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Michel de Maule
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1914-1918, la dernière lettre : les dernières lettres de soldats français tombés au champ d'honneur
Collectif
- Michel de Maule
- 1 Janvier 2014
- 9782876236004
Extrait
Lettre de Charles ADRien, Adjudant-Chef, 361e R.I., mort le 27 mars 1916, à Verdun.
Mon cher petit père,
Je suis heureux en ce jour de pouvoir t’adresser du fond de on coeur mes voeux et souhaits de bonne fête.
Je sais que tu préférerais que tous tes gars soient là pour te les exprimer de vive voix, mais sois bien certain, où qu’ils se trouvent, qu’ils ne t’oublient pas en ce triste jour qui devrait être si gai.
Les dures nécessités de l’existence nous imposent ce triste moment ; soyons convaincus, ce pendant, que bientôt tous réunis, de notre franc sourire, nous ferons oublier à tous et à nous-mêmes ces mauvais passages.
Ce 24 juin 1915 ne se passera pas sans que les pensées de mon coeur et de mon âme te soient adressées, à toi, mon cher petit père bien-aimé, qui sut faire de nous des hommes.
Sans penser à ce que nous sommes en ce mo ment, sois fier de tes enfants et de toi-même, car tu les as faits d’un moral et d’une santé assez élevés pour qu’ils puissent passer le plus aisément cette dure épreuve.
Tu as donc pour ta part contribué à nous donner une bonne chance de revenir. nous saurons trouver les autres.
Je souhaite que cette lettre t’arrive pour le 24, pour bien te marquer que nous pensons beaucoup à toi que nous aimons si tendrement.
J’espère que mon cher frère Baptiste, dans la dure épreuve morale qu’il traverse, ne doutera pas que nos pensées vont un peu vers lui aussi.
Ayons confiance qu’un jour proche nous re trouvera tous joyeusement réunis et que, si nous avons raté nos fêtes de
Famille cette année, nous puissions faire celle du coeur et du bonheur de nous revoir.
Je t’envoie de ma tranchée nouvellement con quise, bien près des boches qui nous marmitent en ce mo ment, ces petites fleurs que j’ai cueil lies à hébu terne avant de partir.
Puisses-tu trouver dans elles l’expression de mes plus tendres sentiments affectueux.
Ton fils,
Charlot.
Lettre écrite par le Lieutenant ARnOn, Maurice-eugène, du groupe cycliste de la 6e Di vision de cava lerie, tombé à l’assaut de Launois (Vosges), le 24 juillet 1915.
Le 23 juillet 1915.
Mon cher oncLe,
Demain, j’aurai le très grand honneur de monter à l’assaut des tranchées ennemies. Je commande une des colonnes d’attaque et dois m’emparer d’un blockhaus garni de mitrailleuses et d’une maison crénelée. Je ferai tout mon de voir et, si je tombe, je vous demande de prévenir chez moi avec tous les ménagements possibles ; c’est vous que j’ai demandé d’avertir.
Et, maintenant, courage !
En avant ! et vivent les chasseurs !
Bons baisers à tous.
Maurice.
-
Extrait
Paris
Pourquoi, à 45 ans, me suis-je lancée dans l’aventure de l’adoption ? Le temps a passé si vite, qu’un jour j’ai réalisé que je n’avais plus l’âge d’enfanter.
Petit à petit, le désir d’adopter s’est imposé à moi. avant de me lancer dans cette aventure, il m’a fallu faire le deuil de mes vies antérieures comme de ma peur d’affronter seule la responsabilité d’élever un enfant. une force qui me dépassait m’a conduite, après bien des méandres, jusqu’à sa naissance.
trois ans avant de le rencontrer, j’ai écrit ma première lettre de motivation à la direction de l’action sociale de l’enfance et de la santé de Paris (ddass). sans réponse, j’en ai rédigé une autre puis une troisième. trois mois plus tard, j’ai été convoquée par une certaine madame A. qui, avant même que je m’asseye, m’a demandé si je n’avais rien contre l’adoption d’un enfant à l’étranger. Elle me laissait entendre que les petits Français étaient exclusivement réservés aux couples mariés. Plusieurs semaines se sont écoulées avant que j’obtienne la permission d’entamer enfin mon dossier d’adoption : se sont alors succédés, durant neuf mois, de nombreux entretiens avec une assistante sociale, un psychologue, un psychiatre, un médecin généraliste, etc.
L’assistante sociale, une jeune femme blonde d’une trentaine années, m’a rendu visite une fois toutes les deux semaines. Nos débuts furent difficiles ; tout nous opposait : le milieu, l’âge, la profession. J’ai compris qu’il me fallait parler vrai pour atteindre son coeur. sans devenir intimes, un contact s’est établi entre nous. elle a interrogé plusieurs de mes amies sur ma vie privée, mon passé, ma famille, mon caractère. Bientôt, elle m’a connue davantage que bien de mes proches.
un jour enfin, elle m’a annoncé que son enquête était terminée. Je n’avais plus qu’à attendre. Pendant des mois, je n’ai reçu aucune nouvelle, je désespérais… un matin, la poste m’a remis un pli qui annonçait que j’étais agréée par la DDASS. L’agrément était valable cinq ans. suivait un rapport social sur ma personne qui résumait ces neuf mois d’entretiens.
après cette bonne nouvelle, j’ai paniqué : où aller ? comment trouver mon bébé ? Le service des légalisations du ministère des affaires étrangères, que l’on m’a conseillé de contacter, ne m’a donné aucune indication. À moi de savoir dans quel pays je voulais me rendre pour adopter un enfant. Chacun connaissait un organisme en Inde, au Vietnam, en Corée, en Pologne, en Roumanie, au Pérou, en Colombie, au Brésil… J’écoutais et notais les adresses mais j’avais peur de m’engager, jusqu’au jour où j’ai rencontré une femme qui avait adopté son fils au Brésil. Voulant venir en aide aux filles-mères de l’état de São Paulo, elle avait fondé une association. Je l’ai pris comme un signe du destin : la famille de ma mère avait émigré au Brésil en 1906, maman était née à São Paulo en 1916 et j’y avais encore des cousins proches.
L’enfant devait naître en octobre. en janvier, j’ai fait traduire mon dossier d’adoption en portugais et je l’ai envoyé au Brésil, à une sage-femme qui accouchait des jeunes filles. J’avais joint des photos de ma maison, de ma famille, et de moi.
Entre temps, un de mes amis réalisateur de cinéma, a amené chez moi à Paris, la femme d’un ministre mexicain. coïncidence, elle connaissait très bien ma meilleure amie, Marie-Pierre, qui habitait Mexico. La femme du ministre et moi-même avons sympathisé. Apprenant que je voulais adopter un enfant, elle m’a proposé son aide au Mexique. J’ai décliné son offre lui assurant que j’allais avoir mon bébé au Brésil.
Quelque mois plus tard, ma correspondante de Paris m’a annoncé qu’une nouvelle loi venait d’être promulguée dans l’état de São Paulo ainsi que dans celui de Rio qui interdisait aux célibataires d’adopter de petits Brésiliens. Je me suis souvenue alors de la proposition de la femme de ce ministre mexicain dont j’avais égaré le téléphone. Grâce à mon amie Marie-Pierre, je l’ai retrouvé et je suis partie pour le mexique en janvier. -
Extrait
Arrivés à Necker, nous montons au service de neurologie. ceyrinn est ausculté par un jeune médecin très à l’écoute et très doux. Je peux lui poser toutes les questions qui me passent par la tête. Il me répond calmement. Il maîtrise à la perfection son sujet et m’explique tout : que ceyrinn a sans doute une tumeur cérébrale, qu’il va y avoir deux opérations. une, en urgence, pour faire une dérivation qui permettra de faire circuler le liquide céphalo- rachidien et de soulager ceyrinn et une seconde pour retirer la tumeur et l’analyser.
À cet instant-là, je m’entends lui dire : « non ! je ne veux pas de cette seconde opération. Mon fils est perdu. enlever cette tumeur, c’est condamner ceyrinn à être un légume. Je ne veux pas de cela pour lui. Je veux qu’on le laisse mourir en paix, sans souffrance… » Je suis d’accord pour soulager ses douleurs en pratiquant cette première chirurgie, mais je ne veux pas entendre parler du reste : comment retirer une si grosse tumeur dans un si petit cerveau sans faire d’immenses dégâts ? Mon mari arrive. Il écoute mais ne dit rien ; il partage ma décision même si elle est terrible à prendre pour des parents. Je n’en reviens toujours pas d’arriver à dire et à penser de telles choses. C’est si incroyable d’accepter de voir son enfant mourir pour lui éviter le pire, incroyable mais pourtant si réel.
Je ne sais pas si ce neurologue nous comprend ou s’il est choqué par nos propos. il nous explique qu’il va revenir avec le professeur s.r. ceyrinn me dit qu’il a mal à la tête. Je souffre pour lui. Comment faire pour le soulager ? Sa douleur m’est insupportable. Il me demande un biberon de lait au chocolat. Puisque c’est son petit plaisir, je me débrouille tant bien que mal pour lui trouver cette douceur. Je prends une décision : à partir d’aujourd’hui, je dois à tout prix rendre mon fils heureux seconde après seconde… après son biberon, il veut rentrer à la maison. ma réponse m’est douloureuse : « Bientôt, chéri, bientôt mon amour. » Je demande à mon mari de le garder quelques instants, il faut que je prenne l’air. Dans le couloir, je croise un enfant du même âge que ceyrinn. il a un gros pansement autour de la tête, comme un casque blanc de cosmonaute. J’apprendrai plus tard que c’est comme cela que l’on reconnaît les enfants opérés de tumeurs cérébrales.
Face à face avec la maladie…
Mes jambes me lâchent, j’essaie de m’appuyer contre le mur. Une infirmière me voit défaillir. Elle se précipite. Je m’écroule dans ses bras comme une enfant abandonnée. Je n’ai plus de force, que du chagrin. Elle sèche mes larmes de la paume de sa main et, tout en fixant mon regard, me dit : « Rien n’est perdu, ici on fait des miracles. » C’est vrai, à Necker, on fait tous les jours des miracles…