La France des XIVe et XVe siècles est une France marquée par la tragédie : famines, pestes, révoltes populaires, conflits civils et militaires... C'est le siècle de la "Guerre de Cent Ans". Cette guerre connut plusieurs phases, entrecoupées d'accalmies et de trêves. La durée du conflit, les souffrances de ceux qui l'ont provoqué ou en ont pâti, interdisent cependant de le réduire à l'écume des jours, de le résumer à l'apparence des événements dramatiques : c'est la raison du titre de cet ouvrage. Car ce livre s'attache moins à la narration circonstanciée des misères et malheurs de ces guerres sans fin, qu'à les comprendre, afin de restituer l'ordre qui se cache derrière le désordre et le chaos des apparences. L'"automne du Moyen Âge" est marqué par l'affirmation de l'État monarchique, une construction territoriale unifiée par la soumission à la souveraineté du roi. La conscience d'une identité "nationale", incarnée par Jeanne d'Arc, s'est forgée dans la douleur et l'épouvantement d'un siècle de fer, alors que Charles VII (1422-1461) n'est plus un prince féodal mais un véritable chef d'État.
Boris Bove renverse quelques idées reçues à propos de "la crise" des XIVe et XVe siècles : il invite à se méfier des chroniqueurs, trop enclins à détecter les signes annonciateurs de l'Apocalypse et du Jugement dernier, souvent portés à l'amplification des "malheurs du temps" pour mieux en rendre responsable le parti adverse, ennemi de toute "réforme". Le temps de la guerre de Cent Ans n'est pas celui d'une décadence globale mais une période tourmentée et féconde, comme en témoigne l'éclat des arts, des lettres et de la vie de cour et qui parvient, malgré tout, à renaître et à édifier les fondements d'un monde nouveau.
Deux siècles durant, deux dynasties françaises, les Plantagenêts et les Valois, placées l'une à la tête de l'Angleterre, l'autre sur le trône des fleurs de lys, se sont livré une lutte à mort. Comment les rois de France, qui font figure de besogneux, tandis que leurs flamboyants adversaires récoltaient les lauriers de Crécy, Poitiers et Azincourt, ont-ils in fine remporté la victoire?? Ce n'est certes pas le seul effet du hasard ou de la Providence. Les Valois ont gagné, parce que, mieux que leurs adversaires, qui ne manquaient pourtant ni de volonté ni d'intelligence, ils ont su concevoir et mettre en oeuvre une stratégie globale, diplomatique et militaire, mais aussi politique, fiscale, sociale et idéologique. C'est ce que démontre avec brio Amable Sablon du Corail à travers le passionnant récit de cette confrontation totale, dont l'objet était tout autant la conquête des coeurs et des âmes que celle de territoires, de villes ou de forteresses.
Au moment où les royaumes d'Occident expulsent les Juifs, les princes de l'Italie de la Renaissance, eux, les gardent à leurs côtés ou les accueillent. Pourquoi, dans le duché de Milan ou celui de Savoie, dans la Ferrare des Este ou la Mantoue des Gonzague, les Juifs sont-ils même mieux acceptés que dans les républiques oligarchiques voisines, comme Venise, Gênes ou Florence ? Les politiques des princes envers les Juifs permettent de révéler le fonctionnement et les valeurs fondamentales de leur pouvoir. Ils s'efforcent de réduire la diversité politique de leurs États en imposant leur autorité à tous ceux qu'ils considèrent comme leurs « sujets ». Les princes souhaitent-ils pour autant édifier une société politique lisse et fluide ? Leur pouvoir politique s'exerce plutôt sur de nombreux particularismes, dont celui des Juifs, qu'ils acceptent largement tant que l'ordre et la justice sont respectés. Les Juifs, entité politique hétérogène, sujets, voire citoyens comme les autres, bénéficient pendant un temps de ce modèle, qui s'inscrit dans la longue histoire des minorités et de leurs droits, mais qui fut radicalement remis en cause à l'époque moderne.
À la différence de son encombrante rivale, Agnès Sorel, l'épouse de Charles VII, Marie d'Anjou, « reine sans gloire », reste dans l'ombre de l'Histoire. Elle n'est pas la seule. La plupart des souveraines des XIVe et XVe siècles - Jeanne d'Évreux, Jeanne de Bourbon ou Charlotte de Savoie - sont tombées dans l'oubli. Seules deux reines de cette période se détachent : Isabeau de Bavière et Anne de Bretagne, ancrées dans la mémoire de la « nation France », l'une par le rôle politique qu'elle joua, l'autre par son statut mythifié de dernière duchesse de Bretagne, qui, jusqu'au bout, se serait battue pour maintenir l'indépendance de sa principauté.
Or bien avant Catherine ou Marie de Médicis, ces femmes ont joué un rôle essentiel pour la Couronne, non seulement parce qu'elles portaient les destinées de la dynastie, mais encore parce qu'elles incarnaient, auprès de leurs époux, la majesté royale.
Murielle Gaude-Ferragu redonne ici une mémoire à ces reines oubliées et s'interroge sur la véritable nature de leur pouvoir et sur leurs fonctions au sein de la cour et du royaume de France.
L'auteur de Philippe le Bel s'attache aujourd'hui à ce long siècle qui suivit la mort des derniers Capétiens. Mais fallait-il écrire l'histoire d'une guerre? Jean Favier montre que ce conflit n'est pas seulement phénomène en soi, il exprime les mouvements profonds qui animent la société médiévale: par-delà les batailles _ où il arrive que le sort d'un royaume se joue en quelques quarts d'heure _, la guerre devient facteur déterminant des infléchissements de l'histoire dès lors que le noble et le clerc, le bourgeois et le paysan pensent et se comportent en fonction de cette guerre. Qu'elle soit réelle ou supposée, proche ou lointaine, voilà qui change peu cet horizon mental qu'est la guerre pour cinq générations qui ont su qu'elle faisait partie de leur vie.
La guerre de Cent Ans a été le lot commun des individus comme des groupes humains, celui des féodaux encore pris dans leurs fidélités contractuelles, celui des officiers royaux découvrant le service de l'Etat à mesure qu'ils le conçoivent, celui de maîtres de l'Université que leurs engagements intellectuels mènent à des conflits qui n'étaient point les leurs.
En un étonnant contrepoint où passent les visages renouvelés d'un Charles le Mauvais, d'un Bertrand du Guesclin, d'un Pierre Cauchon et de bien d'autres, Jean Favier fait jouer les thèmes divers qui s'appellent le nationalisme naissant, la réforme de l'Etat et l'unité de l'Eglise, le prix du blé et le salaire du maçon, l'influence parisienne et la force provinciale, le métier des armes et la volonté de paix.
Jean Favier est né en 1932. Membre de l'Institut, directeur général des Archives de France, il est aussi professeur à l'université de Paris-Sorbonne et directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Il s'est fait connaître par de nombreux travaux sur les finances médiévales et sur les structures économiques et sociales de Paris à la fin du Moyen Age. Ses livres Philippe le Bel, François Villon, De l'or et des épices ont tous connu un grand succès. Il dirige l'Histoire de France (Fayard) dont il a lui-même écrit le tome II, Le Temps des principautés.
De la condamnation de 1431 à la réhabilitation de 1456, les deux procès de Jeanne d'Arc racontent l'hitoire sous la légende. Ils disent les exigences et la prudence des rois, le lourd juridisme des clercs retranchés derrière les règles de la procédure, l'inquiétude d'une Église de l'ordre face aux élans, aux espoirs et aux révoltes de la religiosité populaire. En composant un dossier qui sera classique, Georges et Andrée Duby montrent comment, autour de la voix de Jeanne, raisons et silences dessinent le champ de forces d'un siècle : voici l'envers de notre plus grand mythe national.
Pour le centenaire de la canonisation de la Pucelle d'Orléans, le plus grand spécialiste mondial nous raconte Jeanne telle qu'en elle-même, la démultipliant dans toutes les dimensions de son temps. Un antidote aux instrumentalisations. Jeanne d'Arc est-elle apparue en son temps comme l'incarnation de la résistance contre l'envahisseur ? A-t-elle été la stratège militaire que la chronique a retenue ? Est-elle morte telle l'image de la sainteté que l'Église a fini par consacrer ? Comment ses contemporains, le roi Charles VII et sa cour qui peinent à la suivre, Henri VI et ses troupes qui la combattent, l'évêque Cauchon qui instruit son procès en hérésie, l'ont-ils perçue ? Comme une folle illuminée, une prophétesse inspirée, une guerrière héroïque ou une figure providentielle ?
Philippe Contamine revient ici sur l'édification de la légende de la Pucelle d'Orléans. Exhumant archives oubliées et documents inédits, il départage la vérité du mythe et inscrit Jeanne dans son temps, entre les chaos et les fracas de la guerre de Cent ans. Il la restitue à l'univers chevaleresque qui anime l'Europe d'alors. Il en fait la clé d'une fresque culturelle sur la période la plus pré-moderne du Moyen Âge.
Un tableau vivant, indispensable pour déchiffrer et comprendre l'imaginaire français. Un antidote aux instrumentalisations.
De l'an mil à 1789, la noblesse fut en France une qualité transmise par le sang, dans le cadre, prépondérant sinon exclusif, du mariage chrétien. Spécifiquement, son histoire visait à s'inscrire sous le signe de la reproduction sociale. De 1300 à 1500, le fort sentiment d'identité de ses membres se trouva encore renforcé par l'intervention des hérauts d'armes. Quoique très minoritaires, les nobles persistèrent alors à jouer un rôle central, malgré les crises auxquelles ils furent confrontés et les contestations dont ils furent l'objet.
Les études ici réunies traitent de ce vaste sujet, l'accent étant mis sur le château, vu de l'intérieur et de l'extérieur, la seigneurie comme source de pouvoir et de revenus et les chevaux " de nom ". Parmi les activités propres à ce milieu – telle la chasse avec chiens ou oiseaux et plus encore les armes –, les joutes et les tournois, ce sport aristocratique pratiqué dans le cadre de la vie de cour, ne sont pas oubliés.
Certes, juridiquement et idéologiquement, on est en présence d'une société d'ordres, ce qui aurait dû conduire à un immobilisme structurel. Mais la réalité est plus complexe, comme le montre, au sein des " bonnes villes ", la place des nobles face aux notables. La noblesse ? Une " élite " parmi d'autres, qui, de facto sinon de jure, se renouvelait régulièrement. Ici comme ailleurs, la vie l'emportait sur les principes.
À la fin du Moyen Âge, après des siècles d'abandon du lexique maritime antique, les écritures souveraines s'agitent soudain, car les mots d'une nouvelle accusation pénale sublime - le crime de piraterie des Latins - s'infiltrent dans les archives. Peu à peu, le lexique médiéval des « larrons de mer » se retire des rivages, tandis que s'avance le « pirate » : la France réinventait son criminel en mer au seuil de la modernité. Cette mécanique fut avant tout atlantique et royale : une invention, ou découverte, de la piraterie, telle une relique sainte du passé romain qui serait remontée à la surface avant d'être exploitée par les Valois pour ses vertus pénales. Cette apparition médiévale du pirate français est remarquable en ce qu'elle scrutait désormais l'obéissance des gens de mer, ainsi mis en sujétion par une inflexion terrible de la doctrine pénale. Le royaume de France, devenu une puissance maritime au XVe siècle, livrait ici un nouveau récit pénal des navigations, dans lequel pirates et rois se combattaient, pour mieux transformer le statut de ses frontières atlantiques.
L'histoire d'une des plus fascinantes familles du Quattrocento italien.Le siècle dit " des Médicis " passe pour un moment d'exception, un modèle d'équilibre politique comme de perfection esthétique. Au xve siècle affluent effectivement à Florence, en ce brillant Quattrocento, artistes, architectes, érudits et philosophes qui en font le phare de la Renaissance italienne. Mais rien n'aurait été possible sans la toile économique patiemment tissée depuis des dizaines d'années par les fondateurs méconnus de la dynastie des Médicis, des banquiers qui, en dépit des graves soubresauts qui agitèrent l'histoire de la ville, montèrent un réseau de succursales qui firent la fortune de la famille. Fort de sa connaissance intime de la période, Jean-Yves Boriaud montre comment les Médicis, appuyés sur cette solide infrastructure, réussirent à s'emparer, sous Cosme (1434-1464) puis Laurent " le Magnifique " (1469-1492), de la réalité du pouvoir politique dans cette " république " aux rouages compliqués et à conforter cette puissance en se constituant une cour de haute culture, à même de célébrer les exceptionnels mérites du clan. Cela avant que le système montre ses limites et qu'en sollicitant à l'excès les ressources de la banque familiale, Laurent et ses successeurs ne le conduisent à l'échec final, la faillite de 1494.
L'ascension, l'apogée et la chute d'une famille mythique, racontée avec brio par l'historien des Borgia.
Les femmes de la Renaissance florentine régnaient-elles sur la ville, comme tant d'images du Quattrocento et d'historiens depuis le XIXe siècle l'ont suggéré ? Cette vision idéalisée est-elle confirmée par la documentation historique touchant aux rapports de genre et à la vie familiale ?
En Toscane, dans la pratique, les femmes ne sont pas encouragées par le droit et la coutume à investir ou à gérer de façon autonome leurs affaires. La tradition confine les femmes dans la sphère domestique. Même les missions qui sont le plus volontiers abandonnées aux mères, l'éducation des tout-petits par exemple, tombent sous le feu de la critique des clercs. Christiane Klapisch-Zuber suit le fil de la vie des Florentines avant, pendant et après leur mariage. En étudiant les représentations mentales et figurées, elle éclaire les multiples facettes de la domination masculine dans une société renaissante où l'écriture et la culture sont largement partagées par les maris, mais encore fort peu par leurs soeurs et leurs épouses. L'historienne nous conduit ainsi, au-delà des témoignages et des images de l'époque qui sont presque toujours produits par des hommes, au plus près de la vie des femmes et de la manière dont elles ont vécu, entre exclusion et intégration.
La guerre de Cent Ans est un événement essentiel dans la constitution des royaumes de France et d'Angleterre et a marqué de son empreinte les relations entre les deux pays.
Cette synthèse donne les clés pour décrypter les raisons, dépeindre le contexte, présenter les acteurs et décrire le déroulement d'un conflit qui dura de 1330 à 1453. L'auteur propose ici un parcours thématique qui envisage la guerre de Cent Ans comme un phénomène global : politique, idéologique, militaire, sociétal... vu aussi bien du côté français qu'anglais.
S'appuyant sur de nombreuses sources - officielles, littéraires, iconographiques -, un appareil cartographique, des encadrés et des études de cas, ce volume permet à l'étudiant de construire un exposé, élaborer une dissertation ou rédiger un commentaire de document.
Sur le plan de l'histoire juridique, dans l'Europe de l'ouest qui relevait de Rome et de son droit, la persistance d'une Antiquité tardive jusqu'à l'orée du Moyen Âge que Duby qualifiait de « classique » semble se confirmer : la survivance des codes impériaux, la constitution d'un premier droit de l'Église, le maintien d'une pratique formulaire, les calques romains dans les lois dites « barbares » et les échos d'Isidore de Séville jusqu'en Irlande. Pourtant, à y regarder de plus près, le droit romain est un droit populaire, qui compose avec des pratiques provinciales, et si le droit qu'établit l'Église au IVe siècle respecte celui de la res publica, il n'en est pas moins une nouveauté. Les lois barbares s'efforcent d'adapter les coutumes des nations aux exigences de l'ordre impérial : la permanence de l'Antiquité en droit, surtout dans le nord de l'Europe, est peut-être plus une illusion de forme qu'une réalité de fond. C'est ainsi que tous ces courants confluent pour former un droit vivant qui, à travers ses déclinaisons multiples, peut être qualifié d'« européen ».
À partir des chroniques nobiliaires d'époque trastamare, cette étude cherche à établir comment la guerre était vécue et racontée en Castille au xve siècle. Les deux premiers chapitres portent sur les conditions de production de ces textes, et abordent les problèmes posés par la mise en récit de l'expérience vécue. Les trois suivants montrent que la culture de guerre est alors largement partagée au sein de la noblesse, sans considération de genre ni de statut : femmes et clercs n'en sont pas exclus. En revanche, le discours sur la guerre construit une forme d'exclusivité nobiliaire qui se manifeste dans le traitement narratif réservé aux combattants roturiers. Le dernier chapitre aborde enfin le combat dans une perspective anthropologique, en s'attachant au corps et aux émotions du guerrier.
La guerre de cent ans est un des épisodes le plus fortement fondateur de la cohérence du royaume de France. Entre 1337 et 1453, elle a opposé la dynastie des Valois aux rois d'Angleterre qui prétendait régner sur le pays au nom d'un droit de succession.Tant de batailles et d'événements sont entrés dans notre imaginaire national, telles les victoires de Du Guesclin et les défaites, comme la terrible bataille d'Azincourt. Ce fut aussi l'époque d'Etienne Marcel guidant une révolte, un temps où bientôt un roi fou, Charles VI, gouverna le pays avant d'être placé sous la tutelle de sa femme. Divisé, le royaume tomba dans une terrible guerre civile, alors que s'établissait pour la première fois à Paris un roi britannique, encore enfant, couronné sous le nom d'Henry VI. Shakespeare écrira de belles pages sur cette domination anglaise et son occupation du territoire. Et Jeanne d'Arc émerge de ce tourbillon. Le magazine l'Histoire dès sa création a demandé à des spécialistes d'éclairer cet immense chantier intellectuel. Plus récemment, il a élaboré un dossier sur ce sujet qui permet de mesurer les changements historiographiques. Ces articles forment la trame de ce nouveau livre. Les signatures de grands historiens comme Philippe Contamine, Jean-Philippe Genet, Bernard Guené ou Nicolas Offenstadt apparaissent dans ces pages. Elles montrent la vitalité d'une de la réflexion sur une période qui, encore en 2013, figure au programme de l'agrégation. Christopher Allmand, Colette Beaune, Patrick Boucheron, Boris Bove, Philippe Contamine, Christopher Fletcher, Jean-Philippe Genet, Bernard Guénee, Nicolas Offenstadt...
La Renaissance est accusée de nourrir le roman de la supériorité européenne, technique, culturelle et économique. Elle est également à l'origine des figures contestées de l'État et d'une première mondialisation, forcément brutale et malheureuse. Quant à l'humanisme, il a légué l'élitisme scolaire et un spécisme en faveur de l'homme au détriment de l'animal. Bref, la période illustre toutes les dérives de l'esprit moderne, individualiste et narcissique, dont le transhumanisme serait le dernier avatar.Ce livre expose le bien fondé de certaines critiques, mais aussi les fantasmes qu'elles mobilisent. Il revient notamment sur la genèse du terme, la Renaissance s'opposant au « Moyen Âge » inventé au XVIe siècle par des hommes qui voulaient faire renaître l'Antiquité, ainsi que sur le Quattrocento italien, son véritable modèle, et sur les Réformes religieuses qui ont marqué la naissance de la modernité. Tenant compte des critiques, de l'historiographie ancienne et la plus récente, l'ouvrage propose de fixer les principaux traits de la Renaissance que l'on peut retenir aujourd'hui. Non, la Renaissance n'est pas morte.
Le mystère des templiers exerce une fascination particulière chez nos contemporains. La simple évocation d'un grand-maître, d'une commanderie ou d'une baillie suffit à déclencher un puissant imaginaire, mêlant trésor perdu, guerre sainte et complot royal.
Pour sortir des idées reprises en boucle, l'auteur, spécialiste incontesté des ordres religieux-militaires, réunit dans cet ouvrage une somme de données précises sur la réalité templière.
Ni biographie collective ni dictionnaire, ce livre recueille et décompte toutes les informations mentionnées sur des templiers dans les procès et autres procédures qui s'étalèrent de la rafle du 13 octobre 1307 jusqu'à la fin de l'ordre en 1312.
Origines, carrières, lieux... qu'ils soient chevaliers, chapelains, sergents, c'est tout un peuple qui surgit à travers les 2 336 templiers recensés, actifs pour le plus ancien depuis 1248, et 1 135 physiquement présents dans l'une ou l'autre des procédures.
À la fois catalogue et base documentaire, cet ouvrage renseigne une période importante de l'histoire de l'ordre qui envoie alors massivement des recrues à Chypre dans la perspective de reprendre pied en Terre sainte.
Il n'était pas facile d'écrire l'histoire de la Cité de Liège. Cette grande ville n'a pas d'archives. Cinq catastrophes, marquées par les dates de 1212, de 1408, de 1467, de 1468 et de 1794, ont anéanti la plupart des documents qui auraient pu nous renseigner sur son passé. On se tromperait si l'on croyait trouver un dédommagement dans les sources narratives. Certes,l'historiographie du pays de Liège est, au moyen-âge, d'une richesse extraordinaire mais les chroniqueurs liégeois ne se sont guère intéressés qu'à l'histoire des princes-évêques n'ont parlé de la Cité qu'à l'occasion des conflits qui la mettaient aux prises avec le prince.
Si la ville de Liège a perdu toutes ses archives, cela ne veut pas dire que toutes soient détruites. Les documents relatifs a sa vie intime, à sa comptabilité, aux séances de son Conseil communal, au fonctionnement de ses diverses institutions, sont peut-être irrémédiablement perdus, mais il n'en est pas de même grand nombre d'autres qui, à cause de leur caractère d'utilité quotidienne, ont été conservés ailleurs que dans le coffre de la Cité. Recueillir et classer tous ces documents épars était le premier travail qui s'imposait. Je ne m'y suis pas dérobé, et je crois avoir réuni à peu près tout ce qui existe... (extrait de la Préface, éd. orig. de 1909).
Publiée en 3 tomes (1909-1910), la Cité de Liège au Moyen-Âge couvre la période allant des origines connues au début du XIVe siècle (tome Ier) ; le XIVe siècle (Tome 2) ; le XVe siècle (Tome 3), jusqu'à la destruction de la ville par Charles-le-Téméraire.
Godefroid Kurth (1847-1916) né à Arlon (Belgique), professeur d'histoire médiévale à l'Université de Liège et historien. On lui doit de nombreux ouvrages historiques, notamment un La lèpre en Occident avant les Croisades ; Histoire poétique des Mérovingiens ; Clovis, le fondateur ; Notger de Liège et la civilisation au Xe siècle ; Études franques, etc. Mais la Cité de Liège au Moyen-Âge reste son oeuvre majeure, un classique par excellence pour comprendre et apprécier le passé de la prestigieuse et orgueilleuse capitale de la Principauté de Liège.
Qui sait qu'au XVe siècle une communauté juive vivait tolérée sur les terres provençales d'un souverain oublié, le roi René ? Comment s'organisait cette coexistence religieuse ? À quoi ressemblait le quotidien de ces habitants d'alors ? Quel a
Ainsi que le dit Brantôme : « Je crois qu'il ne fut jamais quatre plus grands ducs les uns après les autres, comme furent ces quatre ducs de Bourgogne ». Le premier, Philippe-le-Hardi, commença à établir la puissance bourguignonne et gouverna la France durant plus de vingt ans. Le second, Jean-sans-Peur, pour conserver sur le royaume le pouvoir qu'avait eu son père, commit un des crimes les plus éclatants de l'histoire moderne; par là il forma de sanglantes factions et alluma une guerre civile, la plus cruelle peut-être qui ait jamais souillé notre sol. Succombant sous un crime semblable, sa mort livra la France aux Anglais. Philippe-le-Bon, son successeur, se vit l'arbitre entre la France et l'Angleterre ; le sort de la monarchie sembla dépendre de lui. Son règne, long et prospère, s'est signalé par le faste et la majesté dont commença à s'investir le pouvoir souverain, et par la perte des libertés de la Flandre, de ce pays jusqu'alors le plus riche et le plus libre de l'Europe. Enfin le règne de Charles-le-Téméraire offre le spectacle continuel de sa lutte avec Louis XI, le triomphe de l'habileté sur la violence, le commencement d'une politique plus éclairée, et l'ambition mieux conseillée des princes, qui, devenus maîtres absolus de leurs sujets, font tourner au profit de leurs desseins les progrès nouveaux de la civilisation et du bon ordre. C'était un avantage que de rattacher de la sorte le récit de chaque époque à un grand personnage ; l'intérêt en devient plus direct et plus vif; les événements se classent mieux ; c'est comme un fil conducteur qui guide à travers la foule confuse des faits... (extrait de la Préface, éd. de 1860). La présente réédition se base sur l'édition de 1860.
Amable-Guillaume-Prosper Brugière, baron de Barante né à Riom (1782-1866), préfet sous le Ier Empire, pair de France sous la Restauration ; ses idées libérales le font écarter de la vie politique et l'amène à se consacrer à ses études historiques. Il publie la première édition de l'Histoire des Ducs de Bourgogne (1824-1826) qui lui vaut d'entrer à l'Académie Française. Après la Révolution de 1830, il sera nommé ambassadeur en Piémont-Sardaigne, puis en Russie jusqu'en 1848.
Les historiens du Moyen Âge rencontrent assez fréquemment, dans leurs recherches, des hommes d'Église faisant la guerre. Ce sont la plupart du temps des prélats : évêques, abbés ou cardinaux. Ces hommes ne prenaient pas seulement les armes lors des croisades, mais aussi au cours de conflits séculiers, sans aucun motif religieux, comme la Guerre de Cent Ans. Or, contrairement aux idées reçues, l'usage des armes par le clergé n'était pas totalement interdit au Moyen Âge. De nombreux motifs permettaient aux prélats de justifier leur participation aux conflits armés, d'autant plus qu'en tant que seigneurs et vassaux des rois, ils étaient sollicités par les pouvoirs séculiers. Tout était question de mesure : si les évêques les plus belliqueux pouvaient provoquer le scandale, d'autres furent considérés comme des héros. Pourquoi étudier ce sujet à travers l'exemple de la France du XVe siècle ? C'est qu'au cours de cette période, ces pratiques semblent se raréfier avant de quasiment disparaître. Est-ce sous l'effet de l'esprit de réforme qui anime l'Église après le Grand Schisme, lors des conciles de Constance et de Bâle, ou sous celui de la modernisation des structures de l'État monarchique français et de ses institutions militaires ? C'est à ces questions que se propose de répondre cet ouvrage, à travers l'étude des actes et du mode de vie de ces prélats combattants, des questions de droit, de la manière dont ils furent jugés par la hiérarchie ecclésiastique et la société de leur temps.
Au matin du vendredi 13 octobre 1307, tous les Templiers du royaume de France sont arrêtés et accusés de pratiquer des rites hérétiques, dont la sodomie, le crachat sur la croix, le baiser obscène et le reniement du Christ.
Cette arrestation s'inscrit dans un contexte de vives tensions entre l'Église et le royaume de France. Avec l'aide de ses conseillers, le roi Philippe le Bel développe la rhétorique selon laquelle les pouvoirs temporel et spirituel doivent être entre ses mains, au détriment de l'idéal ecclésial de supériorité du spirituel sur le temporel. Accusant la milice armée de l'Église de pratiquer des rites hérétiques, cette arrestation vise à démontrer que l'Église héberge l'hérésie en son corps et que seul le roi peut dorénavant défendre la foi chrétienne contre cette menace que représentent les Templiers.
À partir du procès des Templiers, ce livre analyse les relations et les tensions, toujours d'actualité, entre l'Église et l'État à l'aube du XIVe siècle.
Charles de France n'est pas un personnage quelconque. Le conflit dont les phases vont être racontées est né des dissentiments qui existèrent de très bonne heure entre ce prince et le roi Louis XI, son frère ; il a évolué dans une période de crise aiguë où la complexité des sentiments les moins recommandables a ébranlé la confiance et dérouté l'opinion ; il s'est achevé dans le lamentable effondrement d'une ambitieuse coterie dont Charles de France n'était guère que le chef nominal. Ce fut ce prince que l'on mit en avant, lui que l'on jeta imprudemment dans la mêlée ; ce fut lui, presque inconsciemment, l'âme de la coalition des princes contre le pouvoir royal. On a négligé les influences exercées sur lui pour ne juger que le rebelle. On s'est indigné du rôle que d'autres lui ont fait jouer, sans examiner l'ambiance où sa jeunesse inexpérimentée s'est trouvée entraînée. On ne lui a point pardonné parce qu'il a perdu la partie. A l'âge des folles entreprises et des présomptueuses pensées, il a disparu de la scène politique, et sa mort causa au roi de France un soulagement profond... » (extrait de l'Introduction).
Paru initialement en 1921, cet ouvrage imposant de plus de 800 pages est la biographie de Charles de France (1446-1472), dernier fils de Charles VII et plus jeune frère du roi Louis XI, roi contre lequel il ne cessera de comploter. Il reçut successivement en apanage le duché de Berry (1461-1466), puis celui de Normandie (1465-1469) et enfin il sera l'ultime duc « souverain » de Guyenne (1469-1472).
Henri Stein (1862-1940), né à Perry, historien et archiviste, conservateur aux Archives Nationales. On lui doit de très nombreux ouvrages historiques, notamment sur la Sainte Chapelle, l'Hôtel-Dieu de Beaune, le château de Fontainebleau, un Catalogue des actes de Charles Le Téméraire, un Manuel de bibliographie générale, une Bibliographie générale des cartulaires français, Archers d'autrefois, archers d'aujourd'hui... Il fut le fondateur de la Société historique et archéologique du Gâtinais.
Cet ouvrage est à la fois le récit et l'analyse des conséquences d'une bataille médiévale, la bataille d'Anthon, épisode notable des guerres du xve siècle qui ont opposé le royaume de France et le duché de Bourgogne.
Elle se déroule pendant la guerre de Cent Ans, entre le 7 et le 11 juin 1430. Le Duc de Bourgogne, allié des Anglais et soutenu par le duc Amédée de Savoie, décide de mener une attaque contre le Royaume de France en positionnant d'importantes garnisons à Anthon, près de Lyon.
Le gouverneur du Dauphiné et le Maréchal de Lyon parviennent à constituer une armée de 1600 hommes et remportent la victoire.
Les Bourguignons sont mis en déroute et les Savoyards en sont pour leurs frais. Conséquence politique: le Dauphiné reste dans le royaume de France, démontrant la solidité des liens étatiques qui unissent Lyon et le Dauphiné au Royaume de France.