Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Les livres de chasse composés aux XIVe et XVe siècles par Gace de La Buigne, Henri de Ferrières et Gaston Febus, conservés dans des manuscrits somptueusement illustrés, donnent, dans toute sa complexité, l'image de ce qui était à la fois un divertissement, un rituel sophistiqué et un moment important de la parade aristocratique.
En rappelant les moments les plus importants de la vie et de l'oeuvre de Pétrarque, cet ouvrage met en relief les influences de ses actions politiques, religieuses et intellectuelles mais aussi de son recueil poétique le «Canzoniere», sur l'ensemble de l'humanisme et de la poésie européenne du XVe au XVIIe siècle.
Les problèmes de la condition féminine figurent aujourd'hui parmi les questions d'actualité et les sujets à la mode. C'était déjà le cas au XVIe siècle. La prodigieuse abondance des débats qu'ils suscitent dans la poésie, le roman, la nouvelle, les traités de médecine et de morale domestique, prouve leur importance dans la conscience contemporaine. Bien des écrits polémiques, qui exaltent ou rabaissent la femme, relèvent du jeu intellectuel, et le décalage est inévitable entre le réel et les représentations qu'en donne la littérature. Celles-ci n'en restent pas moins révélatrices de la mentalité d'une époque. L'esprit novateur du premier siècle moderne, qui vit tant de remises en cause, a-t-il entraîné une mutation dans la conception et dans la condition de la femme ? Les figures les plus significatives qu'en propose l'imaginaire poétique, romanesque ou didactique répondront d'elles-mêmes. L'égalité des sexes, à la Renaissance, demeure un paradoxe. Les voix masculines ont été longtemps les seules à se faire entendre en littérature. Celles des femmes, au XVIe siècle, commencent à s'élever en contrepoint à celles des hommes. Nous les écouterons alternativement.
Chef-d'oeuvre littéralement invisible, Les Mille et une nuits d'Antoine Galland connaissent, depuis bientôt trois siècles un succès, une célébrité et une influence qui n'ont d'égaux que l'aveuglement et le silence dont elles souffrent auprès de la critique et de l'histoire littéraires. Surprenante destinée, dont les causes les plus efficaces se révèlent être aussi les moins valables. Ce recueil de contes arabes, trop souvent considéré avec dédain comme une simple traduction, frappe au contraire par son originalité. Reléguées d'ordinaire au rang de contes de nourrice, les histoires de Schéhérazade relèvent en réalité d'un art consommé et subtil, dont l'effet bénéfique sur le sultan qui les écoute (comme sur le lecteur qui les lit) est exemplaire. Modèle raffiné de la littérature du plaisir (ou de la littérature de plaisance), fidèle au goût et à l'esthétique de son temps, le chef-d'oeuvre de Galland demande à devenir enfin visible ; de même que demande à être enfin levée l'hypothèque que la tradition persiste encore trop souvent à faire peser sur la fonction divertissante de toute littérature. C'est cette double réhabilitation qui est proposée ici, car l'une ne va pas sans l'autre. Le résultat souhaité est de voir Les Mille et une nuits et Galland mis enfin à la place qui leur revient : la première parmi les écrits et les écrivains de la fin du règne de Louis XIV.
Pris entre les deux blocs - classique et romantique - le XVIIIe siècle a longtemps semblé, en littérature, n'avoir qu'une importance idéologique, et ne jouer qu'un rôle de transition. On redécouvre, aujourd'hui, que ce qui fut « le grand siècle » aux yeux de Michelet, a été une des périodes les plus fécondes en inventions de toutes sortes, tant artistiques, que techniques ou épistémologiques. Les « Lumières » qui, d'ordinaire, le définissent, ont cette vertu de le donner à voir incessamment en positif et en négatif. La question se pose alors, ardente, non seulement de la qualité d'une oeuvre mais de son éclat, de sa valeur éclairante, ainsi que, pour les meilleurs esprits, de la part d'ombre qu'elle recèle ou suppose, ce que Valéry désigne comme sa « morne moitié ». Parce que le XIXe siècle a, délibérément, esquivé ou recouvert les questions qu'avait posées le XVIIIe, parce que ceux qui les avaient alors formulées étaient, pour la plupart, de vrais et grands artistes, parce que notre époque sait qu'elle ne peut trouver que dans l'intelligence de la question celle de la réponse, un livre de plus sur le siècle des Lumières n'est pas inutile. Celui-ci, en tout cas, a été conçu et façonné à partir d'un tel pari.
Propose une comparaison systématique de trois entreprises, dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, visant à résoudre le problème de la scission genèse-histoire : le tableau historique français, l'histoire naturelle écossaise de l'humanité et la théodicée allemande de l'histoire.
Le texte rêve : manière de dire qu'un écrit littéraire vit une vie nocturne et que, de cette vie, nous pouvons entrevoir quelques fantômes. Manière de reconnaître qu'un lecteur attentif peut amener un tel écrit à raconter, dans une autre langue, ce qui se passe sur la scène obscure qu'on dit être celle de l'inconscient. Manière de suggérer que le critique peut éclaircir, un peu, la nuit, reprendre en écho la rumeur, afin que le public sache où porter ses pas, à quoi prêter l'oreille. Pour que lecture et écriture manifestent leur séduction, en donnant occasion à quelque vérité de se produire au jour, il faut qu'elles nous fassent rêver, il faut qu'elles nous incitent à rêvécrire, chacun pour son propre conte... À l'origine des amours de Tristan et Iseut, un acte manqué : l'absorption du philtre qui lie ceux que tout devait séparer. Ne révèle-t-il pas que le ratage est l'essence même de l'acte amoureux ? Dès lors, la lecture des différentes versions médiévales ne doit-elle pas dégager les modalités de l'impasse amoureuse (division féminine, blessure masculine) dont la description anticipe, avec une rigueur inégalée, ce qu'en dévoilera la psychanalyse ? Le ratage affecte aussi l'acte littéraire. Divisé par des versions en vers différentes ou contradictoires, le texte tristanien manque ou poursuit une impossible complétude dans le roman en prose. La littérature est une blessure qui ne cesse pas de se rouvrir, mais le sang de l'écriture ne laisse jamais advenir le signe ou le texte attendu. Comme l'amour, l'écriture ne serait-elle qu'un acte manqué ?
Ce livre retrace brièvement la naissance et le développement du roman au Moyen Âge, d'abord en français, puis dans toutes les langues européennes. Son originalité est dans son approche synthétique. Il prend en compte l'ensemble de la production romanesque médiévale, dans toutes les langues et à travers tout l'espace européen. Il touche ainsi la littérature générale et comparée autant que les études médiévales, et s'adresse aussi à tous ceux qui s'intéressent à l'unité culturelle de l'Europe.
Pourquoi raconter des histoires sinon pour charmer, le temps d'une narration, un petit cercle d'auditeurs attentifs? Etude des nouvelles écrites par Marguerite de Navarre, histoires de séduction écrites pour séduire.
Racine : figure du poète courtisan, dramaturge du tragique d'aimer, maître de la littérature classique. Mais aussi : l'orphelin instruit par Port-Royal, l'amant des comédiennes, le satellite du Roi-Soleil, le mari rangé, le père attentif - un homme entre le monde et le salut. À l'approche du tricentenaire de la mort de Racine, ce texte scrute le portrait énigmatique de l'ambitieux, étudie l'enchantement qui émane des personnages de ce théâtre, s'imprègne du charme mystérieux exercé par un art qui porte la langue française à son plus haut degré d'incandescence et de limpidité. Ce livre est surtout, de la part de son auteur, une déclaration d'amour adressée à cette langue, à une oeuvre, à un génie qui font de chacun de nous un lecteur, à l'instar de Proust, ébloui.
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Dans Les testaments trahis, Milan Kundera appelle de ses voeux le troisième temps de l'histoire du roman, qui doit advenir en faisant ressusciter l'expérience oubliée du roman prébalzacien. Dans cette perspective, il confronte les problématiques romanesques du XVIIIe et du XXe siècles, pour définir l'identité du roman européen et remettre en jeu, fût-ce de façon oblique, les données essentielles de l'art du récit. Les questions d'esthétique narrative, que se posent les deux siècles, ne sont-elles pas le signe d'une certaine communauté de pensée ? Si tel était le cas, le ciment qui les unit pourrait être la réflexion sur la possibilité ou l'impossibilité d'établir une vérité à l'intérieur du récit et, donc, sur la dimension épistémologique et herméneutique du roman. En somme, la question qui, selon Kundera, est au coeur du renouvellement des formes narratives proposé par Diderot serait la suivante : le récit fictionnel, investi notamment par une parole proliférante, peut-il accoucher d'une vérité sur le monde ? Kundera est donc amené à revisiter Diderot et les problèmes esthétiques, philosophiques et poétiques que pose Jacques le fataliste, à partir de sa propre vision de l'histoire du roman. Il injecte dans les questionnements et remises en cause voulus par Diderot deux siècles auparavant, ses propres interrogations, nourries de réflexions contemporaines sur le genre narratif. Cet ouvrage propose de rendre compte de ce regard original, en analysant au plus près Risibles amours, l'un des premiers récits de Kundera, parallèlement à Jacques le fataliste. Cette confrontation s'inscrit dans un double projet : examiner précisément les points de rencontre réels des deux auteurs, leurs parentés esthétiques ou idéologiques, et comprendre ce que Kundera déplace, réinterprète, réinvente. Il s'agit donc ici de reconstituer, à partir de traits poétiques repérés çà et là dans Risibles amours une certaine lecture, à la fois traduction et trahison, éclairages et zones d'ombre, du chef-d'oeuvre de Diderot.
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A la jonction de la linguistique et de l'histoire, l'ouvrage examine l'ensemble des faits de civilisation entre les origines du français et le début de la Renaissance.
La folie médiévale n'est pas encore l'objet d'un discours spécifique, mais elle est l'objet potentiel de tous les discours, ceux de la littérature, du droit, de la médecine et de la théologie. Le fou, figure marginale, est paradoxalement à la croisée des discours.
Le premier goût que j'eus aux livres, il me vint du plaisir des fables de la Métamorphose d'Ovide (Essais, I, 26). La lecture des Métamorphoses est associée par Montaigne à l'enfance, aux livres et à la volupté. C'est à la dérobée qu'il savoure les mythes d'Ovide ; et le principe de ce plaisir primitif laissera sa trace mémorielle dans le principe d'écriture des Essais. Qu'il s'agisse de l'histoire, de la politique ou de la philosophie morale, Montaigne recherche plutôt le clair-obscur des demi-vérités, refusant de se prêter aux artifices trop évidents de la belle rhétorique. Tout est sujet à fluctuations, proclamait Pythagore à la fin des Métamorphoses, et les empires comme le reste. Les Essais se prêtent merveilleusement bien, par leur forme ondoyante et diverse, à reproduire cette mutabilité des hommes et des civilisations. Mais Montaigne a intériorisé cette labilité fondamentale qu'il trouvait chez Ovide dans sa tentative d'auto-portrait où le jugeant et le jugé s'obstinent, tel Narcisse, à saisir une image fugitive et en continuelle mutation.
L'écriture de l'essai, telle que Montaigne la pratique, et parfois la rêve, ouvre la modernité. D'abord en ce que les composantes du moi jusqu'alors exclues du champ de la représentation : folies et rêveries, chimères et monstres fantasques, proliférant comme les herbes sauvages et inutiles sur le sol de l'oisiveté mélancolique, entrent alors sur le devant de la scène. Mais aussi dans la mesure où une intense activité auto-réflexive tente de cerner le rapport indécis d'une matière encore inédite et d'une manière qui la mette en rolle sans la contreroller. Écriture du moi et problématique du sujet sont, pour la première fois, intimement liées dans ce projet extravagant, car l'essai est aussi l'atelier où s'élabore l'identité du scripteur, tandis que l'essayiste, interrogeant le monstre qu'il découvre en lui, inscrit la différence au coeur du même.
Le texte rêve : manière de dire qu'un écrit littéraire vit une vie nocturne et que, de cette vie, nous pouvons entrevoir quelques fantômes. Manière de reconnaître qu'un lecteur attentif peut amener un tel écrit à raconter, dans une autre langue, ce qui se passe sur la scène obscure qu'on dit être celle de l'inconscient. Manière de suggérer que le critique peut éclaircir, un peu, la nuit, reprendre en écho la rumeur, afin que le public sache où porter ses pas, à quoi prêter l'oreille. Pour que lecture et écriture manifestent leur séduction, en donnant occasion à quelque vérité de se produire au jour, il faut qu'elles nous fassent rêver, il faut qu'elles nous incitent à rêvécrire, chacun pour son propre conte... Pourquoi lire Pharsamon ? N'avons-nous pas, sur le même thème, Don Quichotte et Madame Bovary ? Et pourquoi aller fouiller dans les essais de Marivaux débutant quand nous connaissons les fruits de sa maturité ? Ignorer ce roman serait se priver à la légère d'un grand plaisir : sous les oripeaux de la parodie, dans son comique directement affronté à l'angoisse, il parle. Comme on s'étourdit. Moins pour délivrer un message que pour libérer un secret. Il parle à ne plus savoir comment finir, sous le feu croisé des vérités qui lui échappent : qu'il est difficile de sauver la parole quand la relation avec la mère, dominée par l'abandon et la haine, compromet l'accès au langage ; qu'il serait plus facile d'aimer les femmes si elles n'existaient pas ; qu'aborder le sexe, c'est risquer que la tête et le reste vous tournent. Surtout : comment sortir du manège où le désir parental vous enferme ? À défaut d'en rire on peut en écrire...
L'imaginaire poétique et romanesque, la méditation des moralistes et des mémorialistes, la dévotion à laquelle convient les auteurs spirituels, autant d'expressions glorifiant le discours de la retraite. Objet historique peu étudié, ce discours invite aussi à une réflexion sur notre époque, puisqu'en ses avatars se raffine la conversation, s'affirment l'espace privé et la vie intérieure.
Là où elle se fait passion de l'impossible, la littérature médiévale anticipe la clinique freudienne transformant en savoir la souffrance de l'hystérique.
Vivre comme si nous étions libres, c'est nous imposer le devoir de vivre selon le modèle concret d'un vivant qui serait doué de liberté. De vivre sur le modèle d'un être libre, c'est là une façon de coup de main opéré par l'homme et qui le fait passer outre aux apories de la théorie.
Longtemps tenu pour norme de la culture française et trop exclusivement réduit à sa composante classique, le XVIIe siècle éclate aujourd'hui dans sa variété. Variété dans le temps, avec de curieuses alternances entre l'expression de l'inquiétude et la quête de la stabilité.
Sous l'Empire romain, après les autres grands genres littéraires, la littérature grecque a inventé le roman. La description de sa forme originelle, l'analyse des éléments qui la constituent et des traditions dont elle se nourrit, font découvrir les premiers maîtres d'un art nouveau : Héliodore, qui fut le modèle romanesque de l'Europe classique, Longus, source d'inspiration pour tant d'artistes, mais aussi Chariton, auteur du premier roman que nous possédions en entier, ainsi qu'Achille Tatius et Xénophon d'Ephèse. En racontant, chacun à sa manière, des histoires d'amour et d'aventures, ils expriment tous, à l'égard du monde, une visée créatrice nouvelle, une ambition originale d'annexion et de représentation. Ainsi se manifeste, dès son origine, la nature singulière du seul genre insubmersible de l'histoire littéraire.