Dans les romans de Dostoïevski, la philosophie est partout présente. Les personnages ruminent les questions les plus abstraites, et en discutent passionnément. Les meurtriers-théoriciens, les suicidaires par conviction, les débauchés lucides s'y côtoient, et s'interrogent sur les rapports entre religion et morale, sur notre environnement scientifique et technique ou sur le sens de la beauté. Mais la folle surabondance de ces idées entrave paradoxalement la formulation d'une philosophie de Dostoïevski. La multitude des personnages, la violence des situations dramatiques, une écriture étrange, apparemment négligée, altèrent également la clarté conceptuelle. L'oeuvre du romancier russe a marqué et fasciné de nombreux philosophes, comme Nietzsche ou Heidegger, mais les raisons de son influence n'ont pas été mises à jour. Nous nous demanderons où apparaît finalement l'unité d'une philosophie dostoïevskienne. Dans les thèmes de la liberté et du mal qui obsèdent ses personnages ? Dans une forme littéraire nouvelle, la polyphonie, entraînant une réflexion sur le double et le rapport à autrui ? Ou bien dans une présentation inédite du corps, de la parole, des idées des personnages, qui bouleverse les modèles traditionnels de compréhension de l'homme ?
Péguy place sa réflexion sous le signe d'une éternelle inquiétude et il montre à l'oeuvre, dans l'histoire, la société et l'homme, un redoutable principe de guerre, de crime et de mort auquel Dieu lui-même n'échappe pas. Vision cruelle et lucide de l'iniquité, de la violence, d'une théologie de guerre, d'une belligérance universelle - confirmée et illustrée par tant d'atroces événements contemporains - et qui serait intolérable si elle n'était défiée par un puissant élan de vie, une énergie farouche de résistance et d'espérance à laquelle convient admirablement et exactement le nom d'Éros. La Thèse, oeuvre méconnue, éblouissante coulée de texte, illustre les analyses de ces aspects insolites, déroutants, presque dadaïques ou néo-post-modernes, comme dirait ironiquement Péguy, d'un auteur trop souvent prisonnier de manuels ou de commentaires sectaires. Surgit un Péguy audacieux et novateur, derrière lequel s'essoufflent, ahanant, ânonnant leur modernité, les chétives avant-gardes...
Cette étude permet de comprendre l'oeuvre entier de Ionesco (homme de lettres roumain, journaliste et critique littéraire, avant d'être le dramaturge reconnu), un oeuvre écartelé entre deux cultures.
Pour la première fois, un ouvrage tente la lecture analytique suivie d'un récit de Breton. Un tel essai n'aurait pas été possible si Breton lui-même, à sa façon, ne l'avait encouragé par l'interprétation qu'il présente dans L'amour fou d'un moment de sa vie. Perspicace, non sans méconnaissances, il a mis tout son soin à expliquer l'événement, en l'entourant de multiples halos poétiques. L'écoute du lecteur, à suivre le fil torsadé de l'écrit, va de surprise en surprise. Une nouvelle aventure secrète naît de pages qui prétendaient à la plus franche lucidité. En étranges familiers, nous reconstruisons le rêve d'une rencontre où, tour à tour, se disent l'éblouissement de la fusion originaire, la menace de la castration et le désir de perpétuer - enfant ou oeuvre - ce qu'a semblé ourdir le hasard.
L'objectif est de permettre au lecteur de se faire une idée de ce qu'est la littérature chinoise traditionnelle.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Le texte rêve : manière de dire qu'un écrit littéraire vit une vie nocturne et que, de cette vie, nous pouvons entrevoir quelques fantômes. Manière de reconnaître qu'un lecteur attentif peut amener un tel écrit à raconter, dans une autre langue, ce qui se passe sur la scène obscure qu'on dit être celle de l'inconscient. Manière de suggérer que le critique peut éclaircir, un peu, la nuit, reprendre en écho la rumeur, afin que le public sache où porter ses pas, à quoi prêter l'oreille. Pour que lecture et écriture manifestent leur séduction, en donnant occasion à quelque vérité de se produire au jour, il faut qu'elles nous fassent rêver, il faut qu'elles nous incitent à rêvécrire, chacun pour son propre conte... Enfin ! On a récemment retrouvé les restes d'Alain-Fournier, mort sur le front au début de la Première Guerre mondiale ! Dépouillage d'archives, recoupements, fouilles sur le terrain et, finalement, les ossements sont réapparus et ont été identifiés. Tout cela pourrait sembler fort secondaire et anecdotique : en fait, semblable exhumation prouve à quel point, dans le cas de l'auteur du Grand Meaulnes, il est essentiel tout à la fois de mieux fonder l'enracinement de l'écrivain dans sa terre natale, dans sa patrie pour laquelle il a donné sa vie, et de retrouver ses (saintes) reliques pour mieux les adorer. Alain-Fournier est l'objet d'un culte : toujours idéalisé, angélisé... C'est justement ce mythe, particulièrement encombrant et factice, que voudrait profaner cet essai qui montre comment Alain-Fournier a élaboré toute une stratégie romanesque, visant la déculpabilisation et la sublimation (par ses lecteurs) de son propre imaginaire. Oui, Le Grand Meaulnes est un logiciel d'idéalisation et de purification, comme il en est de traitement de texte.
La confrontation de la vie et de l'oeuvre retrouve une jeunesse lorsqu'on s'avise qu'il n'est pas là de face-à-face mais que l'oeuvre intervient, partenaire turbulent, dans le quotidien, que le vécu surgit dans l'écrit, non pour se dire, mais pour infléchir une parole qui ne soupçonne guère sa présence. Moins déroutants que déroutés, les textes des Fleurs du Mal révèlent, à travers les dérobades de l'attendu, les gauchissements de l'évidence, ces quelques faits dont le retentissement dans la sensibilité et l'imaginaire de l'auteur fut décisif. Ils sont peu nombreux, clandestins, liés - qui s'en étonnerait ? - à l'enfance et au travail qu'opèrent sur elle la mémoire, la nostalgie, le rêve. Les deux premières parties de ce livre en établissent, de poème en poème, l'autorité. Mais ces énergies se concrétisent en oeuvres que gouverne une poétique elle-même conduite selon les hauts et les bas de l'espérance et nourrie de choix clairement conçus. Si la bouche cruelle du poète éparpille en l'air cervelle, sang et chair, c'est pour qu'un globe lumineux et frêle prenne son essor. En un troisième temps, cet ouvrage vise à déceler par quelles voies le plus curieux martyr de tout Paris a pu, de ses tourments, faire si souvent un songe d'or.
Le Charybde et Scylla de toute lecture se nomme Histoire et Structure. Réduire le texte à ses circonstances, ou l'en abstraire, risque le même naufrage dans l'insignifiance. Il faut affronter l'écueil pour atteindre le double fond de l'obstacle. L'entreprise de J. Seebacher est production d'un sens qui répare les pertes et déviations de signification dues à l'éloignement des oeuvres du passé dont, chez Hugo, archives et manuscrits procurent la résurrection intime, en restituant les rigoureux calculs de l'écrivain. Tel est l'objet de cette érudition structurale, à la recherche de l'énigme, comme Jean Valjean de l'amour, filon d'or dans la montagne, ténébreux et vierge.
Le texte rêve : manière de dire qu'un écrit littéraire vit une vie nocturne et que, de cette vie, nous pouvons entrevoir quelques fantômes. Manière de reconnaître qu'un lecteur attentif peut amener un tel écrit à raconter, dans une autre langue, ce qui se passe sur la scène obscure qu'on dit être celle de l'inconscient. Manière de suggérer que le critique peut éclaircir, un peu, la nuit, reprendre en écho la rumeur, afin que le public sache où porter ses pas, à quoi prêter l'oreille. Pour que lecture et écriture manifestent leur séduction, en donnant occasion à quelque vérité de se produire au jour, il faut qu'elles nous fassent rêver, il faut qu'elles nous incitent à rêvécrire, chacun pour son propre conte...
Radiguet : le paradoxe par excellence. Mort à 20 ans, il était, cependant, né adulte, avec des sentiments et des réactions d'adulte. Conséquence : une nostalgie fondamentale, clef de toute son oeuvre que l'auteur nous fait découvrir.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
D'abord confidentielle, puis consacrée par la publication du Grand recueil (Paris, Gallimard, 1961, 3 vol.) et par la multiplication des travaux critiques, d'inspiration universitaire ou non, l'oeuvre de Francis Ponge est aujourd'hui considérée comme l'une des plus originales et des plus représentatives de la modernité poétique. Cette nouvelle monographie, la dix-septième consacrée à Ponge en diverses langues, obéit à deux axes majeurs de réflexion. D'une part, l'envahissement de plus en plus marqué de la poétique par la génétique, qui s'illustre dans la publication par Ponge lui-même de ses dossiers préparatoires, ce qu'il appelle journal d'exploration textuelle. D'autre part, la présence, discrète ou insistante, explicite ou retorse, d'une structure textuelle inspirée par le modèle de la fable traditionnelle, mais une fable dont la leçon passe de l'ordre moral à l'ordre poétique : la description des choses se révèle finalement prétexte et support à une méditation d'ordre poétique sur un problème d'écriture qu'elle allégorise. La voix du poéticien ne cesse d'accompagner la voix du poète des objets. L'allégorie habite un palais diaphane : Ponge dans Le verre d'eau emprunte au Littré cette citation de Lemierre (XVIIIe siècle).
Le texte rêve : manière de dire qu'un écrit littéraire vit une vie nocturne et que, de cette vie, nous pouvons entrevoir quelques fantômes. Manière de reconnaître qu'un lecteur attentif peut amener un tel écrit à raconter, dans une autre langue, ce qui se passe sur la scène obscure qu'on dit être celle de l'inconscient. Manière de suggérer que le critique peut éclaircir, un peu, la nuit, reprendre en écho la rumeur, afin que le public sache où porter ses pas, à quoi prêter l'oreille. Pour que lecture et écriture manifestent leur séduction, en donnant occasion à quelque vérité de se produire au jour, il faut qu'elles nous fassent rêver, il faut qu'elles nous incitent à rêvécrire, chacun pour son propre conte...
Dans cet ouvrage, Michelle Riboud et Gilbert Colletaz présentent la théorie économique du marché du travail et l'utilisent pour analyser, avec des données statistiques françaises, le travail féminin et les écarts de salaires entre hommes et femmes. La première partie de cette étude montre que l'évolution démographique ne peut être la cause de la croissance des taux d'activité féminine que l'on observe en France. Celle-ci est liée à l'augmentation de la demande d'éducation et de la valeur du travail, phénomènes étroitement associés au processus de développement économique. Les changements intervenus dans ce processus ont suscité, de la part des femmes, une réponse rationnelle, conforme aux prédictions de la théorie économique. La seconde partie estime les taux de rendement des investissements scolaires et professionnels des femmes. Elle montre que les premiers ont baissé depuis le début des années soixante et souligne l'infériorité des investissements professionnels réalisés par les femmes, notamment mariées, par rapport à ceux effectués par les hommes. Une forte discrimination à l'encontre de celles-ci est également mise en évidence alors qu'en revanche il ne semble pas que le marché du travail soit discriminant au regard de l'origine sociale des individus. Enfin, cette étude apprécie l'impact sur les salaires de caractéristiques individuelles (statut familial, nationalité, formations post-scolaires,...) et de variables précisant le marché du travail dans lequel s'insère l'homme ou la femme (région de travail, secteur d'activité,...).
Richard Simon est le seul auteur cité dans la préface de la traduction oecuménique de la Bible. Qu'est-il donc pour mériter ce traitement de choix ?
Un homme d'Eglise qui, sous le règne de Louis XIV, au temps où Bossuet régentait la théologie, tenta d'introduire les méthodes scientifiques dans l'étude de la Bible.
Comme tous les précurseurs, R. Simon fut contredit, persécuté, finalement réduit au silence.
De nos jours, ses idées se sont imposées.
Pourtant, il est encore un signe de contradiction. Considéré par les uns comme un initiateur de génie, victime du sectarisme et de l'incompétence, il est pour d'autres un érudit quelconque, dont les défauts, l'âpreté du caractère, l'incertitude même des méthodes, expliquent les échecs. Peut-on encore lui appliquer le titre de « père de la critique » ?
Le procès méritait d'être repris. Un auteur, spécialiste lui-même des études bibliques, présente un travail concis, documenté, qui n'est ni un panégyrique ni un pamphlet, mais l'effort sérieux de quelqu'un qui admire Richard Simon sans en dissimuler les faiblesses.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Depuis leur fondation par Chappe, en 1793, les télécommunications françaises ont historiquement souffert de sous-investissement, sauf au cours de brèves périodes. Mais la grande misère du téléphone français, qui retardait la modernisation du pays, est éradiquée. Le téléphone est chez tous les Français. La mission du service public est largement remplie.
La saga des télécoms se déroule désormais dans un univers économique sans frontière, et sans protection douanière. Innovations techniques et mutations du marché se combinent, pour multiplier matériels et services : minitel, courrier électronique et réseaux d'entreprise en sont l'illustration.
Ces nouveautés bousculent les privilèges historiques des services publics, et leur imposent de revoir leurs missions. L'Europe de 1993 leur ouvre, d'ailleurs, de nouveaux horizons.
Modernes et compétitives, les télécoms françaises devraient regarder l'avenir avec confiance. Leur volonté d'autonomie, exprimée jusqu'à présent au sein de l'appareil d'État, peut déboucher sur une entreprise de communication mondiale et concurrentielle.
Cet essai décrit les faits, les circonstances et les agents qui annoncent cette évolution, que l'auteur situe dans sa perspective historique, institutionnelle et politique.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.