L'histoire de la Méditerranée médiévale ne se résume pas à des affrontements perpétuels ; elle est aussi marquée par des périodes de paix et d'échanges diplomatiques intenses. Un mince fil séparait la guerre et la paix. Comment passait-t-on de la préparation, de l'organisation et de la conduite de la guerre à des relations pacifiques ? Cette thématique s'inscrit dans un ensemble disparate, l'Occident, Byzance et l'Islam, avec des sociétés et des idéologies distinctes, tout en étant liées entre elles par les échanges, les contacts et les communications multiples. L'ouvrage porte sur les transitions entre la guerre et la paix, sur les croisés répondant à l'appel de la propagande pontificale, les z mobilisés par le ihd, les eunuques byzantins qui se retrouvaient sur tous les fronts. La guerre signifiait aussi organiser la défense en temps de paix. La Méditerranée et ses milliers de kilomètres de côtes s'est hérissée de fortifications, de ribâts et de bases navales. La question des négociations occupe le coeur du volume. Elle témoigne de l'intérêt de l'historiographie actuelle pour l'étude de ce moment emblématique d'échanges diplomatiques, comme entre Venise et les Ottomans. À Byzance où prédominait l'idéologie de la paix comme fondement chrétien de l'Empire, la négociation n'avait parfois d'autre issue que la guerre. Pour magnifier le temps de paix les cadeaux diplomatiques se répandaient dans toutes les cours de la Méditerranée médiévale.
Au Moyen Age, nombre de métaphores circulaient à propos de Dieu. Mais peu ont été aussi répandues et aussi décriées que l'identification de l'Etre suprême à une sphère « dont le centre est partout, la circonférence nulle part ». Ce livre suit les méandres de cette histoire au xiiie siècle telle qu'on ne l'a pas encore vue : à la fois littéraire (Jean de Meun), théologique (Alain de Lille) et scientifique (Vincent de Beauvais) ; latine et vernaculaire. Il questionne sa provenance, ses liens avec la philosophie antique et la rhétorique, ainsi que les concepts de nature et d'infini. Grâce à des analyses détaillées de textes encore mal connus, tels que les traductions et abrégés en moyen français du Speculum maius, l'ouvrage aboutit au constat d'une richesse irréductible et, en même temps, au refus de voir dans cette micro-histoire une linéarité, voire même une progression.
Cinq mille Sans-culottes marseillais, suivis jour après jour, grâce à un exceptionnel bonheur de sources, deux années durant de 1791 à 1793 quand la ville à l'avant garde de la Révolution jacobine «tourne mal», devenue l'un des pôles de la révolte fédéraliste. L'ambition était d'en rendre compte par une approche quantitative de la fréquentation des assemblées sectionnaires. Une enquête de grande ampleur a été menée dans les années 1960-1970, associant au chercheur des groupes d'étudiants. Des obstacles que l'on relate ont fait abandonner le chantier ; l'auteur, mais aussi la démarche historique ont pris d'autres chemins. Ce livre en publie aujourd'hui les résultats. Ce n'est pas seulement un témoignage historiographique que l'on exhume, c'est le fruit d'une recherche sur des chantiers et des problèmes toujours ouverts. L'héritage de l'enquête quantitative n'a pas perdu toute pertinence.
Les historiens du Moyen Âge rencontrent assez fréquemment, dans leurs recherches, des hommes d'Église faisant la guerre. Ce sont la plupart du temps des prélats : évêques, abbés ou cardinaux. Ces hommes ne prenaient pas seulement les armes lors des croisades, mais aussi au cours de conflits séculiers, sans aucun motif religieux, comme la Guerre de Cent Ans. Or, contrairement aux idées reçues, l'usage des armes par le clergé n'était pas totalement interdit au Moyen Âge. De nombreux motifs permettaient aux prélats de justifier leur participation aux conflits armés, d'autant plus qu'en tant que seigneurs et vassaux des rois, ils étaient sollicités par les pouvoirs séculiers. Tout était question de mesure : si les évêques les plus belliqueux pouvaient provoquer le scandale, d'autres furent considérés comme des héros. Pourquoi étudier ce sujet à travers l'exemple de la France du XVe siècle ? C'est qu'au cours de cette période, ces pratiques semblent se raréfier avant de quasiment disparaître. Est-ce sous l'effet de l'esprit de réforme qui anime l'Église après le Grand Schisme, lors des conciles de Constance et de Bâle, ou sous celui de la modernisation des structures de l'État monarchique français et de ses institutions militaires ? C'est à ces questions que se propose de répondre cet ouvrage, à travers l'étude des actes et du mode de vie de ces prélats combattants, des questions de droit, de la manière dont ils furent jugés par la hiérarchie ecclésiastique et la société de leur temps.
Entre les années 970, où elle se constitue marquisat, et 1482, date de l'annexion à la France, la Provence s'affirme comme une principauté territoriale à part entière, à l'identité fortement marquée. Des hommes et des femmes, traversent cette histoire : l'abbé Isarn de Saint-Victor, porte-parole de la Paix de Dieu, le brigand Raimond de Turenne, chef des grandes compagnies, le roi René, généreux mécène, mais aussi Teucinda, fondatrice de Montmajour, la comtesse Béatrice, héritière convoitée par de nombreux prétendants, ou la reine Jeanne soumise à une double légende dorée et noire... Ces personnages apparaissent comme les types de groupes sociaux en pleine transformation : comtes chaque jour plus puissants, guerriers à leur service féodal ou en révolte ouverte contre eux, seigneurs affirmant l'indépendance de leurs châtellenies, marchands citadins traitant avec l'Orient, paysans asservis luttant pour leurs libertés ou ordres monastiques nombreux et divers. Connaître en profondeur et expliquer cette société est le but du présent ouvrage, qui intègre les progrès remarquables accomplis récemment par la recherche historique sur la Provence médiévale.
Entre Provence et Dauphiné, les Baronnies de Mévouillon et de Montauban, comprises entre Rhône et Durance, au nord de la chaîne Ventoux-Lure, constituent le champ de géographie historique retenu pour cette étude sur la naissance et la réussite de l'enchâtellement en zone de moyenne montagne. L'attraction du château sur l'habitat est cependant nuancée par la présence d'anciens prieurés séculiers relevant de grandes abbayes. Cette terre des Préalpes, de 178 alleux au XIIIe siècle bénéficiant de l'immunité impériale du Xe siècle à 1317, partagée entre plusieurs diocèses et d'anciens pagi relève d'un prestigieux lignage proche du comte de Provence et de Forcalquier. L'annexion des Baronnies principalement par le dauphin au XIVe siècle, est suivie d'un mouvement de désertion des castra au XVe siècle, conjugué à une véritable désertification de la région.
Cet ouvrage rassemble les actes d'un colloque international tenu à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme d'Aix-en-Provence les 6, 7 et 8 octobre 2016. Organisée par le Laboratoire d'Archéologie Médiévale et Moderne en Méditerranée (CNRS, Aix-Marseille Université) et par le Dipartimento di Scienze Storiche e dei Beni Culturali de l'Université de Sienne, cette rencontre a réuni près de cinquante spécialistes du Moyen Âge - archéologues, historiens, géochimistes - autour des métaux précieux en Méditerranée. Ce livre entend examiner un long processus qui s'étend de l'extraction des minerais jusqu'à la diffusion des métaux, en articulant les techniques aux sociétés et aux pouvoirs. Le panorama des principaux lieux de la production, ici présenté sous forme de synthèses régionales, côtoie des études qui suivent les différentes phases de ce processus, de façon à confronter les sources, les approches et à faciliter les comparaisons. L'enquête se focalise enfin sur les circulations des métaux, en mettant en évidence les problèmes de sources et de méthodes que cela induit, tout en proposant des relectures historiographiques fondées sur les résultats de travaux récents. Pour la première fois, la Méditerranée médiévale fournit le cadre géographique d'une réflexion collective consacrée aux productions et circulations des métaux précieux. Au-delà du simple bilan de connaissances, ce livre entend finalement proposer quelques jalons pour une histoire comparée et connectée : l'approfondissement, puis la confrontation d'enquêtes monographiques et régionales offrent dans cette optique de fécondes perspectives pour les années à venir.
Le terme « événement » apparaît seulement au XVe siècle dans la langue française, terme savant forgé à partir du latin « evenire ». Dans la langue de Cicéron, plusieurs mots signifiaient ce qui est pour nous aujourd'hui un événement, en fonction de sa nature et de sa causalité. Pour le Moyen Âge chrétien, héritier de la culture antique, les événements étaient intégrés dans l'histoire du salut. D'où un certain nombre de nouveaux critères mis en oeuvre pour la construction historique, analysés dans les articles de ce volume. De l'événement précisément daté à l'événement enrichi d'une dimension mythique ou encore à l'événement camouflé, de la nouvelle immédiate à sa récupération par l'historien médiéval au fil du temps, c'est avant tout l'écho de l'événement, sa transformation et son interprétation par l'écriture qui sont ici au coeur des débats où le lecteur retrouvera des médiévistes français et étrangers connus, dont plusieurs sont professeurs et chercheurs à l'Université de Provence.
À la fin du Moyen Âge, les sources font peu à peu sortir de l'ombre les familles royales. Le contraste est alors saisissant entre quelques grands moments publics baptêmes, mariages funérailles, la vie de cour et un quotidien hors norme. Le rôle de la reine, la place des enfants, les liens sororaux si mal connus et l'influence de la fratrie sont autant d'enjeux de pouvoir. Au-delà, l'extension réelle des solidarités au reste de la famille maternelle, paternelle et spirituelle peut s'apprécier au rythme de ses réunions et par des pratiques communes, comme le mécénat et le partage des dévotions. À l'heure des ultimes adieux, la famille a encore sa place. Le roi souhaite lui être associé pour l'éternité grâce au démembrement de sa dépouille et à son intégration dans la mémoire dynastique. L'harmonie de la maison royale, voulue par Dieu et garante de la paix et de la prospérité du royaume, est un exemple présenté à tous. Cette image est pourtant mise à mal par des déchirements bien ordinaires, des conflits et des drames célèbres. Mais dans les luttes pour parvenir au pouvoir, l'exercer, le conserver, malgré les passions, qui se donnent, les membres de ces familles, loin d'être affranchis des contraintes communes, doivent en subir de plus grandes pour conserver leur légitimité. Le service de la Couronne oblige. Cette exigence rend ces familles singulières.
Le colloque dont les communications sont ici publiées a eu pour ses participants une tonalité particulière. Et le Président de l'Université de Provence a tenu à être présent à l'ouverture des travaux. Cette rencontre était en effet dédiée à deux des membres fondateurs du C.U.E.R. M.A., Marguerite ROSSI et Paul BANCOURT. Ces collègues vont bientôt cesser d'enseigner. Il ne s'agira de retraite que sur le plan administratif puisqu'ils continueront tous les deux, nous le savons, leurs activités scientifiques, en particulier dans le cadre du C.U.E.R. M.A. Ainsi donc avons-nous travaillé cette année sur le thème de l'étrange et de l'étranger, domaines qu'ont particulièrement explorés nos deux collègues dans leurs travaux antérieurs.
Attentifs aux faits et gestes des grands personnages, les chroniqueurs du Moyen Âge les suivent quelquefois en voyage et nous en donnent une relation. Des documents officiels, portant mention de la date et du lieu, permettent de suivre exactement certains déplacements. Attendus au terme de leur mission ou poussés par les affaires, ces hommes s'attardent rarement en route. Récits et documents nous renseignent sur les étapes et les moyens de transport car il n'est pas d'un mince intérêt de connaître la rapidité de circulation des hommes et des nouvelles. La littérature de guides ou de pèlerinages, de son côté, fait surtout connaître des itinéraires, les sanctuaires qui les jalonnent, les monuments que l'on peut y voir, les populations que l'on y rencontre et les moyens de surmonter les principaux obstacles du parcours. Ces voyages entrepris par piété conduisent à un but bien déterminé, même si la route comporte des détours.
La communauté épique des chevaliers a ses exclus. Elle peut se définir par ceux qu'elle ignore s'ils n'ont pas reçu le "sacrement" de chevalerie qui fait d'eux des égaux. Ces étrangers, ce sont d'abord ceux qui ne sont pas chrétiens : les hordes de l'ennemi héréditaire, le Sarrasin. Ce sont aussi tous ceux qui ne combattent pas : ceux qui prient, moines ou prêtres ; ceux qui commercent ou travaillent de leurs mains : bourgeois et vilains.
L'épopée vise donc à un but, qu'il soit purement narratif, ou qu'il se double d'une valeur morale. La marche du temps est ressentie comme la force qui nous en rapproche ; le récit est fortement marqué de cette téléologie. Dans la chronique, au contraire, le départ vaut autant que l'arrivée, parfois jamais atteinte, et le temps, ou le récit, ne fait qu'interposer des couches successives, au gré des années, entre l'auteur et le début de son texte. Les deux genres sont donc on ne peut plus différents dans leur manière de représenter l'essence même de l'historiographie, le déroulement des événements dans le temps. C'est pourquoi les procédés d'adaptation des chroniqueurs confrontés par nos poèmes nous révèlent autant de méfiance que de foi. Leur témoignage sur la valeur 'historiographique' des chansons de geste est donc bien moins que probant.
Les mutations en cours de nos sociétés avivent le débat sur les identités politiques. Leur origine médiévale bénéficie ainsi d'un intérêt accru. La question s'inscrit simultanément dans une nouvelle histoire des pouvoirs, qui cherche leurs fondements. Entre ces bases, les sentiments d'appartenance tirent un rôle majeur. L'enjeu s'imposa avec acuité aux Capétiens de Sicile, ou « Angevins », entre XIIIe et XVe siècle. Ils gouvernaient des territoires dispersés de la Grèce voire de la Terre sainte à l'Anjou. Ils étaient d'origine étrangère à leurs peuples. Ils devaient gagner la reconnaissance de communautés et d'aristocraties multiples. Ils assirent pourtant une autorité acceptée pour légitime parce que capable d'unir autour de valeurs communes, tout en composant avec différentes traditions identitaires. Les seize contributions ici publiées analysent cette délicate combinaison, en privilégiant Provence et partie continentale du royaume de Sicile comme centres de gravité des domaines « angevins ».
Les recherches sur les récits de voyage médiévaux connaissent actuellement un renouveau des perspectives envisagées, qui situent ces textes dans des contextes et des problématiques renouvelés. Les dix contributions présentes dans ce volume explorent deux pistes : d'une part les liens entre récits de voyage et géographie, d'autre part la place de ces récits dans le développement d'une quête du « moi » au cours du Moyen Âge. La frontière entre récit viatique et traité de géographie est floue et les définitions de ces deux domaines demeurent poreuses tout au long du Moyen Âge. De la même façon, la place que tient l'écriture du voyage dans la naissance de l'autobiographie est significative et l'histoire de ces deux genres littéraires se croise fréquemment. Ces deux aspects, souvent opposés, rarement rassemblés, ne sont cependant pas antinomiques, mais méritent d'être examinés de façon conjointe. En effet, le voyageur, confronté à des lieux et des expériences nouveaux, qui viennent enrichir les connaissances géographiques, est aussi amené à un retour sur soi et à un questionnement sur son identité.
La Méditerranée des villes est déclinée dans une perspective braudélienne et une approche sociologique. Villes comme noeuds de communication de routes maritimes, depuis les villes portuaires du Nil et l'île-cité de Patmos jusqu'aux brillantes capitales, Constantinople ou Damas, ou de moins illustres comme Savone ou Smyrne qui eurent pourtant leur heure de gloire. D'autres villes, comme Tlemcen et Bône, se caractérisent par une sédimentation mémorielle, depuis l'Antiquité en passant par la medina médiévale jusqu'à l'époque coloniale qui bouleversa leur configuration. Avec les villes de la Méditerranée sont appréhendés leur histoire spécifique, l'ancrage du pouvoir et l'extension de leur territoire. Telle la ville-port de Gênes marquée par des emprises successives sur l'espace, mais aussi Grasse avec ses tours ou encore les villes d'Italie centrale avec le palais des seigneurs et les domus familiales. Marseille se situe dans la confrontation entre la commune et l'autorité royale : elle se veut autonome, parfois indépendante et insoumise. Rome passe d'une capitale à éclipse à une grande capitale où la centralisation, la renovatio urbis et les migrations transforment la société et le visage des quartiers périphériques. Apparaissent alors les communautés urbaines, leur vivre ensemble et leur identité. C'est l'histoire en devenir des communautés religieuses de Ciutat de Majorque. C'est le regard des nomades du Maghreb sur les villes. Ce sont les espaces de sociabilité dans les villes chypriotes. Enfin, la communauté politique peut s'écrire et perdurer, comme la Chronique de Montpellier, jusqu'à ce que guerres de religion et guerre civile brisent ce qui en faisait le ciment et la mémoire.
La notion de style ne va pas de soi. La question se complexifie encore lorsqu'on analyse les productions artistiques du Moyen Âge. Peut-on parler du style médiéval ? La diversité des qualificatifs qui le rattachent étroitement à une époque, à un espace, à une tradition, montre à quel point on reste encore démuni tant pour le définir que pour « inventer » des méthodes d'analyse. La stylistique, discipline universitaire reconnue et célébrée pour sa richesse, ne peut être convoquée telle quelle pour approcher les oeuvres médiévales. Il convient donc de s'interroger à nouveau, de se demander comment cerner dans le domaine des études de médiévistique cette notion apparemment familière ? Étant donné d'une part la « mouvance » des textes, les variations multiples d'une oeuvre à l'autre, les interactions entre les arts, et d'autre part le caractère traditionnel de la culture médiévale, quelles approches ménager ? C'est à ces questions et à celles qu'elles suscitent que se sont proposés de répondre les auteurs des 30 contributions réunies dans ce volume, à la suite d'un colloque international et pluridisciplinaire (littérature, peinture, sculpture, architecture, musique), fournissant par là même un aperçu vivifiant de l'état actuel de la recherche.
De nombreux ouvrages ont traité de la société ou des sociétés du Moyen Âge, mais ce sont le plus souvent les structures sociales, ou encore les institutions dans leurs rapports avec la société, qui ont retenu l'attention. Choisir pour thème de réflexion « vivre en société » nécessite d'abord de s'interroger sur cette expression pour en examiner toutes les implications et pour envisager la façon de les rapporter à l'ensemble de la période médiévale : d'où la nécessité de revenir sur le sens des mots et d'abord sur celui de « société », dans le cadre de l'occident chrétien. Parallèlement, dire que l'on vit en société implique que l'on puisse vivre en dehors, par volonté ou par contrainte : la dialectique de l'inclusion et de l'exclusion est donc au centre de la réflexion sur toute forme de société. Les quinze études présentées ici sont le reflet d'un travail collectif d'une année qui a rassemblé des historiens médiévistes connus et un certain nombre de leurs élèves, nouveaux médiévistes dont beaucoup n'en sont pas à leur première publication.
Comment les hommes ont-ils choisi d'écrire leur langue ? Comment cette transmission de l'écrit peut-elle générer des dysfonctionnements chez l'enfant ou chez l'adulte ? Ces questions constituent les deux problématiques principales de cette collection. Quelle fut l'origine des études des langues africaines ? Quelles zones géographiques recouvrait cette linguistique ? Pourquoi une telle terminologie ? Était-elle pertinente ? Quelles étaient les relations entre la linguistique africaine et la linguistique générale ? Très curieusement, il n'existe pas à ce jour d'ouvrage proposant cette vue panoramique. Et pourtant, les relations entre l'Europe et le continent africain ont été, et demeurent, des relations privilégiées, avec ses crises, ses utopies et, l'histoire de l'étude des langues africaines s'inscrit complètement dans les différents aléas idéologiques des relations entre deux continents. Humaniste, linguiste, Jean Léonce Doneux propose ici une histoire commentée de la linguistique africaine. Cette histoire commence avec les précurseurs et s'achève avec la période faste des années 70. Principes d'écriture des langues à tradition orale, réflexions nouvelles sur les catégories grammaticales des langues, classification des langues africaines constituent les trois grandes directions de la naissance de cette linguistique. Grâce à Jean Léonce Doneux, nous pouvons enfin lire cette histoire et comprendre cette linguistique africaine dans sa dimension européenne.
Napoléon avait promis aux Espagnols de régénérer leur vieille monarchie. Leur réponse fut la série d'insurrections qui, à partir du 2 mai 1808, éclata dans tout le pays. La situation était-elle pour autant révolutionnaire ? La Junte Suprême de Séville le nia avec force. Plus finement (ou plus naïvement) un député aux Cortès de Cadix déclarera plus tard qu'en Espagne il n'y avait pas de révolution, mais qu'on « les avait révolutionnés ». Afin de répondre à cette épineuse question nous avons fait appel à d'éminents spécialistes de la Guerre d'Indépendance anglais, espagnols, italiens, portugais et français. Cet ouvrage, qui se situe dans une perspective résolument comparatiste, examine, à partir des deux concepts de « régénération » (terme constamment utilisé par Napoléon pour justifier son intervention en Espagne) et de « révolution » (vocable utilisé à l'époque par les Espagnols et les premiers historiens du conflit), la conception et réception des projets de réformes que voulut imposer l'Empereur ainsi que le rôle joué par les médias dans cette extraordinaire guerre de propagande.
« À bon cheval et à mauvais cheval il faut l'éperon ; à bonne femme et à mauvaise femme il faut un maître, et à certaines du bâton. » Ce proverbe, cité par Paolo da Certaldo, un Florentin du XIVe siècle, révèle une société où les femmes demeurent dans un état de subordination permanent dont témoignent, en effet, les livres de raison de ses compatriotes. Cette étude de l'ensemble des chroniques florentines, écrites en latin et en langue vulgaire, depuis la « Légende des Origines » et les « Gesta florentinorum » jusqu'à la « Nuova Cronica » de Giovanni Villani et sa continuation par Matteo et Filippo, veut contribuer à une plus juste évaluation du statut des femmes dans la société florentine du XIVe siècle. Elle retrace la genèse de son historiographie, analyse les modes de désignation de la femme et des femmes utilisés par les chroniqueurs, pour mieux cerner la place que ceux-ci leur attribuent dans la cellule familiale et la société.
Qui est le notaire ? Quelle est sa formation, sa pratique quotidienne du métier ? Quels sont les liens que cet acteur de la justice civile a su tisser avec la société, le milieu de la judicature, les institutions, les pouvoirs, l'État du haut Moyen Âge à la fin de l'époque moderne ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre cet ouvrage qui prête une attention particulière à l'Europe occidentale (France, Italie, Portugal, Espagne et les « Indes », Suisse et Catalogne). Privilégiant une lecture plurielle, renouvelée et différenciée, selon les temps et les espaces, du notaire, de l'activité notariale et des actes, les études réunies ici permettent de saisir à la fois les techniques et le savoir-faire mis en oeuvre par ce professionnel du droit, dont le rôle de médiateur assumé au sein de la Cité et des sociétés rurales anciennes est fondamental. Les analyses ainsi conduites mettent en lumière aussi bien l'existence de conflits politiques, sociaux et institutionnels dont le notaire est le centre, qu'elles révèlent les contours de l'identité professionnelle conférée par cette activité essentielle dans les sociétés d'Ancien Régime. Praticien du droit, au service des pouvoirs citadins et des familles, du VIIIe au XVIIIe siècle, le notaire figure au coeur des mécanismes de régulation liés à l'infrajudiciaire tout comme à la pacification des dissensions, en favorisant le recours à la justice institutionnelle et le maintien de l'ordre.
Étudier l'administration napoléonienne en Europe à partir d'une étude de cas, celle d'un fonctionnaire français, Moreau de Saint Méry, à Parme sous le Consulat, permet de s'interroger non seulement sur la capacité des hommes de savoir et de pouvoir à s'adapter à tous les régimes politiques, mais aussi sur les adhésions et les résistances qu'elle a suscitées dans la péninsule italienne comme dans l'Europe des peuples, à partir de quelques exemples précis. Ce livre porte, enfin, une réflexion sur différents aspects d'une politique de civilisation.
Depuis 1993, un groupe interdisciplinaire réunit à l'Université de Provence d'Aix des chercheurs travaillant tous sur le XVIe siècle et dans des domaines différents : histoire, littérature française, histoire des arts, littérature italienne, littérature espagnole. Ils livrent ici leurs regards croisés sur le thème « Prendre une ville au XVIe siècle ». Il ne s'agit pas d'un traité d'art militaire ou de poliorcétique, mais d'une réflexion sur un champ vaste qui va du factuel à l'imaginaire : une façon de rompre le carcan du cloisonnement en disciplines et de restituer, si possible, la richesse d'une réalité toujours difficile à saisir et toujours grosse de promesses : ne reste-t-il pas encore bien des citadelles à prendre ?