suivent l'évolution de la monarchie, jusqu'à dessiner le tableau d'une famille royale marquée par les impératifs étatiques.
Le vert aurait une vertu apaisante. Et à voir les balcons et les toits de nos immeubles, les trottoirs de nos villes, les citadins d'aujourd'hui tentent d'en tirer leçon. La verdure reprend ses droits, comme pour répondre à un désir, comme pour retrouver des émotions perdues.
Nombreux sont ceux qui célébrèrent ce pouvoir sensible de l'herbe. De Lucrèce à Pétrarque, de Ronsard à George Sand, de Lamartine à René Char, Alain Corbin dresse un portrait de ces hommages rendus à l'herbe dans tous ses états, en brin ou en touffe, mauvaise ou folle. Et l'on renoue alors avec des sensations familières : la joie de l'enfant se roulant dans l'herbe, l'invitation au repos après un déjeuner sur l'herbe, les odeurs de foin coupé, le bourdonnement du petit monde des prés, mais aussi l'érotisme d'un lit d'herbe, jusqu'à la paix provoquée par l'herbe disciplinée des cimetières.
Au gré des citations qu'il éclaire de son regard d'historien, Alain Corbin nous convie à une promenade sensible et verdoyante.
Historien spécialiste du xixe siècle en France, Alain Corbin est reconnu internationalement pour son approche novatrice sur l'historicité des sens et du sensible, auxquels il a consacré de très nombreux ouvrages. Auteur des Filles de rêve (Fayard, 2014) et de La Douceur de l'ombre (Fayard, 2016), il a récemment dirigé l'Histoire des émotions (Seuil, 2016, 2 vol.).
En pleine Belle Époque, Messaoud Djebari parvient à faire la une des journaux parisiens, et devient pour un temps l'Algérien le plus célèbre du monde. Revenu du Dahomey et du Nigéria, il aurait rencontré des survivants français d'une mission disparue. Mais son histoire soulève nombre de questions. Explorateur, interprète, militant, serait-il un menteur ?
Dans une enquête à la première personne, menée au fil de ses découvertes dans les archives, Arthur Asseraf retrace le destin de cet homme passé maître dans l'art de désinformer. Algérien au service de la France, Maghrébin en Afrique de l'Ouest, colonisé et impérialiste, ni résistant ni complice, l'énigmatique Djebari sème le doute dans l'esprit de l'historien. Et interroge sur la production de la vérité, au temps de la colonisation comme aujourd'hui.
Arthur Asseraf est maître de conférences en histoire de la France et du monde francophone à l'université de Cambridge et fellow de Pembroke College. Ses travaux portent sur l'histoire des médias et de l'information au Maghreb et en Méditerranée contemporaine. Il est notamment l'auteur de Electric News in Colonial Algeria (Oxford University Press, 2019).
Contre la violence de certains à l'égard des travaux des historiens, Henry Laurens interroge les enjeux de notre rapport au passé, source régulière de polémiques.
Il part d'un rappel des grands traits du savoir historique, essentiel pour aborder de façon critique un certain nombre de discours actuels, notamment autour des questions mémorielles. Suit une brève histoire de l'occidentalisme et de l'orientalisme qui montre comment les deux mouvements se sont développés parallèlement, sans nécessairement s'opposer. En ouvrant, pour finir, une réflexion sur les violences des xxe et xxie siècles et les temporalités dans lesquelles elles s'inscrivent, substitution du héros à la victime et du présent au futur, il affronte les débats d'aujourd'hui autour du mouvement postcolonial, promoteur d'un passé imposé.
Un essai stimulant, qui redonne sa valeur à l'indispensable travail de l'historien.
Avec L'Été noir de 42 s'achève la publication des Carnets du célèbre journaliste britannique Alexander Werth. Il y raconte son périlleux périple en bateau entre l'Écosse et Mourmansk, le voyage en train aux côtés des Soviétiques jusqu'à Moscou et décrit son expérience de correspondant de guerre durant les mois les plus tragiques du conflit sur le front de l'Est.
Consigné dans la capitale, sans information fiable, Alexander Werth se livre à une analyse serrée de la presse quotidienne, des actualités filmées projetées au cinéma, des chroniques et autres « écrits patriotiques » publiés par les écrivains les plus populaires qu'il côtoie quotidiennement. Il scrute les métamorphoses de la propagande, le retour aux valeurs traditionnelles dans l'armée, mais aussi, à la moindre occasion, le vécu et le moral des Moscovites durant les semaines critiques qui suivent la chute de Rostov-sur-le-Don. Mais L'Été noir de 42 est aussi une réflexion sur le métier de journaliste en « conditions extrêmes ». Malgré les limitations imposées à ses déplacements, strictement encadrés par les officiels soviétiques qui organisent des « sorties » dans tel kolkhoze ou camp-modèle de prisonniers allemands, Alexander Werth glane des impressions, loin des discours officiels.
Nous connaissons aujourd'hui la « fin de l'histoire » : la victoire de l'Armée rouge à Stalingrad. Mais durant le terrible été 42, qui marque l'apogée de l'avancée des forces de l'Axe, qui pouvait prédire ce qui allait se passer ? Le témoignage d'Alexander Werth se fait dès lors journal de l'attente. Attente du désastre, non plus à l'échelle d'un pays, mais d'un continent.
Personnage légendaire effacé des mémoires, Bayard incarne à la perfection l'idéal de la chevalerie et ses valeurs cardinales : courage, fidélité, humilité, sens de l'honneur et générosité. Sa vie est un roman peuplé de charges héroïques, de valeureux faits d'armes, de batailles gagnées au nom de Dieu et des trois rois successifs (Charles VIII, Louis XII et François Ier) que le chevalier « sans peur et sans reproche » a servis, mais aussi de défaites et de blessures. Ce récit met en scène Bayard dans son époque, entre un Moyen Âge finissant et une foisonnante Renaissance.
Avec Bayard et avec la victoire de l'arme à feu contre la lance du cavalier s'éteint peu à peu l'âme de la chevalerie. À la longue gloire posthume du héros succède un mortel oubli au point que l'on cherche encore la trace de sa dépouille et qu'il est privé d'une digne sépulture.
Dans ce livre extrêmement vivant, Yves de Chazournes met Bayard à l'honneur tout en s'efforçant de faire la part entre légende et réalité.
Journaliste, Yves de Chazournes a travaillé pour de nombreux médias et réalisé des reportages et documentaires pour la télévision. Il est également auteur d'ouvrages d'exploration (L'aventure des pôles, Un géant et des hommes) et co-auteur de Confessions d'un voleur d'art.
De la scène inaugurale du partage de l'empire de Charlemagne jusqu'à nos jours, Jean-Christian Petitfils livre une fresque vivante et colorée de l'Histoire de la France.
Au-delà des récits légendaires, ce vrai « roman national » se lit dans l'action des gouvernants, les transformations sociales ou économiques, le mouvement des idées, l'histoire des mentalités, le dévouement des grandes figures héroïques ou celui, plus obscur, des petites gens transportées par l'amour de leur pays.
Car n'en déplaise à ses détracteurs, il existe bien une identité de la France. Ce pays a traversé une multitude de bourrasques et de drames, a connu une pluralité de régimes politiques, de périodes fastes et néfastes. Peu à peu, son identité s'est façonnée autour de quelques piliers fondateurs : un État central propice à l'épanouissement de la nation, incarnant la justice au service du bien commun, défendant une laïcité ne reniant pas ses racines chrétiennes ; un État marqué par des valeurs universelles, permettant l'assimilation des peuples et des cultures. Des piliers fortement ébranlés aujourd'hui.
S'appuyant sur les données historiques les plus récentes, Jean-Christian Petitfils nous convie à un palpitant récit. Saint Louis, Jeanne d'Arc, François Ier, Catherine de Médicis, Henri IV, Louis XIV, Robespierre, Napoléon, Jean Jaurès, Clemenceau, mais aussi, plus près de nous, De Gaulle, Jacques Chirac, Simone Veil, Nicolas Sarkozy ou François Hollande, tous sont convoqués pour donner vie à ce tableau magistral.
En Europe et dans les Amériques, le XIXe siècle a longtemps été défini comme l'époque de la « modernité », quand le rêve du progrès se mêlait à l'idée de révolution, et le désir de nouveauté à l'angoisse de l'accélération. Mais qu'en est-il lorsque, abandonnant l'étalon de l'Occident et optant pour l'échelle du monde, on change de point de vue ?
Ce livre, « monstrueux et discordant », pour reprendre les mots par lesquels Michelet désignait sa propre Histoire du XIXe siècle, veut faire entendre les voix d'un passé pluriel. Car le monde est avant tout l'objet d'expériences contrastées pour ceux qui y vivent, et auxquelles cette somme convie le lecteur.
Elle le guide à travers les circulations de cette ère nouvelle, des migrations à l'expansion coloniale, conséquences des mutations rapides des transports, de l'industrie ou des sciences. Et à y regarder de près, on s'aperçoit que la mondialisation ne fut pas un processus univoque d'occidentalisation.
Elle le conduit au fil des « temps du monde » scandés par des événements qui résonnèrent à l'échelle globale, de l'indépendance d'Haïti (1804) à la révolution chinoise (1911), de l'épidémie de choléra (1817) à la révolte des cipayes (1857).
Elle l'entraîne au coeur d'un « magasin du monde » qu'approvisionnent bibelots, cartes, tatouages, fez, ivoire, opium, dévoilant des processus historiques qui affectent le monde entier, tout en installant le lointain dans l'intime et le quotidien.
Elle le transporte dans les « provinces du monde » indienne, sud-américaine, ottomane, européenne, etc. , ces laboratoires qui permettent de décentrer notre regard, et révèlent tout autant la grande diversité de la planète que l'existence de « modernités » alternatives.
Attestant à la fois les dynamiques d'intégration mondiale et une exacerbation des identités, cette Histoire du monde au XIXe siècle, qui réunit les contributions de près de cent historiennes et historiens, nous laisse une certitude : celle d'être alors devenus, ensemble, et pour la première fois, contemporains.
Comment imaginer un plus beau destin de chevalier ? Guillaume est un homme nouveau issu d'un modeste lignage. Il est né au milieu du xiie siècle sous le règne d'Etienne de Blois, petit-fils de Guillaume le Conquérant. Champion de tournois jusqu'à quarante ans, il a servi fidèlement les Plantagenêt : Henri II, son fils aîné Henri le Jeune, et les cadets Richard Coeur de Lion, Jean Sans Terre. En récompense, on lui a donné pour femme l'un des plus beaux partis d'Angleterre. A la guerre, il a combattu Philippe-Auguste et c'est à soixante-treize ans, comme Régent d'Angleterre du jeune Henri III, qu'il a remporté contre le futur Louis VIII la bataille de Lincoln, en 1217, qui obligea les Français à conclure la paix et à évacuer l'Angleterre. Apprenant la mort de Guillaume dans la tradition des Croisés, Philippe-Auguste et ses Barons le proclamèrent : « le meilleur des chevaliers ».
A travers l'irrésistible ascension de Guillaume Le Maré-chal, Georges Duby reconstitue, dans l'un de ses plus beaux récits, le théâtre de la chevalerie. Il nous fait les spectateurs privilégiés de l'art du tournoi, des rites de la guerre, et les compagnons de cette société d'hommes rudes et généreux qui rivalisent de prouesse, de largesse et de loyauté.
Georges Duby était professeur au Collège de France. Il a été en France le meilleur analyste des trois ordres de la société médiévale. Auteur du Temps des Cathédrales et de L'Europe au Moyen Age, il a su faire découvrir à un large public les réalités et les rêves du monde féodal.
Le destin de Wang Tifu a tout de la légende.
La légende d'un Chinois du Nord, un Mandchou, qui affirme avoir sauvé 12 000 Juifs allemands pendant la Seconde Guerre mondiale en leur distribuant en secret des visas à Berlin.
Ce diplomate polyglotte aurait rencontré Hitler, travaillé au service personnel de l'empereur Puyi, collaboré avec l'Armée rouge et le Japon impérial, fréquenté les cours royales d'Europe et valsé avec la reine Hélène de Grèce.
Héros ou traître ? Son pragmatisme lui a coûté cher. Des années dans les pires colonies du Goulag en même temps qu'un certain Soljenitsyne, puis dans les camps de rééducation chinois en pleine Révolution culturelle.
Dans un récit captivant, fondé sur des sources retrouvées en Chine, mais aussi en Russie et en Allemagne, Jean-Christophe Brisard sort des limbes de l'histoire ce témoin exceptionnel d'un siècle de guerres et de dictatures parmi les plus violentes de l'histoire.
Jean-Christophe Brisard est grand reporter et réalisateur de documentaires. Il est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages d'enquêtes historiques. Il a récemment publié chez Fayard La mort d'Hitler. Dans les archives secrètes du KGB (2018 ; Pluriel, 2019), traduit en 17 langues, ainsi que Le livre d'or d'Hitler (Fayard, 2020).
Écrivain et journaliste, fou d'histoire depuis toujours, lecteur passionné de tous les grands historiens, François Reynaert souhaitait en découdre avec les clichés nationalistes. La répétition ad nauseam des truismes patriotards relayés par des essayistes réactionnaires commençaient à lui porter sur les nerfs. Aujourd'hui, il passe à la contre-offensive. Non pas avec un essai distancié, ni un bêtisier, mais avec une véritable Histoire de France. - Une Histoire de France complète et très accessible qui suit l'ordonnancement traditionnel (les Gaulois, les Francs, le Moyen Âge...) et répond aux questions simples : Que faut-il retenir de telle période, de tel roi ? Que se passe-t-il en Europe au même moment ? Elle est enrichie de cartes et de repères chronologiques. - Une Histoire de France décapante et pleine de surprises. La mythologie nationale est relue à la lueur du travail des plus grands historiens. Les guerres, les conquêtes, les héros obligés, Vercingétorix, Jeanne d'Arc ou Napoléon... rien ni personne n'est oublié, mais tout est revu et corrigé. - Une Histoire de France pour le XXIème siècle. Généreuse, citoyenne, européenne, donnant sa juste place au rôle des femmes et des minorités ; elle est adaptée à notre temps. Pour tordre le coup à une mythologie parfois encombrante, mais surtout pour aiguiser notre esprit critique.
Rien, à dire vrai, ne me prédisposait à m'attacher à l'histoire de l'émancipation des Juifs sous la Révolution. Jusqu'au jour où, suivant pas à pas Condorcet, je rencontrai une délégation de Juifs, conduite par Maître Godard, venant demander en janvier 1790 à la Commune de Paris de soutenir leur cause auprès de l'Assemblée nationale. Il y avait donc eu sous la Révolution, au sujet de la citoyenneté des Juifs, discussion, résistance et bataille politique.
Cet événement, si lourd de portée dans l'histoire des Juifs de France et d'Europe, a bien peu compté dans la Révolution. Pourtant, à l'analyser de près, il se révèle chargé de signification. Car l'émancipation, à la veille de 1789, si elle était presque acquise pour les Juifs du Sud-Ouest, n'était rien moins que certaine pour les autres.
La raison politique commandait de différer leur émancipation, ou du moins de l'accomplir progressivement en fonction de leur assimilation. Mais cette démarche prudente était inconciliable avec les principes des droits de l'homme que les Constituants avaient proclamés. Refuser aux Juifs le droit d'être des citoyens comme les autres, aux mêmes conditions que les autres, c'était leur dénier la qualité d'hommes comme les autres, et renier la Révolution elle-même. Ainsi l'émancipation des Juifs apparaît en définitive comme une victoire de l'idéologie sur le pragmatisme, de la force des principes sur la force des choses.
R.B.
Une bataille. Une invention. Une abbaye. Une rencontre. Un traité.François-Guillaume Lorrain est parti sur les traces de ces places fortes de notre histoire, de Domremy à Ligugé, premier monastère d'Occident, de Quierzy, capitale de la France au viiie siècle à Marignan, de Varennes à Montoire, du camp napoléonien de Boulogne aux villages disparus autour de Verdun, de la maison où Niepce élabora la première photographie à Sermages qui servit de modèle à l'affiche mitterrandienne de la Force tranquille...Ces endroits figurent souvent dans nos manuels, peuplent notre imaginaire. Mais à quoi ressemblent-ils aujourd'hui ? Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils traversé le temps ? Fourmillant d'anecdotes, de détails insolites, inédits, nourrie de témoignages de gens du cru, cette enquête de terrain nous décrit leurs aléas, raconte leur destin mouvementé, cocasse, avec l'envie de redonner toute sa place à la mémoire vivante des lieux. François-Guillaume Lorrain est grand reporter au Point où il est responsable de la rubrique Histoire. Il a publié une dizaine d'ouvrages dont L'Homme de Lyon (Grasset, 2011), L'Année des Volcans (Flammarion, 2014) et une enquête sur Les Enfants du cinéma (Grasset, 2011).
Le 31 janvier 1943, Pierre Laval, chef du gouvernement de Vichy, crée la Milice française en appelant des volontaires à défendre l'ordre contre les actions de la Résistance et un éventuel débarquement. Un an plus tard, le régime de Vichy est devenu fasciste et déchaîne une violence politique d'Etat sous la forme de cours martiales remplaçant la justice, écrasant les maquis (Les Glières), torturant et assassinant (Mandel, Sarraut). Qui étaient ces miliciens ? Que voulaient-ils ? Que sont-ils devenus, y compris dans la mémoire collective ? C'est ce que Michèle Cointet, spécialiste de la France sous l'occupation, nous livre dans cet ouvrage vivant, dramatique, et riche de portraits inédits : à la fois une histoire de l'Etat français sous Vichy, mais aussi une histoire du fascisme, de la collaboration et de la violence politique.
En Europe comme en Amérique, l'expérience révolutionnaire mena souvent au pouvoir suprême de chefs militaires charismatiques. Pascal Paoli, George Washington, Napoléon Bonaparte, Toussaint Louverture, Simon Bolívar suscitèrent tous en leur temps l'enthousiasme des populations, au point de s'imposer à la tête de leurs pays.
En faisant résonner ces destins hors du commun, David A. Bell révèle combien sont liées histoire de la démocratie et histoire du charisme politique. Car c'est bien à l'âge des révolutions qu'émergea ce nouveau modèle de chef à la fois admiré et aimé, dont le pouvoir finit pourtant par fouler au pied la démocratie qu'il devait défendre.
Renouvelant notre compréhension du mouvement révolutionnaire qui transforma le monde atlantique à la fin du xviiie siècle et au début du xixe, cet essai invite aussi à observer autrement la vie politique de nos sociétés contemporaines, loin d'être affranchies de la figure du chef charismatique.
Professeur à l'université de Princeton (USA), David A. Bell est spécialiste de la France des xviiie et xixe siècles. Il a publié de nombreux ouvrages dont The Cult of the Nation in France: Inventing Nationalism, 1680-1800 (Harvard University Press, 2001) ou encore The First Total War: Napoleon's Europe and the Birth of Warfare As We Know It (Houghton Mifflin, 2007 ; trad. fr. Champ Vallon, 2010), qui font aujourd'hui référence.