Ce livre, que nous devons à la diligence de Riccardo Di Donato, paraît au centenaire de la naissance de Louis Gernet, savant helléniste qui publia sa célèbre Anthropologie de la Grèce ancienne aux éditions François Maspero en 1968. Ce qui intéresse Gernet dans les divers écrits réunis ici, et dont il cherche, en particulier dans la légende grecque, les éléments de solution, c'est le passage sur tous les plans, socialement et mentalement, d'une préhistoire de la Grèce à une civilisation de la Cité. Avènement du droit, création de la monnaie, institution du politique, émergence d'une éthique, naissance de la philosophie, de l'histoire, de la science, de la tragédie : autant de faits qui témoignent d'une seule et même révolution et dont l'examen permet de mieux saisir comment s'est opérée la transition d'un univers mythico-religieux à un autre, tout différent, quelles que soient les survivances et les transpositions, et que Gernet appelle raison ou intelligence critique, ou libre réflexion, ou encore esprit de tolérance. Mais Les Grecs sans miracle, c'est aussi une biographie intellectuelle, jalonnée - chez cet universitaire disciple de Durkheim et ami de Marcel Mauss, sociologue et socialiste - par soixante ans d'écrits ininterrompus. On perçoit, dans chacun de ses textes, les liens unissant, dans une même vocation de recherche, la rigueur scientifique, l'éthique personnelle et l'attitude politique intransigeante.
Nom : Australopithecus afarensis ; prénom : Lucy ; âge : environ 20 ans ; taille : 1,20 m ; domicile : Hadar (dans l'Afar, nord-est de l'Éthiopie) ; ancienneté : environ trois millions d'années. La découverte, en 1974, de 40 % du squelette de Lucy, le plus primitif des Australopithèques, et le premier Hominidé connu à se tenir debout ; celle, en 1959, en Tanzanie, d'Homo habilis, le premier Hominidé à mériter le classement dans le genre Homo ; celle, en 1984, au Kenya, d'un Homo erectus - quasi complet - ayant vécu il y a 1,6 million d'années, confirment l'idée que le berceau de l'humanité se trouve bien en Afrique orientale. C'est l'histoire très ancienne de l'Homme que retrace Yvonne Rebeyrol, au fil de vingt-cinq ans de découvertes paléontologiques et d'études préhistoriques. Issu d'un ancêtre commun à lui-même, et aux singes anthropoïdes d'Afrique (chimpanzé et gorille), l'Homme est devenu - en quelques millions d'années - un être exceptionnel. Certes, il ressemble encore à ses cousins par des caractères physiques et biologiques, mais il est un Primate unique par le volume de son encéphale, la station debout, la prématurité de ses nouveau-nés, la conscience et le langage articulé. Présentant les travaux d'André Leroi-Gourhan, de Louis Leakey, de Phillip Tobias, d'Yves Coppens, d'Henry de Lumley, et de bien d'autres spécialistes, l'auteur nous fait partager leurs convictions et leurs hésitations, leurs hypothèses et leurs espérances. Nous visitons des sites archéologiques, en France ou aux États-Unis. Nous assistons à la découverte des outils et de l'art. C'est à une véritable initiation à l'évolution de l'humanité que nous convient ces « chroniques préhistoriques ». Le spécialiste y retrouvera les grandes étapes des découvertes contemporaines, et le non-initié aura le plaisir de... découvrir celles-ci.
Comme tous les tenants du pouvoir, les rois d'Assyrie ont voulu bâtir et commémorer, par un récit enfoui dans le gros oeuvre, la construction ou la restauration de leurs monuments. Mais ils accordaient au texte une importance unique : conscients de la fragilité de leurs monuments de brique, et les sachant voués à une dégradation rapide, ils firent du texte qui y était intégré l'élément fondamental de l'oeuvre, parce qu'il était capable de résister à l'usure du temps. Ce livre présente l'essentiel de ces textes, qui sont traduits en français pour la première fois. L'auteur étudie ce que l'on construisait, pourquoi et comment, enfin ce qui devait préserver sinon le monument lui-même, du moins les objets inscrits, qui lui servaient de substitut et transmettaient les noms de ses bâtisseurs successifs. Dans la mesure où le monument est moins important que le texte qui le commémore, on peut se demander quelle est la valeur de son apparence et, surtout, ce que l'on veut transmettre à la postérité par l'écriture : l'idée l'emporte sur la réalité fugitive. Tout cela n'est pas sans conséquences sur la façon d'apprécier, dans le cas assyrien, ce que, dans une perspective occidentale, on appellerait l'oeuvre d'art.