En Europe comme en Amérique, l'expérience révolutionnaire mena souvent au pouvoir suprême de chefs militaires charismatiques. Pascal Paoli, George Washington, Napoléon Bonaparte, Toussaint Louverture, Simon Bolívar suscitèrent tous en leur temps l'enthousiasme des populations, au point de s'imposer à la tête de leurs pays.
En faisant résonner ces destins hors du commun, David A. Bell révèle combien sont liées histoire de la démocratie et histoire du charisme politique. Car c'est bien à l'âge des révolutions qu'émergea ce nouveau modèle de chef à la fois admiré et aimé, dont le pouvoir finit pourtant par fouler au pied la démocratie qu'il devait défendre.
Renouvelant notre compréhension du mouvement révolutionnaire qui transforma le monde atlantique à la fin du xviiie siècle et au début du xixe, cet essai invite aussi à observer autrement la vie politique de nos sociétés contemporaines, loin d'être affranchies de la figure du chef charismatique.
Professeur à l'université de Princeton (USA), David A. Bell est spécialiste de la France des xviiie et xixe siècles. Il a publié de nombreux ouvrages dont The Cult of the Nation in France: Inventing Nationalism, 1680-1800 (Harvard University Press, 2001) ou encore The First Total War: Napoleon's Europe and the Birth of Warfare As We Know It (Houghton Mifflin, 2007 ; trad. fr. Champ Vallon, 2010), qui font aujourd'hui référence.
Le génie de Muhammad est communément admis chez les modernes, qu'ils soient chrétiens ou musulmans. Il faut préciser que ce génie a peu à voir avec l'oeuvre sociale et politique réformatrice du Prophète. L'essentiel réside dans sa disposition à répondre à l'appel intérieur et à sa vocation à dire la Révélation aux hommes, à leur transmettre la présence au monde de l'Être- Dieu et à les avertir du Jugement dernier. L'homme Muhammad eut l'insigne privilège et le génie de recueillir le Message de l'outre-monde spirituel et de le traduire en mots terrestres, tant il est vrai que seuls les hommes parlent aux hommes.
Muhammad fait partie de ces hommes qui ont modelé la conscience humaine, enrichi la civilisation et élaboré le patrimoine éthique de l'humanité ; de ceux-là qui ont contribué au dépassement par l'homme de sa condition animale. Il fait partie de ces guides si rares dans l'histoire ayant doté le monothéisme de son expression la plus élevée, tout au moins du point de vue anthropologique. Témoin de Dieu, il témoigne aussi pour la communauté des croyants. La vérité de la Prophétie muhammadienne réside, en son essence, dans ce témoignage.
Premier volet d'une trilogie, ce livre se rapporte au parcours du prophète Muhammad et à la naissance de l'islam. Il a pour ambition d'approfondir les notions de Révélation et de Prophétie concernant l'islam mais aussi les autres religions. Ouvrage d'histoire comparée, il s'appuie sur une grande érudition et développe un esprit d'empathie compréhensive à l'égard de toutes.
La Prédication de Muhammad à La Mecque : nous avons choisi ce titre dans le souci de souligner l'historicité de la Prédication, saisie dans le milieu, l'environnement immédiat et le monde qui l'ont vu naître.
Cet ouvrage est le deuxième tome d'une trilogie sur La vie de Muhammad*. Il traite de « l'itinéraire » muhammadien à La Mecque depuis sa naissance jusqu'à l'Hégire (l'Émigration) ; c'est-à-dire de ce que Ibn Ishãq a appelé le « mab`ath » - qu'on peut rendre par « la levée prophétique » -, terme précis qui tranche avec le contenu des ouvrages de Maghãzi (campagnes, guerres prophétiques).
La notion d'itinéraire dépasse la seule biographie, même entendue au sens large, pour englober l'ambiance locale ainsi que l'arrière-plan mondial dans lesquels la Prophétie est apparue. Le plus important demeurant, à nos yeux, la Prédication en elle-même, son évolution plus ou moins heurtée tout au long de cette période mecquoise et la pensée qu'elle a colportée et telle qu'elle transparaît principalement à travers le Qur'ãn.
En effet, ce travail est différent du premier tome qui était avant tout une recherche sur l'essence de la Révélation et de la Prophétie, à mi-parcours entre l'approche philosophique -théologique et métaphysique - et l'histoire. Notre souci était de développer sur la question le point de vue d'un penseur musulman d'aujourd'hui.
Ce deuxième volet propose un changement de cap. Il s'agit de s'en tenir à l'angle de vue strictement historien sur un sujet extrêmement sensible puisqu'il touche à la croyance et au surnaturel. Or, l'histoire est une science positive, terrestre, qui a pour objet l'action passée des hommes et des sociétés humaines. Comme telle, elle se déprend délibérément de toute foi et de toute croyance.
Notre démarche se veut précisément à mille lieues de toute idéologie. Loin de nous l'idée de démolir l'islam jusque dans ses fondations ni à l'inverse d'illustrer ses signifiances premières. Ni à charge, ni à décharge, notre propos n'est pas de plaider la cause du Prophète contre un orientalisme injuste à son endroit ou une opinion occidentale conditionnée par une tradition séculaire d'hostilité au Prophète de l'islam.
Alexander Werth est l'un des rares correspondants de guerre à se rendre à Stalingrad au lendemain de la capitulation allemande, quelques jours seulement après la fin des combats qui opposèrent l'armée soviétique à l'armée allemande. Ainsi, en plus de livrer un témoignage très personnel et très fort de la situation sur place dès 1943, l'auteur revient sur le déroulement précis, d'un point de vue militaire, de ce qui fut le tournant de la Seconde Guerre mondiale : depuis l'offensive allemande sur Stalingrad de l'été 1942, jusqu'à la contre-offensive victorieuse de l'armée soviétique lancée le 19 novembre 1942. Grâce aux entretiens qu'il a eu avec des acteurs-clés, comme les généraux Talanski ou Tchouikov, il décortique en détail les différentes phases des opérations militaires ; mais il analyse aussi à travers la presse, les articles des correspondants soviétiques les plus connus (l'écrivain Konstantin Simonov), la manière dont les Soviétiques ont été informés des événements. Comment la bataille de Stalingrad est-elle devenue une bataille mythique ? Comment a-t-elle influé sur la manière dont l'armée soviétique s'est transformée au cours de ces mois décisifs de l'hiver 1942-1943 ? De l'original en langue anglaise publié sous le titre The Year of Stalingrad en 1946 chez Hamish Hamilton à Londres, la traduction présente réunit les chapitres consacrés exclusivement à la bataille de Stalingrad, qui forment le coeur de l'ouvrage, le premier à paraître sur le sujet.
« Sans les familles, il n'y a pas d'histoires. »
La dernière fois que Lien a vu ses parents, c'était en 1942, à La Haye, alors qu'une inconnue l'emmenait loin de chez elle pour échapper aux Allemands. Elle avait huit ans. Élevée dans l'amour d'une famille adoptive, elle a pourtant rompu avec ceux qui l'avaient protégée. Près de cinquante ans plus tard, Bart Van Es se lance dans l'exploration de ce passé. Qui était cette petite fille, cachée par ses grands-parents, avec laquelle son père a été élevé et dont personne ne prononce plus le nom ? Que s'est-il passé pendant la guerre, et après ?
Lien a aujourd'hui quatre-vingt-cinq ans, elle vit à Amsterdam, et l'enquête réparatrice de Bart Van Es va leur permettre à tous deux d'affronter leur histoire. Celle d'une enfance meurtrie par la guerre ; celle d'une famille qui dut faire face au traumatisme que la barbarie nazie sema derrière elle ; celle d'un pays qui plus que d'autres collabora à la déportation des Juifs.
Bart Van Es livre le récit bouleversant de cette vie volée, rassemblant patiemment les pièces d'un passé jusque-là effacé.
Bart Van Es est professeur de littérature anglaise à l'université d'Oxford (Royaume-Uni). Spécialiste d'Edmund Spenser et de Shakespeare, il leur a consacré plusieurs livres reconnus. The Cut Out Girl (Penguin Random House, 2018), traduit ici, a remporté le Costa Book of the Year 2018.
Traduction de l'anglais (Grande-Bretagne) par Clément Baude
Les Français ont considéré avec surprise l'appel de Warren Buffet et de Bill Gates exhortant les plus grandes fortunes mondiales à suivre leurs exemples et à donner la plupart de leurs richesses à des oeuvres caritatives. Pourtant, ces derniers s'inscrivaient ainsi dans une tradition séculaire de la vie politique américaine : la philanthropie. Depuis le début du XXe siècle, dans le sillage d'un Rockefeller ou d'un Carnegie, la réussite outre-Atlantique s'accompagne d'un impératif philanthropique. Il ne s'agit pas seulement de « bonnes oeuvres », mais d'investissements destinés à mener des actions politiques d'envergure. Et si le but déclaré des généreux mécènes est toujours la recherche du bien commun, leurs motivations et l'affectation de leurs dons varient selon leurs valeurs et leurs engagements. Cet afflux d'argent est si important qu'il a largement façonné une partie de la politique culturelle, sociale et de la recherche des Etats-Unis, autant de champs d'action réservés en Europe à l'action étatique. Olivier Zunz raconte pour la première fois les liens uniques qui unissent l'argent privé et les affaires d'Etat, cette philanthropie exceptionnelle qui a fait l'histoire des Etats-Unis.
La notion de génie a été l'un des grands mythes de la modernité. Depuis la fin du XVIIIe siècle, elle justifie l'existence d'individus exceptionnels, pourvus de facultés créatrices ou intellectuelles qui les distinguent des autres hommes.Artistes (Beethoven, Picasso), scientifiques (Einstein), mais aussi génies militaires (Napoléon) et même génies du mal (Hitler), ils fascinent le commun des mortels et suscitent, parfois, un véritable culte.
Le génie, nous révèle Darrin M. McMahon, possède une plus longue histoire, qui plonge ses racines dans l'Antiquité grecque et dans la sainteté médiévale. Dans une fresque magistrale, savante et alerte, il retrace l'évolution de cette « fureur divine » qui inspirait les poètes de la Renaissance. La conception romantique du génie apparaît alors comme une conséquence paradoxale du désenchantement du monde et de l'égalité démocratique : l'homme de génie est devenu à son tour créateur.
Si les tentatives d'explication scientifique du phénomène se sont, en vain, multipliées, ce livre montre tout ce que le génie moderne, apparemment sécularisé, doit à l'héritage religieux. Car croire en l'existence d'êtres géniaux, n'est-ce pas affirmer la présence du merveilleux et le pouvoir surnaturel de certains hommes ?
Darrin M. McMahon, professeur d'histoire européenne au Dartmouth College (États-Unis), est un des principaux acteurs du renouveau actuel de l'histoire intellectuelle. Il mène un travail ambitieux de généalogie, sur la longue durée, des grandes notions de la culture occidentale. Ses précédents livres, notamment Happiness, A History (Grove Press, 2006), ont été traduits dans de nombreuses langues.
30 millions de Soviétiques mobilisés entre 1939 et 1945 ; 27 millions de morts, dont 8 dans les rangs de l'armée : ces quelques chiffres suffisent à témoigner de l'ampleur du carnage subi par l'Union soviétique pendant la guerre. C'est le pays qui aura payé le plus cher la défaite du régime hitlérien.
Catherine Merridale entreprend de raconter cette guerre du point de vue du soldat ordinaire, du fantassin envoyé au front depuis toutes les régions de l'Union soviétique avec un armement et une formation sommaires pour arrêter les chars allemands.
Grâce à l'ouverture des archives soviétiques depuis 1991, elle a pu consulter les lettres que ces soldats ont envoyées à leur famille, les journaux intimes qu'ils ont tenus, les archives de la police secrète, les rapports des instructeurs politiques sur le moral des troupes. Ces documents ont été complétés par plusieurs centaines d'entretiens avec des rescapés de la guerre qui n'ont pas oublié...
Ce récit déchirant d'exploits, de souffrances, d'héroïsme et de mort nous permet de toucher du doigt la réalité quotidienne de tous ces hommes. Nous en suivons certains, à travers leur correspondance ou leurs notes, tout au long de la guerre, jusqu'aux retrouvailles difficiles avec leurs proches, ou jusqu'à leur mort dans les derniers combats, en Allemagne, avant de découvrir dans un dernier chapitre le sort cruel et ingrat que le régime stalinien a infligé aux rescapés de ce massacre.
Un livre bouleversant, qui fait découvrir une dimension largement inconnue de la Seconde Guerre mondiale, habituellement dominée par l'historiographie du front ouest.
Cet ouvrage représente sans conteste une page nouvelle dans l'histoire de l'époque napoléonienne. Il expose pour la première fois de façon convaincante les causes réelles de la campagne de Russie, les véritables motivations politiques et les plans stratégiques des deux camps. L'auteur rejette dans sa presque totalité la vision biaisée des réalités de la période 1805-1812, reposant sur des témoignages tardifs et filtrée par le prisme déformant des Mémoires. Toute son attention a été concentrée sur des sources de première main, ordres, rapports, journaux, lettres, presse et littérature datant de l'époque étudiée (documents russes, français et polonais). Les résultats de l'analyse comparative effectuée sont époustouflants. L'auteur a également utilisé un grand nombre de témoignages inconnus, dont certains peuvent être qualifiés de véritables découvertes. Ainsi le célèbre plan d'opérations élaboré par le général Phull, théoricien militaire allemand, n'était envisagé que sous la forme d'une présentation rédigée par des historiens, qui ne le connaissaient eux-mêmes que par ouï-dire. Le texte authentique de Phull, conservé dans les archives d'histoire militaire mais totalement négligé car rédigé en français; est ici étudié pour la première fois (et largement reproduit en annexe). Une analyse claire et profonde, un entrelacement d'éléments politiques et économiques, un vaste tableau de l'état d'esprit des sociétés russe et française : il s'agit du premier ouvrage honnête et exhaustif consacré à une page déterminante de l'histoire, à la fois sérieux et accessible à un lectorat dépassant largement celui des spécialistes.
Véritable évènement éditorial, cet ouvrage rend pour la première fois accessible au public français un récit historique de première main. Ecrit, et surtout dicté en italien par Alexandre Dumas aux journalistes de l'Indipendente, entre 1862 et 1864, ce long feuilleton retrace, jour après jour, les événements de 1789 en France et ceux de 1799 dans le royaume des Deux-Siciles, dont les deux protagonistes sont Louis XVI et Ferdinand IV (dit Nasone). A partir de documents et de témoignages inédits, en particulier ceux tirés des Archives secrètes de Naples ouvertes sur ordre de Garibaldi exclusivement pour Dumas, celui-ci « fait oeuvre d'historien » en restituant au peuple de Naples son histoire : celles des Bourbons. En qualité d'historien de la révolution française, il entend démontrer comment la Révolution parthénopéenne, initiée à Naples par le général Championnet, est la seule vraie tentative d'exportation de la Révolution française en Europe. L'auteur des Trois mousquetaires, au style toujours alerte, nous livre ici un récit exceptionnel, foisonnant d'anecdotes, de rebondissements et de portraits hauts en couleur.Jean-Paul Desprat a publié une quinzaine d'ouvrages dont cinq biographies historiques sous la direction d'Anthony Rowley, parmi lesquelles Mirabeau (Perrin, 2008), Mme de Maintenon (Perrin, 2003), Le Cardinal de Bernis (Perrin, 2000). Il publie également des romans historiques comme par exemple Bleu de Sèvres et Jaune de Naples (Seuil 2007 et 2010).Philippe Godoy a travaillé sur les oeuvres de Verga, Lampedusa et Sciascia ; il a publié plusieurs ouvrages et articles sur l'Italie du Sud dont « Dumas et le Risorgimento », « Dumas et la Calabre », « Les voyageurs français en Sicile dans la deuxième moitié du XIXe siècle ». Il enseigne l'Italien et la littérature comparée à l'Université Lyon-II.
Voici l'ouvrage de référence sur la Première Guerre mondiale. Sous la direction de Jay Winter, professeur à l'université de Yale, avec le Centre internationale de recherche de l'Historial de la Grande Guerre et coordonné par Annette Becker, il réunit les plus grands spécialistes internationaux du conflit. Il paraît simultanément chez Fayard et dans la très prestigieuse collection « Cambridge History », au Royaume-Uni.
Véritable oeuvre transnationale, et manifeste d'une génération d'historiens, ce livre englobe tous les espaces et les temps de la guerre qui, si elle est née en Europe, devient très vite mondiale par le jeu des Empires coloniaux des grandes puissances. Premier volume d'une trilogie, Combats montre que la guerre, pensée en différents fronts, a été par bien des aspects totale : les combats, terrestres, aériens, navals et les soldats ne peuvent se comprendre sans les fronts « domestiques », d'occupations, de prisonniers et de réfugiés, dans les usines, les champs et les écoles - questions qui sont au coeur des volumes 2 : Etats, et 3 : Sociétés.
A l'heure du centenaire, ce livre, appelé à faire date, porte la plume d'une mémoire encore à vif, en deuil de près de 10 millions de combattants et de centaines de milliers de civils. Il soulève le voile des illusions perdues pour retrouver la guerre, telle qu'elle fut.Jay Winter est professeur d'histoire à l'université de Yale aux Etats-Unis, auteur de nombreux ouvrages, notamment, avec Antoine Prost, de Penser la Grande Guerre (Seuil, 2004) et, plus récemment, d'une biographie de René Cassin (Fayard, 2011).
Annette Becker, coordinatrice de l'ouvrage, est professeur d'histoire à l'université de Paris Ouest-Nanterre La Défense et membre senior de l'Institut universitaire de France. Spécialiste des deux guerres mondiales, elle est notamment l'auteur de Apollinaire, une biographie de guerre (Tallandier, 2009) et des Cicatrices rouges, 1914-1918, France et Belgique occupées (Fayard, 2010). Traduit de l'anglais par Jacques Bonnet, Pierre-Emannuel Dauzat, Odile Demange et Sylvie Lucas.
Voici l'ouvrage de référence sur la Première Guerre mondiale. Sous la direction de Jay Winter, professeur à l'université de Yale, avec le Centre international de recherche de l'Historial de la Grande Guerre et coordonné par Annette Becker, il réunit les plus grands spécialistes internationaux du confl it. Il paraît simultanément chez Fayard et dans la très prestigieuse collection « Cambridge History », au Royaume-Uni. Véritable oeuvre transnationale, et manifeste d'une génération d'historiens, ce livre englobe tous les espaces et les temps de la guerre qui, si elle est née en Europe, devient très vite mondiale par le jeu des Empires coloniaux des grandes puissances. Après le volume 1, Combats, qui déclinait les campagnes sur tous les fronts militaires et s'arrêtait sur les atrocités particulières dont le génocide dans l'Empire ottoman, et le volume 2, États, qui entrait dans la logique de la guerre totale telle que menée par tous ceux qui participent à l'effort de guerre et le fi nancent, dans les usines, les villes et les campagnes, le volume 3, Sociétés, montre que la guerre a bouleversé les sociétés encore largement traditionnelles. Les femmes, les enfants, les minorités, les réfugiés, sont pris dans le mouvement d'un confl it qui innove sur tous les terrains : nouvelles blessures, physiques et mentales, nouveaux rapports sociaux, nouvelles formes d'expression culturelle de la guerre et du deuil.
À l'heure du centenaire, ce livre, appelé à faire date, porte la plume d'une mémoire encore à vif, en deuil de près de 10 millions de combattants et de centaines de milliers de civils. Il soulève le voile des illusions perdues pour retrouver la guerre, telle qu'elle fut.Jay Winter est professeur d'histoire à l'université de Yale aux États-Unis, auteur de nombreux ouvrages, notamment, avec Antoine Prost, de Penser la Grande Guerre (Seuil, 2004) et, plus récemment, d'une biographie de René Cassin (Fayard, 2011).Annette Becker, coordinatrice de l'ouvrage, est professeur d'histoire à l'université de Paris Ouest-Nanterre La Défense et membre senior de l'Institut universitaire de France. Spécialiste des deux guerres mondiales, elle est notamment l'auteur de Apollinaire, une biographie de guerre (Tallandier, 2009) et des Cicatrices rouges, 1914-1918, France et Belgique occupées (Fayard, 2010).