Les dèmes, circonscriptions administratives de la cité d'Athènes, constituent un observatoire privilégié pour l'étude des sociétés antiques. La petite échelle qu'ils représentent donne la possibilité à l'historien d'appréhender les aspects les plus divers de la vie de leurs habitants et de leurs ressortissants. Ce livre propose de pénétrer au plus près du quotidien des anciens Athéniens à travers l'étude d'Aixônè, l'un des dèmes les plus peuplés et les mieux documentés. Par une exploitation minutieuse des sources disponibles - inscriptions, structures archéologiques, auteurs antiques, récits de voyageurs modernes et contemporains -, un éclairage nouveau est apporté sur la topographie et le fonctionnement institutionnel d'un dème, sur les activités politiques, économiques et religieuses qui s'y déroulaient. Les résultats de cette enquête dépassent cependant largement le niveau local. Divinités nouvelles ou méconnues, magistratures inédites, pratiques religieuses, économiques, juridiques et institutionnelles mal documentées ou incomprises jusqu'ici, c'est tout un pan de l'histoire grecque qui se révèle dans cette microhistoire d'Athènes.
Libérée de la tutelle athénienne en 314 avant notre ère, dans les remaniements géopolitiques qui marquent les débuts de la période hellénistique dans le monde égéen, Délos construit peu à peu son indépendance politique et économique. La communauté des Déliens redéfinit au cours des e et e siècles la place centrale que l'île n'a cessé d'occuper dans les circulations économiques, financières et culturelles de la Méditerranée. Cette étude s'appuie principalement sur les sources épigraphiques comptables, plus de cinq cents comptes et inventaires gravés qui furent exposés dans le sanctuaire d'Apollon, mais aussi sur les sources numismatiques et les vestiges archéologiques du front de mer, pour réenvisager la question de la place de Délos dans l'économie hellénistique. Loin d'être une exception à écarter des séries, la documentation délienne est le révélateur de situations économiques égéennes et témoigne des capacités des communautés grecques à s'adapter au changement dans des époques troublées. Derrière les chiffres gravés sur la pierre apparaissent des communautés humaines et des sociétés dont les activités économiques éclairent d'un jour nouveau l'histoire de cette partie de la Méditerranée.
En publiant en français cet ouvrage, dont une première version a d'abord paru en grec sous les auspices de l'Académie d'Athènes, l'École française d'Athènes fait connaître les recherches d'une grande spécialiste du Péloponnèse franc et byzantin, Aspasia Louvi-Kizi, dont le travail révèle toute la complexité des formes architecturales, des emprunts et des modèles repérables dans les monuments de la ville byzantine et médiévale de Mistra. Parmi les créations architecturales du couple de despotes, Manuel Cantacuzène (1349-1380) et son épouse Isabelle de Lusignan, qui a façonné Mistra en un centre de pouvoir, Aspasia Louvi-Kizi analyse deux de ses monuments emblématiques, les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa, proposant une nouvelle histoire de leur construction. Des éléments de l'art franc, c'est-à-dire occidental ou gothique, étrangers à la tradition byzantine locale, ont été incorporés dans leur architecture. Distincts de la production franco-byzantine de la principauté voisine d'Achaïe, ces éléments gothiques de Mistra ont plutôt à voir avec l'art occidental de Chypre ; la contribution d'Isabelle à leur introduction dans le Péloponnèse est alors déterminante. Ces éléments occidentaux, qui ornent les clochers et les tours sur les façades, sont combinés avec les éléments byzantins et constituent une véritable expression de la politique pro-occidentale du couple de despotes, en symbiose avec la politique impériale de Constantinople à l'époque. Dans le monde fragmenté et multipolaire de la Méditerranée orientale à la veille de la conquête ottomane, ce livre met ainsi en lumière le rôle de Mistra en tant que centre régional de pouvoir et contribue à sa réinterprétation. En poursuivant ce dialogue international sur un site de renom, l'École française d'Athènes dit aussi son attachement aux regards croisés qui font émerger la complexité des échanges à l'oeuvre dans cette histoire d'un monde grec en transition.
Au début du XXe siècle, les politiques de santé évoluent au gré des bouleversements des sociétés civiles confrontées au choc des armées européennes. En Grèce, les Guerres Balkaniques, la Première Guerre mondiale puis l'expédition d'Asie Mineure imposent dix années de conflit (1912-1922) durant lesquelles les mouvements de troupes et de réfugiés comme la détresse des populations forment le terreau d'épidémies dévastatrices. À cette situation de crise sanitaire, sociale et démographique, répondent pour la première fois des politiques volontaristes de prise en charge médicale et de contrôle social, dans le sillage des théories hygiénistes de la fin du XIXe siècle. Si leurs réalisations restent limitées durant la période, elles posent les bases administratives, organisationnelles et idéologiques du système de soins moderne. Cet ouvrage propose une étude de ce processus à travers l'influence de la mission militaire française puis de l'Armée française d'Orient, mettant en lumière les interactions complexes des acteurs grecs et étrangers impliqués dans cette « guerre totale ».
Ce volume complète et achève la publication des fouilles de Jean Deshayes (1961-1975) à DikiliTash. Il fait suite aux deux volumes déjà disponibles. Le premier, paru en 1992, décrivait le site et les fouilles, la stratigraphie et la chronologie, la construction, l'outillage, les moyens de subsistance et les éléments deparure. Le second, paru en 2004, traitait la céramique néolithique (techniques, formes et décors), y compris les récipients zoomorphes et anthropomorphes. Ce troisième volume contient d'abord l'étude des formes et des décors de la céramique du Bronze Ancien et du Bronze Récent. L'âge du Bronze, mal connu en Macédoine orientale, se voit ainsi enrichi d'une nouvelle étude précise et fondée sur une stratigraphie bien documentée. Également nouvelle est la publication exhaustive des gurines et des maquettes du Néolithique Moyen au Bronze Récent : il s'agit d'un catalogue complet et raisonné, suivi d'une étude systématique organisée selon les catégories d'objets ; l'ensemble est le plus important publié à ce jour. Ces contributions augmentent signi cativement nos connaissances sur les périodes concernées et proposent des interprétations argumentées. La conclusion générale, qui clôt le volume et la publication des fouilles de J. Deshayes, retrace l'évolution des méthodes de travail et des modes de pensée au l des di érents programmes mis en oeuvre à DikiliTash: elle souligne la ré exion de plus en plus consciente qui, ici comme ailleurs en Macédoine, commande toute la recherche archéologique.
Les compétitions artistiques et sportives de type grec (agônes) connaissent leur apogée quantitatif et géographique sous le Haut-Empire. Musiciens, coureurs, boxeurs sillonnent le monde méditerranéen, de Rome à Antioche et de la Gaule à l'Afrique, pour tenter de remporter des concours aux récompenses toujours plus spectaculaires. Quand un monument est érigé en l'honneur d'un multiple vainqueur dans les grands agônes, on y grave parfois la liste de ses succès comme preuve de son excellence. Les palmarès de champion n'ont jamais été aussi souvent immortalisés dans la pierre que durant la période qui va de la mort de César jusqu'au milieu du IIIe s., quand on a quasiment cessé de graver ces textes. Le présent ouvrage étudie ce genre épigraphique particulier à travers un corpus de quelque 270 documents. Les palmarès ont leur propre histoire, faite de modifications subtiles ou de ruptures étonnantes ; ils sont aussi la mémoire parfois extraordinairement détaillée et vivante de la vie des champions et de leurs exploits.
Depuis son indépendance, la Grèce a entretenu avec la France une relation privilégiée, sans égale avec les autres pays européens. Au cours du xxe siècle, de profondes crises ont pu la distendre mais n'ont jamais effacé les affinités existant entre ces deux nations. Leur résistance à travers le temps invite à interroger la teneur de tels rapports, leur continuité, leur régénération, et à scruter les transferts qui se sont opérés à toute époque entre les deux pays. À Athènes comme à Paris, d'importantes archives, parfois méconnues, forment la matière première de cette enquête unissant archivistes et historiens dans un commun effort pour dépasser les poncifs d'un philhellénisme ou d'une francophilie à tout crin.
Cet ouvrage propose la première synthèse en français sur l'histoire de la confédération béotienne à l'époque hellénistique, de la destruction de Thèbes par Alexandre le Grand (335 av. J.-C.) à la bataille de Pydna et ses conséquences immédiates en Béotie (168-167 av. J.-C.). La confédération béotienne, l'une des plus anciennes du monde grec, a joué un rôle important dans l'histoire de la Grèce pendant la période hellénistique. L'analyse des sources, notamment épigraphiques, éclaire d'un jour nouveau des pans entiers de l'histoire politique, institutionnelle, économique et sociale de ce système politique singulier. L'originalité et la pertinence de l'enquête tiennent aussi à l'apport décisif de nouvelles inscriptions, qui font pour la première fois l'objet d'une édition scientifique et d'un commentaire approfondi. Par sa rigueur et son ampleur de vue, l'ouvrage espère nourrir la réflexion sur la Béotie, mais aussi plus largement sur le fédéralisme antique, expérience politique originale qui demeure une source d'inspiration importante en Europe. Il s'intègre également dans la série des études régionales qui sont une voie majeure de progrès dans la connaissance de l'histoire grecque. Yannis Kalliontzis, ancien membre de l'École française d'Athènes, est historien et épigraphiste. Formé en Grèce, en Suisse et en France, il a étudié l'épigraphie et l'histoire de plusieurs régions de la Grèce. Il travaille actuellement à une nouvelle édition du corpus des inscriptions de la Béotie à paraître dans la série des Inscriptiones Graecae de l'Académie de Berlin.
Les courses hippiques ont eu dans le monde grec une importance considérable, non seulement dans les concours olympiques, mais dans beaucoup d'autres rencontres sportives de fréquentation locale, régionale ou panhellénique. Ce volume constitue le premier ouvrage exclusivement consacré à ces courses et aux hippodromes. Il rend compte des importants progrès faits ces dernières années dans l'analyse des représentations iconographiques et des textes littéraires ou épigraphiques ayant trait aux sports hippiques. Il contient de nouvelles restitutions d'hippodromes déjà connus, comme ceux d'Olympie et du Lykaion, et la présentation de pistes nouvellement identifiées, comme celles de Delphes ou d'Épidaure. Vingt-huit articles, issus d'un colloque international qui s'est tenu à Athènes en 2016, restituent dans toute leur ampleur et dans toute leur diversité la place et la forme des hippodromes et des courses hippiques dans l'architecture, les arts figurés, la poésie et l'histoire politique, économique, sociale et religieuse du monde grec.
Perçues comme un moment exceptionnel et tragique de l'histoire des communautés anciennes, les catastrophes naturelles ne cessèrent, tout au long de l'Antiquité, de susciter l'étonnement, l'irraison et la peur. Elles furent l'objet de débats entre les défenseurs d'une opinion rationnelle, fondée sur la compréhension de l'harmonie et de la démesure du monde, et ceux qui, intrigués par la violence de tels phénomènes, en tenaient pour responsables les divinités. Il est néanmoins frappant de constater que les Grecs ne disposaient pas de mot pour désigner une catastrophe naturelle. L'enquête proposée ici repose donc sur une définition et un paradigme contemporains, l'étude des implications sociales qu'un aléa naturel impose aux sociétés. Loin de céder au fatalisme, les communautés surent s'adapter progressivement aux contraintes de leur environnement, tirèrent de ces expériences des enseignements au sujet des comportements à adopter et prirent des mesures efficaces afin de surmonter l'événement dévastateur. Les réactions populaires soulignent aussi la variété des attitudes face aux catastrophes : actes de bravoure ou de piété religieuse, évacuation des zones sinistrées, sollicitation des réseaux de voisinage, reconstruction des édifices ruinés. Ces réponses apportées au désastre révèlent les réalités quotidiennes dans les cités grecques. La catastrophe ne rompt ainsi pas le temps vécu, mais s'inscrit, au contraire, dans un processus historique de longue durée.
Ce colloque consacré au Péloponnèse était le sixième d'une série de rencontres organisées par les Amis du Musée numismatique, autour d'une province particulière de l'espace grec, en collaboration avec les Éphories locales et les Centres de recherche qui y sont actifs. Puisque le colloque s'est tenu à Argos, l'École française d'Athènes s'y est tout naturellement investie et assume aujourd'hui la coédition des Actes. Le nombre des ateliers péloponnésiens autant que l'importance historique de la péninsule, à toutes époques, font de cet Obolos 10 l'un des projets les plus ambitieux de la collection. Par commodité, l'ample matière a été répartie en deux volumes, consacrés le premier à la période antique, le second aux époques postérieures, de Byzance jusqu'à la fondation de l'État grec moderne. L'abondance des fouilles menées chaque année dans le Péloponnèse, le dynamisme des chercheurs qui en exploitent les résultats, mais aussi l'abondance relative des productions monétaires locales expliquent la très riche moisson d'études relatives à l'Antiquité, qu'il s'agisse d'analyses de fond ou de publication de matériel inédit. Leur nombre même a amené les éditeurs à en extraire une dizaine de contributions consacrées à des trouvailles monétaires locales ou au signalement de monnaies de collection, à les traduire en langue française et à les regrouper en un dossier à part publié dans une livraison du BCH 139-140.2 (2015-2016), sous le titre « Monnaies et trouvailles péloponnésiennes. Compléments au Colloque d'Argos 2011 ». Inséparables des contributions publiées dans ce Supplément au BCH, elles attirent notamment l'attention sur quelques travaux plus spécifiques de circulation monétaire antique.
Nul ne doute plus aujourd'hui du rôle majeur qu'ont joué les couleurs et l'or dans la structuration des sociétés grecques antiques, au long des siècles. Tout suggère une passion grecque pour la couleur étendue à tout type de production (vêtements, vaisselle, cosmétiques, statues, édifices etc.) sur tout support, dans tous les domaines de la vie, funéraire compris. Mais que savons-nous réellement des arts de la couleur eux-mêmes, des matériaux et des savoir-faire qui ont fait son succès ? Peut-on en apprécier l'impact économique et social ? N'est-il pas urgent à présent de mesurer aussi les conséquences esthétiques d'une telle révolution polychrome ? L'incolore y trouvait-il malgré tout sa place ? Les couleurs étaient-elles filles d'illusion, y compris sur le plan politique ? L'ouvrage aborde ces questions en toute liberté d'investigation interdisciplinaire. Il réunit pour cela spécialistes venus de tout horizon scientifique, archéologues, architectes, chimistes, conservateurs de musées, historiens, historiens de l'art, restaurateurs. Pour éclairer cette expérience grecque unique de la couleur, on a souhaité aussi la mesurer aux expressions qu'en ont explorées d'autres cultures, d'autres religions, à d'autres époques : Étrusques, Romains, Moyen Âge, Renaissance, époque contemporaine.