Cet ouvrage propose une réflexion renouvelée autour du thème de la pauvreté au Moyen Âge en Europe méditerranéenne (ixe-xve siècle) afin de saisir les phénomènes économiques et sociaux la caractérisant. Les travaux, ici réunis, de médiévistes français, espagnols et italiens, visent à dépasser les problématiques étudiées dans les années 1960-1980 par Michel Mollat. Les processus d'appauvrissement, la pauvreté laborieuse, les attitudes institutionnelles et personnelles face à la pauvreté et la culture matérielle qui lui sont associées forment le fond des études proposées. Sont également questionnés les rapports que la pauvreté entretient avec le travail, les liens qu'elle contraint à nouer ou à dénouer et quelles stratégies de survie sont développées par celles et ceux qui, pour une raison ou pour une autre, y sont tombés.
À partir des chroniques nobiliaires d'époque trastamare, cette étude cherche à établir comment la guerre était vécue et racontée en Castille au xve siècle. Les deux premiers chapitres portent sur les conditions de production de ces textes, et abordent les problèmes posés par la mise en récit de l'expérience vécue. Les trois suivants montrent que la culture de guerre est alors largement partagée au sein de la noblesse, sans considération de genre ni de statut : femmes et clercs n'en sont pas exclus. En revanche, le discours sur la guerre construit une forme d'exclusivité nobiliaire qui se manifeste dans le traitement narratif réservé aux combattants roturiers. Le dernier chapitre aborde enfin le combat dans une perspective anthropologique, en s'attachant au corps et aux émotions du guerrier.
Avant le temps des ministres-favoris de l'époque baroque, les rois de l'Europe médiévale ont compté dans leur proximité sur l'assistance de personnages souvent vus comme leur préfiguration. Cette expérience de la privauté n'est cependant pas partout de même intensité. Ainsi, la Castille de la fin du Moyen Âge se distingue-t-elle par une continuité d'expérience. Ce terrain s'avère donc particulièrement propice pour interroger l'identité de la privauté médiévale, son sens historique. La privauté (privanza) est un choix, celui de l'amitié contre la parenté. Réalisé sur le terrain idéologique à partir du milieu du xiiie siècle, ce choix se fait stratégique au début du xive siècle : contre ses parents et ses barons, qui entendent exercer une emprise sur sa royauté, le roi lance ses créatures, les privados, pour s'en libérer. Si ceux-ci oeuvrent donc à une expulsion, ils organisent dans le même temps une participation alternative et plus large au gouvernement du roi, celui de sa personne et de son royaume. La privauté fait ainsi sentir quel dépassement sociétal affecte la compagnie royale à partir du xiiie siècle. Et la répétition des expériences de privauté au xive siècle fonde un régime politique, marqué par la distinction entre gouvernement et souveraineté. Cet essai envisage à nouveaux frais ce moment fondateur de l'expérience médiévale du pouvoir d'État.
La pureté en question examine les fondements historiques et scripturaires de l'idéal de pureté partagé par les juifs et les chrétiens à la fin du Moyen Âge en péninsule Ibérique. Le croisement des sources théoriques et des documents de la pratique, des sources latines, hébraïques et vernaculaires met en évidence la façon dont ce thème majeur de la littérature biblique et talmudique s'est perpétué à travers les siècles et a eu des incidences nombreuses sur la vie quotidienne des hommes au xve s. La réflexion débouche sur des questions centrales pour l'histoire de la minorité juive en péninsule Ibérique : le passage de l'antijudaïsme à l'antisémitisme, l'apparition du concept de race, la prépondérance du sang dans l'assignation à une identité, le poids de l'accusation de crime rituel, l'incrimination des non chrétiens dans une société Ibérique de plus en plus exclusive, la discrimination et la ségrégation pour s'en protéger jusqu'à l'expulsion.
Ce volume, issu d'une réflexion collective menée par une équipe scientifique principalement franco-espagnole, est consacré à la question des savoirs experts et des techniques de l'expertise en matière économique au Moyen Âge. Les promoteurs ont privilégié deux approches, sociale et institutionnelle d'une part, culturelle et technique de l'autre. Certains personnages sont détenteurs d'un savoir particulier qui les met en situation de pouvoir dire ce que valent les choses. Tous ont une histoire : ils appartiennent à des institutions, ont des expériences professionnelles et des parcours qui construisent et consolident les compétences et les savoir-faire qui fondent leur expertise. Ils laissent des traces écrites, souvent difficiles à retrouver mais entretiennent toutefois avec l'écriture un rapport constant. Les apports de leur enquête doivent en effet être formalisés et ils trouvent leur place dans des textes souvent élaborés. Les experts effectuent un travail technique qui suppose à la fois des gestes et des procédures qui permettent d'estimer et de mesurer ainsi qu'une inscription dans un document qui rende compte et fasse preuve.
Durant l'Antiquité tardive, l'épistolaire connaît un renouveau, en particulier sous l'influence du christianisme. Ce genre littéraire, hérité de la période classique, se diversifie en une correspondance très variée, qui va de la missive personnelle à la lettre pontificale. En bénéficiant de l'essor actuel des études épistolographiques, ce volume veut appréhender la lettre comme un fait culturel durant la fin de l'Antiquité et le premier Moyen Âge, avant que les règles de la rhétorique classique ne soient systématisées à partir de 1100. Sans jamais dissocier l'analyse du contenant de celle du contenu, il cherche à mieux comprendre les stratégies littéraires de ce genre protéiforme, qui oscillent entre efficacité et esthétique, et qui font de la lettre un formidable espace de liberté.
Les populations de la Méditerranée occidentale (Espagne, France méridionale, Italie) témoignent dans les derniers siècles du Moyen Âge d'une ouverture croissante aux échanges, dont rendent compte la densification rapide du réseau des marchés locaux, le recours massif au crédit et l'intensification de la circulation des biens. Cet ouvrage aborde cette « commercialisation » de la société médiévale du point de vue du consommateur plutôt que de celui du marchand, plus traditionnel dans l'historiographie. Par l'analyse des cultures de consommation des clientèles, de leurs stratégies d'acquisition des produits et du dispositif de régulation protégeant les approvisionnements domestiques, il s'agit de mieux comprendre ce que « faire son marché » signifia pour les hommes et les femmes de ce temps.
En las regiones a las dos orillas del Gaditanum fretum existía una concentración de ciudades única en el Imperio. La importancia y el significado de estas ciudades como centros de poder se mantienen -según el debate actual- sin interrupción hasta comienzos del siglo VIII, pero, ¿cómo se desarrolla a partir de entonces, después de estos años que hasta ahora siempre se habían considerado como punto de inflexión decisivo en la historia de estas regiones? Ya en 1985, Hugh N. Kennedy llamó la atención sobre el hecho de que la llamada «Madina» debería considerarse consecuencia de transformaciones sociales y económicas, más que resultado de una «islamización» abrupta de la sociedad. Este volumen, en función de la nueva valoración del mundo de las ciudades de la Antigüedad tardía, quiere cuestionar sus consecuencias para la época de la temprana Edad Media, desde una perspectiva interdisciplinar y sobre una nueva base material.
La lettre diplomatique tire son argument d'une réalité très généralement reconnue des diplomatistes : ils manipulent des textes qui empruntent au genre épistolaire. Durant le haut Moyen Âge, de nombreux actes étaient rédigés sous forme d'épître, en conservant de la rigueur formelle du genre l'adresse et le salut. Ce ne fut qu'à partir de l'époque carolingienne que l'acte diplomatique prit ses distances pour acquérir des caractéristiques formelles qui l'éloignèrent de la forme épistolaire. Celle-ci ne disparut toutefois pas. Elle redevint même prépondérante à partir du xiiie siècle et du renouveau de l'ars dictaminis dans l'Occident chrétien. Le présent ouvrage explore ce jeu d'attraction entre les genres, le va-et-vient formel et fonctionnel de l'acte à la lettre, et les enjeux d'écriture, de pouvoir et de mémoire découlant de cette hybridation.
Longtemps considéré comme une région périphérique en Méditerranée et dans l'Islam, le Maghreb médiéval est au contraire très tôt intégré dans des réseaux d'échanges, d'abord dans le cadre de la construction d'un espace islamique largement ouvert sur la mer, ensuite dans celui d'une Méditerranée dominée par les puissances latines européennes. Connecté à la fois à l'Orient, à l'Afrique subsaharienne et à la Méditerranée, le Maghreb islamique s'insère entre le viie et le xve siècle dans des connexions complexes qui donnent à ses ports un rôle croissant dans les échanges commerciaux, mais aussi plus largement dans la structuration de l'espace maghrébin et méditerranéen, à la fois comme pôles d'impulsion régionaux et interfaces entre des réseaux terrestres et maritimes. L'analyse des sources arabes et latines permet ainsi de montrer comment les acteurs politiques et économiques contribuent à faire évoluer ces réseaux commerciaux à différentes échelles, en premier lieu dans un espace centré sur les pays d'Islam, puis à partir du xie siècle dans une économie-monde en formation, connectant l'Afrique, l'Europe latine et l'Asie.
Au sortir de la guerre civile catalane de 1462-1472, Barcelone, principale cité de Catalogne et grand port méditerranéen, entre dans une phase de reconstruction. Le roi Ferdinand le Catholique transforme les modalités d'entrée au gouvernement municipal, formalise l'accès à la noblesse et implante dans la ville une nouvelle Inquisition sous contrôle royal. Affecté également, le haut clergé cherche sa place, et les chanoines de la cathédrale en particulier tâchent d'assurer leur implantation au sein des pouvoirs urbains en recomposition. Au croisement de l'histoire canoniale et de l'histoire urbaine, cette étude montre comment, au-delà de leurs attributions religieuses, évêques et chanoines, pleinement intégrés à l'élite dirigeante de la ville, sont amenés à jouer un véritable rôle dans la vie publique d'une cité en pleine mutation.
Le problème du salut personnel et collectif, crucial pour tous les chrétiens, entraîne l'émergence d'individus et de groupes sociaux réputés particulièrement aptes à faire leur propre salut et à oeuvrer pour celui des autres. Partant de cette donnée fondamentale, le présent ouvrage examine la tension entre les ambitions spirituelles et les contraintes individuelles, communautaires et institutionnelles des moines, des chanoines réguliers et des frères mendiants, dans le cadre du Moyen Âge hispanique. Trois modalités d'accès au salut sont mises en évidence : la conversion, c'est-à-dire le choix d'entrer en religion et la continuelle transformation individuelle qu'il suppose ; la médiation, fondée sur la prière et sur la liturgie ; le soin des âmes enfin, lié à l'engagement pastoral.
À la fin de l'Antiquité et durant le Moyen Âge, peut-on considérer la lettre comme une arme de guerre ? Depuis plusieurs années, différents programmes européens de recherches explorent les ressources de l'art épistolaire, qui sert tout autant à maintenir le lien entre des amis éloignés qu'à alimenter la haine ou la controverse entre des protagonistes qui ne peuvent, ou ne veulent, se rencontrer. Le présent volume propose de réfléchir sur un temps long aux modalités épistolaires des conflits, à leur mise en forme et en mots, ainsi qu'à leur gestion mémorielle, afin d'éclairer les continuités et ruptures sur la période choisie, du ive au xve siècle, en combinant les approches historique et littéraire et articulant l'étude du contenu et à celle du contenant.
Historiens et archivistes ont noué un dialogue original et fécond pour proposer dans ce volume une réflexion sur les archives dites de famille. Elle confronte les regards, les recherches et des expériences pour un sujet inscrit à la croisée de champs scientifiques renouvelés : l'étude des pratiques de l'écrit, l'histoire des archives - et l'archivistique / l'archival science -, de la parenté. Toutes les dimensions des archives familiales sont interrogées (archives des familles royales - ou du royaume ? -, nobles, dans leur diversité, mais aussi marchandes et paysannes ; fabrique des archives / de la « famille », du lignage, de la Maison ?) dans une péninsule Ibérique ouverte à la comparaison avec d'autres aires géographiques. Dépassant la classique césure entre Moyen Âge et Modernité, la production, conservation, transmission et réorganisation des archives familiales, désormais sujets d'étude per se, sont saisies en mouvement, dans leur historicité et dans la transversalité sociale des pratiques.
En 1763, l'Espagne n'est plus en mesure de défendre seule La Havane. Désireuse de développer une économie coloniale, elle négocie une réforme politique et économique avec les élites locales. Ces élites, encouragées à participer activement et financièrement à la défense de l'Île, reçoivent en contrepartie certains avantages, notamment pour favoriser la production du sucre de canne. La monarchie suscite une compétition pour l'obtention de titres de Castille et gagne ainsi la fidélité d'une quarantaine de familles. Rapidement, ces familles de planteurs enrichis, qui forment la saccharocratie, deviennent de formidables alliées de la Couronne espagnole et s'avèrent, à Cuba, des partenaires incontournables. Dans les années 1820, bien que ces aristocrates soient de plus en plus fragilisés par leur endogamie et par la concurrence des commerçants, ils seront un frein à l'évolution de Cuba vers l'indépendance.
Siguiendo un claro enfoque multidisciplinar, este libro presenta un balance historiográfico sobre la muerte de los príncipes en la Edad Media, tanto hispana como francesa, entendiendo el término «príncipes» en su sentido más amplio. No solo se examinan casos particulares relativos a los miembros de la familia regia, sino que se profundiza también en los diversos ámbitos de la aristocracia eclesiástica, militar y urbana. Desde la ritualización funeraria -liturgia, música-, la memoria cronística y documental, las obras de arte o su reflejo en la literatura, hasta la antropología física, los estudios presentados se enfocan a calibrar la relación de la muerte y su tratamiento con la imagen del poder que dichas élites proyectan y su emulación por parte de los restantes grupos sociales.
Depuis une trentaine d'années, l'étude des ordres militaires au Moyen Âge a enregistré un profond renouvellement auquel Alain Demurger a particulièrement oeuvré. Derrière l'histoire politique, par-delà les rouages institutionnels, la recherche s'est toujours plus attachée à considérer les hommes. Pourtant, la question des élites, s'agissant des frères, n'a jamais été analysée sinon de façon ponctuelle. En considérant à la fois les élites sociales, nobles ou citadines, les élites de pouvoir et de gouvernement et les propres élites des ordres militaires, ce livre n'apporte pas seulement un nouvel éclairage sur l'histoire des frères. Il contribue plus largement à la connaissance des sociétés médiévales, du xiie au xve siècle, depuis la péninsule Ibérique jusqu'à la Baltique et à l'Orient méditerranéen.
Pendant les trente-sept ans qui séparent les guerres de Religion et les conflits généralisés du « siècle de fer » ou, en d'autres termes, une Chrétienté dominée par des questions eschatologiques et l'Europe issue des paix de Westphalie, les deux principales puissances catholiques sont en paix. Cette période est un terrain d'étude privilégié pour l'histoire des relations diplomatiques. Efficace et aguerrie, la diplomatie de la monarchie ibérique impose l'image de la puissance royale. Façonnée par les nouvelles formes de gouvernement qui apparaissent alors, elle préfigure la diplomatie moderne et son envers inséparable, l'espionnage. Le monarque hispanique entretient avec le Roi Très-Chrétien et ses sujets des relations ambiguës, exploitant les mécontentements qui se font jour au nord des Pyrénées. Par l'intermédiaire de ses « honorables ambassadeurs », il joue de son charisme religieux, hérité de ses aïeux, qui s'étend largement au-delà des limites de la Péninsule grâce à l'argent d'Amérique. L'impact de cette action se mesure au nombre des « divins espions » ralliés à la cause de l'Espagne et dont la fidélité, après la rupture avec leur souverain, s'adresse désormais à la personne même du roi d'Espagne.
Au moment où se crée un espace européen sans frontières intérieures, au sein d'un monde globalisé, il est temps de renouveler l'histoire des conflits en les considérant comme des espaces vécus et non plus seulement comme des lieux de construction des États. Cet ouvrage aborde la question des sociétés de frontière à l'âge moderne dans la complexité des mécanismes sociaux et politiques liés à la force des connexions transfrontalières. Portant une attention particulière aux tensions qui s'exercent dans les sociétés en contact, il remet en cause l'idée selon laquelle la cohésion sociale découlerait essentiellement d'une opposition à un ennemi extérieur. Véritables fabriques de lien social, les sociétés de frontière donnent ici lieu à une réflexion sur le rapport entre conflits intérieurs, violences exogènes et dynamiques sociales, ce qui permet de mieux comprendre les formes de voisinage hostile dans les sociétés d'Ancien Régime.
Este libro gira en torno al origen y desarrollo de la noción de guerra santa en la Edad Media peninsular. Se propone identificar un significativo elenco de testimonios terminológicos e iconográficos, relativos al concepto o realidad de la categoría «guerra santa», en fuentes de muy diversa naturaleza. Esos testimonios, debidamente contextualizados, ayudan a profundizar en un tema todavía pendiente de mayor seguimiento conceptual y metodológico. Solo a partir de esta identificación de recursos instrumentales es posible avanzar en el análisis necesariamente comparativo, diferenciado geográfica y cronológicamente, acerca de una compleja realidad que sirvió de sustrato esencial en los procesos ideológicos de legitimación política a lo largo de la Edad Media peninsular.
Signée le 3 avril 1559, la paix du Cateau-Cambrésis scelle la fin des guerres d'Italie. Le dénouement de cette lutte pour l'hégémonie en Europe entre Habsbourg et Valois, dont la domination de la Péninsule est la clé, constitue une énigme. Après avoir été en mesure de prendre une revanche historique, le roi de France accepte un traité particulièrement défavorable. Si les troubles religieux ont rendu cet accord durable, ils n'en sont pas la cause, même si Henri II l'a proclamé pour couvrir l'abandon de nombre de conquêtes. Au terme de débats discontinus et d'une décennie de combats militaires, diplomatiques, financiers et symboliques, le roi d'Espagne remporte finalement l'avantage, surpassant son adversaire en réputation. Les deux Grands du xvie siècle n'en ont pas moins traité d'égal à égal. Établissant un rapport de force équilibré - même s'il est voué à évoluer -, l'accord se fonde sur des concessions propres à réconcilier les princes et conformes aux principes de la justice : il semble éteindre tout litige. Par son caractère exemplaire, il révèle les conditions et les règles d'une négociation internationale comme la permanence d'un imaginaire chrétien de la paix. On trouvera, dans ce livre, le texte du traité du Cateau-Cambrésis.
Si les historiens se sont intéressés depuis une trentaine d'années aux pratiques alimentaires du Moyen Âge, rares sont les travaux consacrés à la représentation de la nourriture dans la littérature médiévale de la péninsule Ibérique et de la France. L'histoire sociale de l'alimentation existe certes, mais l'histoire littéraire reste à inventer. Qu'elle oscille entre abondance ou privation, entre condamnation ou exaltation, entre esthétique romanesque ou discours politique, entre effet de liste ou effet de suture, la nourriture dans la littérature du Moyen Âge pose la question de l'oralité et du discours autour de la bouche conçue comme organe de communication et de consommation. Traités théoriques, livres de cuisine, ouvrages médicaux et textes littéraires témoignent de cet intérêt porté à la table du Moyen Âge, table réelle ou table imaginaire, associant à l'esthétique des mets la poétique des mots. À travers des études monographiques, comparatistes et linguistiques, ce volume tente d'en rendre compte dans un dialogue entre histoire de l'alimentation et études littéraires.
Cet ouvrage analyse le rôle médiateur de l'Espagne dans et pour l'Europe occidentale, à partir du royaume wisigoth de Tolède. Autrement dit, depuis la civilisation originale de l'Espagne entre 589, année du IVe Concile de Tolède qui voit la conversion de tout le peuple wisigoth au catholicisme, jusqu'à la chute brutale du royaume sous les coups de l'invasion islamique. Paradoxalement, cet écroulement aura servi le rayonnement européen des hommes d'Espagne, de leur idéologie, de leurs institutions, de leurs manuscrits et donc de leurs oeuvres littéraires, à travers tout l'espace culturel européen, dans une dispersion féconde de l'héritage de cette Espagne wisigothique dont l'influence n'a cessé de s'exercer sur la genèse de la culture médiévale et moderne à travers l'Europe.
Otoño 1936. El profesor Claudio Sánchez Albornoz, que rechaza tomar parte en los combates que desgarran su patria, acepta la invitación de Georges Cirot, decano de la facultad de letras de Burdeos. Es en Burdeos donde, hasta la llegada de las tropas alemanas en junio de 1940, enseña historia de la Edad Media y redacta lo esencial de su Origines de la féodalité, que aparecerá en Mendoza (Argentina) en 1942. Con ocasión del centenario de su nacimiento, la comunidad científica ha deseado rendir homenaje a este maestro de los estudios medievales. Era natural que esta manifestación tuviera lugar en Burdeos en forma de un coloquio dedicado al feudalismo. Este homenaje no es complaciente. En algunos puntos esenciales -el «desierto» del valle del Duero, Castilla, «islote de hombres libres en una Europa sometida a la servidumbre», la formación de los señoríos, etc.- los participantes se alejan, a veces considerablemente, de las tesis sostenidas por don Claudio. Sin embargo, no pueden estar más de acuerdo en reconocer a Sánchez Albornoz como su maestro y uno de los más grandes historiadores que ha conocido España.