Lors de la parution de ce livre, en novembre 1988, 70e anniversaire de la victoire, il y avait encore 25 000 survivants de la Première Guerre mondiale, pour témoigner des ultimes combats qui précédèrent la fin de la guerre la plus meurtrière que la France ait vécue. Apparemment, la France et ses Alliés furent très près de la défaite à la veille de leur triomphe. En fait, l'adversaire était en bout de course. Partant de ces jours de printemps 1918 où les Allemands parvinrent à 60 km de Paris, Claude Dufresne parcourt, jour après jour - dans le camp allié comme dans le camp ennemi - l'itinéraire qui conduira à l'armistice du 11 novembre. Il évoque non seulement les grandes batailles qui se sont déroulées du mois de mai au mois de novembre, mais aussi la vie quotidienne des combattants, celle des gens de l'arrière, celle des principaux acteurs du conflit : Poincaré, Clemenceau, Foch, Pétain, Guillaume II, Ludendorff, Hindenburg, Wilson. D'autres encore, nous apparaissent avec leurs grandeurs et leurs faiblesses. Ayant dépouillé de nombreuses archives, tant françaises qu'anglaises, américaines et allemandes, Claude Dufresne nous raconte les dessous d'un drame, dont les hostilités qui se déroulent sur le terrain, ne sont qu'un des aspects. Les conflits de personnes qui, même en ces heures tragiques, opposent les uns aux autres les responsables des opérations, sont éclairés d'un jour nouveau. Pour cela, l'auteur donne souvent la parole aux témoins, dirigeants ou exécutants. Ainsi, le débat qui, à partir de juillet 1918, agite le gouvernement et le commandement allemands, est l'un des apports les plus passionnants de ce livre. Enfin, l'explosion de joie qui salue le jour de l'Armistice, le jour le plus beau, selon les paroles de Clemenceau, revit grâce à des images prises sur le vif et à des confidences recueillies aux sources.
Le lundi 27 juillet 1987, un inconnu apporte à René de Chambrun une lourde enveloppe. Elle contenait des documents volés dans la cellule de Pierre Laval, sur ordre, pendant que le prisonnier était au parloir. Parmi eux, une longue lettre au Général de Gaulle, des explications sur son action, des preuves nouvelles de la volonté d'empêcher une véritable instruction et un vrai procès. Ces documents, et d'autres - dont un inédit de Paul Morand et des pièces d'archives du dossier de l'accusation que Georges Pompidou avait ouvert à Josée et René de Chambrun à l'insu du Général de Gaulle - ont incité René de Chambrun à écrire cet ouvrage.
Il se distingue des précédents, consacrés à la politique et au procès de Pierre Laval, d'abord par des inédits - souvent surprenants - qui lèvent encore une partie du voile, ensuite par sa nature même que définit le titre : ce sont des souvenirs. René de Chambrun raconte, sans jamais nous lasser, tant son style est alerte et son récit truffé de scènes et de portraits, les péripéties et les succès qui, depuis la Libération, ont jalonné ses « combats », pour faire triompher sa conviction et dénoncer l'« assassinat » de son beau-père.
Document pour l'Histoire, ce livre vivant, passionné, est aussi un témoignage émouvant de l'acharnement, inlassable et courageux, avec lequel René de Chambrun s'est voué à la défense de son beau-père, un combat constamment nourri par de nouvelles découvertes.
Berlin, 9 novembre 1989 : le mur de la honte est ouvert. Cet événement marque le terminus historique du XXe siècle, en même temps qu'il déclenche la course à la réunification allemande, et la dissolution dans le bloc communiste, jusqu'à l'éclatement de la Tchécoslovaquie et de la Yougoslavie. Georges Valance a retrouvé les acteurs de cette histoiren et obtenu leurs confessions. Il a entendu les diplomates en poste à l'époque - notamment à Bonn et dans les capitales européennes -, les conseillers et ministres - d'Hubert Védrine ou Roland Dumas, à Edvard Ackermann et Hans Tietmeyer. Il écrit ainsi l'histoire inédite d'une journée révolutionnaire. Mais l'heure est aussi au bilan. Il faut comprendre la nature de cette nouvelle Allemagne, décomplexée, soucieuse de ses intérêts d'abord, et qui, en se proclamant république de Berlin montre qu'elle se considère comme le premier acteur d'Europe. Ce livre analyse les ambitions de cette nouvelle république et les conséquences qui en résultent, notamment pour la France. Là aussi, la qualité et l'originalité des sources utilisées permettent d'écrire une histoire immédiate de l'Allemagne réunifiée.
Ce livre est le fruit de vingt années de recherches en histoire africaine. Il s'attaque à la désinformation et à la contre-histoire que certains médias et certains historiens véhiculent depuis des décennies. L'auteur, spécialiste du passé du continent noir, remet en question de nombreux tabous. Ainsi explique-t-il que, dans une grande partie de l'Afrique, les Noirs n'ont nullement été les premiers occupants, que les guerres tribales sont une constante de l'histoire africaine, que l'Europe n'a pas brisé l'équilibre des sociétés paradisiaques; qu'en Afrique du Sud, les Blancs ont précédé les Noirs sur 50 pour 100 du territoire ; que le credo normalisé par les historiens officiels et par l'Unesco repose trop souvent sur des à-priori idéologiques qui réduisent la valeur scientifique de leurs démonstrations. Il estime que la colonisation fut une chance historique pour l'Afrique noire qui n'a pas toujours su la saisir. Il montre que dans les années 1950 l'Afrique sub-saharienne était la partie la plus paisible du monde, que le continent noir ignorait alors les famines, que l'indépendance - trop brutale - eut pour l'Afrique des aspects négatifs, que l'on attribue à de fausses causes les maux dont elle souffre. La production alimentaire y croît plus lentement que la population, les intérêts de la dette ne peuvent plus être remboursés et l'ethnisme enraye le progrès. Au terme de son analyse, Bernard Lugan conclut qu'il faut cesser d'accuser le climat ou le prétendu pillage colonial. Il constate que tous les projets de développement ont échoué en Afrique et que, pour le monde développé, la question est désormais la suivante : que faire de plus pour sauver l'Afrique, pour éviter de continuer à dilapider une aide qui, détournée de ses objectifs, finit par aggraver la situation.
Qu'ont fait, pendant la dernière guerre, les syndicalistes chrétiens ? Pour ces hommes de bonne volonté, la défaite de 1940 et l'occupation de la France par l'Allemagne nazie, constituent un traumatisme et une menace. Car l'Allemagne d'Hitler, c'est le pays où les syndicats sont interdits, où la religion chrétienne est rangée au magasin des superstitions.
Tout repose donc sur les choix de Vichy, et sur l'évolution du conflit. À partir d'une documentation neuve, riche et variée, Carole Saudejaud écrit l'histoire des relations complexes entre l'État français et les syndicalistes chrétiens. Elle montre comment, à l'attente inquiète de la première année d'Occupation, succède le temps des divisions, dès qu'est promulguée la Charte du Travail, le 26 octobre 1941. Ce sont dix-huit mois de controverses, de conflits, de rapprochements et de doutes qui sont, pour la première fois, analysés dans le détail. Enfin, en juin 1943, vient le temps de l'engagement massif dans la Résistance, des combats, mais aussi des espérances et des projets pour une France libérée et reconstruite.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Anne Boleyn, dite la Reine-sans-tête parce que son époux, Henry VIII, la fit décapiter, est fort peu connue en France. Très rares sont les ouvrages qui lui sont consacrés. En Angleterre même, elle est tenue pour une reine de peu de poids, sortie un moment de sa roture par une ambition dérisoire. Son règne, qui n'a duré que trois ans, n'aurait été marqué que par sa maternité de la future Élisabeth la Grande, son mauvais caractère, et sa mort sur l'échafaud. Or, s'étant intéressé à cette période, l'auteur s'est avisé de maintes invraisemblances. Et d'abord celle-ci : c'est Anne Boleyn qui a poussé Henry VIII, qui n'en voulait pas, au schisme d'avec l'Église de Rome ; événement capital, puisqu'il a révélé l'Angleterre à elle-même. Elle s'y est employée avec un étrange acharnement, jusqu'à se faire excommunier, ce qui était à l'époque une sanction épouvantable. Pour se faire néanmoins épouser à un tel prix par Henry VIII, après six ans de lutte et mille péripéties, ne poursuivait-elle pas plutôt une grande politique ? C'est ce dont ses lectures ont persuadé l'auteur, en dépit d'une légende tenace, qu'il s'efforce de dissiper. Une politique aux immenses conséquences, dont l'auteur montre, accessoirement, les prolongements jusqu'à nos jours ; et, de façon audacieuse, puisqu'il va jusqu'à attribuer à cette reine éphémère, la victoire de Churchill sur l'invincible armée allemande ; et, donc, liée à cette victoire, la libération de la France...
Il y a aujourd'hui un regain d'intérêt des Occidentaux pour l'Europe centrale. Les Français ont découvert au Centre Pompidou Vienne fin de siècle, sur laquelle régnait la monarchie des Habsbourg. Mais c'est tout l'Empire austro-hongrois qui a été acteur et témoin d'une culture européenne originale. Prague, capitale des Tchèques, en a été l'un des grands centres. Avec le romantisme naît la conscience d'une identité nationale encore fragile. Elle est l'affirmation d'une volonté d'exister, dans une région d'Europe qui est l'enjeu de l'impérialisme des grandes puissances. La nation tchèque, issue de l'action des intellectuels, prend corps à la veille de la révolution de 1848. Une des révélations de ce livre, c'est que l'idée d'intelligentsia vient, non pas de Russie, mais des Slaves de l'Ouest, Tchèques et Polonais. Comment les Tchèques vivent-ils, depuis deux siècles, leur propre destin, avec des moments de fierté ou de lourds malaises ? Comment expliquer, qu'à Munich en 1938, ou lors du printemps de Prague, l'État tchécoslovaque ait renoncé à une résistance armée pour explorer d'autres voies de résistance non violente ? L'Histoire est la justification suprême du passé et de l'avenir. Les Tchèques et les Slovaques ont su construire une nation, avec une culture politique démocratique originale, une réalité qui ressurgit au-delà des crises, et dans la continuité historique où se fondent leur culture et leur personnalité méconnues.
Un ultra-collaborateur décrit son parcours, sous son nom, à visage découvert, sans honte ni complaisance, et conscient des réactions qu'il peut susciter. La publication de cet étonnant document heurtera, en effet, ceux pour lesquels il faut rayer de notre mémoire les gens qui se sont fourvoyés dans le collaborationnisme et, par conséquent, leur refuser le droit de s'exprimer. Si cet engagement, aujourd'hui inconcevable, n'avait concerné qu'une poignée de Français, il n'eût d'ailleurs pas valu qu'on en témoignât. Mais ils furent des milliers, dont vingt-cinq mille ont porté volontairement l'uniforme allemand. Alors, tant de monde... N'est-il pas important, si l'on veut déployer sans fard l'éventail des comportements et des mentalités sous l'Occupation, de connaître le cheminement de ces hommes ?
Léon Gaultier, Berrichon de Bourges, diplômé d'études supérieures de lettres classiques, entre à vingt-cinq ans, en 1941, au cabinet de Paul Marion, secrétaire général de l'Information, avec lequel il s'était lié en 1936 au sein du PPF de Doriot. Cela nous vaut la restitution saisissante du climat qui régnait au sein de ce lieu névralgique, et la rencontre de gens qui ont perdu mémoire de leurs anciennes fréquentations. Mais Gaultier évolue de plus en plus vers les idées qui sont celles d'un Benoist-Méchin. Il entre à la Milice, et la quitte en juillet 1943 (avant qu'elle ne soit armée) pour se porter volontaire sur le front de l'Est. Il suit, pendant six mois, à Cernay (Alsace), l'instruction des élèves-officiers de la Waffen SS, et nous rapporte les étonnants discours révolutionnaires que leur tenaient les commissaires politiques, prônant une Europe nationale-socialiste. Blessé dès le premier combat en juillet 1944, il vit la retraite allemande d'hôpital de campagne en hôpital de campagne, jusqu'au 7 mai 1945. Puis, c'est l'odyssée du retour en France, la capture, les interrogatoires, Fresnes, le Struthof (où, dit-il, on le charge de donner des cours à ses "camarades d'infamie" [!]) et sa libération en juin 1948. Condamné à dix ans de réclusion, il en a accompli trois.
Son itinéraire, il le raconte avec talent, tel qu'il fut, sans chercher, à aucun moment, à se justifier ou à convaincre, pas plus qu'à battre sa coulpe. En restituant son évolution, son environnement, son passage à l'ennemi - qui pour lui ne l'était plus -, il apporte des éléments de réponse à des questions qu'il est trop commode d'évacuer. Comment et pourquoi des Français ont-ils pu épouser la cause de l'Occupant, s'engager à ses côtés, alors même que le vent avait tourné en faveur des Alliés ? Comment pouvaient-ils négliger l'opprobre qui s'abattait sur eux ? Comment ont-ils persisté dans leur engagement alors que se profilait la Libération ?
1991... 1941 : cinquante ans déjà ! Aujourd'hui, Bernard Duperier nous apporte le témoignage de ceux qui furent les chasseurs de l'Aviation Française Libre. Refusant l'Armistice, ils rallièrent l'Angleterre et acceptèrent, pour se battre, d'être incorporés à la RAF. Dernier descendant d'une famille de soldats, l'auteur nous raconte les difficiles départs de France, en 1940, après avoir brièvement évoqué sa campagne au Maroc, en 1928, commenté la situation explosive, après 1918, en Silésie polonaise qu'il connaissait particulièrement, et enfin la Drôle de Guerre. Ensuite, il brosse un tableau précis de ses combats aux côtés de nos alliés, entre le ciel et les flots du Pas-de-Calais, et la constitution, en novembre 1941, du groupe Île-de-France, dont il fallait assumer le commandement. En parcourant ces lignes, le lecteur aura, parfois, l'impression d'être lui-même dans le cockpit d'un Spit, aux prises avec la Luftwaffe ! Le 19 août 1942, c'est Dieppe, ensuite la Normandie, les attaques contre les installations allemandes et les rampes de VI - après le court intermède d'une mission de propagande aux États-Unis, où l'auteur rencontrera, à Hollywood, Jean Gabin et Jean-Pierre Aumont qui allaient s'engager dans la Ie Armée de la France Libre. Pour achever cette chanson de geste, Bernard Duperier est parachuté, en août 1944, près de Saint-Brieuc, et le pilote de chasse se mue en fantassin pour participer aux combats de la Libération. C'est le témoignage précis, et sans forfanterie, d'une grande figure de la France Libre.