Une jeune fille rêve près de la fenêtre. Le jour entre à flots, caresse les surfaces, épouse les reliefs et dore son visage...
Dans cette intimité ouverte et recluse à la fois, les murs et les êtres reçoivent, comme une grâce, l'ondoiement de la lumière, et tout évoque un ailleurs dont le chemin s'est perdu. En un mot, le monde est beau. C'est l'unique leçon de Vermeer. Encore faut-il ouvrir les yeux...
Mais comment faire ?
Comment regarder ce qu'en général nous voyons sans y prêter attention ?
Ou comment voir ce qu'ordinairement nous regardons sans y penser ?
En donnant la parole à ces éducateurs du regard qui empruntent le chemin de la connaissance pour en venir à la simplicité même. Au bout du savoir, c'est l'évidence qui nous attend. Et la saveur inaltérée d'un monde stupéfiant, lumineux et serein : le nôtre.
Jacques Darriulat a enseigné la philosophie en classe de Lettres supérieures au lycée Henri IV, à Paris, puis la philosophie de l'art à la Sorbonne (Paris-IV). Il est l'auteur d'un site consacré à la philosophie : www.jdarriulat.net
Raphaël Enthoven enseigne la philosophie autant que possible, sur toutes les estrades qu'on lui prête. Le goût de transmettre lui vient (entre autres) des cours de Jacques Darriulat dont il fut l'élève en hypokhâgne.
Comment vient-on à Rodin ? Peut-être en tâchant de laisser tomber ce qu'on croyait connaître. En tâchant de laisser tomber ses croyances. En fréquentant Auguste Rodin, et, avec lui, les écrivains et les artistes qui l'ont aimé, en s'immisçant dans cet immense xixe siècle qu'il projette dans le xxe. En y tissant un récit de sa vie. Mais aussi en fréquentant ses figures, en entrant dans la danse des corps inventés par lui. En fréquentant la sculpture qu'il a bouleversée. En prenant exemple sur lui. En accueillant le réel et ses surprises. En étant entièrement solidaire de sa manière de procéder. C'est-à-dire, somme toute, en faisant le pari d'être un peu plus libre.
Maryline Desbiolles a écrit une vingtaine de romans, de La seiche (Seuil, 1998) et Anchise (Seuil, 1999, prix Femina) au Beau temps (Seuil, 2015). Elle a aussi beaucoup écrit sur les peintres et les sculpteurs, Chaissac, Braque, Pagès (Nous rêvons notre vie, éditions du Cercle d'art, 2003) ou Vallotton (Vallotton est inadmissible, Seuil, 2013). Ces textes ont été récemment réunis sous le titre Écrits pour voir (L'Atelier contemporain, 2016).
« Le coeur de Camille abrite les battements d'une valse, on l'entend de loin son coeur, on le voit franchir un siècle, traverser les années, les guerres et les saisons, puis il s'approche de nous et s'invite dans ces pages : on dirait qu'elle a quelque chose encore à nous dire, qu'elle n'a jamais su dire, qu'elle n'a jamais pu dire, ou alors ses mots ont été perdus, déchirés, brûlés, on ne sait pas, ceux qui restent ne suffisent pas, sa vie est toute trouée. Valse noire, de terre, de plâtre, de marbre, d'onyx ou de bronze, démarche trébuchante, valse brillante, valse folle, qui continue à faire entendre ses pas, ses tremblements, son pouls, sa grande énigme. Ce livre, je l'écris pour elle. »
Pour bâtir ce voyage vers Camille Claudel, Colette Fellous a multiplié les recherches, accédé aux archives, observé sans répit les oeuvres, convoqué les heures claires et les jours noirs. Un livre choral qui donne un nouvel éclairage au « cas Camille ».
C'est dans les Amériques que sont nées et se sont épanouies les deux grandes inventions musicales du XXe siècle : le jazz et la « musique latino ». Celle-ci est l'objet de ce livre qui retrace sa genèse depuis la fin du XVe siècle jusqu'au début des enregistrements sonores. L'ouvrage débute par la confrontation de trois traditions musicales à la fin du XVe siècle : l'ibérique, dans laquelle le « populaire » est intimement lié à ce que nous appelons aujourd'hui la « grande musique » ; l'amérindienne, fortement ritualisée ; et l'africaine, qui accorde une importance majeure au rythme et aux percussions. Dans le mélange instrumental, mélodique et textuel qui s'opère au fil des siècles dans le cadre des grandes festivités religieuses baroques, les esclaves et affranchis d'origine africaine jouent un rôle de premier plan donnant à la musique (sons, chansons, gestes) une sensualité et une liberté de mouvements toutes nouvelles. Créativité permanente, la musique des Amériques, espagnole et portugaise, se décline sur une longue durée où le fado, la samba, le tango, les congadas, la rumba et les corridos, parmi nombre d'autres genres, deviennent des marques identitaires des peuples latino-américains. Dans cette gestation, des ponts unissent ces musiques aux premières manifestations du jazz, ainsi qu'à la musique flamenco des Gitans andalous.