Né du chaos européen du début du Moyen Âge, le chevalier monté et en armure a révolutionné la guerre et est très vite devenu une figure mythique dans l'histoire. Des conquérants normands de l'Angleterre aux croisés de la Terre sainte, du héros de la chanson de geste au preux du roman arthurien, des amateurs de tournoi aux chevaliers-troubadours, Le Chevalier dans l'Histoire, de la grande médiéviste Frances Gies, brosse un tableau remarquablement vivant et complet de la chevalerie, de sa naissance à son déclin. Le chevalier apparaît d'abord en Europe comme un mercenaire sans foi ni loi avant de devenir l'étendard de la chrétienté puis un soldat de métier au service des rois. Frances Gies nous fait partager sa vie quotidienne, faite de joutes et de batailles, de pillages et de rançons, mais aussi de dévotion et de pèlerinage, et souvent sanctionnée par l'errance et une mort précoce. Elle nous fait revivre l'aventure des héros du Moyen Âge qui ont joué un rôle historique, comme Bertrand du Guesclin, Bayard et Sir John Fastolf, qui inspira le Falstaff de Shakespeare, ou les grands maîtres des Ordres militaires qu'étaient les Templiers, les Hospitaliers et les chevaliers teutoniques.
Au Moyen Âge, deux femmes parmi les plus féroces et les plus influentes ont marqué leur temps : Brunehaut et Frédégonde. L'une était reine d'Austrasie (actuelle Belgique, nord-est de la France et une partie de l'Allemagne), l'autre reine de Neustrie (nord-ouest de la France actuelle). À une époque où il était interdit aux femmes de posséder des biens ou d'hériter du trône, elles commandaient des grandes armées, négociaient avec les empereurs et les papes, développaient des politiques fiscales et construisaient des infrastructures. À leur mort, leur héritage a été délibérément oublié, déformé, voire ignoré. Pourquoi ?
À travers un récit épique, où la qualité d'écriture porte avec majesté un travail historique, Shelley Puhak répond à cette question et revient sur le parcours de deux femmes puissantes et... ennemies. Car pendant plus de quarante ans, Brunehaut et Frédégonde se sont affrontées dans des guerres civiles sans pitié.
Aujourd'hui, faire la lumière sur ces reines de l'âge des ténèbres invite à réfléchir au statut des femmes de pouvoir, au fil d'un récit palpitant.
Licornes, dragons, griffons : la vie des hommes du Moyen Âge, de l'An Mille à la Renaissance, est peuplée de quantité de créatures fabuleuses, mais aussi réelles et redoutées. Les saints Pères du désert, les moines et des prédicateurs dignes de foi assuraient que des bêtes féroces et des créatures monstrueuses et hybrides envahissaient la terre. Et comme ces chimères étaient envisagées à la lumière de la Création, elles suscitaient des interrogations fondamentales. Un cynocéphale était-il véritablement un homme à tête de chien ? Se pouvait-il que Dieu eût créé des créatures aussi horribles ? Au Moyen Âge, l'humanité vivait, en âme et conscience, dans un paradis perdu. De même qu'était perdu à jamais, après la transgression d'Adam et Ève, le merveilleux rapport de subordination que les animaux, créés pour servir Adam, avaient entretenu avec les hommes. Ces derniers ne disposaient pas d'armes efficaces pour affronter les loups, les ours et les sangliers, et à plus forte raison les lions, les tigres et les panthères, au cas où ils les auraient rencontrés. Ce qui n'empêchait pas leur imagination fertile de venir à leur secours pour surmonter leurs craintes. Dans cet essai somptueusement illustré, la grande médiéviste italienne Chiara Frugoni observe et analyse minutieusement des tapisseries, des miniatures, des mosaïques, des sculptures, des tableaux et des encyclopédies illustrées pour nous montrer les mille facettes de la tradition séculaire, aussi symbolique que réelle, qui liait les hommes et les animaux. Autant d'images commentées qui rendent vivante et palpitante cette époque lointaine dont a hérité notre culture.
Traduit pour la première fois en France, La Vie dans un château médiéval est un classique qui a initié des millions de lecteurs anglophones aux secrets du monde médiéval. Et qui a profondément inspiré George R. R. Martin, le créateur de A Game of Thrones. À partir du remarquable château de Chepstow, à la frontière de l'Angleterre et du Pays de Galles, mais aussi des plus admirables châteaux forts français, les grands médiévistes Frances et Joseph Gies nous offrent un portrait saisissant de ce qu'était la vie quotidienne de l'époque et nous montrent l'importance du rôle qu'y jouait le château fort. Les Gies ont le don de rendre à la vie les hommes et les femmes qui vivaient dans et autour du château, le seigneur et la dame, les chevaliers et les soldats, les serviteurs et les paysans, les troubadours et les jongleurs. Nous y découvrons comment les seigneurs et les serfs se vêtaient et se lavaient, ce qu'ils buvaient et ce qu'ils mangeaient, quels étaient leurs loisirs et leurs occupations, leurs codes de conduite sexuelle, leurs principes d'ordre et de solidarité. Nous y apprenons le rôle essentiel que jouait l'honneur dans la culture médiévale, le processus d'initiation auquel se soumettaient les chevaliers, l'importance des fêtes religieuses et des liens personnels, et pourquoi le château fort était autant un rempart contre les violences qu'une source de conflit et un enjeu de pouvoir. Remarquablement documenté, et aussi plaisant à lire qu'un roman, La Vie dans un château médiéval est l'ouvrage de référence pour quiconque a envie de se plonger, l'espace de quelques heures, dans cette époque fascinante.
Écrivains et historiens, Frances Gies (1915-2013) et Joseph Gies (1916-2006) ont écrit plus de vingt ouvrages sur le Moyen Âge, dont beaucoup ont été des best-sellers.
L'Imaginaire de la Commune est autant un livre d'histoire des idées que d'histoire tout court. En exhumant l'originalité de la Commune, ses aspirations à un « luxe pour tous », Kristin Ross arrache la Commune de Paris à toute finalité étatiste, productiviste, d'un socialisme de caserne. La Commune et ses « vies ultérieures » portent en elles une singulière actualité : elles marquent la naissance d'un mouvement paysan radical et écologiste avant l'heure, la « révolution de la vie quotidienne », ou encore les débats sur le système économique d'une société sans État. Par ce geste, Kristin Ross libère la Commune de son statut d'archive du mouvement ouvrier ou de l'histoire de France, pour en faire une idée d'avenir, une idée d'émancipation.
Kristin Ross est professeur de littérature comparée à la New York University. Ses livres publiés en français : Mai 68 et ses vies ultérieures (Complexe, 2005 - Agone, 2010), Rouler plus vite, laver plus blanc (Flammarion, 2006), Rimbaud, la Commune de Paris et l'invention de l'histoire spatiale (Les Prairies ordinaires, 2013). Elle a également contribué à Démocratie, dans quel état ? (La fabrique, 2009).
De 800 à 1100, les Vikings, venus du Nord, sèment la terreur dans de nombreuses villes européennes. Ils pillent, s'emparent des trésors des églises et des monastères, enlèvent des habitants qu'ils rançonnent ou vendent comme esclaves.
Mais on ignore souvent que ces marchands exceptionnels ont ouvert de nouvelles voies commerciales entre le Nord, Bagdad et Byzance. Ils se sont installés en Russie, dans les îles Britanniques, en Irlande, en Islande et au Groenland. Ils ont développé une poésie raffinée, vantant les prouesses des guerriers et les aventures des dieux. Les Vikings ne constituaient pourtant pas un peuple. Il n'était pas nécessaire qu'un sang scandinave coulât dans les veines du guerrier pour qu'il soit reconnu comme Viking.
L'auteur utilise les plus récentes découvertes archéologiques et les récits des ambassadeurs arabes pour raconter le quotidien des paysans comme des seigneurs de guerre - un monde où règnent magie et fantômes. Loin des barbares sanguinaires souvent décrits, les Vikings ont ainsi été des acteurs économiques de premier plan de la nouvelle Europe, avant de disparaître avec l'évangélisation de la Scandinavie et la création des royaumes de Norvège, de Suède et du Danemark.
Une vision totalement inédite des croisades : aussi palpitant et addictif qu'une série !1095. L'empereur de Byzance demande l'aide militaire des chrétiens d'Occident afin de restaurer sa puissance menacée par les musulmans. Le pape Urbain II, saisissant l'occasion, exhorte ses fidèles à délivrer la Terre sainte de l'emprise islamique. Les volontaires sont légion, d'autant que l'absolution des péchés leur est promise. Si la première croisade, qui s'achève par la prise de Jérusalem, est vécue comme un succès par les chrétiens, les musulmans y voient, eux, une terrible humiliation. Dès lors, Europe et Proche-Orient s'enlisent dans une guerre sans fin, aux répercussions encore tangibles aujourd'hui.
Pour la première fois, un historien nous donne un récit totalement incarné des croisades. Dan Jones s'intéresse en effet ici d'abord et avant tout aux individus, qu'ils soient chrétiens, juifs, musulmans, hommes ou femmes, célèbres ou anonymes. Doué d'un sens de l'intrigue digne des plus grands romanciers, il nous fait entrer dans leur intimité et nous offre ainsi un tableau passionnant et inédit de l'époque. C'est
littéralement une autre façon d'écrire, de lire... et de vivre l'Histoire.
«Recits des temps anciens», les sagas legendaires (fornaldarsogur), composees en Islande aux XIIIe et XIVe siecles, brodent sur le passe mythique de l'ere viking.
Elles donnent forme, dans un style plein de vigueur, a ces mondes magiques dont Richard Wagner ou J. R. R. Tolkien surent s'inspirer pour batir leurs propres univers litteraires et poetiques. Surgissant des ages heroiques comme les anneaux tentaculaires d'un dragon primitif, les vingt textes reunis dans ce volume constituent le fleuron d'une litterature de fantaisie sans equivalent.
Traduit pour la première fois en France, La Vie dans un village médiéval est un classique qui a initié des millions de lecteurs anglophones aux secrets du monde médiéval. Et qui a profondément inspiré George R. R. Martin, le créateur de A Game of Thrones. À partir de l'exemple du village anglais d'Elton, vers 1300 de notre ère, Frances et Joseph Gies racontent l'histoire de l'origine, du développement et du déclin du village européen. Avec une grande richesse d'anecdotes et de détails, ils dressent un portrait saisissant de ce qu'était le quotidien de l'époque et nous montrent l'importance du rôle qu'y jouait le village. Les Gies ont le don de rendre à la vie ces hommes et ces femmes qui vivaient dans et autour du village. Nous découvrons comment les champs étaient cultivés, comment seigneurs et serfs se vêtaient et se lavaient, ce qu'ils buvaient et ce qu'ils mangeaient, quels étaient leurs occupations et leurs loisirs, et quels curieux traitements ils inventaient pour se soigner. Nous y apprenons le rôle essentiel que jouait l'église dans le maintien de l'ordre social et comment le système juridique et le code de conduite, étonnamment avancés, du village médiéval posèrent les fondations de la civilisation occidentale. Aussi plaisant à lire qu'un roman, La Vie dans un village médiéval est l'ouvrage idéal pour quiconque a envie de se plonger, l'espace de quelques heures, dans cette période fascinante.
"1250. À quoi ressemblait une ville médiévale ? Comment y vivait-on ?
Les grands historiens Frances et Joseph Gies choisissent Troyes, en Champagne, comme l'archétype de la cité médiévale européenne. Grande cité prospère et ville de foire de l'époque, elle éclaire un moment phare de la civilisation médiévale, quelques années avant la guerre et l'épidémie de peste noire qui ravagea l'Europe. Devenu un classique, La Vie dans une ville médiévale nous ouvre la porte d'une période de l'histoire d'autant plus fascinante qu'elle passe souvent, dans l'esprit du public, pour un âge d'obscurité et d'arriération.
La vie urbaine au milieu du XIIIe siècle tourne autour de la demeure familiale, qui sert souvent aux bourgeois à la fois de logis, à l'étage, et d'atelier ou de commerce, au rez-de-chaussée. Le centre-ville, où les artisans rivalisent d'habileté tout en se réunissant dans des corps de métiers régis par des règles de conduite communes, est un haut lieu de l'activité textile, agricole et bancaire. Il y a des écoles pour les enfants, mais seulement les garçons, et l'enseignement se fait en latin, par les soins d'un prêtre. L'église est le noyau de la vie religieuse et civique, les offices sont des moments de théâtre et de musique, et les voisins s'y réunissent pour des baptêmes ou d'autres célébrations. Les mariages des familles les plus prospères sont l'occasion de fêtes somptueuses où la danse le dispute à la chanson, et où le vin coule quelquefois pendant plusieurs semaines."
Au début du XIIIe siècle, les hordes d'Ögdei, le fils de Gengis Khan, déferlent sur le Nord-Est de l'Europe et ravagent tout sur leur passage, puis s'en retournent. L'Occident est glacé d'effroi ; le pape Innocent IV décide d'envoyer une ambassade au grand-khan mongol pour y voir plus clair.
C'est ainsi que le franciscain Jean de Plancarpin part pour l'Asie centrale en 1245. Il revient après un voyage de deux ans qui l'a conduit, au coeur des steppes, l'oeil aux aguets, à assister à l'élection du nouvel empereur, Güyük.
Ce livre rassemble le récit du voyage de Plancarpin agrémenté des histoires fantastiques colportées le long des Routes de la Soie , deux comptes rendus méconnus de ses aventures, ainsi que la traduction des lettres du pape apportées au grand-khan et la réponse assez magnanime de ce dernier. Ces textes nous ouvrent en grand les portes de l'Empire mongol au faîte de sa puissance.
Un grand massacre de chats: d'après un témoin, voilà bien l'épisode le plus comique qui se soit déroulé dans l'imprimerie de Jacques Vincent, rue Saint-Séverin, à Paris. Qu'y avait-il pourtant de si drôle? Pour quelles raisons un groupe d'artisans parisiens trouvaient là un inoubliable sujet d'hilarité?
C'est ainsi que Robert Darnton entame son exploration des attitudes et des croyances dans la France du XVIIIe siècle. Avec passion, il nous fait revivre la façon dont les Français de l'âge des Lumières conçoivent le monde et la façon dont les paysans, bourgeois, aristocrates ou philosophes pensent et ressentent leur environnement.
Tout à la fois anthropologue et historien, Robert Darnton évoque avec sensibilité ce que représentent le surprenant ou l'habituel dans les mentalités françaises du XVIIIe siècle. Il est facile et sans doute rassurant d'imaginer que nos ancêtres pensaient comme nous le faisons aujourd'hui, abstraction faite des perruques et des jabots. C'est tout le mérite d'un livre comme celui-ci de nous aider à nous libérer d'un sentiment trompeur de familiarité avec le passé.
Sous la forme médiévale du bestiaire, cet ouvrage narre l'histoire de plus d'une centaine d'animaux réels ou imaginaires - comme la colombe ou le basilic, le cheval et le perroquet, l'âne et le chameau, l'éléphant et le dragon, le phénix et le paon, le céraste et l'unicorne. Ils ont continument accompagné, par leur fonction symbolique, l'affirmation de l'autorité pontificale, mais ont parfois été convoqués par ceux qui entendaient critiquer, réformer ou délégitimer la papauté comme institution. Le cheval, prestigieux élément symbolique de pouvoir et de vie de cour, a cavalé pendant quinze siècles auprès des papes. La cour la plus ancienne du palais du Vatican s'appelle encore aujourd'hui Cour du Perroquet en souvenir du fait que pendant des siècles les perroquets ont eu la fonction d'annoncer vocalement le pape en tant que souverain. Comme les rois de France, les papes ont possédé des ménageries ; celle du pape Médicis, Léon X, avait accueilli le magnifique éléphant blanc indien offert par le roi Manuel Ier du Portugal et dont Raphaël nous a laissé le portrait. Au revers de cette médaille, l'animal devint aussi un instrument de satire anti-pontificale, dans les drôleries de superbes manuscrits enluminés, avec des singes et des serpents portant la couronne du pape (la tiare), bien avant que Luther et ses collaborateurs à Wittenberg (Lucas Cranach et Philippe Melanchthon) ne se servent de l'image du pape-âne (Papstesel) pour nourrir leur polémique anti-papale.
La première croisade est l'un des plus fameux événements de l'histoire. Les textes grecs, arméniens, arabes et syriaques qui en témoignent sont d'une fabuleuse richesse. Pourtant jusqu'à présent, de nombreuses questions sont restées sans réponse et de nombreuses sources ignorées. En plaçant le lieu de son enquête à Constantinople, au coeur de l'Empire Byzantin, et sous le règne d'Alexis Ier Comnène, Peter Frankopan opère un radical changement de focal. Il dévoile une autre histoire des raisons et du déroulement de l'expédition qui, au XIe siècle, a ravi Jérusalem aux mains des musulmans.
C'est un étrange dossier des archives de la Bastille et l'un des plus fascinants, fait de paperolles, qu'ouvre, pour la première fois, Robert Darnton.
Au printemps de 1749, le lieutenant général de police à Paris reçut l'ordre de capturer l'auteur d'une ode moquant le roi et sa maîtresse. Le mot fut passé aux légions d'informateurs, ou mouches, et bientôt quatorze personnes croupirent dans les geôles - des prêtres, des clercs et des étudiants.
Griffonnés sur des bouts de papier, les vers circulaient de cabarets en dîners avec grand succès. Robert Darnton ne reconstitue pas seulement une affaire de création collective ; il tire les mailles d'un étonnant filet : celui de la communication orale, politique, dans le Paris populaire du XVIIIe siècle. La plupart des hommes et surtout des femmes ne maîtrisant pas la lecture, le moyen mnémotechnique le plus efficace était la musique. Les poèmes étaient composés pour être chantés sur des airs célèbres que l'on retrouve dans les recueils connus sous le nom de chansonnier.
Voici une occasion exceptionnelle d'écrire une histoire de la communication à partir de son élément majeur, l'oralité, qui d'habitude ne laissait aucune trace.
À Orléans, en 1022, des hérétiques furent envoyés au bûcher pour la première fois dans l'histoire de l'Occident. Au cours des deux siècles qui suivirent, un mécanisme fut progressivement instauré, qui allait perdurer bien au-delà du Moyen Âge: des personnes identifiées comme des ennemies de la société chrétienne étaient désormais susceptibles de subir diverses formes de répression, jusqu'au supplice par le feu. Avec la Croisade albigeoise, puis la création de l'inquisition en 1233, commença la persécution systématique de ceux que l'on accusait à tort ou à raison mais toujours en déformant leurs idées et leurs pratiques de ne pas adhérer pleinement à la doctrine catholique.
Robert I. Moore, dans cet ouvrage majeur enfin traduit en français, retrace avec finesse et vivacité l'histoire des hérésies entre le XIe et le XIIIesiècle, de l'Occitanie aux pays du Rhin, de l'Italie aux Flandres et à l'Angleterre. Il remet en cause bien des idées reçues. Faire la «guerre à l'hérésie» se révèle avoir été un moteur de la transformation générale de la société et des pouvoirs, c'est-à-dire de la naissance de l'Europe au Moyen Âge.
Les mouvements du monde peuvent-ils se régler d'eux-mêmes et produire leur propre stabilité bien équilibrée ? Les choses s'arrangent-elles toutes seules ? Ce rêve de toujours, constamment mis en déroute et retrouvé, a connu en Occident latin, pendant plus d'un siècle, (1250-1375) une vogue intense et a même produit un modèle unitaire et ambitieux qui affectait la pensée économique scolastique, la doctrine politique, le savoir médical et la philosophie naturelle. Les penseurs les plus aigus et les plus novateurs de l'époque ont montré le fonctionnement et surtout les immenses possibilités offertes par ce modèle, qui a entraîné de capitales orientations nouvelles. C'est ce qu'a découvert Joel Kaye dans ce très grand livre, qui réussit à être fort lisible et d'une érudition ébouriffante et qui nous fait saisir les séductions encore actuelles de ce beau mirage. Ce livre a été couronné en 2017 par la médaille Haskins (Medieval Academy of America) et a obtenu le prix Jacques Barzun (American Philosophical Society).
Cet ouvrage raconte l'incroyable histoire du citoyen romain le plus célèbre du Moyen Âge, Cola di Rienzo (1313-1354). Homme instruit et brillant, il subjugue les foules par de beaux discours, rêve de rendre Rome à son antique gloire et prend le pouvoir en 1347. Il a alors trente-trois ans. Visionnaire politique, humaniste ou encore homme de foi attiré par des idéaux de réforme révolutionnaires, il est considéré à l'époque romantique comme un précurseur de l'Unité italienne. Personnalité complexe, ambitieux et plein de contradictions, il se met en scène dans de superbes cérémonies, s'imaginant déjà empereur. Il connaîtra toutefois une fin tragique. Cette nouvelle biographie illumine ce personnage hors du commun qui possédait l'art inné d'utiliser les mots pour séduire et convaincre. L'auteur décrypte les ressorts d'une propagande qui permit à cet homme du peuple d'accéder au pouvoir. Il nous amène ainsi à réfléchir sur le thème toujours d'actualité de la dangereuse puissance de la propagande et des rhétoriques populistes.
Guerrier accompli, leader et stratège redoutable, Red Cloud (« Nuage Rouge », 1821-1909), est le seul Indien de l'histoire américaine à avoir remporté une campagne militaire et imposé ses conditions à Washington. À l'apogée de son pouvoir, les Sioux contrôlaient un cinquième du territoire américain et comptaient des milliers de combattants dans leurs rangs. Mais que connaît-on vraiment de son histoire, jusqu'alors restée dans l'ombre ?Né dans l'actuel Nebraska, Red Cloud, orphelin très jeune, connaît une ascension fulgurante au sein d'un peuple qu'il va élever au rang de véritable puissance militaire et politique. Le conflit qu'il mènera entre 1866 et 1868, baptisé « la guerre de Red Cloud », s'achèvera par la défaite des soldats américains, comme un avertissement adressé à Washington : les Indiens des Plaines se battront jusqu'au bout pour défendre leurs terres et leurs traditions.Inspiré par une autobiographie inédite et récemment retrouvée, Sur la terre des Sioux retrace la légende de l'un des plus grands chefs indiens et offre une perspective inédite sur la guerre que les Sioux, dont Crazy Horse et Sitting Bull entre autres, ont menée contre l'envahisseur blanc. « Un récit fascinant, implacable et tristement véridique. » USA Today
À la traditionnelle relation filiale établie entre judaïsme et christianisme, Israel J. Yuval propose de substituer une relation de fratrie et de concurrence, dont le symbole biblique serait le couple de jumeaux Jacob et Ésaü, fils ennemis de Rébecca, à laquelle l'Éternel avait annoncé : « Il y a deux nations dans ton sein ; deux peuples, issus de tes entrailles, se sépareront. Un peuple sera plus fort que l'autre et l'aîné servira le cadet. » (Genèse 25,23.)
Dans cette perspective, Isarel J. Yuval renouvelle en profondeur la perception des relations entre Juifs et Chrétiens au Moyen Âge. Loin de former deux univers étanches, les « frères ennemis » possédaient une subtile connaissance l'un de l'autre, fondée sur la proximité dialectique, la familiarité avec les catégories théologiques de l'adversaire et sur de constants renversements mutuels d'images, de symboles, de rituels et de pratiques.
« Deux peuples en ton sein » s'attarde particulièrement sur les trois couples conceptuels qui se trouvent au coeur de la controverse entre Juifs et Chrétiens : Jacob et Ésaü, Pessah et Pâques, la sanctification du Nom et l'accusation de crime rituel.
À l'écart de tout parti pris et de toute provocation, cet ouvrage est de nature à bouleverser plus d'une idée reçue sur l'histoire des Juifs comme sur celle des Chrétiens.Professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, Israel Jacob Yuval est un historien renommé du judaïsme médiéval ainsi que le directeur scientifique du Mandel Institute of Jewish Studies.
L'homme qui organisa la résistance à l'intérieur d'AuschwitzLe lieutenant de cavalerie Witold Pilecki a 38 ans en 1940. Sous un faux nom, il se laisse arrêter, comme par un fait exprès, au cours d'une rafle de la Gestapo, et entre à Auschwitz pour raconter au monde ce qui s'y passe : ses écrits, envoyés depuis le camp de concentration, sont les premiers documents sur la question à être parvenus aux Alliés. L'homme est habile, astucieux et chanceux. Il s'évade de façon rocambolesque en 1943 puis prend part à l'insurrection de Varsovie en 1944, mais se retrouve de nouveau prisonnier des Allemands, jusqu'à la fin de la guerre.
A son retour en Pologne, il comprend immédiatement que les idéaux pour lesquels il s'est sacrifié n'ont plus droit de cité dans sa patrie. L'heure est à la toute-puissance de l'Armée Rouge et à l'endoctrinement soviétique. Tout ce qu'a pu faire Pilecki n'a aucune valeur pour les autorités communistes. Il devient gênant ; et voilà qu'on l'accuse d'être un « traître », « un agent impérialiste », un « ennemi du peuple » à éliminer. Son destin est scellé : condamné trois fois à mort, il est exécuté le 25 mai 1948. Un lourd silence tombe sur lui, et sur ce qu'il a fait. La damnatio memoriae est absolue, il est interdit de prononcer jusqu'à son nom. Encore aujourd'hui, vingt ans après la chute du Mur de Berlin, sa famille ignore l'endroit où il est enterré.
Traduit de l'italien par Marc Lesage
Ecrit au XIVe siècle, mais découvert seulement au XIXe siècle, ce récit en langue syriaque nous fait découvrir un des ambassadeurs envoyé par les Mongols en Europe : Sauma, né à Pékin, conduisit une mission diplomatique du Khan Argun, souverain de l'Iran. Son confrère plus jeune fut élu chef de l'Eglise d'Orient sous le nom de Yahballaha III. Un témoignage précieux d'un moment historique pour le Moyen-Orient et l'Europe : la période de la paix mongole.
Comment imaginer l'Etat moderne dans sa version coloniale ? Comment comprendre les structures et le fonctionnement d'une administration qui s'étendait des deux côtés de l'Atlantique et dont les officiers n'étaient pas (encore) des fonctionnaires publics ? Où l'échange d'informations était continu mais toujours défaillant ? Les relations qui lient la ville de Quito, en Amérique, avec Madrid, entre 1650 et 1750, sont la trame qui permet de poser ces questions et d'évoquer un passé fortement distinct du présent.
Quels intérêts d'ordre pratique se cachent derrière les nombreuses histoires généalogiques publiées au début de l'âge moderne ? Ces généalogies fabuleuses attribuent aux dynasties régnantes et aux familles nobles des origines tellement illustres et si éloignées dans le temps qu'elles en apparaissent ridicules et incroyables. Or, dans le cadre d'une histoire des origines des peuples et des pays, ces généalogies sont également diffusées dans des textes dont l'ambition est certes de légitimer et de célébrer, mais tout autant d'élaborer un discours historique, même s'il semble bien étranger à notre écriture de l'histoire.
Ce livre étudie les présupposés intellectuels et la mise en oeuvre scientifique de l'historiographie généalogique. Il passe en revue un certain nombre de thèmes propres à la production de l'âge moderne ; il en examine les origines dans l'Antiquité classique et chrétienne ; il confronte cette production à la critique érudite et aux idéologies religieuses et politiques de l'époque.
En tentant de comprendre la signification d'une historiographie différente de la nôtre - dans son déploiement logique comme dans sa matrice chronologique -, Roberto Bizzocchi nous suggère aussi de nous livrer à une autocritique prudente. Est-il certain, en effet, que notre propre quête de la vérité historique obéisse toujours à une rationalité à toute épreuve ?