Les vikings fascinent et laissent dans la mémoire collective des images fortes et contradictoires : pirates redoutables semant la terreur, navigateurs intrépides explorant des terres lointaines ou guerriers et commerçants en quête de richesses. Mais que sait-on réellement du mouvement viking et de ses dynamiques ? Quel monde naît de la rencontre des vikings avec les autres sociétés ?
Parfois présentés comme les précurseurs d'une globalisation, les vikings et leur histoire s'interprètent en termes de routes, de réseaux et de diaspora, et non plus seulement sous l'angle des invasions. Le temps des vikings fut une période de circulation des hommes, de migrations qui contribuèrent à façonner certaines régions de l'Europe, voire au-delà, des terres de l'Atlantique nord (Islande, Groenland) jusqu'en Russie ou aux mondes byzantin et islamique. Les objets, les idées, les in fluences artistiques et religieuses, les objets culturels au sens large circulent, s'échangent, s'adaptent. Les transferts culturels qui y sont associés et leurs manifestations forment le fil conducteur de ce livre.
La guerre et la violence restent au coeur des représentations associées aux vikings. Cependant, la confrontation n'était pas une fin en soi et elle laissait ouverte les voies à des compromis politiques et culturels. Les vikings rencontrèrent en effet des sociétés différentes, s'établirent au contact d'autres populations ou sur des terres vides d'habitants. Suivre ces expériences revient à s'interroger sur des situations « d'entre-deux », de cohabitation ou de rejet qui colorent le phénomène viking de manière singulière. La lecture de cet ouvrage novateur aidera ainsi à penser l'unité et la diversité des vikings.
Qu'est-ce que la féodalité ? est l'oeuvre maîtresse du grand historien François L. Ganshof. Depuis sa première édition, en 1944, il a été traduit dans le monde entier, devenant le classique de l'histoire médiévale. « L'irremplaçable mérite de ce petit livre dense, rempli de textes parfaitement commentés, est d'offrir à l'amateur le meilleur des guides, au spécialiste un instrument de référence d'une garantie éprouvée et d'une absolue loyauté.» Georges Duby, Annales, 1958 « Petit quant au volume, mais capital par ses résonances... La méthode adoptée a fait de Qu'est-ce que la féodalité ? le manuel (au sens noble) idéal pour les enseignants de tous étages soucieux de déconcerter le moins possible l'étudiant en l'introduisant au monde féodal, si étrange pour celui-ci.» E.-R. Labande, Cahiers de civilisation médiévale, 1980.
Des grandes invasions à la guerre de Cent Ans, le Moyen Âge est le théâtre d'une intense guerre secrète où toutes les techniques de l'espionnage moderne sont pratiquées : éclairage, écoute des conversations, interception de courriers... Les Vikings sont les premiers à recourir à la reconnaissance et au renseignement pour obtenir l'effet de surprise maximum au cours de leurs raids. Les Normands ne cessent d'avoir recours à l'espionnage pour la sécurité de leur duché ou pour la conquête de l'Angleterre et de la Sicile. En Méditerranée, Byzance dispose d'une solide tradition de l'action clandestine, mise en lumière par les Croisades, grâce à laquelle il parvient à déjouer les complots qui menacent l'empire.
À la différence de son encombrante rivale, Agnès Sorel, l'épouse de Charles VII, Marie d'Anjou, « reine sans gloire », reste dans l'ombre de l'Histoire. Elle n'est pas la seule. La plupart des souveraines des XIVe et XVe siècles - Jeanne d'Évreux, Jeanne de Bourbon ou Charlotte de Savoie - sont tombées dans l'oubli. Seules deux reines de cette période se détachent : Isabeau de Bavière et Anne de Bretagne, ancrées dans la mémoire de la « nation France », l'une par le rôle politique qu'elle joua, l'autre par son statut mythifié de dernière duchesse de Bretagne, qui, jusqu'au bout, se serait battue pour maintenir l'indépendance de sa principauté.
Or bien avant Catherine ou Marie de Médicis, ces femmes ont joué un rôle essentiel pour la Couronne, non seulement parce qu'elles portaient les destinées de la dynastie, mais encore parce qu'elles incarnaient, auprès de leurs époux, la majesté royale.
Murielle Gaude-Ferragu redonne ici une mémoire à ces reines oubliées et s'interroge sur la véritable nature de leur pouvoir et sur leurs fonctions au sein de la cour et du royaume de France.
Figure satanique, Gilles de Montmorency-Laval, seigneur de Rais (1405-1440) a fasciné de nombreux conteurs et biographes. Un personnage à la mesure de cette époque violente et chaotique où l'angélisme côtoie la barbarie.
Compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, il mena une brillante carrière militaire. Mais, ruiné par ses dépenses somptuaires, le grand seigneur se fit ogre. Il enleva, assassina des enfants, et s'adonna aux sacrifices humains. Arrêté et jugé par l'Église lors d'un retentissant procès, Gilles de Rais est exécuté. Il entre dans la légende. Une légende tronquée puisqu'on l'identifie alors à Barbe-Bleue, tueur de femmes et non d'enfants, mythe qui sera bientôt immortalisé par Charles Perrault.
À partir de sources et documents inédits, Matei Cazacu mène l'enquête sur le premier tueur en série de l'histoire de France.
Chercheur au CNRS et spécialiste de la Roumanie et du monde balkanique, Matei Cazacu est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages, notamment Dracula Texto, 2011) et Frankenstein (Tallandier 2011).
Rollon, chef viking, appartient autant à la légende qu'à l'histoire. Après avoir lancé de nombreux raids meurtriers sur l'Europe occidentale, il conclut, en 911, un traité de paix avec le roi de France Rollon accepte de cesser ses incursions en échange d'un territoire qui deviendra la Normandie. Rollon fait partie de ces envahisseurs scandinaves qui ébranlèrent l'Empire carolingien, fondé par Charlemagne. À partir des années 870, il participe à la plupart des expéditions de pillage dans la vallée de la Seine et dans le centre du royaume de France. Déterminé à arrêter ces attaques incessantes, le roi Charles le Simple négocie avec Rollon le traité de Saint-Clair-sur-Epte, conclu en 911 entre les Vikings et les Francs, met fin à plusieurs décennies de troubles violents et constitue l'acte fondateur du futur duché de Normandie. Pierre Bouet nous conte l'étonnante histoire de ce chef de pirates qui a acquis un pouvoir officiel et une autorité légitime sur tous les Vikings présents sur la terre qui lui a été concédée.
Moyen Age et érotisme : les deux termes paraissent contradictoires. Ils ne le sont pas. La civilisation médiévale, taxée à tort d'obscurantisme, fut extrêmement inventive dans les domaines du désir et de la sexualité. A la fin du XIe siècle, les premiers troubadours chantent la sensualité, la femme, l'adultère, et influencent progressivement les comportements amoureux en Occident, en rupture avec l'héritage antique. Au XIIIe siècle, le Roman de la Rose signe avec éclat la fin du grand rêve courtois et, dans les fabliaux, le sexe s'affiche crûment. Nombre de sculptures figurent l'obscénité, tandis que les rites carnavalesques évoquent une sexualité pulsionnelle, liée à des traditions populaires très peu chrétiennes. En définitive, l'érotisme médiéval, riche et contrasté, ne cesse de nous surprendre et de nous interroger. C'est un grand et beau sujet dont l'histoire n'avait jamais été écrite.
Sans Mahomet, Charlemagne n'aurait jamais été empereur ! De quand date vraiment la chute de Rome ? Pourquoi passe-t-on de l'Antiquité au Moyen Âge ? À ce vieux débat, Henri Pirenne apporte une réponse révolutionnaire : au VIIe siècle, la disparition du monde romain n'est pas le fait des invasions germaniques, mais de l'incursion de l'islam en Méditerranée, un nouveau pouvoir qui interrompt les échanges pluriséculaires entre Orient et Occident. Isolés, la papauté et le monde franc ont été contraints de se recomposer en chrétienté autonome. À la fois séduisante, provocatrice et accessible, la thèse de Henri Pirenne a suscité de nombreuses vocations chez les historiens, les archéologues ou les économistes. Adulée ou contestée, cette étude fondatrice, devenue un classique, alimente aujourd'hui plus que jamais le débat.
« Maîtrisant parfaitement une riche documentation, Pierre Bouet propose non seulement le récit haletant de cette campagne, devenue presque mythique, mais aussi une analyse percutante de ses enjeux et des tactiques employées. »
Historia
« Grâce à Pierre Bouet, nous accompagnons Guillaume dans son aventure, nous nous ruons à ses côtés sur l'ennemi (perfide), nous souffrons comme lui, nous nous réjouissons quand il vainc... Oui, décidément, vive l'histoire bataille ! »
Le Figaro Magazine
Cette seule journée du samedi 14 octobre 1066, les armes décidèrent du destin d'un royaume et de plusieurs milliers d'hommes. Si les conséquences de la bataille d'Hastings sont aujourd'hui bien connues, elle signe l'acte de naissance de l'Angleterre, le vécu des combattants est largement ignoré.
Pierre Bouet nous entraîne au coeur de la mêlée aux côtés des housecarls du roi saxon Harold ou des chevaliers de Guillaume le Conquérant. La sanglante réalité d'une bataille médiévale nous apparaît alors, avec ses actes de bravoure et de lâcheté, ses violences et ses souffrances.
Dernier ouvrage de l'un des plus grand historien du XXe siècle, Le Bourgeois de Paris au Moyen Âge revient sur les hommes - commerçants, boutiquiers, artisans, gens de finance, praticiens du droit, collaborateurs de l'administration royale, officiers de justices diverses, attachés aux institutions d'Église - qui, aux côtés du roi, ont fait de Paris la première ville d'Europe. Sous la plume de Jean Favier, détails pittoresques et anecdotes savoureuses émaillent le récit de la vie d'une population qui n'a pas sa pareille dans la France du Moyen Âge. Et à travers la question de la notabilité bourgeoise, il traverse l'ensemble de l'histoire médiévale de la cité parisienne. « Le Paris médiéval, de l'aube ou du soleil couchant, respire et s'active sous nos yeux. Et Jean Favier en est le guide ardent. » Télérama
Ce 19 septembre 1356, aux environs de Poitiers, les 12 000 Français du roi Jean II le Bon affrontent 8 000 Anglo-Gaxons sous les ordres du prince de Galles, fils d'Édouard III d'Angleterre, surnommé le « Prince Noir ». S'en suivent cinq heures de mêlée furieuse et de charges folles des chevaliers français qui sont décimés par les archers anglais et contraints à une fuite éperdue. Surtout, véritable désastre, le roi de France est fait prisonnier.
Au soir de la bataille, près de la moitié de l'armée française a été anéantie : 2 500 hommes ont été tués, 3 000 ont été faits prisonniers. Vainqueurs, les Anglais ont à déplorer des pertes bien moindres. Dix ans après Crécy (1346), qui a révélé la terrible efficacité des archers anglais, Poitiers, c'est déjà la routine de la défaite.
Pourtant, la bataille de Poitiers est plus qu'une simple péripétie de la guerre de Cent Ans, cet interminable conflit ouvert en 1337 et qui va durer jusqu'en 1453. Elle vient conclure une course poursuite haletante d'un mois entre le roi de France et le Prince Noir en août-septembre 1356. Elle marque aussi un tournant dans la guerre de Cent Ans. À la suite de la capture de Jean le Bon, le royaume se trouve dirigé par le dauphin, tout juste âgé de dix-huit ans. Le pays est alors déchiré entre les ambitions du roi de Navarre Charles le Mauvais et la démagogie d'Étienne Marcel, le prévôt des marchands, écrasé d'impôts pour acquitter le montant de la gigantesque rançon exigée par les Anglais et confronté à une terrible jacquerie. Ultime conséquence de la bataille de Poitiers : le traité de Brétigny en 1360 ampute le pays du quart de son territoire.
Pendant plus de vingt ans, de 1826 jusqu'en 1848, ce jeune aristocrate hongrois, sujet autrichien, attaché d'ambassade à Paris, participe à la vie mondaine de la capitale tout en suivant avec attention l'évolution de la monarchie constitutionnelle. Il pense en homme politique et en diplomate attaché aux principes de l'Ancien Régime, perplexe à l'égard de la France et des princes qui la gouvernent. Rodolphe Apponyi est un héritier spirituel de Metternich, hostile à une France encore capable de fomenter des troubles dans toute l'Europe. Son écriture toujours brillante, alerte, souvent mordante, entraîne son lecteur dans la France romantique qui hésite entre la fidélité au passé et le saut dans la modernité.
Les multiples guerres de Louis XIV ont suscité en Europe une riche propagande dirigée contre la France et les Français ou contre la personne du roi et son entourage. François-Paul de Lisola a été l'inspirateur le plus précoce et le plus virulent de cette rhétorique. Né en Franche-Comté en 1613, zélé serviteur du Saint-Empire germanique, catholique fièle et farouche défenseur des intérêts des Habsbourg d'Autriche et d'Espagne, il mena une double carrière de diplomate et d'écrivain politique. De la guerre de Dévolution dans les Pays-Bas espagnols (1667-1668) à sa mort en 1674, il composa une série de pamphlets qui rencontrèrent un succès considérable. Ces textes servirent de référence et de modèle dans la guerre psychologique qui s'engagea contre Louis XIV, au moment où les armées royales triomphaient en Europe. S'appuyant sur une vaste enquête archivistique et combinant avec fiesse l'analyse des réseaux de Lisola, des canaux de diffusion de ses idées (notamment en pays protestants), de son vocabulaire et de sa pensée politique, l'auteur s'efforce de mesurer l'inflence exercée sur les élites et les milieux éclairés d'Europe par Le Bouclier d'État et de Justice (1667), le texte le plus largement répandu et commenté de Lisola. Avec la redécouverte de ce véritable bréviaire d'opposition à la France de Louis XIV, c'est un pan oublié du Grand Siècle qui se dévoile, loin des idées reçues sur la gloire du Roi Soleil ou des caricatures faciles de son règne.
Du haut en bas de l'échelle sociale, à la ville comme à la campagne, l'homme médiéval pratique une foule de distractions. Les nobles chassent, assistent aux fêtes de cour ou aux tour-nois, lisent, font de la musique, festoient. Les autres, paysans, bourgeois et même prêtres, participent à d'innombrables fêtes dont l'Église cherche à limiter les «débordements» et à codifier les résurgences païennes. Tous boivent ferme, pratiquent le sport et les jeux de société, fréquentent les bains publics... La synthèse riche et colorée de Jean Verdon, jamais entreprise jusqu'à présent, nous montre une civilisa-tion qui sait compenser la dureté et la brutalité du quotidien par une imagination, une santé mentale, un débordement de vie difficilement imaginables aujourd'hui. Dans la mesure où la connaissance des loisirs est une composante fondamentale de l'histoire des attitudes devant la vie, son travail constitue un livre majeur.
Dans la nuit du 4 au 5 juillet 1809, près de 160 000 soldats de la Grande Armée traversent les eaux tumultueuses du Danube sous une violente pluie d'orage. À l'aube, le soleil brille. Le conflit le plus meurtrier de la campagne d'Autriche, la bataille de Wagram, peut commencer. Après la défaite d'Essling, c'est pour Napoléon l'affrontement décisif. Celui qui doit faire plier la monarchie autrichienne. Surprenant l'adversaire sur son propre terrain, l'Empereur marque le premier point dans le duel qui l'oppose à l'archiduc Charles. Point d'orgue d'une confrontation d'une
rare intensité, Wagram inaugure l'entrée dans la guerre moderne. Le rôle prépondérant joué par l'artillerie, l'importance des effectifs engagés et les stratégies d'anéantissement préfigurent en effet les conflits de masse du XXe siècle. À travers un récit magistral et en plongeant au coeur de la canonnade, Arnaud Blin nous invite à charger aux côtés des cavaliers de Lasalle, à viser avec les grenadiers de Masséna et à trembler avec les servants de la « batterie infernale ». Se dessine alors une fresque dans laquelle les passions humaines prennent toute leur place ; un affrontement où chaque soldat sent peser sur lui la violence irrationnelle de la guerre.
La blonde Montespan contre la brune Maintenon. L'une porte un grand nom quand l'autre est née dans une cellule de la prison de Niort. L'une, étincelante, spirituelle, ambitieuse, splendide, s'attache l'amour du Roi-Soleil et lui donne sept enfants. L'autre devient gouvernante des bâtards royaux et entre dans la vie du roi.
Louis XIV, contre toute attente, délaisse la sublime Montespan pour la discrète et redoutable Maintenon, de six ans plus âgée que sa rivale, moins tempétueuse, moins belle selon les canons de l'époque, moins éclatante, moins, moins... Et alors que la première mourra oubliée de tous, l'autre épouse dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683 le roi, autrefois volage, désormais fidèle, et dont elle partagera la vie pendant trente-deux ans.
Avec une plume alerte, l'historienne Agnès Walch nous plonge dans les coulisses de la Cour de Versailles et nous restitue pour la première fois l'affrontement de deux femmes, d'abord amies intimes puis ennemies mortelles, étonnamment modernes, éprises de liberté, déterminées et courageuses.
Le Grand siècle raconté du côté des femmes...
La Révolution française est un événement central de l'Histoire, et la décennie 1789-1799 a provoqué un grand basculement mondial. Loin d'en imposer une vision unique, elle ne cesse de susciter une multitude de débats, recherches, travaux savants et controverses passionnées. Comment comprendre, aujourd'hui, cette radicale mutation des fondements de la société et de l'État, cette mise en pratique des idées des Lumières (avec ce qu'elles pouvaient avoir d'utopique), cette apparition d'hommes et de femmes nouveaux, cette réorganisation de fond en comble du quotidien (et même du calendrier), cette transformation profonde du régime de la propriété, ces accès terribles de violence, ces guerres - civile et étrangères - contre une grande partie de l'Europe, cette générosité de la déclaration des droits de l'homme et de l'abolition de l'esclavage ? Conciliant un récit minutieux des événements avec le portrait des protagonistes, se focalisant sur les combats politiques, les phénomènes sociaux et la formation d'une nouvelle caste dirigeante, cette brillante synthèse, concise et parfaitement informée des études les plus récentes, nourrie d'anecdotes significatives, rédigée d'une plume ardente, ouvre des perspectives passionnantes et souvent mal connues du large public.
Le 16 octobre 1813, le canon tonne à Leipzig. L'artillerie ouvre ce combat titanesque passé à la postérité sous le nom de bataille des Nations, le plus grand affrontement des temps modernes jusqu'à la Première Guerre mondiale. Pendant quatre jours, la Grande Armée de Napoléon tient tête à la coalition des monarchies européennes. L'enjeu de cette gigantesque mêlée? L'équilibre européen. Les protagonistes ont conscience que le sort du Grand Empire se joue ici.
Après la retraite de Russie, la lutte anti-française se poursuit autour du tsar Alexandre Ier, du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III et de l'empereur d'Autriche François Ier. C'est toute l'Europe qui est en armes contre Napoléon.
Quand les pourparlers de Prague échouent, les alliés évitent la confrontation directe avec l'Empereur.
Durant l'automne 1813, ils se portent contre ses maréchaux pour les encercler. Napoléon voit à Leipzig l'occasion de livrer l'engagement décisif. Sur un champ de bataille très étendu, des combats furieux mettent aux prises 300 000 soldats coalisés contre 175 000 combattants français. Ces derniers affrontent avec panache les assauts frontaux d'un ennemi déterminé.
Erreurs de Napoléon ? Fragilités de la Grande Armée ? Guerre de libération de la nation allemande ? Au soir du 19 octobre, on compte plus de 100 000 hommes hors de combat. La défaite de Leipzig anéantit les derniers espoirs de Napoléon.
Automne 1815, Napoléon est exilé à Sainte-Hélène. La Restauration tente alors de balayer l'héritage de 1789. Symbole de l'Empire, la Grande Armée est dissoute. Proscrits par le nouveau régime, plusieurs milliers d'officiers, vétérans des guerres napoléoniennes, désirent toujours défendre la liberté des peuples et des nations. Parfois sans le sou, souvent sans avenir et attachés aux idéaux révolutionnaires, ils sont avides d'aventure et rêvent de gloire pour oublier l'Europe des rois. Professionnels de la guerre, ils vont alors proposer leurs services en Amérique du Sud, rejoindre l'Espagne ou conduire le peuple lors des journées révolutionnaires de 1830. Leur engagement politique frise parfois l'esprit de sacrifice. Ils acceptent de nouveaux risques : l'exil, la prison, voire la mort. Car la Sainte-Alliance (Autriche, Prusse, Russie) écrase les foyers libéraux et pourchasse ces officiers, sans répit. Craints pour leur ardeur au combat, leurs rôles au sein des sociétés secrètes et leurs convictions politiques, ils incarnent l'éventail de la gauche politique du XIXe siècle : libéraux, bonapartistes ou orléanistes, républicains modérés ou radicaux. La Grande Armée est ainsi le creuset de générations d'officiers pour lesquels le combat au nom de l'idéal de liberté n'est pas un vain mot. Walter Bruyère-Ostells narre leurs parcours, de Naples à Buenos Aires, offrant enfin une histoire vivante, pleinement incarnée, des mouvements révolutionnaires du premier XIXe siècle.
Nantes, place du Bouffay, 26 mars 1720 : quatre gentilshommes bretons -MM. de Pontcallec, deMontlouis, du Couëdic et LeMoyne de Talhouët- sont convaincus par un tribunal d'exception du crime de lèse-majesté et félonie. Ils périssent le soir même sur l'échafaud, décapités à coups de doloire, la hache des tonneliers. Les condamnés, si l'on en croit les juges, ont tenté de soulever la Bretagne avec le concours de l'Espagne, afin de renverser l'autorité du régent Philippe d'Orléans, oncle du jeune Louis XV. Étrange procès, et étrange châtiment, dans le contexte de l' « aimable Régence » (1715-1723), réputée pour son ouverture, sa modération et son libéralisme. Étrange affaire, aussi, toute de chevauchées nocturnes, de déclarations séditieuses, de déguisements improbables et de plans chimériques. Au terme d'une enquête approfondie au sein des archives judiciaires (à Paris) et locales (à Nantes, à Rennes, à Vannes), Joël Cornette a reconstitué la conjuration de Pontcallec et fait revivre l'homme auquel son nom est attaché. Il restitue le cadre des événements : l'affrontement entre une monarchie autoritaire, décidée à fabriquer des sujets obéissants, et une Bretagne insoumise, attachée au maintien de ses privilèges et de ses libertés. Il en dégage le sens : une réponse, anachronique et utopique, au malaise qui présida, des siècles durant, aux rapports entre le pouvoir et la société, entre le centre de l'Etat royal et ses périphéries. Il redonne son véritable visage à Chrisogone-Clément de Guer, marquis de Pontcallec, chef d'un nom ancien et illustre, gentilhomme irascible, seigneur ruiné et jaloux de ses droits. Il s'attache enfin à la « seconde vie » de Pontcallec, héros de romans, de complaintes et de l'histoire militante, devenu un symbole d'insoumission et un martyr des libertés bretonnes. De cette survie du marquis décapité témoignent les nombreuses versions du chant consacré à sa mort, auquel une postface d'Eva Guillorel et un CD réalisé par l'association Dastum redonnent ici toute son actualité.
« Je vois un danger imminent, je vois se former des orages qu'un jour toute la puissance royale ne pourra calmer, qui répandront l'amertume sur toute la vie du Roi, et précipiteront son royaume dans des troubles dont personne ne peut prévoir la fin.»
Ainsi s'exprime Malesherbes en 1787. Il est alors ministre de Louis XVI dans un Conseil où il ne peut exprimer son opinion. Toutes les décisions étant prises tête à tête entre le roi et Loménie de Brienne, principal ministre, il donne rapidement sa démission et remet au souverain plusieurs mémoires restés inédits à ce jour. L'éminent juriste y développe un large programme de réformes. Estimant révolu le temps de la monarchie absolue de droit divin, il supplie le roi d'accorder une constitution au royaume dans laquelle une assemblée élue jouera un rôle important. La réforme de la fiscalité, de la justice, l'abolition de la société d'ordres et la proclamation des libertés devront suivre aussitôt. Louis XVI reçut ces avertissements « avec un air de bonté ».On ne sut jamais ce qu'il en pensa. C'eût été la révolution venue d'en-haut.
« Ce n'est pas un joli séjour ! J'aurais mieux fait de rester en Égypte. Je serais aujourd'hui empereur de tout l'Orient » confie Napoléon dans un murmure, le 14 octobre 1815. Il sait que sa dernière demeure sera ce rocher sombre qu'il examine depuis le large, en s'aidant de la lorgnette d'Austerlitz et en s'appuyant sur l'épaule du valet Marchand, sous le regard consterné des autres Français. « C'est le diable qui a ch... cette île ! » crie une dame dont le langage ne manque pas de verdeur. Les portes de l'enfer ? Non,mais un bon endroit pour établir un bagne ; il faut convenir que Sainte-Hélène manque de séduction. Le décor idéal pour un drame en huis clos de cinq ans et cinq mois. Appréciés par les uns, détestés par les autres, Napoléon et ses fidèles y côtoient une société coloniale mesquine et fortement hiérarchisée : insulaires de toujours, fonctionnaires venus d'Angleterre dans les malles de la Compagnies des Indes, soldats préposés à la garde du « tyran français », mais aussi pauvres esclaves raflés sur les côtes d'Afrique ou d'Asie. Les lieux, les événements, les personnages qui ont traversé les 1973 jours de l'Empereur exilé reprennent ici vie dans une mise en scène époustouflante.
Nul n'a jamais songé à interroger le sens profond des sépultures de coeur des rois et reines de France à une époque où souverains, théologiens et médecins, par le biais de sermons, de traités et de Miroirs, font de ce «grand promu de la fin du Moyen Âge», selon la formule de Jacques Le Goff, le réceptacle de toutes les vertus et de tous les vices. Si la pratique de l'inhumation séparée du coeur est ancienne en Angleterre et dans l'Empire, elle n'est attestée dans le royaume de France que dans la première moitié du XIIIe siècle. Ce rituel se diffuse ensuite, au XIVe siècle, au sein du domaine capétien et se mue en un véritable privilège dynastique grâce à une exceptionnelle autorisation pontificale. À partir de 1380, à la mort de Charles V, le coeur du roi est l'objet de tous les égards. Inhumé lors d'une cérémonie spécifique, il est placé dans une urne richement décorée ou repose sous un somptueux gisant. L'objectif est multiple : les tombeaux de coeur attirent les prières et valorisent le sanctuaire qui l'accueille tout en enracinant la mémoire du lignage capétien sur le territoire de France, des couvents mendiants parisiens à Saint-Louis de Poissy, de la cathédrale de Rouen à la nécropole dionysienne. Alexandre Bande livre ainsi la singulière histoire des sépultures de coeur du XIIIe siècle au XVe siècle et narre la naissance d'un coeur personnifié, déifié et hypostasié.
Comment Napoléon gouverna-t-il le Grand Empire, soit quarante millions de sujets à son apogée ?
En choisissant de gouverner les 134 départements sans laisser d'autonomie aux autorités locales, Napoléon ne fait rien d'autre que poursuivre l'oeuvre de l'Ancien Régime et plus encore de la Révolution jacobine. Probablement est-ce même le trait le plus saillant du système autoritaire qu'il institua. L'État tout-puissant ne s'appuie pas seulement sur les préfets et les sous-préfets qu'il désigne mais aussi sur les maires qu'il nomme. C'est bien le pouvoir central qui décide de tout. En raison de ses faibles moyens et des difficultés de communication, la machine fonctionne plutôt mal et ses défaillances sont nombreuses.
C'est pourtant le legs le plus durable fait par l'Empereur à la France, et les régimes suivants ne cesseront de perfectionner la centralisation napoléonienne. Même depuis les débuts de la réaction décentralisatrice de 1982, le département demeure le coeur d'un mille-feuille administratif dont la France n'est pour l'instant pas parvenue à se défaire.
N'est-ce pas là une nouvelle preuve de la prégnance des institutions napoléoniennes ?