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Grasset
-
Une vie heureuse
Ginette Kolinka, Marion Ruggieri
- Grasset
- essai français
- 25 Janvier 2023
- 9782246832393
Ginette Kolinka, qui va fêter ses 98 ans, habite le même appartement depuis qu'elle a dix ans.
Elle a toujours vécu là, rue Jean-Pierre Timbaud, au coeur de Paris, à l'exception de trois ans : de 1942 à 1945.
Cet appartement, c'est sa vie qui défile devant nos yeux. Il y a les portraits de ceux qui ne sont pas revenus de Birkenau : son père, son petit frère, son neveu.
Les disques d'or de son fils unique, Richard, batteur du groupe Téléphone.
Les photos de ses cinq soeurs, Ginette est la cadette, des petits-enfants, des arrière-petits-enfants.
Les dessins des écoliers, à qui elle raconte désormais son histoire, tous les jours, aux quatre coins de la France.
Et même les meubles qu'ont laissés les « collabos ».
Ginette nous fait la visite.
On traverse le temps : l'atelier de confection de son père, la guerre, ce mari adorable et blagueur. Les marchés, qui l'ont sauvée. Et les camps qui affleurent à chaque page, à chaque pas.
Mais Ginette, c'est la vie ! Le grand présent. « On me demande pourquoi je souris tout le temps, mais parce que j'ai tout pour être heureuse ! » -
Nous y étions : 18 vétérans racontent heure par heure le D-Day
Annick Cojean
- Grasset
- Document français
- 15 Mai 2024
- 9782246838753
« Au printemps 1994, alors que se préparait la célébration du 50e anniversaire du Débarquement allié en Normandie, j'ai voulu essayer de rencontrer, au fil de mes reportages pour Le Monde, quelques vétérans du fameux 6 juin 1944. Je ne savais pas encore ce que je ferais de ces entretiens, mais je voulais les voir, les entendre, leur exprimer aussi ma gratitude. C'est étrange pour une journaliste d'avouer un tel sentiment, mais mon histoire y était pour beaucoup. Bien que Bretons d'origine, mes grands-parents, ma mère, ma tante, mes oncles avaient émigré à Caen. C'est là que le 6 juin 1944 les avait surpris, heureux, soulagés, excités, puis effrayés par la violence de l'opération et le bombardement de la ville (et de leur maison), et bientôt sur le chemin de l'exode.
Lorsque j'ai commencé à voir des vétérans américains, ils m'ont stupéfiée. Leurs souvenirs étaient d'une précision inouïe, leur envie de témoigner intense. Mes connaissances étaient balbutiantes, alors au restaurant, pour figurer les obstacles dressés par Rommel sur les plages normandes, ils prenaient des fourchettes et des couteaux, des stylos et des bouchons, et je les voyais, fascinée, me raconter Omaha la sanglante ou la prise héroïque de la pointe du Hoc.
Après toutes ces rencontres, j'ai proposé au directeur du Monde de raconter le 6 juin 1944, heure par heure, avec les différents acteurs de ce jour historique : les combattants des différentes armées, américaine, canadienne, anglaise, allemande. L'aumônier grande gueule du Commando Kieffer. Un résistant du maquis normand. Le plus jeune correspondant de guerre du D-Day, Charles Lynch, qui m'a bouleversée en racontant comment il avait sauté dans la mer, sous la mitraille, en tenant au-dessus de sa tête, sa machine à écrire et sa cage de pigeons voyageurs. Le speaker de la BBC qui avait la tâche, au petit matin, d'annoncer au monde entier l'opération Overlord...
Le journal m'a donné 18 pages, et je n'ai plus pensé qu'à ça. Reconstituer cette journée et donner corps au récit de ces hommes qui, pour la plupart, n'avaient à l'époque qu'une vingtaine d'années et ont vécu en terre normande les heures les plus folles, les plus tragiques de leur vie.
18 interlocuteurs, tous disparus aujourd'hui, 18 récits à la première personne pour revivre le Jour le plus long. »
A.C. -
En septembre 1939, les Allemands envahissent la Pologne. Izabela Sztrauch, qui survivra et deviendra Isabelle Choko, a 11 ans. Son enfance s'arrête du jour au lendemain lorsqu'elle est envoyée dans le ghetto de Lódz avec ses parents. Elle y perd son père de malnutrition et de mauvais traitements. A 15 ans, elle est déportée à Auschwitz, puis à Waldeslust et Bergen-Belsen.
La peur et la nudité. Le travail forcé, le froid, les coups, la promiscuité, la faim. La maladie et la mort, partout. Mais aussi les quelques moments de grâce et de fraternité. Le courage d'un prisonnier de guerre qui prend tous les risques pour la garder en vie. Et l'amour qu'Izabela porte à sa mère, qu'elle tient dans ses bras jusqu'à son dernier souffle - sur le sol noir de Bergen-Belsen. Elle revient de l'enfer seule. Par une force hors du commun, elle guérit du typhus dans un hospice en Suède et voyage jusqu'en France, avec pour unique bagage, son appétit de vivre, son humour et son intelligence. Défiant le destin, quelques années plus tard, elle est sacrée championne de France d'échecs et fonde une famille.
Aujourd'hui, Isabelle Choko raconte ce qu'elle a connu sous le régime nazi, d'abord dans le ghetto de Lódz en Pologne et puis dans les camps d'extermination - Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen. Son livre est l'histoire de sa vie, un récit douloureux et passionnant pour que tous nous n'oublions pas ce que fut la Shoah. -
Femmes bourreaux : gardiennes et auxiliaires des camps nazis
Barbara Necek
- Grasset
- essai français
- 19 Octobre 2022
- 9782246821069
« Ce sont des créatures fantastiques, effrayantes qui font penser à des légendes sombres. Sans pitié, elles sont probablement encore plus dangereuses que les bourreaux SS car ce sont des femmes. Est-ce que ce sont vraiment des femmes ? » Ainsi témoigne Lina Haag, rescapée du camp de Lichtenburg.
Elles se nommaient Irma Grese alias « La hyène d'Auschwitz », Maria Mandl, Johanna Langefeld ou encore Hermine Braunsteiner pour les plus célèbres. Dans chaque camp de concentration et d'extermination où elles étaient affectées, elles incarnaient la peur, la brutalité et la mort. Ces femmes qui participèrent activement à l'appareil génocidaire nazi, ce sont les gardiennes. La loi nazie imposant que les prisonnières et les déportées soient surveillées par des femmes, un corps de métier dépendant de la SS fut créé spécialement à cet effet, fort d'environ 4000 recrues.
Rouage essentiel dans l'administration des camps, les gardiennes, généralement issues de milieux modestes - ouvrières, employées de maison ou postières- sont recrutées par petites annonces, bouche à oreille ou directement sur leur lieu de travail. C'est à Ravensbrück, le premier et le plus grand camp pour femmes, qu'elles sont formées à partir de 1939. Dans l'univers concentrationnaire, elles deviennent vite des spécialistes de la violence. En 1942, quand les camps se multiplient et que la « solution finale » est décidée en secret, elles sont envoyées à l'Est pour seconder les SS dans leur travail macabre : humiliation, torture, sélection pour les chambres à gaz. Leur cruauté n'a rien à envier à celle des hommes. Si après la guerre, certaines gardiennes sont jugées et exécutées par la justice alliée, la majorité parvient à se faire oublier. Il faudra toute l'opiniâtreté de chasseurs de nazis, comme Simon Wiesenthal, pour les traquer et les débusquer, parfois jusqu'aux Etats-Unis.
Femmes bourreaux retrace l'ascension et le quotidien de ces gardiennes au sein des camps : une histoire qui n'avait encore jamais été écrite. -
Le vin des Nazis : comment les caves françaises ont été pillées sous l'Occupation
Christophe Lucand
- Grasset
- essai français
- 8 Mars 2023
- 9782246824947
Mai 1940. La France succombe, son vin aussi. Aussitôt nommés par l'administration d'occupation, les « Weinführer », délégués officiels dans les vignobles de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne et de Cognac s'emparent, avec la complicité de nombreux professionnels français, du « plus précieux des trésors de France », selon les mots d'Hermann Gring, qui a très tôt associé sa voracité pour les oeuvres d'art à une soif inextinguible des plus grands nectars français.
Bâti sur des sources exceptionnelles, fonds économiques et judiciaires, archives et documents privés, ce passionnant et exhaustif Vin des nazis révèle comment, au coeur des plus grands vignobles, sur les tables des grands restaurants et des palaces parisiens, la défaite française a vite été noyée dans le vin, grisant les collaborateurs sans scrupules, les brasseurs d'affaires véreux, jusqu'aux pires criminels reconvertis dans la Gestapo française, dont l'équipe Bonny-Lafont. En spoliant les vignobles français pour alimenter la mondanité nazie mais aussi pour soutenir l'effort de guerre du IIIe Reich, les occupants ont détourné des volumes colossaux, de grands crus au vin ordinaire, provoquant une pénurie inédite, un rationnement brutal et une hausse vertigineuse des prix touchant l'ensemble de la population, à une époque où le vin était un élément capital de la vie quotidienne.
De personnalités éminentes, dirigeants de prestigieuses maisons, s'insinuent dans ce cambriolage à l'échelle d'une nation : Henri Leroy, propriétaire de la Romanée-Conti en Bourgogne et producteur d'alcools de vin pour les carburants du Reich, Melchior de Polignac, propriétaire de la maison Pommery et cofondateur du groupe « Collaboration », ou Louis Eschenauer, « l'empereur des Chartrons », intime des chefs militaires allemands à Bordeaux. Le vin s'est imposé comme un puissant vecteur de la collaboration, valorisé par Pétain et l'État français. Loin d'être réservé aux élites du pouvoir hitlérien, il s'est diffusé dans la société allemande tout entière.
Une fresque captivante et dérangeante du vin au temps des heures sombres. -
Jusqu'en 1945, leurs pères étaient des héros. Après la défaite allemande, ils sont devenus des bourreaux. Eux, ce sont les enfants de Himmler, Gring, Hess, Frank, Bormann, Hss, Speer et Mengele, ces noms synonymes de l'horreur nazie.
Ces petits Allemands ont vécu la seconde guerre mondiale en privilégiés, entourés par des parents affectueux et tout-puissants. Pour eux, la défaite allemande a été un coup de tonnerre. Innocents, inconscients des crimes paternels, ils en ont découvert toute l'étendue. Certains ont condamné, d'autres n'ont cessé de révérer ces hommes honnis par l'humanité entière.
Enfants de nazis retrace l'ascension et le quotidien à la fois fastueux et banal de dignitaires accomplissant chaque jour leur travail de mort avant de s'égayer auprès de leurs familles, installées parfois à portée de vue des camps. Il dépeint ensuite les expériences uniques de ces enfants devenus adultes : la déchéance, la misère, la honte ou le repli.
Quels liens ont-ils entretenu avec leurs pères ? Comment vivre avec un nom à jamais diabolisé par l'histoire ? Quelle part de responsabilité des crimes est-elle transmise aux descendants ?
Comme ces enfants sont toujours hantés par le destin paternel, le passé nazi reste présent à nos mémoires. C'est en ce sens que leur histoire rejoint l'Histoire. Un document passionnant et de troublants portraits de famille. -
Dans le Paris de l'Occupation, réduit au périmètre douteux qui va des bureaux du Majestic à l'Omnibus de chez Maxim s en passant par les sous-sols de la rue Lauriston, ce livre brosse une galerie de femmes vénales, exotiques, qui vont vivre sous l'occupation, un étrange conte de fées qui se terminera souvent en cauchemar?
Russe comme la princesse Tchernitcheff, mannequin et actrice de cinéma, qui devint la protégée du sinistre Lafont, chef de la Gestapo française, et la maîtresse d'officiers allemands influents?
Grecque comme la princesse Mourousi, lesbienne et morphinomane qui, non contente de doubler les Allemands au marché noir, faisait vider les appartements des juifs pourchassés?
Espagnole comme la marquise de San Carlos, maîtresse avant guerre du maire de Biarritz, franquiste de la première heure, elle s'acharnait sur les réfugiés républicains qu'elle dénonçait?
Mais aussi françaises comme Sylviane d'Abrantés ou la comtesse Olinska. La première, maîtresse entre autres de Lafont qui la décrit comme "une chienne et une folle", sera une des grandes courtisanes de l'Occupation. La comtesse Olinska profite de ses trafics d'influence pour tenter de se lancer avec sa petite fille dans le monde du cinéma. Elles vont traverser cette période en reines de toutes les compromissions, portées par la veulerie des hommes en place et les complaisances du système économique instauré par l'occupant.
Grâce à l'ouverture récente des archives de justice aux historiens, ce livre dévoile pour la première fois les vies extravagantes de celles qu'on surnomma après guerre, les "comtesses de la Gestapo", fleurs vénéneuses dont l'éclat fut peut-être fugitif mais le parfum assez capiteux pour nous fasciner et nous horrifier -encore aujourd'hui. -
Depuis septembre 1940, l'Indochine, coupée de la France, vit sous le joug japonais. Après plus de quatre années d'occupation, soudain, le 9 mars 1945 à 21 heures, toutes les garnisons françaises sont attaquées. C'est à Lang Son, au Tonkin, que les combats sont les plus acharnés. Le colonel nippon Shizumé fait arrêter par traîtrise le président Auphelle et le colonel Robert, commandant la subdivision. L'officier français refuse de signer l'ordre de reddition de ses troupes, essaimées jusqu'à Dong Dang, la Porte de Chine. Privés de leur chef, les marsouins se battent à un contre cinquante, mais les forts tombent un à un. Le 12 mars, les Nippons massacrent la plus grande partie des survivants et le général Emile Lemonnier est décapité. Les autres subissent l'horreur des camps de la mort lente d'Hoa Binh. Leclerc débarque... Une autre guerre commence. Georges Fleury apporte aujourd'hui des précisions capitales sur le dernier haut fait méconnu de la Seconde Guerre mondiale.