Au moment où les royaumes d'Occident expulsent les Juifs, les princes de l'Italie de la Renaissance, eux, les gardent à leurs côtés ou les accueillent. Pourquoi, dans le duché de Milan ou celui de Savoie, dans la Ferrare des Este ou la Mantoue des Gonzague, les Juifs sont-ils même mieux acceptés que dans les républiques oligarchiques voisines, comme Venise, Gênes ou Florence ? Les politiques des princes envers les Juifs permettent de révéler le fonctionnement et les valeurs fondamentales de leur pouvoir. Ils s'efforcent de réduire la diversité politique de leurs États en imposant leur autorité à tous ceux qu'ils considèrent comme leurs « sujets ». Les princes souhaitent-ils pour autant édifier une société politique lisse et fluide ? Leur pouvoir politique s'exerce plutôt sur de nombreux particularismes, dont celui des Juifs, qu'ils acceptent largement tant que l'ordre et la justice sont respectés. Les Juifs, entité politique hétérogène, sujets, voire citoyens comme les autres, bénéficient pendant un temps de ce modèle, qui s'inscrit dans la longue histoire des minorités et de leurs droits, mais qui fut radicalement remis en cause à l'époque moderne.
Quels sont les événements historiques qui inaugurent, jalonnent et clôturent le Moyen Âge français ? Comment un ensemble de régions dominées par les Francs devient-il progressivement le royaume de France ? Quelles sont les valeurs sur lesquelles s'est construite la société médiévale et quelle a été leur évolution ? Parcourant mille ans d'histoire française dans un style clair et précis, Claude Gauvard visite la France médiévale, de la fin de l'Empire romain d'Occident jusqu'au crépuscule du XVe siècle. Évoquant tour à tour les aspects économiques, politiques, mais aussi sociaux et culturels de la France médiévale, l'historienne démontre avec brio à quel point cette période, éloignée des stéréotypes négatifs issus de la Renaissance, a ses valeurs propres fondées sur l'honneur, tout en préfigurant déjà l'État moderne.
Depuis trois décennies, le terme de « barbares » a fait l'objet d'un intérêt accru. Alors que la plupart des travaux universitaires portaient jusque-là sur les civilisations bien documentées par les sources écrites, une attention nouvelle a été accordée aux espaces jugés extérieurs, aux zones de contact, aux pratiques d'échanges et aux formes de la représentation mutuelle. Le barbare apparaît aujourd'hui moins comme l'ennemi irréductible du « civilisé » que comme un autre, que l'on doit construire par des dispositifs multiples et qui s'avère nécessaire pour se définir soi-même.Sous une forme proche d'un dictionnaire, ce livre étudie ainsi la création et l'exploitation de cette altérité à travers des exemples précis pris dans l'histoire mondiale. Les domaines explorés sont multiples : linguistique, philosophie, sources textuelles, archéologie, histoire de l'art, lieux de mémoire, personnages historiques, droit, culture matérielle, ethnographie, sociologie, historiographie, muséographie, représentations médiatiques...
Qui pourrait croire que le roi Édouard III d'Angleterre a violé l'épouse de son proche ami William Montagu, earl of Salisbury ? C'est pourtant ce qu'affirme vers 1350 un récit stupéfiant du chroniqueur Jean Le Bel. Tel est le point de départ de ce livre. L'auteur montre d'abord pourquoi et comment Jean Le Bel, admirateur déçu d'Édouard III, a inventé ce forfait horrible après que son héros, qui se voulait un nouveau roi Arthur, avait renoncé à conquérir la couronne de France. Sa chronique tombe vite dans l'oubli mais un autre chroniqueur lui emprunte son bref récit du viol. Et surtout, Jean Froissart tente de faire de cette sombre histoire un grand récit d'amour courtois. À partir de ces deux récits, la fiction inventée par Jean Le Bel débute une étonnante carrière, qui la conduira notamment à donner forme, vers 1580, à la légende de fondation de l'ordre de la Jarretière et à être récrite par de nombreux écrivains, de Bandello et Shakespeare à Alexandre Dumas. Après la redécouverte de la chronique de Jean Le Bel, l'amour d'Édouard III pour la comtesse de Salisbury ne peut plus rester un thème littéraire. Pourrait-il alors devenir une histoire #Me Too avant la lettre ?
Le halo de mystère qui entoure au Moyen Âge l'épée du chevalier répond à une mythologie ancienne dont se font écho les chansons de geste, les romans arthuriens et les sagas scandinaves, tout comme l'iconographie et l'archéologie. L'épée est certes un outil fonctionnel, une prouesse technique et un objet d'art, mais aussi un artefact animé qui, dégageant une force surnaturelle, rend le chevalier invincible. Le combattant, le forgeron et les fées aimantes transmettant leurs épées sont au coeur de ce livre, qui explore les mentalités d'une époque révolue dont les récits continuent d'inspirer de nos jours l'heroic fantasy. L'épée est aussi le signe de la prépondérance sociale du chevalier et le symbole de la guerre dont il se réserve en exclusif l'exercice. Elle concrétise toutes les abstractions intellectuelles autour de l'usage de la violence légitime en société.
De la fin du Moyen Age à la Révolution, tout au long de l'époque dite moderne, le territoire français s'est agrandi, l'Etat s'est structuré, l'économie, la société et la culture ont évolué. Mais de nombreux caractères traditionnels de la civilisation française, hérités du passé, demeurèrent. Ce livre propose de suivre l'histoire de la France en respectant le fil du temps, pour bien marquer les drames et les succès, les ruptures et les évolutions, et pour situer les événements essentiels et les acteurs principaux. Le royaume est replacé dans son contexte européen, voire mondial, puisque les relations internationales n'étaient pas sans conséquences graves sur la vie des Français. Si la trame politique est privilégiée, elle s'accompagne d'une analyse de la vie religieuse et intellectuelle, comme des mutations économiques et sociales, afin de tenter une description aussi complète que possible de ce monde qui a disparu en 1789 et qui fut défini ainsi comme l'ancien régime.
À la fin du Moyen Âge, après des siècles d'abandon du lexique maritime antique, les écritures souveraines s'agitent soudain, car les mots d'une nouvelle accusation pénale sublime - le crime de piraterie des Latins - s'infiltrent dans les archives. Peu à peu, le lexique médiéval des « larrons de mer » se retire des rivages, tandis que s'avance le « pirate » : la France réinventait son criminel en mer au seuil de la modernité. Cette mécanique fut avant tout atlantique et royale : une invention, ou découverte, de la piraterie, telle une relique sainte du passé romain qui serait remontée à la surface avant d'être exploitée par les Valois pour ses vertus pénales. Cette apparition médiévale du pirate français est remarquable en ce qu'elle scrutait désormais l'obéissance des gens de mer, ainsi mis en sujétion par une inflexion terrible de la doctrine pénale. Le royaume de France, devenu une puissance maritime au XVe siècle, livrait ici un nouveau récit pénal des navigations, dans lequel pirates et rois se combattaient, pour mieux transformer le statut de ses frontières atlantiques.
L'Empire Plantagenêt, formé de territoires aussi divers qu'immenses, est allé de pair avec l'essor d'une cour brillante autour de ses souverains. Au Moyen Âge, des confins de l'Ecosse au royaume latin de Jérusalem, le nom des Plantagenêts résonne dans tout l'Occident. Avoir combattu les Sarrasins aux côtés du roi Richard Coeur de Lion est un motif de fierté. Henri II est soucieux de faire bonne justice. Quant à Aliénor d'Aquitaine, son activité pour défendre les possessions continentales de la famille et le trône d'Angleterre suscite l'admiration de ses contemporains. Comment les Plantagenêts, issus du modeste lignage des comtes d'Anjou, ont-ils atteint une telle puissance ? Pendant plus d'un demi-siècle, jusqu'en 1216, ils sont au coeur des affrontements politiques, militaires et religieux. Mais les alliances, les armes et l'argent ne suffisent pas à soutenir leur construction politique transmanche. Les relations ambivalentes avec l'Église, de même qu'une idéologie politique teintée de mythe arthurien font mal le lien avec l'image de rois protecteurs et justiciers qu'ils recherchaient. Au début du XIIIe siècle, de nombreuses possessions françaises se retournent contre eux et entraînent une crise de régime. Cependant, les Plantagenêts ont associé leur nom à un style de gouvernance et de vie de cour. Rois-chevaliers, ils ont su cultiver les arts et les lettres et leur saga a inspiré chroniqueurs et troubadours.
« Digne de mourir, comme inutile au monde » : c'est en ces termes que les archives ont conservé la trace de la condamnation à mort d'un valet déclaré coupable de vol, à Paris, en 1391. Est-ce là une simple tournure de phrase destinée à la postérité, ou cette expression traduit-elle la réalité d'un jugement considérant l'« utilité au monde » comme un prérequis au droit de vivre ? Et ce « monde », est-il celui du roi, qui affirme ainsi son pouvoir sur ses sujets, ou celui d'une chrétienté qui ne considère plus que le criminel peut être racheté ? Condamner à mort au Moyen Âge n'est pas un acte plus anodin qu'aujourd'hui. Il n'est pas non plus, semble-t-il, plus fréquent. Et si la condamnation est un outil d'affirmation du pouvoir royal, ce n'est pas par sa nature coercitive ou arbitraire, mais par l'encadrement des juges et la pratique de la grâce. C'est là l'autre pan d'un Moyen Âge rénové depuis plusieurs décennies que Claude Gauvard révèle, avec cette volonté d'approcher au plus près, par un examen minutieux et clairvoyant des sources, la cohérence d'une société médiévale qui nous est à la fois étrangère et pourtant fondatrice.
À Bologne, dans les registres de la justice pénale, entre 1343 et 1474, quatre-vingt-onze hommes sont accusés d'avoir abusé sexuellement de plus de cent trente enfants, garçons et filles. Ce livre analyse ces cas de pédocriminalité dans une optique de genre. Il dresse une sociologie des victimes puis des inculpés en s'attardant sur les sodomites, catégorie de pédocriminels en voie d'affirmation, s'intéresse ensuite à l'acte lui-même en intégrant l'extrême violence qui prend place avant le viol lui-même et les lourdes conséquences qui en découlent sur la victime, ses proches, la communauté, la morale, voire l'ensemble de la chrétienté, et enfin étudie les peines infligées aux coupables, de la difficile dénonciation du criminel à l'énonciation et à l'application de la sentence. En proposant une réflexion d'ensemble sur crimes, genre et châtiments, ce livre explore un sujet jamais traité auparavant par les médiévistes : le crime pédophile.
Sur le plan de l'histoire juridique, dans l'Europe de l'ouest qui relevait de Rome et de son droit, la persistance d'une Antiquité tardive jusqu'à l'orée du Moyen Âge que Duby qualifiait de « classique » semble se confirmer : la survivance des codes impériaux, la constitution d'un premier droit de l'Église, le maintien d'une pratique formulaire, les calques romains dans les lois dites « barbares » et les échos d'Isidore de Séville jusqu'en Irlande. Pourtant, à y regarder de plus près, le droit romain est un droit populaire, qui compose avec des pratiques provinciales, et si le droit qu'établit l'Église au IVe siècle respecte celui de la res publica, il n'en est pas moins une nouveauté. Les lois barbares s'efforcent d'adapter les coutumes des nations aux exigences de l'ordre impérial : la permanence de l'Antiquité en droit, surtout dans le nord de l'Europe, est peut-être plus une illusion de forme qu'une réalité de fond. C'est ainsi que tous ces courants confluent pour former un droit vivant qui, à travers ses déclinaisons multiples, peut être qualifié d'« européen ».
Bien avant l'émergence de l'idée démocratique, les grandes assemblées de l'Europe médiévale sont le laboratoire de techniques de représentation qui donnent voix au peuple. Ces assemblées territoriales, qu'elles se nomment parlements, états généraux, cortes ou diètes, sont au fondement d'une représentation politique de type parlementaire, constitutive de l'État moderne et ancêtre des régimes démocratiques contemporains. Fondée sur l'exigence d'un consentement du peuple au prélèvement fiscal ou à la réformation du droit, cette représentation institue, dans chaque royaume ou principauté, des instances médiatrices entre des sociétés politiques en pleine émergence et des princes dont la souveraineté n'a encore rien d'absolu. Le présent ouvrage s'intéresse à la fois aux idées des théologiens, des philosophes et des juristes, ainsi qu'aux pratiques cérémonielles de la convocation et de la célébration de ces assemblées, mettant en lumière la façon dont naissent les peuples à travers leur représentation.
En partant de sources parisiennes datées du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle (Parlement de Paris, Châtelet, Trésor des Chartes), Maud Ternon retrace l'appréhension et la prise en charge de la folie au Moyen Âge. L'étude de la folie au Moyen Âge a longtemps été abordée sous l'angle restreint des représentations, et l'ouvrage fondateur qu'est Folie et déraison. Histoire de la folie à l'âge classique de Michel Foucault tente avant tout de comprendre comment le geste de renfermement des fous dans les asiles a pu émerger au XVIIe siècle. La période médiévale n'est que peu concernée. Or, les registres des cours de justice médiévales présentent un grand intérêt pour écrire l'histoire sociale de la démence. Ils donnent à voir des représentations de la folie utilisées en contexte par des acteurs variés ; ils permettent d'observer les pratiques mises en oeuvre par la société autour du trouble mental. Quelles sont la ou les notions de folie mises en scène au tribunal, au moyen de quel vocabulaire et de quelles catégories juridiques ? Quels genres de comportements peuvent être présentés comme des signes de folie, et comment la preuve en est-elle établie ? Dans quels types de procédures la qualification de folie apparaît-elle le plus et sert-elle le mieux l'intention du plaideur ? Quel est le sort réservé au dément dans chacune de ces situations ?
Cité de Dieu, cité des hommes propose de reprendre l'examen de l'émergence en Occident de la question de la « cité » en accordant toute sa place au « Moyen Âge » des années 1200-1500, le plus souvent absent des ouvrages de philosophie politique en quête des origines de la modernité. La société peut-elle être conçue comme une « architecture » après 1200, quand semble s'épuiser la force métonymique du rapport église/Église qui a longtemps permis de concevoir la communauté humaine comme une architecture d'Église ? Si oui, par quels canaux ? La notion aristotélicienne de « science de l'architecture » et l'étude du « laboratoire urbain », spécialement le « laboratoire italien » de l'époque communale et de l'humanisme, révèlent une véritable révolution des discours sur le social. Le passage d'une configuration métonymique à l'autre, de l'église/Église à la ville/cité, est ainsi porteur d'un renouvellement des conceptions de la société, d'une Église qui « fait » la communauté des hommes, à une ville qui « fait » la cité « moderne ».
Ce premier volume est consacré à la période fondatrice, de l'inauguration de la capitale de Constantin sur le site de l'antique Byzance en 330 aux débuts de la conquête arabe au milieu du VIIe siècle qui détermine les limites territoriales réduites de l'empire mésobyzantin. Depuis 30 ans les perspectives et données ont été bouleversées par les nombreuses découvertes archéologiques et épigraphiques. Ce volume leur accorde la place nécessaire en particulier pour ce qui concerne l'économie et la vie des provinces.
Quelle était la nature du pouvoir monarchique en France à l'époque moderne ? Que faut-il entendre par « absolutisme » ? Comment le roi gouvernait-il ? Comment fonctionnait l'administration royale ? Par quels actes le souverain faisait-il connaître ses volontés et imposait-il ses décisions ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles le présent manuel répond en décrivant méthodiquement les institutions centrales et provinciales de l'ancienne France.Une large place a été faite à la structure des départements ministériels, à leurs bureaux et à leur personnel, à leur cadre matériel, de même qu'aux dépôts d'archives dont la constitution est l'un des effets de la croissance de l'État et du développement de la bureaucratie.Ce livre prend en compte l'apport de l'histoire administrative qui a connu ces dernières années un remarquable essor grâce au travail accompli à l'initiative des administrations elles-mêmes. De nombreux renvois, un index détaillé et des orientations bibliographiques en facilitent la consultation et l'utilisation.
La Renaissance catholique qui suivit le concile de Trente est justiciable de deux lectures historiques concomitantes. Elle fut durcissement des structures, enrégimentement des masses par un clergé mieux tenu en main, puissante entreprise de catéchèse, et cela grâce à l'appui de l'État. Mais elle fut aussi sainteté et piété. Ces deux aspects, qui peuvent paraître contradictoires l'un avec l'autre, cohabitèrent en réalité dans le vécu quotidien. Et si une christianisation quantitativement importante résulta de l'action méthodique de l'Église romaine, c'est parce que cette action fut qualitativement doublée, appuyée, vivifiée de l'intérieur par des trésors de dévouement, d'héroïsme, de charité, de spiritualité, d'imagination créatrice.Se pose toutefois la question des limites de la christianisation ainsi réalisée entre l'arrivée de Luther sur la scène historique et l'époque de la mort de Voltaire. À peine remis de la secousse protestante, le catholicisme dut affronter le choc des « Lumières ».
Ce second volume sur le monde byzantin est consacré à l'Empire byzantin de la mort de Heraclius en 641 jusqu'à 1204, chute de Constantinople, suivie d'un effondrement politique de l'Empire. La structure de ce volume est proche de celle du volume 1, l'Empire romain d'Orient de 330 à 641: présentation des grandes lignes de l'histoire événementielle, analyse des principales structures (empereur, église, armée, aristocratie byzantine et monde rural), fondements de la civilisation et études régionales. Les fondements de la civilisation byzantine ont été posés durant l'Antiquité tardive et sont restés les mêmes. Durant ces cinq siècles et demi l'Empire subit de nombreux revers face aux Arabes, mais au prix d'amputations territoriales majeures et d'une militarisation de la société, les empereurs réussirent à rétablir l'équilibre des forces et trouvèrent des ressources financières pour faire face aux guerres, ils recentrèrent l'Empire sur l'Asie mineure tout en sauvant la capitale. La chute de Constantinople marque la fin de la civilisation byzantine.
La torture, décriée à juste titre pour sa barbarie et son inefficacité, est considérée comme une méthode d'inquisition archaïque, excessivement pratiquée au Moyen-Âge. Faustine Harang déconstruit ce mythe : si la torture a constitué une stratégie judiciaire à l'heure où la justice pénale s'affirmait et où le monde féodal s'écroulait en faveur d'un pouvoir royal centralisé, son usage restait modéré et contrôlé. C'est précisément à la fin du Moyen-Âge que, privée de son fondement juridique, la torture s'est normalisée comme outil politique lié à la sûreté d'État.En interrogeant les archives du XIVe au XVe siècle du parlement de Paris, cet ouvrage entend analyser le contexte d'émergence de la torture judiciaire. Il confronte ses sources théoriques avec ses différents usages et pose ainsi la question des liens entre société, justice et pouvoir. Une conclusion s'impose : la torture au Moyen-Âge aura réussi un pari, celui d'imposer la peur à long terme sur une réputation largement teintée de légende.
La Renaissance est accusée de nourrir le roman de la supériorité européenne, technique, culturelle et économique. Elle est également à l'origine des figures contestées de l'État et d'une première mondialisation, forcément brutale et malheureuse. Quant à l'humanisme, il a légué l'élitisme scolaire et un spécisme en faveur de l'homme au détriment de l'animal. Bref, la période illustre toutes les dérives de l'esprit moderne, individualiste et narcissique, dont le transhumanisme serait le dernier avatar.Ce livre expose le bien fondé de certaines critiques, mais aussi les fantasmes qu'elles mobilisent. Il revient notamment sur la genèse du terme, la Renaissance s'opposant au « Moyen Âge » inventé au XVIe siècle par des hommes qui voulaient faire renaître l'Antiquité, ainsi que sur le Quattrocento italien, son véritable modèle, et sur les Réformes religieuses qui ont marqué la naissance de la modernité. Tenant compte des critiques, de l'historiographie ancienne et la plus récente, l'ouvrage propose de fixer les principaux traits de la Renaissance que l'on peut retenir aujourd'hui. Non, la Renaissance n'est pas morte.
A partir d'approches utilisant le quantitatif, la linguistique appliquée, la sémiologie de l'image, l'étude des représentations collectives permet de cerner la notion de mentalités médiévales. Celles-ci s'expriment dans l'espace, le temps, l'analogie, les symboles et le merveilleux, dans les différentes couches sociales. Des aspects négatifs existent, la condition subordonnée des femmes, le rejet des Juifs, la haine de l'étranger, la marginalisation des pauvres.
L'étude l'histoire politique et de l'histoire des relations internationales du XVIe siècle ont connu de grands bouleversements, ces dernières décennies, que le livre s'efforce de présenter. Après un rappel des grandes évolutions politiques du continent, des guerres d'Italie aux guerres de Religion, sont abordées les structures politiques et de la vie diplomatique européennes. Les grands débats historiographiques actuels sont enfin présentés.
L'auteur de cet ouvrage documenté s'intéresse aux caractères et à la perception du crime d'empoisonnement dans l'Occident médiéval ; en effet, ce type de crime pose un authentique problème parce qu'il s'éloigne par trop des voies ordinaires de la criminalité médiévale et semble en totale discordance avec les valeurs de la civilisation du Moyen-Age occidental. C'est un crime prémédité commis sans recours à la force, dans une société de violence spontanée où l'homicide résulte souvent de la pulsion ou se présente comme tel ; c'est, caractéristique relevée dès l'Antiquité, un meurtre généralement commis sans arme ni coup ni sang répandu dans un monde où plaies, glaives, couteaux et bâtons matérialisent l'agression et où l'effusion de sang détermine la gravité du crime. C'est une trahison perpétrée à table, par les viandes ou par le vin, dans l'univers de la fides, soudé par le partage du banquet et la sociabilité du boire. C'est un homicide insidieux et désincarné dans une civilisation porteuse d'une sorte d'éthique du " bien-tuer ". C'est un assassinat la plupart du temps foudroyant qui ne ménage pas à la victime la possibilité de se confesser, sommet de cruauté spirituelle dans une chrétienté obsédée par la "mors repentina".L'auteur s'est plongé dans l'univers inquiétant du poison criminel, dans une période que de nombreux historiens croyait exempte de ce type de criminalité. Un ouvrage éclairant sur les pratiques et les modes de pensée d'une époque méconnue et trop souvent caricaturée.
Souvent tenu pour violent et désordonné, le Moyen Âge ne l'est cependant pas comme nos contemporains se l'imaginent. Car la violence - un terme alors rarement utilisé, une réalité aux manifestations extrêmement variées - fonde un rapport et un ordre social, sur lesquels l'État impose progressivement son contrôle, mais sans jamais en renier le principe. À la suite des travaux de l'historienne Claude Gauvard, qui constituent un tournant dans la définition de la violence comme objet historique à part entière, ses nombreux élèves se saisissent du sujet pour lui rendre hommage dans cet ouvrage. Leurs riches contributions témoignent de la vigueur d'une approche extrêmement sensible aux apports de l'anthropologie, de la sociologie et du droit, qui oblige à regarder autrement le jeu social et politique au Moyen Âge.