La genèse du conflit israélo-arabe, dont l'actualité est surabondamment couverte par les médias, demeure paradoxalement mal connue. Si c'est au sortir de la Première Guerre mondiale que se cristallise ce qui n'est pas seulement le choc de deux nationalismes, mais un affrontement culturel recouvert par un conflit « religieux » et d'innombrables polémiques sur la nature du projet sioniste, c'est bien avant 1914 qu'il a pris forme dans le discours à la fois des élites arabes, de la vieille communauté juive séfarade et des sionistes d'Europe orientale. Ces discours, dominés par la propagande, Georges Bensoussan montre qu'ils sont à mille lieues d'une véritable connaissance historique. Ce faisant, il met en lumière l'importance de la dimension culturelle et anthropologique dans la connaissance d'un conflit dont aucun des schémas explicatifs classiques - du nationalisme au colonialisme en passant par l'impérialisme - n'est véritablement parvenu à rendre compte.
C'est au fond des grottes du pourtour de la mer Morte que fut découvert, entre 1947 et 1956, ce qu'il serait plus exact d'appeler « manuscrits de Qumrân », site archéologique dont le nom est la déformation dialectale arabe de la Gomorrhe biblique. Quels secrets ces rouleaux renfermaient-ils ? Nulle carte au trésor, mais un trésor en soi : près de mille manuscrits qui ont profondément renouvelé les études bibliques et qui nous renseignent sur la foi du yahad, des Juifs esséniens contemporains des premiers rabbins et du mouvement de Jésus - qui devint le christianisme -, et qui ont peut-être mis leurs textes à l'abri au moment où les Romains prirent possession de leur territoire en l'an 68. C'est dans cette époque d'intense bouillonnement intellectuel que nous plonge David Hamidovi? avec érudition et précision, au coeur d'une découverte archéologique majeure appelée à enrichir encore notre connaissance des mondes anciens de la Méditerranée.
« Qu'est-ce que la propriété ? C'est le vol ! », « Dieu, c'est le mal ». On ne retient le plus souvent de Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) que ces formules provocatrices, dont l'écho n'a d'égal que leur incompréhension. Pourtant, Proudhon est un penseur novateur : premier socialiste que Marx qualifia de « scientifique » en raison de son analyse critique de la propriété, il est aussi le premier à se déclarer positivement « anarchiste ». Sa critique systématique des conditions politiques de son temps le conduit à penser la question aussi bien sociale que démocratique. Édouard Jourdain trace le portrait nuancé du théoricien d'un « autre socialisme », mais aussi d'un acteur majeur des combats de son temps pour qui le désordre découle de la propriété capitaliste, de l'État et de la religion. Pour Proudhon, c'est bien dans l'anarchie que l'humanité trouvera l'ordre.
Méconnue en France jusqu'à encore récemment, l'écologie profonde est un courant de pensée majeur de l'éthique environnementale, qui inspire de nombreux mouvements de défense de l'environnement. Nous la devons au philosophe norvégien Arne Næss (1912-2009), qui commence à la théoriser en 1973 et qui en est le principal représentant. Mais pourquoi « profonde » ? Par contraste avec celle que Næss qualifie de « superficielle », autrement dit une écologie de surface, vainement anthropocentrée et tournée vers des objectifs à court terme. Or lorsque nous pensons le lien qui nous unit à ce que nous avons pris pour habitude de nommer « la nature », nous devrions prendre en compte des considérations plus profondes touchant aux principes de diversité, de complexité, d'autonomie, de décentralisation, de symbiose, d'interdépendance et d'égalitarisme. Mathilde Ramadier revient sur ce courant de pensée qui questionne métaphysique, ontologique et éthique sur l'écosphère dans son ensemble, et nous montre comment l'écologie profonde peut nous aider à penser l'avenir de l'humanité par la réalisation de soi-même dans de ce grand tout, et bien sûr à entrer en action.
L'inceste désigne les relations sexuelles entre parents consanguins ou alliés. Toutes les sociétés, de tout temps et en tout lieu, le prohibent. Cet interdit universel présente des contours variables d'une culture à l'autre et dépasse largement le cadre des relations sexuelles entre adultes et mineurs pour s'étendre à celles entre des parents adultes parfois généalogiquement très éloignés. Comment alors expliquer l'origine et le sens d'une telle prohibition ? En croisant les approches anthropologiques, psychologiques et scientifiques, Laurent Barry et Françoise Zonabend proposent une synthèse approfondie de cette notion qui s'efforce de rendre compte de l'étiologie et de la raison d'être de cet interdit. Du complexe d'OEdipe à la théorie de l'universalité de l'inceste chez Lévi-Strauss, ils reviennent sur un tabou ancestral et pourtant à géométrie variable.
L'oeuvre de Jacques Derrida (1930-2004) ne laisse indemne ni son lecteur, ni ses détracteurs, ni son auteur lui-même, qui a été le premier à réfléchir à sa propre production conceptuelle. C'est d'ailleurs cette réflexion qui l'a poussé à forger de nombreuses notions - trace, différance, archi-écriture, logocentrisme, phallogocentrisme... -, comme autant de jalons dans sa théorisation de la « déconstruction ». Son projet philosophique ? Une longue et exigeante explication de l'histoire de la philosophie et de ses institutions, explication ayant souvent conduit à un questionnement politique. C'est avec cette démarche qu'il a notamment analysé l'écriture et la parole, la métaphysique de la présence, l'animal ou encore la différence sexuelle. Vingt ans après la mort de Jacques Derrida, Olivier Assouly nous donne des clés pour comprendre la démarche philosophique novatrice et interroger l'héritage du penseur de la déconstruction, concept ô combien discuté aujourd'hui dans le débat public.
Qu'est-ce que le « sujet transcendantal », l'« impératif catégorique », la « raison pratique » ? Qu'entendre par « idéalisme critique » ? L'oeuvre de Kant, marquée par les Lumières allemandes, est complexe et foisonnante dans sa forme, exigeante en ce qui concerne les conditions du savoir, rigoriste dans son travail sur les moeurs. Du kantisme, on retient le plus souvent les Critiques (Critique de la raison pure, Critique de la raison pratique et Critique de la faculté de juger) : elles s'acquittent d'une nouvelle fondation du travail de la raison. Mais la pensée kantienne se dédouble selon une relation d'application entre ces Critiques et des Doctrines (de la nature, de la liberté, de la religion), où le philosophe rejoint les questions que nous adresse le monde tel qu'il est et tel qu'il devrait être. Alain Renaut, traducteur et spécialiste du penseur prussien, montre ainsi comment le kantisme, à partir de la fondation d'un rationalisme critique, est en réalité une « philosophie appliquée » à la nature et à la liberté.
Le néolibéralisme est né d'une volonté de renouveler la pensée libérale, de proposer une « troisième voie » entre socialisme et laisser-faire. Ce courant a progressivement alimenté les débats politiques et économiques pour devenir l'idéologie dominante - même si la crise financière de 2008 a quelque peu terni son aura. Maximisation des profits grâce à la mondialisation, marché mondial du travail, dogme de la concurrence libre et non faussée, souveraineté du consommateur... Quelle est l'influence de cette doctrine sur la politique économique de la France et de l'Europe ? Quelles répercussions a-t-elle sur les réformes structurelles touchant à la concurrence, à l'emploi et à la protection sociale ? Après en avoir présenté les origines, Bruno Amable analyse les proximités et les divergences entre les différents courants du néolibéralisme, ainsi que la vision de la société et de l'économie dont sont porteurs les principaux auteurs néolibéraux. Et de s'interroger : jusqu'où va la domination culturelle du néolibéralisme ?
L'emprise est aujourd'hui évoquée dès que l'environnement conjugal ou intrafamilial est le cadre de violences psychologiques. Sollicitée au quart de tour, souvent avec excès, cette notion suggère une intention de nuire en recourant à la violence, à de la maltraitance et au mépris de la dignité humaine. Pour mieux comprendre la relation d'emprise, Anne-Laure Buffet propose, au carrefour de la psychanalyse, de la psychologie, de la sociologie et de la philosophie, d'en définir les acteurs principaux, d'observer comment se construit une telle relation, les raisons pour lesquelles elle s'instaure et les différents contextes dans lesquels elle peut se développer plus favorablement. Quelles spécificités et quelles conséquences pour l'ensemble des protagonistes de cette violence singulière ? Où l'on verra que l'emprise n'est ni une fatalité ni une condamnation. Une démarche existe pour y mettre un terme qui, après avoir fait cesser cette entreprise d'appropriation, permet de se réparer et de se reconstruire.
« Pays de pierre et d'eau », selon l'écrivain Samuel Johnson, l'Écosse, archipel des confins de l'Europe, est une mosaïque de milieux et d'influences qui ont forgé une identité aussi forte que bigarrée. Haut lieu de la Préhistoire, héritière des Pictes, des Scots, des Vikings et des Normands, de la christianisation comme du schisme protestant, des Lumières et de la révolution industrielle, cette ancienne nation doit beaucoup à sa géographie insulaire, mais aussi continentale et impériale. Jalouse de son indépendance mais unie à l'Angleterre - après d'innombrables péripéties -, son rôle fut décisif dans la constitution du plus grand empire de l'histoire. Désormais, à l'heure du Brexit, l'Écosse est à la croisée des chemins. À travers les landes, les lochs, les îles et quinze mille ans d'histoire, Jean-François Dunyach nous invite à (re)découvrir l'envoûtant pays du whisky, des cornemuses et des kilts, patrie plurielle de Walter Scott, d'Adam Smith et de Marie Stuart, reine d'Écosse et... de France !
Ce que les chrétiens appellent « Ancien Testament » correspond en partie mais en partie seulement au texte de la Bible hébraïque. Quelles différences entre les deux textes ? Comment expliquer la formation du canon biblique ? En archéologue des textes, le professeur Thomas Rmer mène l'enquête et met au jour, sous les strates accumulées par les multiples compilateurs et rédacteurs, les origines variées d'un livre pas comme les autres. Historien et philologue, il retrace la formation des trois parties de la Bible en les situant dans leurs contextes sociohistoriques respectifs. Une plongée fascinante qui vous fera lire la Bible d'un oeil neuf !
Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Comment l'étudier ? Ces deux questions résument le champ immense de l'histoire de l'art. Discipline autonome, par ses méthodes, son histoire propre et les oeuvres mêmes qui en constituent l'objet, elle est en même temps une branche de l'histoire totale de la culture et de la civilisation. Comment a-t-elle évolué ? Quels sont ses champs d'étude ? Dans quelle mesure les nouvelles technologies lui ont-elles permis de se développer ? Xavier Barral i Altet s'adresse aux étudiants qui commencent ou poursuivent des études d'histoire de l'art, mais également à tous ceux que l'art - ses oeuvres, ses techniques, ses périodes (depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque actuelle), ses institutions, ses théoriciens, ses créateurs - passionne.
Biographies revisitées, correspondances inédites, interprétations nouvelles... Le père de la psychanalyse continue de susciter toujours plus de publications et de controverses. En a-t-on tiré une meilleure connaissance de sa personne et de son oeuvre ? Qui se souvient vraiment de ce que nous devons à Sigmund Freud ? En laissant volontairement de côté les nombreux développements et les commentaires qui ont suivi, Jean-Michel Quinodoz nous présente dans toute leur fraîcheur et leur originalité les notions-clés découvertes par Freud. Il offre ainsi l'occasion de retourner à l'essentiel d'une pensée révolutionnaire qui, éclairant le travail clinique quotidien des psychanalystes, n'a rien perdu de sa portée.
Longtemps, ce que l'on a su de l'histoire de Jérusalem, on l'a tiré des auteurs antiques, des témoignages des premiers pèlerins chrétiens et, bien sûr, de la Bible. Mais à partir de 1863, date à laquelle des fouilles sont entreprises sur le site même de la ville sainte, l'archéologie a profondément renouvelé notre compréhension. Michaël Jasmin relève le défi de retracer quatre millénaires d'une histoire aussi chahutée que fascinante. Intégrant les dernières découvertes archéologiques qu'il fait dialoguer avec les sources les plus diverses, il met au jour les dynamiques urbaines et religieuses propres à la cité des trois monothéismes.
Fléau social mondial, les violences conjugales touchent tous les membres de la cellule familiale, à commencer par les femmes. En France, elles seraient 10 % à en subir. La culpabilité et la honte empêchent souvent les victimes de parler. Comment rompre la loi du silence ? Le mieux reste encore de recourir à un tiers formé à la clinique des violences conjugales. Dans cet essai, le docteur Liliane Daligand réaffirme qu'il existe des thérapies et des expertises efficaces pour lutter contre ce phénomène qui concerne tous les milieux sociaux. Accompagnement, soutien, prise en charge médicale, sociale et judiciaire... Autant de pistes qui permettent de sortir de la situation d'emprise qui caractérise toute violence conjugale.
En embrassant les deux millénaires de l'histoire du catholicisme, Yves Bruley relève les continuités de l'Église catholique, l'originalité de cette religion comparée aux autres grandes religions, comme celle de l'identité du catholicisme par rapport aux autres confessions chrétiennes. Cette synthèse montre aussi le rôle crucial du christianisme dans l'histoire mondiale, depuis le retournement religieux de l'Antiquité gréco-romaine jusqu'à nos jours, en passant par l'ordre sacré du monde chrétien médiéval ou par la naissance de la modernité et de la laïcité.
En 1865, alors que l'archéologie avait fait surgir des hommes très anciens des profondeurs du temps, le savant britannique John Lubbock proposa d'inventer le « Néolithique ». Après l'« Âge de la pierre ancienne », soit le Paléolithique, venait ainsi l'« Âge de la pierre nouvelle ». Utile pour affiner les subdivisions chronologiques, cette dénomination ne rend que partiellement compte des mutations opérées il y a dix mille ans dans le monde. Invention de l'agriculture et de l'élevage, sédentarisation, mise au point d'outils de pierre polie (mais aussi de métal), fabrication de céramique, de textile, de la roue... Autant d'innovations qui ont conduit à de grands bouleversements techniques et sociaux. Une « révolution » ? Le phénomène a plutôt été progressif, et a connu bien des formules selon les régions. Anne Lehoërff nous raconte avec passion et érudition la fabuleuse histoire de ces ancêtres qui ont posé les bases de nos sociétés modernes.
La littérature engagée a ses hauts faits, ses hérauts, ses heures de gloire ; elle a bâti la renommée internationale d'une certaine littérature française, mais suscité aussi des controverses et essuyé bien des critiques. Une chose est sûre, cette littérature a donné lieu à une production aussi riche qu'inventive qui prend au sérieux des questions fondamentales : pourquoi écrit-on ? Quels effets peut avoir la littérature sur nous et sur le monde ? Quel est le rôle de l'écrivain dans la cité ? Et, in fine, peut-on vraiment faire de la politique avec des oeuvres littéraires ? De Christine de Pizan à Bertolt Brecht ou Jean-Paul Sartre sans oublier Voltaire et Olympe de Gouges, Sylvie Servoise trace le cheminement de l'engagement littéraire depuis ses prémices à la fin du Moyen Âge jusqu'à nos jours. Elle montre à la fois comment la notion a évolué, dans sa forme et dans ses objets, et comment elle s'inscrit dans une dynamique pérenne : pour l'écrivain, s'engager, c'est toujours s'exposer, dénoncer ou défendre, agir et faire agir.
Qu'est-ce que le capitalisme ? Le mot est couramment utilisé, mais sait-on clairement ce qu'il signifie et ce qui le distingue d'autres systèmes économiques mais aussi politiques ? Car plus qu'un système économique, le capitalisme est une forme d'organisation de la société, un aménagement des liens sociaux et une croyance collective qui policent nos comportements. À partir d'une approche historique, Pierre-Yves Gomez met au jour la structure du capitalisme en la comparant à celle d'autres civilisations. Il montre en particulier l'importance qu'y joue l'État-nation, la place ambiguë du « marché », le rapport à l'environnement naturel qu'il impose et pourquoi la recherche du profit constitue la clé de voûte de sa culture. Une analyse décapante et rigoureuse qui permettra au citoyen éclairé de se faire sa propre opinion sur l'avenir de nos sociétés.
«?L'espace qui sépare la Grande-Bretagne du continent n'est point infranchissable?», écrivait Napoléon. De fait, ce joyau d'un modeste archipel posé aux confins de l'Europe fut au coeur de l'histoire du continent, malgré une identité insulaire tardive mais vivace. Un temps «?atelier du monde?» et métropole de l'empire le plus vaste de l'histoire - dont le Commonwealth est aujourd'hui l'héritage -, la Grande-Bretagne fut le creuset d'un royaume «?uni?» de quatre nations longtemps divisées au gré d'une histoire mouvementée pleine de bruit et de fureur. De la formation géologique d'une île improbable aux conséquences de l'incertain Brexit en passant par la guerre de Cent Ans et l'époque victorienne, Jean-François Dunyach retrace une histoire faite de circulations, d'échanges et de syncrétismes. Bienvenue dans l'île du roi Arthur et de Richard Coeur de Lion, de Robin des Bois et de Macbeth, des suffragettes et des Beatles, du Five o'clock tea et de Big Ben.
Tous les matins, Léo, onze ans, part pour l'école avec la boule au ventre. Ses notes baissent. Il dort mal. Depuis six mois, ses camarades l'humilient. Il est victime de harcèlement. Moqueries, brimades, coups, racket, insultes ou photos compromettantes postées sur les réseaux sociaux... Le harcèlement scolaire, longtemps nié ou considéré comme un rite de passage, se révèle pourtant lourd de conséquences. Combien d'adolescents ont cru ne trouver d'autre échappatoire que dans le suicide ? Combien d'enfants le « jeu du foulard » a-t-il tués ? Dans la cour de récréation comme sur Internet, le phénomène a pris une ampleur inquiétante. Dysfonctionnement du groupe, climat scolaire détérioré, intolérance, défaut d'empathie : les causes en sont multiples. Mais le docteur Catheline entend réaffirmer qu'il n'est pas une fatalité et fournit ici des clés essentielles pour sortir de cette spirale infernale.
Depuis plus de trois siècles, la franc-maçonnerie participe de l'histoire intellectuelle, politique, sociale et religieuse de l'Europe. Elle revendique aussi une identité « profonde » qu'elle refuse de donner à voir au monde « profane ». Comment comprendre et concilier cette dimension essentiellement initiatique et celle, plus politique, qui veut changer la société ? Cet ouvrage propose une introduction générale à la franc-maçonnerie. Il est le fruit des réflexions croisées de deux spectateurs engagés, familiers du monde maçonnique et curieux de son histoire. Grâce à un regard duel, à la fois empathique et distancié, il offre au lecteur un guide de voyage dans un monde parfois déroutant et éclaire le sens du projet maçonnique.
Spinoza fut attaqué de toutes parts, mais ses positions marquèrent les controverses sur la Bible, le droit naturel et la liberté de conscience. On retrouve sa trace dans les Lumières, l'idéalisme allemand, le marxisme et la psychanalyse. L'Éthique et le Traité théologico-politique construisent une pensée de la Raison, refusant la finalité, la Providence et l'illusion du libre arbitre, une pensée de l'universalité des lois de la nature, de la singularité individuelle, de la liberté de philosopher. Chez Spinoza, rien n'est au-dessus de l'entendement humain ; l'étendue n'est pas moins divine que la pensée ; le bien et le mal sont relatifs ; l'homme n'est pas un empire dans un empire ; la fin de l'État est la liberté.
Conflit atypique entre les États-Unis et l'URSS, alliés conjoncturels de 1941 à 1945, la guerre froide est l'histoire d'une opposition entre deux idéologies irréconciliables : le libéralisme et le communisme. Analysant le processus d'entrée dans la guerre froide, la logique profonde des crises de Corée et de Cuba ou encore la course au nucléaire, Catherine Durandin passe en revue l'évolution des stratégies militaires, les étapes du dialogue américano-soviétique - entre chantages et accords ponctuels?- et la façon dont les populations ont vécu le conflit. Avec le mur de Berlin, le bloc soviétique a éclaté et l'URSS s'est effondrée. Pourtant, à l'heure de la guerre en Ukraine, n'assiste-t-on pas au retour de la guerre froide ?