Cet ouvrage confronte le concept wébérien de charisme aux pratiques politiques antiques. À quelles conditions peut-on parler du charisme de l'oligarque, du roi, du général, du consul, de l'empereur ? Quelles étaient, dans l'Antiquité grecque et romaine, les modalités concrètes de construction et de mise en scène du pouvoir charismatique ? Les contributions reviennent sur les réflexions de Weber en les mettant à l'épreuve d'études de cas contextualisées, s'inscrivant dans le temps court des crises ou sur la longue durée. En se gardant de (re)lire toute la vie politique antique au prisme du charisme, il s'agit de souligner l'utilité de ce concept pour saisir certains pouvoirs personnels et, en retour, d'évaluer l'intérêt de ces cas concrets pour ajuster le concept wébérien. L'ouvrage insiste ainsi sur l'importance de la rhétorique des émotions ou de la communauté émotionnelle, tout en soulignant la coexistence d'éléments charismatiques, légaux-rationnels et bureaucratiques. Il tente également de comprendre comment un pouvoir originairement révolutionnaire pouvait se « quotidienniser » sans pour autant disparaître.
Le tirage au sort ne fut jamais une spécificité des régimes démocratiques. À rebours d'une idée reçue, cette procédure, appelée sors ou sortitio en latin, occupait une place centrale dans la vie publique de la Rome républicaine et impériale, bien que le système politique de cette cité devenue un Empire ne fut jamais une démocratie. Si le recours au tirage au sort était fréquent dans la sphère privée ou dans les sanctuaires oraculaires, il était aussi au coeur du fonctionnement des institutions et servait à sélectionner des citoyens ou à répartir entre eux des fonctions. Ce livre retrace l'histoire, de l'époque médio-républicaine à l'époque augustéenne, de l'un des tirages au sort civiques les plus cruciaux pour la cité romaine : celuides provinces,qu'effectuaient consuls et préteurs en exercice, puis sortis de charge. Cette sortitio permettait de répartirle commandement des armées et les principales tâches juridiques, judiciaires et administratives à Rome et dans l'empire romain entre les magistrats curules, tout en limitant les effets délétères de la compétition aristocratique et la corruption. L'enquête, qui s'appuie sur un corpus mêlant sources littéraires, épigraphiques, numismatiques et archéologiques, cherche à restituer, d'une part,les règles qui encadraient cette procédure, c'est-à-dire l'ensemble des coutumes, lois, sénatus-consultes, qui réglaient l'attribution des provinces par le sort, et, d'autre part, la manière dont le rituel était effectué et perçu. Plus largement, c'est une réflexion sur la place et le rôle qui étaient réservés au hasard dans la vie et la culture politiques romaines, et sur les significations religieuses et sociopolitiques que lui prêtaient les Romains, qui est ici proposée.
Les fils de Pompée, Cnaeus et Sextus, sont deux acteurs majeurs des guerres civiles de la fin de la République romaine. Cette thèse propose de reconsidérer leur parcours politique et militaire durant les années 46 à 35 av. J.-C, en soulevant deux questions complémentaires : de quelle façon construisirent-ils leur légitimité et leur pouvoir ? Quelle était la composition de leur entourage et comment fonctionnait-il ? Pour en traiter, des sources littéraires sont à notre disposition - notamment Cicéron, Appien et Cassius Dion -, mais afin d'approfondir l'enquête il a fallu réaliser deux études préalables : d'abord, un examen des émissions monétaires des deux frères, pour analyser la représentation de leur pouvoir et de leur légitimité ; ensuite, une prosopographie de leur entourage afin d'identifier leurs partisans et de comprendre la façon dont se forme puis évolue ce groupe. Les acquis de ces deux études ont permis, outre une analyse plus approfondie de leur action en péninsule Ibérique et Sicile, d'apporter de nouveaux éléments aux réflexions en cours sur la nature et le fonctionnement des formations politiques à Rome à la fin de la République.
En 1987, paraissaient dans la Collection de l'EFR les actes d'un colloque fondateur : L'Urbs,espace urbain et histoire. Parce qu'il mit en dialogue les potentialités offertes par les progrès de la topographie historique de la ville de Rome et l'histoire urbaine de celle-ci, ce livre bouleversa nos connaissances. L'année suivante, disparaissait un éminent représentant de la topographie historique : Ferdinando Castagnoli. S'il ne put participer au colloque de 1985, F. Castagnoli avait été l'un des acteurs majeurs des renouvellements qui avaient conduit à son organisation. À trente ans d'écart, le présent livre, lui-même le fruit d'un colloque tenu à Rome en 2018, analyse l'héritage laissé par chacun, mesure le chemin parcouru et ouvre de nouvelles voies à la recherche en archéologie et en histoire urbaine sur la ville éternelle.
Pourquoi arrive-t-il que, dans les inscriptions latines d'époque républicaine, le mot populus soit employé pour désigner l'Aerarium ? C'est de cette question qu'est né ce livre consacré au Trésor Public romain entre le Ve siècle av. n. è. et l'époque césarienne. L'enquête porte, d'une part, sur les rouages d'un service administratif indispensable au fonctionnement de la première puissance méditerranéenne. Les relations de la cité romaine avec les publicains, les mouvements de fonds publics, les procédures institutionnelles relatives à la prise de décision financière et à sa mise en oeuvre, les activités concrètes des questeurs urbains et de leurs appariteurs montrent la singularité d'une administration républicaine dont l'historiographie a souvent eu tendance à minorer l'importance. D'autre part, l'étude conduit à s'interroger sur le rôle, qu'au cours des siècles, l'idée de dépense publique légitime a joué dans la progressive structuration de la res publica, l'élaboration de la notion de biens communs et la définition de la place que le peuple devait occuper dans la cité.
Ce livre étudie l'élaboration d'un archétype, celui du prince, d'Auguste à Constantin. Progressivement a été imaginé une sorte de « costume » qu'il fallait revêtir afin de paraître légitime et de mériter de figurer parmi les « bons princes ». Cet archétype correspondait à des contraintes et à des attentes auxquelles il fallait se conformer et qui étaient censées contre balancer la toute-puissance, juridiquement fondée,du prince. On peut évoquer à propos du prince une persona, c'est-à-dire un personnage de théâtre, un rôle qu'il se doit d'adopter et de jouer devant un public qui en est le juge. D'une certaine manière, le prince était amené à intérioriser des normes dont il n'était pas nécessairement l'auteur, et son comportement était soumis à la validation des populations de l'empire. L'élaboration de ces normes doit beaucoup au contexte largement expérimental (en dépit d'une rhétorique en grande partie ancrée dans le passé) qui a présidé aux débuts du Principat et à la lente évolution d'un régime de nature monarchique vers un régime pleinement monarchique où la personne du prince s'est très progressivement effacée, sans l'avoir jamais été complètement, derrière la fonction.
Lors des fouilles archéologiques, c'est le plus souvent sous forme fragmentaire que l'on retrouve les décors peints du monde romain. Quant aux peintures découvertes en place, il était d'usage à certaines périodes de les démanteler pour en emporter ce qu'on estimait le plus digne d'intérêt. C'est à l'histoire de ces fragments que s'intéresse cet ouvrage, en interrogeant les transformations qu'ils subissent, dans leur statut comme dans leurs fonctions. Il était en effet courant, dans l'Antiquité, de remployer les revêtements détruits comme matériau de construction, pour combler des structures, réaliser des niveaux de préparation de sol ou encore servir dans le blocage - voire dans les parements - de murs. Ils perdaient alors leur fonction décorative, qu'ils retrouvent par la suite entre les mains de l'archéologue qui tente de les reconstituer. Si la recherche a beaucoup progressé aux cours des dernières décennies sur la reconstitution et l'étude des décors qui nous sont parvenus à l'état fragmentaire, elle a néanmoins prêté peu d'attention aux fragments en eux-mêmes, devenus un temps matériaux de remploi ou simples gravats. C'est précisément cette deuxième vie, tout aussi riche d'informations que la première sur les pratiques de la société romaine, qui est éclairée dans la première partie de l'ouvrage. Le statut, esthétique et symbolique, du fragment a également évolué au cours de l'histoire : témoignage du monde antique arraché à l'oeuvre de l'homme et du temps, son incomplétude peut grever l'intérêt qu'on lui porte ou au contraire lui donner un caractère d'autant plus précieux que menacé. La seconde partie s'intéresse ainsi à l'évolution du statut du fragment de décor et de son traitement aux époques moderne et contemporaine. L'ambition est ainsi de participer à une réflexion plus large sur les pratiques de construction anciennes et sur les méthodes de restauration et conservation modernes et contemporaines.
Comment ont émergé les royaumes numide et maure, dont l'existence nous est révélée dans le contexte des guerres puniques ? Quelles sont les dynasties en place et comment maintiennent-elles le pouvoir sur le nord du Maroc, de l'Algérie et le nord-ouest tunisien actuels ? Des territoires souvent dirigés par des rois belliqueux ou ambitieux, dont les limites évoluent au gré des alliances ou des rivalités entre peuples voisins, et composés de communautés urbaines et rurales qu'il fallait tolérer, voire contrôler. Comment ces royaumes évoluent-ils au contact des autres régions méditerranéennes ? Quel est l'impact de l'implication de leurs rois dans les guerres puniques et les guerres civiles républicaines ? Comment l'insertion de ces royaumes dans l'orbite de Rome conduit à la disparition du royaume numide (41 av. J.-C.) et l'intégration de la Maurétanie dans l'ager publicus (33 av. J.-C.) ? Voici quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage tente de répondre face à une documentation qui demeure fragmentaire et parfois déroutante mais qui offre une diversité de sources textuelles et archéologiques, dont la synthèse permet de proposer un regard novateur sur l'histoire de ces régions entre la 2e guerre punique et la mort du roi Bocchus II (201-33 av. J.-C.).
Issu d'une enquête collective du Centre d'anthropologie religieuse européenne (CARE), Reliques romaines est la première vue d'ensemble d'un phénomène massif : la diffusion des « corps saints » extraits des catacombes de Rome, de leur « invention » moderne en 1578 au XIXe siècle. L'ouvrage présente une triple originalité. Tout d'abord, il combine un socle documentaire commun (les archives romaines de la distribution) avec des études de cas portant sur de multiples terrains de la réception (du Mexique à la Pologne, des Pays-Bas à la péninsule Ibérique, de l'Allemagne à la France en passant par la Suisse et l'Italie), mettant ainsi en relation des sources et des historiographies jusqu'alors restées disjointes. L'ouvrage peut donc mener de front - et c'est sa seconde originalité - l'histoire institutionnelle, l'histoire sociale et l'histoire religieuse des reliques, explorant toute l'épaisseur du processus de diffusion sans dissocier sa matérialité de sa dimension spirituelle, ses traits communs des parcours individuels qui l'animent. Cette double conjonction permet enfin une réflexion sur les échelles et les temporalités du phénomène : entre universalisme romain et appropriation locale, des rythmes multiples (ceux de la distinction sociale ou des clientèles romaines, ceux de l'acclimatation de la relique ou des conjonctures pèlerines) et des configurations spatiales emboîtées (des grands fronts de catholicité aux querelles de clocher, du réseau des cours princières à celui des implantations jésuites) font des « corps saints des catacombes » un passionnant laboratoire pour une histoire connectant l'ensemble de la catholicité au plus humble sanctuaire.
Les cités romaines étaient tout sauf muettes. Chaque jour des musiciens les parcouraient lors de processions religieuses, d'appels au rassemblement, de procès, tandis que l'amphithéâtre résonnait aux sons d'instruments puissants. Sur le champ de bataille ou dans les camps militaires, il revenait à des soldats instrumentistes de transmettre les ordres et les informations. Omniprésentes, les sonorités musicales rythmaient donc le quotidien et creusaient peu à peu les sillons d'un substrat mémoriel collectif. En considérant la musique comme une pratique sociale plus qu'un art, le présent ouvrage propose de jeter un nouveau regard sur le sujet : le contenu musical importe moins que son écho social. Dans quelles circonstances jouait-on de la musique et avec quels effets ? pour et par qui ? L'existence de sonorités civiques, c'est-à-dire jouées au nom de la cité, lance l'étude sur les traces des interactions entre musique et politique. L'analyse du corpus épigraphique des musiciens professionnels de l'Occident romain, rassemblé pour la première fois, éclaire ce que signifiait alors jouer pour la cité. Les modalités de ce service musical, militaire comme civil, sont traquées au croisement des sources. Elles soulignent, à travers ses effets économiques et sociaux, la mise en place, dans les premières décennies du Principat, d'un dialogue dynamique entre les autorités romaines et les artisans du son. L'ouvrage apporte ainsi finalement un nouvel élément à la compréhension du principat d'Auguste : les sons y furent aussi des armes politiques.
Si le nom de Mécène ne recouvre plus guère aujourd'hui que l'activité de patronage des arts, il ne faut pas oublier que Caius Maecenas, le « Mécène historique » fut bien plus que le protecteur de Virgile, Horace, Properce. Bras droit d'Auguste, il joua un rôle politique déterminant dans la période troublée du Triumvirat, et sa trajectoire semble se confondre avec la création de ce que nous considérons comme un nouveau régime, pour lequel les Romains n'eurent, pendant longtemps, aucun nom. C'est ainsi que, aux côtés du futur Auguste, il fut chargé, pendant la période triumvirale de rôle fiscaux, policiers, diplomatiques avant de se retirer du devant de la scène politique sans perdre de son influence réelle au moment où Auguste prétendit restaurer la République. Au-delà des aspects institutionnels, cet ouvrage cherche aussi à décrire la place de l'individu Mécène dans la société de son temps, sans en faire un exemple, ni un modèle, sans l'isoler des cadres sociaux qui le déterminèrent, ni le fondre dans la masse confuse des mouvements du temps long. L'étude de la personnalité sociale construite par Mécène, principalement fondée sur une ascendance étrusque largement retravaillée, place l'individu dans un mouvement plus large de revalorisation des identités locales en Italie, encouragée par Auguste pour servir la Conjuratio Italiae sur laquelle il assit sa légitimité. Par ailleurs, l'ouvrage tente de redonner sa place à cet individu non pas au coeur d'un cercle - littéraire comme on le lit souvent - mais à l'intersection de nombreux réseaux (fondés sur des critères d'affinités intellectuelles, politiques, géographiques...). À travers l'étude de différentes facettes d'un personnage immergé dans les mouvements qui transformèrent profondément Rome, c'est une meilleure compréhension de la société impériale naissante que cet ouvrage cherche à atteindre.
Tous les volumes de la B.A.A.A. sont différents. Si chacun respecte la même organisation générale, les chapitres présentent un contenu spécifique : certaines périodes, certains thèmes sont dotés, selon les années, de publications plus ou moins nombreuses. Il convient de saluer la naissance, en 2012, d'une nouvelle revue algérienne, Ikosim. Cette année se signale aussi par la publication du colloque de L'Africa romana qui s'est tenu en 2010 et qui, tous les deux ans, est l'un des grands rendez-vous de l'année : le XIXe colloque avait réuni de nombreux spécialistes de l'Afrique antique autour du thème des territoires et des paysages de pouvoir.
À Rome, la dignité était au coeur de la hiérarchie civique. Dès lors, les citoyens qui ne répondaient plus aux attentes liées à leur rang étaient déclassés et perdaient certains droits. Devenus infâmes, ils jouissaient désormais d'une citoyenneté amoindrie. Ce livre est consacré à ces formes de dégradations civiques prononcées par un représentant de la cité et pour un motif moral. Le choix de la prosopographie (catalogue disponible en ligne) ainsi que d'une approche globale et diachronique a permis de proposer une synthèse renouvelée sur l'infamie. Cela passe d'abord par une étude d'ensemble des peines infamantes de la discipline militaire et surtout du regimen morum des censeurs. On saisit ainsi combien ces spectacles du déshonneur caractérisaient la culture politique romaine et contribuaient à définir le mos maiorum, tandis que le problème des candidats aux élections déboutés pour indignité en dessine les limites. Se pose ensuite la question des peines prescrites par les lois pénales et des réglementations écartant de diverses fonctions (témoins, juges, décurions...) certaines catégories de citoyens méprisés de longue date, comme les acteurs, les gladiateurs, ou les prostitués. Cette analyse dévoile un phénomène de juridicisation de l'infamie amorcé à partir du IIe siècle avant J.-C. Mais l'on ne peut se passer d'un examen des infâmes eux-mêmes : leurs origines, leur situation et les possibilités de sortir de leur condition. L'étude des formes d'infamie révèle ainsi en négatif la définition du bonus ciuis et les attentes des Romains envers leurs dirigeants. La question de l'évaluation morale du citoyen dans la société d'ordres qu'était Rome conduit à une histoire de la citoyenneté romaine sur la longue durée : c'est donc une réflexion sur le caractère méritocratique de la hiérarchie civique et sur le mode de légitimation de l'aristocratie qui est proposée ici.
Il volume raccoglie gli Atti del III Seminario ostiense, tavola rotonda internazionale ormai divenuta annuale presso l'École française de Rome cui hanno partecipato studiosi, ed articolato, come è consuetudine, in due sezioni. La prima, tematica, ha come oggetto Ostia e la riva destra del Tevere, e si apre con contributi che vanno dall'età protostorica (Bronzo recente e finale) al VI sec. a.C. Per l'età romana, è degna di nota, accanto alla presentazione di scavi recenti, la ripresa dell'analisi della campagna sistematica condotta alla fine degli anni '80 del secolo scorso, con un importante riesame di alcune categorie di materiali determinanti ai fini della cronologia. La seconda sezione accoglie contributi di vario genere, alcuni dei quali approfondiscono aspetti del vastissimo, e ancora solo parzialmente esplorato, patrimonio epigrafico ostiense, nonché i risultati di scavi e di sondaggi stratigrafici recenti in ambito urbano, tra l'altro interessanti per chiarire meglio l'atteggiamento e il programma operativo degli archeologi del passato, al tempo del Grande Scavo del 1938-42.
Cet ouvrage est consacré à la figure professionnelle du caupo, qui, dans l'Antiquité romaine, fournissait contre paiement le gîte et le couvert aux voyageurs de passage. L'étude, centrée sur l'Occident, met en lumière l'évolution de l'activité de ces aubergistes romains entre la période médio-républicaine et le début de l'Antiquité tardive, à partir d'une approche croisée des textes et des vestiges. Avec l'expansion de l'imperium Romanum et l'essor des mobilités qui l'accompagne, le rôle des aubergistes, bien que déconsidéré, s'avère toujours plus crucial pour garantir la fluidité des déplacements des hommes et des marchandises au quotidien. L'enquête propose d'analyser les comportements économiques et commerciaux des caupones, ainsi que l'encadrement juridique particulièrement sévère auquel leur activité était soumise. Elle se penche sur les identités des professionnels de l'accueil et de leurs clients et discute des représentations, parfois stéréotypées, dont ils faisaient l'objet. Cet ouvrage s'intéresse enfin aux sociabilités qui prenaient naissance dans les auberges de l'Occident romain, des mégapoles de l'empire aux routes les plus reculées.
Ce volume de la B.A.A.A. offre, comme tous les précédents, des spécificités qui correspondent aux variations de la recherche. L'acmè de l'intérêt pour les Vandales semble être derrière nous, ce qui est naturel étant donné les publications majeures des dernières années sur le sujet. Plus étonnant, la part réduite des Passions. Tout est affaire de cycle, et les volumes à venir rendront sans doute leur importance à ces domaines d'études. Une nouvelle publication, la Revue Tunisienne d'Archéologie, a vu le jour cette année.
Métaux, pierres et autres matériaux de construction, roches nobles, bois, textiles, cuirs, sel, matières tinctoriales, etc., les matières premières, brutes ou issues d'une première phase de transformation, n'ont pas été peu nombreuses, dans l'Antiquité et au Moyen Âge, à circuler sur des petites et moyennes distances, quand elles n'ont pas entrepris de longs voyages. Pour la première fois, un ouvrage est consacré à un trafic qui fut une composante à part entière des économies anciennes, gréco-romaine et médiévale. À travers de nombreuses études de cas et des synthèses ciblées, sont examinées les conditions dans lesquelles s'est développé un marché des matières premières, ses acteurs, publics comme privés, et, à travers eux, les réseaux qui ont été mis en place pour assurer, à diverses échelles géographiques, l'approvisionnement en produits autres qu'alimentaires mais de première nécessité.
The Roman empire set law at the center of its very identity. A complex and robust ideology of law and justice is evident not only in the dynamics of imperial administration, but a host of cultural arenas. Citizenship named the privilege of falling under Roman jurisdiction, legal expertise was cultural capital. A faith in the emperor's intimate concern for justice was a key component of the voluntary connection binding Romans and provincials to the state. Even as law was a central mechanism for control and the administration of state violence, it also exerted a magnetic effect on the peoples under its control. Adopting a range of approaches, the essays explore the impact of Roman law, both in the tribunal and in the culture. Unique to this anthology is attention to legal professionals and cultural intermediaries operating at the empire's periphery. The studies here allow one to see how law operated among a range of populations and provincials-from Gauls and Brittons to Egyptians and Jews-exploring the ways local peoples creatively navigated, and constructed, their legal realities between Roman and local mores. They draw our attention to the space between laws and legal ideas, between ethnic, especially Jewish, life and law and the structures of Roman might; cases in which shared concepts result in diverse ends; the pageantry of the legal tribunal, the imperatives and corruptions of power differentials; and the importance of reading the gaps between depiction of law and its actual workings. This volume is unusual in bringing Jewish, and especially rabbinic, sources and perspectives together with Roman, Greek or Christian ones. This is the result of its being part of the research program "Judaism and Rome" (ERC Grant Agreement no. 614 424), dedicated to the study of the impact of the Roman empire upon ancient Judaism.
La céramique à paroi fine fait partie des groupes céramiques les mieux représentés dans les contextes archéologiques d'époque romaine, plus particulièrement dans ceux compris entre le IIe siècle av. J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C.. Caractéristique de la romanisation, on la retrouve dans l'ensemble de la Péninsule italique et des territoires conquis. Sans pouvoir être regroupée sous une définition technique univoque, elle désigne principalement des vases à boire dont le répertoire morphologique se met en place dans la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C. Sur la base de découvertes particulièrement abondantes, son émergence a été localisée en Étrurie méridionale. Fondée par Tarquinia, la cité étrusco-romaine de Musarna se trouve au centre de cette région et la vingtaine de campagnes de fouilles menée par l'École Française de Rome a permis de mettre au jour une importante quantité de céramique à paroi fine, particulièrement bien conservée. Son étude, qui sera suivie de celles notamment des céramiques à vernis noir et des céramiques communes, a semblé pertinente afin de mieux définir la vaisselle d'Étrurie romaine, dont les caractéristiques typologiques sont parmi les plus influentes dans l'ensemble du monde romain. Le corpus de Musarna a ainsi été quantifié, caractérisé techniquement et il été possible de construire une typologie afin de suivre son évolution et sa diffusion. À la lumière des découvertes les plus récentes et d'études typologiques parallèles, les questions de l'émergence du groupe et de sa fonction ont également pu être à nouveau abordées. L'étude a par ailleurs mis en évidence l'hétérogénéité de sa production et de sa diffusion en Étrurie, et plus largement dans la partie tyrrhénienne de l'Italie centrale dont les différences apparaissent comme le timide reflet de singularités productives et commerciales des différents territoires qui composent cette région.
Indagare `Ippocrate', la sua gestazione, la sua vitalità, significa allargare lo sguardo su ciò che lo ha preceduto e accompagnato, in Grecia e nelle culture circonvicine, su un mondo mediterraneo che è luogo di scambio di idee in forma di opere letterarie o di `scienza', di filosofia, religione e magia, di antropologia e politica, diritto ed economia, secondo precisi meccanismi di diffusione dei testi, la loro geografia, il consolidarsi in corpora e canoni. A quella che chiamiamo `medicina ippocratica' spetta, così, il posto d'onore per chi miri alla comprensione del fertilissimo ambiente del quinto e quarto secolo a.C., un ambiente `scientifico', storico, letterario, filosofico. E ad essere illuminato da una migliore conoscenza di quel paradigma medico è anche il più vasto contesto sociale e culturale del mondo greco, un percorso che ha attraversato la storia dell'Occidente: gli sforzi che gli ippocratici hanno compiuto per la conoscenza del corpo umano, della sua struttura, funzionamento, interconnessione e della sua relazione con l'ambiente esterno, ebbero sull'intero edificio del sapere antico un impatto che sarebbe stato duraturo, e avrebbe inciso in profondità. Dal Sedicesimo Colloquio Internazionale Ippocratico, un volume che ribadisce la vivacità e la ricchezza degli studi ippocratici.
La Bibliographie analytique de l'Afrique antique fait suite aux bibliographies parues sous les signatures de J. Desanges et S. Lancel, d'abord dans le Bulletin d'Archéologie Algérienne (I, 1962-1965, à III, 1968, pour les publications des années 1961 à 1966), et ensuite en fascicules séparés (de IV, 1970, pour 1967, à XIX, 1989, pour les années 1984 et 1985). Cette entreprise a été poursuivie, à la demande de J. Desanges et de S. Lancel, par Y. Le Bohec, avec la collaboration de J.-M. Lassère, à partir du fascicule XX, 1991, pour les publications de l'année 1986, jusqu'à XXX, 2001, pour 1996. J.-M. Lassère et Y. Le Bohec ont également publié, en 1998, à l'ÉFR, un volume indépendant, Bibliographie analytique de l'Afrique antique, Index des fascicules I (1962-1963) à XXVII (1993). Puis J. Debergh a rejoint Y. Le Bohec à partir de XXXII, 1998, en 2003 jusqu'à XXXVIII, 2004, en 2011. Ces derniers nous ont associées à la publication des fascicules XXXVII (2003), 2009 et XXXVIII (2004), 2011, puis nous ont demandé d'assurer la publication de la B.A.A.A. à partir de 2012 (fascicule XXXIX, 2005). Depuis 2014 (fascicule XLII, 2008), nous avons associé à notre tour L. Pons Pujol au titre de collaborateur, et depuis 2017 (fascicule XLV, 2011), l'équipe s'est enrichie de nouveaux collaborateurs, Mathilde Cazeaux, Elsa Rocca, Thomas Villey et Stéphanie Guédon. Depuis le volume XLVI (2012), 2018, celle-ci fait désormais partie des rédacteurs.
Circa quarant'anni fa la collana della Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome accoglieva il lavoro di H. Pavis d'Escurac, La préfecture de l'annone, service administratif impérial d'Auguste à Constantin (Rome, 1976), un contributo alla storia della amministrazione romana corredato da una corposa prosopografia. Il libro è ancora oggi un punto di riferimento obbligato sull'argomento, sebbene la base documentaria risulti invecchiata. Ciò che qui si propone non è un rifacimento dell'opera della studiosa francese, ma l'aggiornamento di almeno una parte dell'opera, quella relativa alla prosopografia dei prefetti dell'annona. I tanti ritrovamenti epigrafici e papiracei degli ultimi quarant'anni, le edizioni di questi, la messe di articoli e contributi che hanno originato, unitamente ad importanti opere di sintesi sull'ordine equestrerendono necessario integrare ed aggiornare la monografia del '76 sotto il profilo che qui si propone. Del precedente lavoro si segue il taglio cronologico e si conserva quanto di valido ancora oggi vi sia in un rapporto di continuo dialogo.
Ce volume de la B.A.A.A. permet de rattraper plusieurs lacunes des deux volumes antérieurs puisque le travail de notre équipe a repris plus aisément avec la fin de la crise sanitaire. Nous observons cette année l'abondance des travaux de géographie historique, en particulier ceux qui sont à la croisée des sources pour identifier les peuples et les cités d'Afrique. Nous déplorons comme chaque année le nombre très faible des publications de numismatique, alors même que la documentation est abondante et les réserves des musées maghrébins très riches. Nous plaidons pour que leur accès aux chercheurs de toute origine soit facilité, au nom de l'intérêt scientifique général.
L'Aventin, la plus méridionale des collines de la Rome antique, a joué un rôle singulier dans l'histoire de la cité et dans la formation de son espace urbain. Ce postulat était au coeur de la monographie qui lui fut consacrée par Alfred Merlin en 1906. Depuis, les connaissances sur l'histoire de cet espace urbain ont considérablement avancées, aussi bien du point de vue théorique, avec les renouvellements de l'histoire urbaine de Rome, que du point de vue des méthodes d'analyse des sources disponibles sur le sujet. En outre, ce corpus documentaire s'est considérablement enrichi, en particulier grâce au travail accompli ces vingt dernières années par les différents services archéologiques chargés des fouilles sur la colline. L'ensemble de ces éléments justifiait une nouvelle étude de cet espace de la Ville de Rome. Concentrant l'enquête sur la période qui s'étend du IIe s. av. au Ier s. apr. J.-C., l'auteur propose d'interroger les singularités de l'Aventin telles que nous continuons à les appréhender depuis les travaux d'Alfred Merlin - en particulier son image de « colline par excellence de la plèbe » -, mais aussi d'en dégager de nouvelles. À cette fin, le présent ouvrage se structure autour de trois dossiers thématiques étroitement articulés. Identifier les éléments qui définissent les confins territoriaux de l'Aventin ; étudier ses caractéristiques socio-urbaines et les confronter à l'image plébéienne de la colline qui s'élabore au cours de cette période, et enfin, étudier la cartographie religieuse et certaines fonctions spécifiques qui s'organisent autour de ses sanctuaires : tels sont les principaux thèmes qui structurent cette histoire discontinue du mont Aventin.